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Les pouvoirs publics doivent se lancer dans l'e-santé

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Téléconsultations, objets connectés, télésurveillance, nanorobots, etc. le champ de l'e-santé est immense. Pour que tous les acteurs s'en emparent, pour le bénéfice du patient comme de l'assurance maladie, un véritable accompagnement des pouvoirs publics s'impose.

Estimé à 2,7 milliards d’euros en 2014 avec une progression de 4 à 7 % d’ici 2020 pour atteindre 4 milliards d’euros (*), le marché de l’e-santé représente un potentiel économique attractif que ce soit dans le domaine des systèmes d’information de santé (SIS) qui se taille la part du lion avec 88 % du marché ou dans celui de la télésanté. Pourtant, la santé 2.0 peine encore à se déployer en France et reste bien trop souvent circonscrite à des expérimentations parcellaires (**). Si la France bénéficie d’un tissu industriel innovant, les acteurs de l’e-santé sont atomisés et le modèle économique de la santé 2.0 reste à définir.

La volonté des pouvoirs publics est bien là, mais le choix de la transition numérique n’est pas pleinement assumé. En témoigne le serpent de mer du dossier médical personnel, ce carnet de santé informatisé et sécurisé, accessible via internet. Cette innovation créée en 2004, relancée dans le cadre de la Loi Santé de 2016 ne concerne pour l’instant que 400 000 patients.

Une réponse efficace aux évolutions de notre système de santé

Pourtant, à l’heure où chacun s’accorde sur la nécessité de repenser le soin en France face au vieillissement de la population, Ã  l’explosion des pathologies chroniques, Ã  la désertification médicale et à la transformation du patient en consommateur éclairé et exigeant, la révolution numérique pourrait représenter le salut de notre système de santé vieillissant.

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Objets connectés pour mesurer les constantes des patients diabétiques, système de télésurveillance pour favoriser le maintien à domicile de personnes âgées, téléconsultations pour les patients isolés, programme de prévention personnalisé, opérations chirurgicales utilisant des nanorobots, les possibilités technologiques sont dé multipliables à l’infini.

La santé digitale au secours de l’Assurance maladie ?

L’e-santé pourrait également répondre efficacement à la difficulté actuelle à financer des dépenses publiques qui croissent aujourd’hui plus fortement en France que le PIB. Ce marché émergent constitue donc un secteur hautement stratégique sur lequel doit se positionner l’ensemble des acteurs – pouvoirs publics, start-up, laboratoires pharmaceutiques, mutuelles, assurances, hôpitaux, médecins libéraux.

Ainsi, le développement de la médecine prédictive via notamment la génomique, le boom des outils connectés permettant de suivre ses constantes et de les télétransmettre à son médecin, le déploiement des applications mobiles permettant la mise en place de politiques de prévention créent un marché des risques data qui intéressent au premier plan assureurs et mutuelles.

Des questions concrètes en suspens

En dépit de ces avancées, la question de l’intégration de la santé digitale dans notre système financier de soins reste loin d’être résolue. Comment facturer les actes de télémédecine ? Quelle prise en charge pour les outils connectés ?

L’Assurance-maladie et les complémentaires santé ne se sont que très peu emparées du sujet. Et ce retard freine le développement d’un modèle économique propre à l’e-santé. Son avenir reste donc essentiellement entre les mains d’acteurs privés de faible ampleur : ETI (45 %), start-up (30 %) PME (20 %) et grands groupes (5 %), ce qui contraint d’autant son déploiement.

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Pour qu’un véritable big bang numérique se produise dans le secteur de la santé, il faudrait une réelle incitation politique. Certes, au niveau communautaire, la Commission européenne a adopté un plan d’action européen pour le développement de l’e-santé 2012-2020.

Il est inscrit au nombre des ambitions de l’Agenda numérique pour l’Europe et dans la politique européenne d’e-santé votée par les États membres. La France avec la création de l’ASIP Santé, l’Agence dédiée au développement de l’e-santé depuis 2009, son programme de Territoire de Soins Numériques, ou encore le soutien financier qu’elle apporte à de nombreuses initiatives en la matière n’est pas en reste.

Plus que des initiatives privées

Mais cet accompagnement doit être plus pérenne, plus complet et plus ambitieux. La santé digitale pose de nombreux enjeux en termes d’éthique, de protection de l’information, d’égalité de l’accès aux soins, etc. Il est essentiel qu’un cadre juridique ad hoc soit prévu par le législateur.

Si les États-Unis ont mis en place un organisme officiel de régulation de l’e-santé, la France, elle, n’en n’est pas dotée. L’Ordre national des médecins souhaite élaborer progressivement des règles déontologiques spécifiques aux sites internet consacrés à la santé (***) pour encadrer de tels enjeux.

À l’heure actuelle, ce sont encore des initiatives privées qui se développent, comme le premier label français pour certifier la valeur scientifique des applications santé mis au point par la start-up française DMD Santé. Les pouvoirs publics doivent se saisir pleinement de ce chantier numérique s’ils veulent que la France soit à même d’apporter une offre compétitive et éthique à l’ensemble des acteurs de la santé.

(*) Étude Xerfi Precepta, 2014

(**) Étude Pipame, "E-santé – Faire émerger l’offre française répondant aux besoins presents et futurs", 2016

(***)  https://www.conseil-national.medecin.fr/article/les-securites-informatiques-sont-des-exigences-deontologiques-902 Conseil National de l'Ordre des Médecins , "Les sécurités informatiques sont des exigences déontologiques", publiée en ligne le 9 novembre 2009

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