Confiance. C’est le mot clé du discours d’Axelle Lemaire en ouverture de la dixième édition des Etats généraux du cloud computing, le 9 juillet 2015. La Secrétaire d’Etat en charge du Numérique a invité les acteurs de cette industrie à se mobiliser collectivement pour restaurer la confiance, la condition sine qua non du développement en France de "l’infonuagique", comme le disent les Québécois. Sans quoi la France et l’Europe risquent de passer à côté d’une immense opportunité d’une transformation économique.
3,8 millions d'emplois à créer en Europe d'ici 2020
"En 2012, la Commission européenne estimait que l’adoption du cloud computing en Europe pourrait avoir comme impact la création de 3,8 millions d’emploi d’ici 2020, rappelle la secrétaire d'Etat. C’est considérable. Le cloud computing offre aussi des gains de compétitivité majeurs pour les entreprises et les administrations. C’est le moyen et le prétexte de transformation profonde tant dans l’organisation que dans les usages du numérique. On passe d’une utilisation isolée d’infrastructure propriétaire couteuse à une gestion d’infrastructure en réseau fondée sur la mise en commun des ressources, l’allocation optimale des moyens et la gestion fine des infrastructures."
Mais la transformation par le cloud se heurte à un problème fondamental avec des dimensions technique, humaine et psychologique : celui de la confiance. "Ce n’est pas évident de voir ses propres serveurs et données gardées et gérées par un tiers, explique Axelle Lemaire. Les données constituent le cœur d’activité de l’entreprise. Comment accepter de faire dépendre volontairement sa propre existence d’un acteur extérieur ? On perçoit le sentiment de dépossession. Le numérique vient modifier profondément la chaîne de création et de distribution de valeur. C’est la fameuse désintermédiation qui touche l’hôtellerie, la culture, les transports et les taxis dans son illustration la plus violente, et cela va continuer à affecter tous les secteurs."
La confiance des internautes français en chute
La perception des usagers du numérique se détériore. Selon la 4e édition du baromètre de la confiance numérique en 2015, seulement 40% des internautes français affirment avoir confiance dans leurs usages du Net. La relation que les internautes ont vis-à-vis des données personnelles se dégrade aussi. Ils sont seulement 29% à faire aujourd’hui confiance aux services de collecte de données personnelles. Ils étaient 49% il y a deux ans. "C’est préoccupant, s’alarme la secrétaire d’Etat. Cela appelle une prise de conscience sans appel."
La ministre préconise la généralisation du chiffrement à l’ensemble des transactions. "C’est une évidence, affirme-t-elle. Le non chiffrement des communications sur les réseaux sociaux ou dans la messagerie électronique on conduit aux révélations d’Edward Snowden. Cela a nui pour longtemps à la confiance des utilisateurs."
Pour un label sécurité pour le cloud
Axelle Lemaire plaide aussi pour la création d’un label attestant la sécurité des services cloud en France, sur le modèle du label France Cybersecurity attribué aux produits et services français de cybersécurité. Ce label élaboré par l’Ansii, l’agence nationale de cyberdéfense, est délivré par le gouvernement depuis janvier 2015 pour accroitre la visibilité des acteurs français à l’international. L’idée est d’appliquer la même démarche aux services de cloud computing avec un label au nom de Secure Cloud.
Ce système fait l’objet de l’une de dix recommandations d’action du plan "Nouvelle France industrielle" sur le cloud computing, copiloté par Thierry Breton, PDG d’Atos, et Ocatve Klaba, fondateur d’OVH. "Ce label doit garantir la sécurité et aider les utilisateurs à s’y retrouver dans l’offre abondante du cloud computing souvent mal identifiée, y compris géographiquement. Grâce à l’expertise de l’Anssi, il pourra induire le climat de confiance nécessaire."
Aider les éditeurs de logiciels
La ministre encourage enfin la sensibilisation des entreprises, et tout particulièrement les PME-PMI, sur le cloud, et l’accompagnement des entreprises dans leur transformation par le cloud. Elle a salué en particulier l’initiative privée SaaS Academy qui vise à sensibiliser 600 éditeurs de logiciels en 3 ans. Axelle Lemaire promet de mobiliser des fonds du plan d’investissements d’avenir pour accompagner les éditeurs de logiciel français dans leur migration vers le modèle du cloud.
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