Au nord du Japon, un grand projet avance pour la construction d'une usine de puces 2 nm
Le consortium Rapidus, créé sur une initiative du gouvernement japonais et rassemblant huit entreprises, a pour objectif de produire des puces de 2 nanomètres d'ici à 2027. S'il y arrive, ce pourrait être un succès économique pour le Japon et la garantie d'un approvisionnement fiable, loin des tensions existantes entre les États-Unis et la Chine.
Le Japon est déterminé à relancer son industrie vieillissante de fabrication de semi-conducteurs. En plus de ses efforts pour attirer des entreprises étrangères, comme TSMC ou Samsung, il investit des milliards d'euros pour créer un nouveau fleuron national au travers du consortium Rapidus, créé par le gouvernement avec huit entreprises, dont Sony, NEC et Toyota.
C'est dans le nord du pays, sur l'île d'Hokkaido, qu'il a entamé la construction d'une usine de production de puces avec une finesse de gravure de 2 nanomètres. Celle-ci est basée sur les recherches d'IBM, qui avait dévoilé une puce expérimentale de 2 nm en 2021. L'usine doit être opérationnelle dès 2027.
Un projet particulièrement ambitieux
Une stratégie rendue possible par le conflit opposant les États-Unis et la Chine sur le secteur. À date, une grande partie de la production mondiale de puces est concentrée à Taïwan, pays vulnérable en raison des tensions avec la Chine. Cela motive des projets d'usines un peu partout dans le monde, y compris en Europe et aux Etats-Unis.
Rapidus est la solution idéale, d'après les déclarations d'Atsuo Shimizu, un cadre de Rapidus chargé du lancement de la nouvelle fonderie, au média canadien BNN Bloomberg : "Pour survivre en tant que nation, le Japon doit être un acteur mondial dans le domaine de la technologie. Et nous pouvons clairement le démontrer avec les semi-conducteurs". Dans le cadre du projet, IBM forme actuellement une centaine d'ingénieurs japonais à Albany, dans l'État de New York.
Malgré cette confiance affichée, parvenir à créer un acteur de pointe dans ce secteur particulièrement compétitif ne sera pas une mince affaire. Même en se basant sur la technologie d'IBM, Rapidus devra faire face à TSMC, Samsung et Intel, et rapidement trouver des clients.
Un consortium en quête de soutiens financiers
En janvier 2023, Rapidus a déclaré à Reuters qu'il lui faudrait environ 7 000 milliards de yens (environ 43 milliards d'euros) pour commencer à produire en masse des puces avancées vers 2027. Jusqu'à présent, le gouvernement a promis 330 milliards de yens (2 milliards d'euros) et a affecté 646 milliards de yens supplémentaires (4 milliards d'euros) à un fonds destiné à soutenir le projet.
Cela devrait couvrir la moitié d'un investissement initial de 2 000 milliards de yens (12,3 milliards d'euros), mais le consortium n'a pas encore indiqué comment il obtiendra le reste des liquidités, ni les 3 000 milliards de yens supplémentaires (18,5 milliards d'euros) nécessaires à l'expansion de ses activités après le lancement de la fonderie. Autre point de blocage : les entreprises japonaises semblent moins déterminées et engagées que le gouvernement.
De grandes entreprises telles que Toyota n'ont promis que 7,3 milliards de yens (45 millions d'euros) au consortium jusqu'à présent. Ces entreprises, également futures clientes, semblent vouloir attendre les premiers résultats pour investir davantage.
Le Japon incite les acteurs étrangers du secteur à s'installer
L'autre volet de la stratégie japonaise consiste à attirer les leaders étrangers du secteur sur son territoire. Le Japon propose en effet des subventions généreuses pouvant atteindre jusqu'à la moitié des coûts d'installation afin d'inciter ces entreprises à s'installer dans le pays. Une enveloppe de plus de 10 milliards d'euros a été crée dans ce but en 2023.
A commencer par Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), qui s'est engagé en janvier dernier dans la construction de deux nouvelles mégafab peu de temps après avoir annoncé le lancement d'une première. Ce nouveau site devrait voir le jour d'ici fin 2027, dans la préfecture de Kumamoto, sur l’île de Kyushu, au sud du pays.
Outre TSMC, Micron Technology, ASML et Samsung investissent également dans des installations de production ou de recherche au Japon, les entreprises étant en quête des meilleures offres pour consolider leur production future dans un contexte géopolitique et économique tendu.
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