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La mosaïque du manioc menace la sécurité alimentaire en Afrique de l’Est

First Published: July 30, 1998

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Le manioc (Manihot esculenta) est une culture de racine pérenne originaire de l’Amérique du Sud, introduite en Afrique au 16ème siècle par les marchands portugais. Le manioc sert d’aliment de base à plus de 500 millions d’êtres humains à travers le monde. L’Afrique sub-saharienne produit plus que 85 millions t de manioc par an, soit environ la moitié de la production mondiale. Cette quantité représente plus du double de la production de maïs et presque le triple de la production combinée du sorgho et du mil dans cette partie du monde. Cultivé dans presque tous les pays de l’Afrique sub-saharienne, le manioc est une culture vivrière d’une importance spéciale dans un grand nombre de pays africains dont le Nigeria, la République démocratique du Congo, la Tanzanie, le Ghana, le Mozambique, l’Ouganda, la République Malgache, l’Angola, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Bénin et le Kenya.

La production du manioc en Afrique de l’est Est menacée par la maladie de la mosaïque du manioc dont le nombre de cas va en croissant. Le présent rapport spécial de FEWS résume l’information fournie par ses représentants sur le terrain et l’Institut international d’agriculture tropicale (IIAT) — région Afrique de l’Est.


Le manioc et la sécurité alimentaire

Le manioc constitue une denrée vitale pour la sécurité alimentaire parce que sa culture est fiable et produit des rendements permettant de survivre lorsque des conditions climatiques défavorables provoquent l’échec des cultures de céréales et de graines de légumineuses. Le manioc produit plus d’énergie alimentaire par unité de superficie cultivée que toute autre culture vivrière de base en Afrique sub-saharienne et constitue une source d’hydrates de carbones à bon marché pour les habitants des villes, dont le nombre augmente chaque année. Le manioc pousse bien sur des sols dont la fertilité est marginale, ce qui en fait une culture de réserve idéale pour la consommation ou pour la vente permettant de couvrir des dépenses familiales imprévues.

La production de manioc en Afrique fait maintenant face à une nouvelle menace venue d’une maladie assez familière : la mosaïque du manioc. La maladie s’est répandue au cours des dernières années, ce qui augmente le risque d’insécurité alimentaire de millions de familles rurales et urbaines, en particulier en Afrique de l’Est. Les programmes de recherche et de vulgarisation ont permis de limiter l’expansion géographique de la maladie, mais l’ampleur potentielle du problème menace de contrarier ces efforts.


Le manioc et ses caractéristiques

Il existe deux types de manioc, communément appelés le manioc doux et le manioc amer. Les gens aiment le manioc doux parce que la préparation de ses racines pour la consommation est relativement aisée. La racine du manioc amer contient de fortes concentrations de glucosides cyanogénétiques toxiques et exige donc une préparation spéciale (trempage de 2 à 3 jours, pelage, séchage et pilonnage) pour pouvoir le consommer en toute sécurité. Les racines du manioc contiennent jusqu’à 50 pour cent de matière sèche (principalement des hydrates de carbones) et peuvent être consommées fraîches, bouillies, cuites au four, grillées, grattées ou sous forme de farine. Les feuilles des variétés douces et amères contiennent des concentrations de composés cyanogénétiques plus élevées que les racines. Pour réduire le niveau des toxines, les gens broient les feuilles avant de les faire cuire, le plus souvent dans des sauces. Les feuilles sont à la fois nutritives et savoureuses, et contiennent de 5 à 8 pour cent de protéines. Les feuilles sont récoltées de façon sélective pendant les 2 à 6 premiers mois du développement de la culture.

La propagation du manioc est facile : au début de la saison des pluies, les agriculteurs coupent les tiges du manioc récolté en boutures de 15 à 25 cm de long. Les techniques de plantation varient d’une communauté à l’autre. Certains agriculteurs placent les boutures horizontalement dans des petites fosses et les couvrent entièrement, ou les plantent verticalement ou en diagonale dans de petites buttes ou dans un sol ameubli avec des espacements d’environ 1 m. La récolte des racines commence d’habitude 1 an après la plantation. Dans la plupart des pays africains, les petits exploitants peuvent espérer récolter de 5 à 15 t de racines par hectare, selon les conditions climatiques, la fertilité du sol et les attaques d’insectes et de maladies. Le rendement moyen du manioc à travers le monde se situe aux alentours de 10 t/ha.


