La Caricature et La Presse Sous la 3e République : par Jacques Lethève
« La Caricature Au Service Des Passions Politiques »
et
Deux Siècles d'Histoire de France par la Caricature, 1760/1960: par Jean Duché
"Des Ducs au Bloc des Gauches: 1875-1899"

La Caricature pendant la 3e République surtout autour de l'Affaire Dreyfus


    Selon Lethève, la caricature représente des réactions de l'opinion de la population. Ces images peuvent être fortes en soutien ou diaboliquement contre une passion populaire. Les caricatures représentent ce que pense le dessinateur, néanmoins il est la seule personne qui ose publier les images si choquantes. Au même temps, le dessinateur est prudent de ne pas trop étonner ses lecteurs. La ligne entre l'amusant et le dégoûtant est mince. La création de la Troisième République a donné aux caricaturistes un sentiment de liberté, donc leurs dessins infâmes devenait plus controversés. Il y avait tant de crises que les caricaturistes ont toujours eu beaucoup de matière avec lequel ils pouvaient s'amuser.

La condamnation du capitaine Dreyfus

    Après l'annonce de la condamnation de Dreyfus le 22 décembre, 1894, le Figaro a publié que l'Alsace disait "Bravo!" à la nouvelle. Un ardent joueur antisémite, défenseur de la République, donc maintenant anti-Dreyfusard, était Le Grelot et son dessinateur Pépin-qui deviendra Dreyfusard trois ans après. Juste avant la condamnation de Dreyfus, Pépin a dessiné Dreyfus avec Jules Guesde et Jean Jaurès, tous les trois portant un drapeau rouge, le drapeau "sans patrie". Sous le titre il disait, "Moi aussi, je fais ma bedide commerce internationaliste, et pis après?". Ils ont utilisé les mots pour feindre un accent allemand et pour faire ressortir la bassesse en même temps, les caractéristiques souvent associés avec les Juifs.

    Aussi antisémite et anti-Dreyfusard était les journaux Le Chambard socialiste et Le Rire. Le Rire a publié le même jour de la dégradation une caricature d'Heidbrinck. Ici, on voit Dreyfus contre un mur face aux femmes et enfants: "Qu'est-ce que Dreyfus?-- C'est l'homme qui pour trente deniers a voulu rendre veuves toutes les femmes de France, faire pleurer les larmes de sang aux petits enfants et livrer ses compagnons aux balles de l'ennemi." Et comme ça n'est pas suffisant, dans le même journal le 13 janvier, Bobb représente Dreyfus dans un hamac dans un environnement exotique et agréable. Le titre est, "L'expiation???", et puis Dreyfus disant, "Décidément, si la déportation avait existé de son temps, je suis bien sûr que cet imbécile de Judas ne se fût pas pendu." Or, on comprend maintenant la brutalité avec laquelle les caricaturistes anti-Dreyfusards ont attaqué l'Affaire, et ça seulement dans les premiers jours après sa condamnation et sa dégradation.

L' "Affaire" et l'imagerie satirique

    Avec des émotions culminantes autour de l'Affaire, on voit aussi l'ascension des journaux satiriques qui dépend sur des caricatures. Dans ce temps chaotique de l'Affaire, la Presse va jouer un rôle intégrale. Presque toute la presse a  participé d'un côté ou de l'autre. Le rôle de la presse n'était plus de rapporter, mais de transmettre l'opinion. "L'image fait apparaître les personnages d'une vaste tragi-comédie politique où des figures allégoriques se mêlent aux acteurs réels et où, selon, une loi constante de la caricature, chaque camp place en vedette les personnages odieux appartenant au camp opposé." (Lethève, p.82).

    Les antagonistes pour les dreyfusistes étaient plutôt Esterhazy, puis ses partisans Rochefort de L'Intransigeant et Drumont de La Libre Parole. C'était aussi des militaires, des clergés, et des juges. Ils ont soutenu l'antimilitarisme et l'anticléricalisme, et leur figure allégorique: la Vérité nue en face d'un miroir, "dont la vue effraye ou qu'on s'efforce de rejeter dans son puits." (Lethève, p. 83).

    A leur tour, les antidreyfusistes ont représenté comme acteurs principaux premièrement, Zola et Reinach. Reinach était qualifié tout simplement parce qu'il est juif. Mais Zola était lui-même un bon cible à cause de son histoire judiciaire et sa position d'intellectuel. Plus d'informations à propos des intellectuels, cliquez ici!!! On s'attendrait logiquement à ce que Dreyfus soit le sujet principal des dessins à cette époque, et poutant il y avait rarement des caricatures qui ont dépeint le capitaine. Les caricaturistes ont préféré dessiner les caractéristiques juives et exagérées: le nez crochu, les grosses lèvres, l'obsession avec l'argent, et toujours l'accent allemand. On ne décrirait Dreyfus que comme ça.
 



