Allegorithmic, la PME française qui détrône Adobe dans la création de textures

Les pépites françaises ont  une chance face aux géants américains. La preuve avec Allegorithmic. En ayant le nez creux et se spécialisant sur une niche de la création graphique qui manquait cruellement d'innovation, cette PME française basée à Clermont Ferrand a su prendre un marché au titan Adobe Photoshop. Et elle ne compte pas s'arrêter là.

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Allegorithmic, la PME française qui détrône Adobe dans la création de textures

Une petite PME française qui détrônerait un géant américain comme Adobe dans son domaine de prédilection, le graphisme ? Allons bon ! Et pourtant. Allegorithmic, une entreprise clermontoise fondée en 2003 et nouvelle égérie de Creative France, a su s'imposer face au monstre Photoshop dans une niche très spécifique : celle des textures pour modèles 3D.

"Nous avons plus de 100 000 licences dans le monde principalement utilisées par l'industrie du jeu vidéo", explique Sébastien Deguy, PDG et fondateur de la société. Allegorithmic édite une série de logiciels baptisés Substance, dont le porte-étendard est Substance Painter. Cet outil permet de créer et modifier des textures, sortes de "peaux" appliquées sur les modèles 3D en fil de fer pour leur donner leur aspect final. "Tous les grands éditeurs utilisent nos logiciels à l'heure actuelle. Nous réalisons d'ailleurs 95% de notre chiffre d'affaires à l'étranger, poursuit Sébastien Deguy.

Un succès incontestable : avec ses 57 employés répartis dans sept villes (Shanghai, Séoul, Tokyo, Los Angeles, Lyon, Clermont-Ferrand et Paris), l'entreprise a réalisé 6 millions de dollars (5,3 millions d'euros) de chiffre d'affaires en 2015, soit une augmentation de 90% par rapport à 2014. La croissance avait auparavant été de 40% par an depuis la création d'Allegorithmic.

Détrôner Adobe en étant plus pointu

Dans ces grands studios, c'est généralement Adobe Photoshop qui est remplacé par Substance Painter. "Photoshop est un outil que tout le monde connaît, mais dérivé de son usage primaire : la retouche photo, commente Sébastien Deguy. Pendant longtemps il suffisait et personne ne se posait de questions. Mais en 2011 il y a eu un changement de paradigme dans les moteurs de rendu, et les matières digitales ont dues être recréées avec beaucoup plus de complexité." Photoshop n'étant plus du tout adapté, les éditeurs se sont mis à la recherche d'une alternative. Allegorithmic, qui était en avance de phase car elle développait sa technologie sans faire de bruit depuis 13 ans, était parfaitement placée pour envahir le marché.

"Nous avons eu la chance d’avoir été prêt, admet Sébastien Deguy. Dire que nous avions anticipé, ce serait mentir. Mais nous avions eu cette vision qu'un besoin plus abouti nécessiterait des outils nouveaux, et nous étions très pointus, très en avance. Ils ont donc tous choisi notre technologie car elle était déjà là."

Réalité virtuelle, architecture, conception...

Fort de son succès, le chef d'entreprise veut désormais s'attaquer à d'autres secteurs et même sortir de son cœur de métier. D'abord en investissant les marchés de l'architecture, du design produit, du cinéma et de la réalité virtuelle. "La réalité virtuelle est un peu le cousin du jeu vidéo, explique Sébastien Deguy. Beaucoup de techniques créatives y sont communes et c'est donc un champ d'application idéal pour nous. Par exemple, à ma connaissance tous les contenus de l'Oculus Rift réalisés à ce jour l'ont été avec Substance."

Ikea, Hyundai, Harley Davidson...

Allegorithmic a de plus été approché par plusieurs grosses structures, dont Ikea et une grande maison du luxe français, pour concevoir directement des expériences. "Ils sont venus nous voir car ils voulaient proposer une expérience de qualité et la représentation de la matière était fondamentale pour eux, commente le dirigeant. Nous avons développé toute l’application Ikea, qui est sortie début avril sur Steam il y a deux semaines. C’est de la R&D; sponsorisée en quelque sorte. Notre objectif n’est pas de faire du contenu mais de développer de nouvelles techniques, en se mettant dans la peau du client. On a appris des choses." L'entreprise travaille également avec Hyundai et Harley Davidson, qui sont très sensibles au rendu des matériaux pour leurs véhicules, ainsi qu'avec le cabinet d'architecture Gensler.

...avant la modélisation et le rendu lumière

L'autre optique de développement, c'est sortir du texturing pour s'attaquer à la modélisation et au rendu de la lumière. Ces technologies sont liées, mais trustées par de très grands éditeurs comme Autodesk, SolidWorks ou Dassault Systèmes (par ailleurs actionnaire d'Allegorithmic depuis 2007 au travers d'un "acte de bienveillance" pour les "aider à sortir du garage"). Un vrai défi, mais que Sébastien Deguy est prêt à relever. "Nous avons en tête une approche innovante qui s'appuie sur les mésostructures. Nous avons des partenariats avec des centres de recherche et des universités à ce sujet, et nous comptons recruter pour passer à une centaine d'employés d'ici 2 ans." Avec en perspective le bouleversement du secteur, comme il l'a fait pour les textures ?

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