La maladie de la mosaïque du manioc

La maladie de la mosaïque du manioc menace la production du manioc et la sécurité alimentaire des populations de façon persistante et significative. Elle est due à un virus qui se propage par le moyen d’un insecte vecteur, la mouche du tabac (Bemisia tabaci), et par le fait que les agriculteurs plantent du matériel végétal contaminé. Les symptômes de la maladie de la mosaïque sont la présence de taches irrégulières sur les feuilles, de couleur vert clair, jaunes ou blanches, et la déformation des feuilles, ce qui réduit la photosynthèse et retarde la croissance des plantes. Les effets sur le rendement vont d’une réduction négligeable jusqu’à la perte totale de la culture, selon la variété du manioc et les conditions du milieu ; mais en général, la maladie provoque une baisse des rendements allant de 20 à 60 pour cent en dessous de la normale. L’effondrement simultané des rendements du manioc et des céréales constitue un désastre pour la sécurité alimentaire des petits agriculteurs.

Au cours de la dernière décennie, de nouvelles lignées du virus de la mosaïque du manioc — auxquelles les variétés actuellement cultivées ne sont pas résistantes — menacent la sécurité alimentaire des populations en Afrique de l’Est. En 1988 et 1989, l’IIAT fait état de graves attaques de nouvelles lignées du virus de la mosaïque du manioc dans la partie centre-nord de l’Ouganda (district de Luwero), au nord du lac Victoria. En 1992, une grande partie du nord de l’Ouganda avait de graves problèmes causés par le virus. En 1993, les districts de Soroti et de Kumi, dans l’est de l’Ouganda, ont eu à faire face à des problèmes d’insécurité alimentaire significatifs lorsque la sécheresse a entraîné une réduction dramatique des rendements du maïs et des haricots, alors que le virus de la mosaïque provoquait l’échec de la culture du manioc. Par suite de la sécheresse, l’année 1997 était à nouveau marquée par l’échec des cultures de maïs et de haricots, alors que la production de manioc avait connu un déclin significatif à cause de la maladie. L’IIAT estime qu’en Ouganda, les pertes dues au virus de la mosaïque du manioc ont atteint à ce jour les 720.000 t.

Malgré la maladie, le rôle du manioc dans la sécurité alimentaire des agriculteurs ougandais reste important. Les agriculteurs continuent à planter le manioc même dans les zones où la maladie est présente, telles que les districts d’Iganga, Kamuli et Tororo. Compte tenu de l’ampleur des dommages subis par les cultures de maïs et de haricots à la suite des graves inondations qui ont frappé le pays en 1997/98, cette année, la culture du manioc est plus importante que jamais. Mais dans les zones où la maladie n’est pas très répandue, telles que l’ouest de l’Ouganda et les parties sud des districts de Mukono et de Mpigi, la récolte du manioc aidera beaucoup à maintenir le sécurité alimentaire des populations.

On craint que la maladie de la mosaïque du manioc ne soit en train de s’étendre aux pays voisins, où elle menacera la sécurité alimentaire comme elle le fait en Ouganda. Les experts chargés de suivre l’expansion de la maladie ont calculé que la maladie s’étend vers le sud au rythme de 20 à 30 km par an (figure 1). FEWS, l’IIAT et d’autres observateurs ont trouvé que les cultures de manioc cultivées dans le nord-est de la Tanzanie et l’ouest du Kenya sont de plus en plus menacées par le virus. En Tanzanie, la région de Mara a subi des dommages très sérieux au cours des années 1997 et 1998, qui ont pratiquement éliminé la culture du manioc. Au Kenya, la réduction de la production due à la maladie, surtout dans la province de l’Ouest, se poursuivra vraisemblablement au cours des quelques années à venir. L’IIAT estime qu’à l’ouest du Kenya, les pertes dues à la maladie se chiffrent à ce jour à 160.000 t.


Options pour la lutte contre la maladie

La maladie de la mosaïque du manioc se répand généralement pendant les périodes humides, avec des températures élevées et une intense luminosité. Ces conditions favorisent la croissance du manioc et la multiplication de la mouche du tabac. Les petits agriculteurs ne réagissent d’habitude pas à la maladie : ils continuent à planter des plantes malades avant d’abandonner la culture comme certains l’ont fait en Ouganda. Quant à la recherche, elle a réagi en développant des stratégies de lutte antiparasitaire intégrée et des variétés résistantes au virus. A ce jour, l’option de lutte la plus efficace a été d’utiliser du matériel végétal non contaminé et des variétés améliorées résistantes à la maladie, avec un potentiel de rendement de 15 à 20 t/ha.

