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Module 18 juin

 Discours du général de Gaulle à la radio, le 30 mai 1968
 

" Françaises, français, Etant le détenteur de la légitimité nationale et républicaine, j'ai envisagé, depuis vingt-quatre heures, toutes les éventualités, sans exception, qui me permettraient de la maintenir. J'ai pris mes résolutions. Dans les circonstances présentes, je ne me retirerai pas. J'ai un mandat du peuple, je le remplirai. Je ne changerai pas le Premier ministre (...). Je dissous aujourd'hui l'Assemblée nationale. (...) Quant aux élections législatives, elles auront lieu dans les délais prévus par la Constitution, à moins qu'on entende bâillonner le peuple français tout entier, en l'empêchant de s'exprimer en même temps qu'on l'empêche de vivre, par les mêmes moyens qu'on empêche les étudiants d'étudier, les enseignants d'enseigner, les travailleurs de travailler. Ces moyens, ce sont l'intimidation, l'intoxication et la tyrannie exercées par des groupes organisés de longue date en conséquence et par un parti qui est une entreprise totalitaire, même s'il a déjà des rivaux à cet égard. Si donc cette situation de force se maintient, je devrai pour maintenir la République prendre conformément à la Constitution, d'autres voies que le scrutin immédiat du pays. En tout cas, partout et tout de suite, il faut que s'organise l'action civique. Cela doit se faire pour aider le gouvernement d'abord, puis localement les préfets (...) dans leur tâche qui consiste à assurer autant que possible l'existence de la population et à empêcher la subversion à tout moment et en tous lieux . (...) Non ! la République n'abdiquera pas. Le peuple se ressaisira. Le progrès, l'indépendance et la paix l'emporteront avec la liberté. Vive la République ! Vive la France ! "

Questions
1. Présentez la nature du texte, son auteur et le contexte de sa rédaction.

2. Quel est le ton de ce texte ? Quelles sont les mesures annoncées par l'auteur ? Au nom de quelles valeurs les prend-il ?

3. Que reproche l'auteur à ses adversaires politiques ?

4. Quelles seront les conséquences à court et moyen terme de ce discours ?

Eléments de réponse
1. Le texte est un discours prononcé à la radio par Charles de Gaulle le 30 mai 1968. A cette date, Charles de Gaulle a entamé depuis trois années son second mandat de président de la République française. Une certaine usure du pouvoir se fait toutefois sentir : après avoir été mis en ballottage lors du premier tour de l'élection présidentielle de 1965, Charles de Gaulle doit surtout affronter la difficile crise de mai 1968, déclenchée par les étudiants puis par les ouvriers qui appellent à un changement de société - et à un changement du pouvoir.

Pour la chronologie précise de la crise de mai 1968, et notamment pour comprendre à quel moment de Gaulle choisit de prononcer son discours du 30 mai, reporte-toi aux fiches sur Mai 1968.

2. Le ton du texte est particulièrement déterminé : le général de Gaulle réaffirme toute son autorité ("Etant le détenteur de la légitimité"), puis explique son refus de céder (" J'ai pris mes résolutions "). Il utilise des exclamations ("Non ! La République n'abdiquera pas") et des termes sans concession ("bâillonner les peuple", "l'intoxication et la tyrannie"...). Les mesures qu'il annonce sont à la mesure de sa détermination.

Charles de Gaulle se réfère à plusieurs valeurs pour justifier les mesures prises. La première est la République, invoquée à la première ligne et à la dernière ligne du texte, mais aussi dans d'autres expressions comme : "J'ai un mandat du peuple".

C'est bien au nom de la légitimité que lui a conférée le peuple que Charles de Gaulle entend intervenir pour éviter que la République ne soit menacée dans ses principes. Le général de Gaulle invoque également la liberté (avant-dernière ligne du texte), qu'il oppose aux méthodes des organisateurs de la crise de mai 1968. Ces derniers, selon lui, ont utilisé "l'intimidation et la tyrannie", parfaitement contraires aux valeurs de liberté pratiquées dans une démocratie.

3. Le général de Gaulle reproche aux organisateurs de la crise de mai 1968 d'avoir désorganisé le pays - donc d'avoir porté atteinte au droit des autres Français à vivre paisiblement : "on empêche les étudiants d'étudier" fait référence à l'occupation des universités par les étudiants révoltés, puis à la fermeture de celles-ci. On empêche "les travailleurs de travailler" rappelle que la France est paralysée par une grève générale. Charles de Gaulle considère donc que la fin de la crise de Mai 1968 permettra le retour à l'ordre du pays : c'est en ce sens qu'il évoque la tâche des préfets, "qui consiste à assurer (...) l'existence de la population".

C'est en des termes particulièrement sévères que le président de la République décrit les organisateurs de la révolte de Mai 1968 ("intimidation", "intoxication", "tyrannie"). Il les rattache, de manière sous-entendue, au parti communiste ("un parti qui est déjà une entreprise totalitaire"). Par ce biais, il cherche à rendre plus évidente aux yeux de tous les Français la culpabilité et la responsabilité des leaders, assimilés à un dangereux parti révolutionnaire et totalitaire.

4. Pour répondre à cette question, reporte-toi aux fiches consacrées à Mai 1968.

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