Les organes de circonstance

    C'était les organes de circonstance qui ont influencé le plus la guerre des caricatures. Les deux journaux principaux pour leur camp respectif c'étaient Psst pour les antidreyfusistes et Le Sifflet pour les dreyfusistes. Psst était un journal sans texte. Ses dessinateurs sont Forain et Caran d'Ache, connus comme les meilleurs caricaturistes de l'époque. Forain fait presque toujours le dessin de la première page de Psst parce qu'on a dit que les caricatures de Forain était plus blessantes. Vrai, peut-être. Mais Caran d'Ache a créé des images frappantes lui-même. Particulièrement répugnante c'était sa caricature du 10 juin 1899, "la vérité sortant de son puits". Ici, Zola monte d'un trou des cabinets portant une poupée de Dreyfus.
 
 




    En réponse à ces publications affreuses, les dreyfusistes ont publié le premier numéro de Le Sifflet le 17 février, douze jours après le premier numéro de Psst. Le principal caricaturiste pour Le Sifflet est Ibels, mais il était souvent secondé par Couturier et Hermann-Paul. Dans leurs éditions, Le Sifflet a soutenu la révision du procès Dreyfus en attaquant les supporters d'Esterhazy et Esterhazy lui-même. En utilisant précisément le même format et formule de leur adversaire, Le Sifflet était moins efficace. En plus, ils ont souvent utilisé presque la même image que Psst avait publié dans son dernier numéro. On voit un manque de créativité et un message moins incisif que celui de Psst par cette méthode. Par exemple, après une publication de Psst dans laquelle il apparait une image d'un magistrat qui donne un coup de pied au chapeau d'un officier, Le Siffllet publie un numéro dans lequel on voit pratiquement la même image sauf que le juge est un officier et le chapeau d'officier est remplacé par les balances de la Justice. Pareillement, le 10 septembre Le Psst représentait une bombe qui s'appellait "Révision" à laquelle les dreyfusistes essayaient de mettre le feu. Cinq jours après, Le Sifflet montre sa bombe, l'Affaire Dreyfus, qui, inévitablement va exploser.




 

    Psst a cessé sa publication après le procès à Rennes, en septembre 1899. Le Sifflet avait déjà arrêté sa publication trois mois avant.

La presse quotidienne

    À partir de 1897, les quotidiens prennent leur place avec les hebdomadaires satiriques quand ils commencent à publier les caricatures satiriques. Siècle était un des premiers quotidiens à montrer ces dessins. Ibels, le caricaturiste principal de Le Sifflet avant sa cessation, a continué à dessiner pour Siècle en faveur de Dreyfus. L'Aurore de Clemenceau était évidemment dans le camp dreyfusiste comme il a publié "J'accuse" de Zola. Le manque relative de dessins dans ce journal implique qu'il ne pensait pas que les caricatures tiennent beaucoup d'importance. Les caricatures qu'il a publiées étaient tellement générales, qu'ils n'ajoutaient pas grand chose à la politique du journal.

    De l'autre côté, les adversaires de Dreyfus dépendaient souvent des images pour apporter leurs opinions politiques au grand publique. La Patrie a publié un nouveau dessin politique chaque jour. De même, La Croix et L'Anti-Juif ont évoqué leurs opinions politiques, même dans leurs titres.

    Le Figaro est connu comme un journal plus ou moins conservateur. Il a gardé une posture modérée pendant l'Affaire, et il a même pris une attitude du côté Dreyfusard et en faveur de la Révision à la fin. Comme caricaturistes, Le Figaro a employé les meilleurs: Forain, Léandre, Caran d'Ache, et Henriot. Ce ne sont pas les artistes les plus neutres de la France et leur réjugés contre Dreyfus sont évidents. Par exemple, dans un dessin de Forain du 4 novembre 1897, sans dire précisément qu'il représentait Dreyfus, c'était évident par sa caricature. Il y avait deux juges en train de parler, "Mon cher, vous n'empêcherez jamais de dire d'un homme condamné à huis clos: il est peut-être innocent...". Cependant, les caricatures ou il s'agit de l'Affaire étaient rares, et ceux qu'il y en avait montraient les conséquences de l'Affaire. Un fameux exemple est deux dessins qui montrent une famille à table. Quelqu'un dit, "Surtout ne parlons pas de l'Affaire Dreyfus". Dans le prochain dessin on voit la famille qui se bat entre eux et il est titré, "ils en ont parlé...". Caran d'Ache a fait cette caricature le 14 février 1899.

    Incapable de maintenir un rapport avec Psst et Le Figaro en même temps, Forain quitte les deux et commence à dessiner pour un organe véritablement antidreyfusard, L'Écho de Paris, l'organe officieux de l'Etat-major. Cependant, Caran d'Ache continue de satisfaire les deux journaux, Le Figaro et Psst , une tache sans doute difficile.  La même année, on note un nouveau caricaturiste du côté dreyfusard, Cyrano. Le 21 septembre 1899, Hermann-Paul contribue à cette inclinaison vers le côté dreyfusard avec sa caricature, "Gracié". Cette image apparaissait après le procès à Rennes et il dit, "Gracié.--- Allez, et qu'on ne vous y reprenne plus à être innocent!".

    Après 1900, presque tous les caricaturistes ne s'intéressent plus à l'Affaire, sauf Forain qui persistait à créer des dessins carrément antisémites et encore les dessins dirigés contre Reinach jusqu'en 1904.

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