D’une façon générale, certains plants de manioc locaux fournissent un matériel végétal quelque peu résistants à la maladie, mais la plupart y sont sensibles. Le développement et la sélection de nouvelles variétés qui combinent la résistance au virus de la mosaïque avec un potentiel de rendement plus élevé exigent des ressources financières et du temps : les méthodes de sélection croisée conventionnelles (le triage à l’échelle du terrain et la sélection des traits recherchés) exigent de 5 à 7 ans. Une autre contrainte majeure provient du grand volume de matériel végétal résistant nécessaire pour satisfaire une demande considérable. Dans de nombreuses régions affectées de l’Afrique de l’Est, les variétés résistantes ne sont pas disponibles sur place par suite d’une offre insuffisante et de contraintes de logistique qui empêchent de livrer de façon adéquate aux communautés plus reculées.

Quoi qu’il en soit, la multiplication de matériel de reproduction de base de manioc résistant à la maladie est rapide et fait appel à des techniques relativement simples. Les chercheurs coupent des milliers de tiges de variétés de manioc résistantes à la maladie en 20 à 25 microboutures chacune, les plantent dans un champ contrôlé, soignent les plantes avec des engrais et de l’irrigation, récoltent après 9 mois et distribuent les boutures par l’intermédiaire de la vulgarisation. Les contraintes principales au processus de multiplication sont la disponibilité de matériel de base non contaminé et la présence de ressources financières pour acheter les intrants.

Les programmes de recherche et de vulgarisation nationaux et multilatéraux abordent les problèmes posés par la maladie de la mosaïque essentiellement en développant et en disséminant des variétés résistantes. Il y a 5 ans, reconnaissant l’importance du manioc pour la sécurité alimentaire, l’IIAT a établi un centre régional à la station de Namulonge, à 25 km au nord de Kampala en Ouganda, pour travailler à l’amélioration du manioc, de la banane et de la banane plantain pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe. Le centre s’est fixé trois objectifs : 1) développer des nouvelles variétés résistantes adaptées aux zones écologiques et aux possibilités de commercialisation spécifiques, 2) mieux comprendre la maladie et suivre son expansion géographique, et 3) transformer le manioc d’un produit alimentaire de base non traité et d’un aliment de réserve de la sécurité alimentaire en un produit transformé de valeur ajoutée, un aliment du bétail et un produit industriel. L’IIAT a aussi mis sur pied un programme de développement de plasma germinatif et d’éducation à travers le Réseau de recherche des cultures de racines en Afrique de l’Est (EARRNET) pour faciliter l’évaluation des variétés de manioc introduites par l’institut et adaptées aux diverses zones agro-écologiques.


Conclusions

Le manioc est solidement établi en Afrique comme culture vivrière importante de réserve pour la sécurité alimentaire en cas d’échec des cultures céréalières. Le coût des pertes de manioc dues au virus de la mosaïque aux systèmes d’exploitation de l’Afrique de l’Est est significatif en termes économiques et sociaux.

Pour répondre à l’attaque actuelle de la maladie en Afrique de l’Est et prévenir des échecs futurs de la culture, une option efficace pour la recherche et la vulgarisation consiste à développer et à disséminer des variétés de manioc qui sont résistantes à la maladie et qui répondent aux objectifs de production et aux normes de qualité pour la consommation. Les efforts actuellement faits pour développer et fournir du matériel végétal résistant à la maladie exigera une meilleure compréhension des nouvelles lignées du virus qui affectent plusieurs zones de production du manioc en Afrique de l’Est. Ces efforts seront efficaces s’ils mettent l’accent sur l’éducation des agriculteurs et des consommateurs sur le virus.

Lorsque de nouvelles variétés de manioc à la fois résistantes à la maladie de la mosaïque et plus performantes seront développées et combinées avec des stratégies de lutte antiparasitaire intégrée, les chances d’échec des cultures du manioc iront en diminuant. En attendant, une intensification de la formation des planteurs de manioc en matière de pratiques agricoles devrait compléter les efforts de la recherche appliquée. De plus, des campagnes de sensibilisation visant à alerter les consommateurs ruraux et urbains sur la menace posée par la maladie à leur sécurité alimentaire pourraient éventuellement inciter les décideurs nationaux et multilatéraux à accorder à ce problème un degré de priorité plus élevé. Le manioc est une composante vitale de la plupart des systèmes d’exploitation africains et il mérite une attention égale à celle accordée au cheptel et aux céréales pour aider à garantir la sécurité alimentaire de millions d’êtres humains en Afrique.

 
 
 
 

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