Les
caractéristiques physiques et climatiques de la Sarthe.
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I
- Le contexte géologique |
En
grande partie à l'origine du sol sur lequel croissent les plantes, les roches
du sous-sol jouent un rôle majeur dans la répartition des espèces. Elles
modulent aussi la circulation de l'eau, à la fois à la surface et à l'intérieur
de celui-ci. Les caractéristiques du sol dépendant plus de la nature physique
et chimique des différents roches que de leur âge géologique, nous insisterons
peu sur les aspects purement stratigraphiques. Le lecteur souhaitant plus
de précisions sur les étages et leur localisation pourra se reporter aux
cartes géologiques de la France au 1:50000 du BRGM. |
A
- Les étages géologiques.
A
cheval sur la bordure orientale du Massif armoricain et sur la limite
occidentale du Bassin parisien, zone de contact entre les formations anciennes
du Précambrien et du Paléozoïque et celles, plus récentes, du Mésozoïque
et du Cénozoïque, la Sarthe présente une très grande diversité géologique.
Les roches anciennes occupent toute sa marge ouest, depuis le sud d'Alençon
jusqu'à Sablé (figure 1). Elles sont à l'origine des reliefs des Alpes
mancelles, des Coëvrons, de la Charnie, et, tout à fait au nord, du massif
de Perseigne, îlot armoricain dans le Bassin parisien. Plus à l'est, commencent
les terrains secondaires du Bassin parisien. Orientée nord-est / sud-ouest,
depuis le Mamertin jusqu'au sud de Sablé, s'étend une large bande de terrains
jurassiques qui ont engendré les plateaux mollement vallonnés du Saosnois
et de la Champagne mancelle. Entre le Fertois et la région de La Flèche
succède au jurassique une large diagonale de terrains cénomaniens (du
latin " Cenomanum " , Le Mans) et turoniens, située de part et d'autre
des vallées de l'Huisne, puis de la Sarthe. Au sud-est enfin, du Plateau
calaisien au Cherbonnais, le Mésozoïque disparait sous des roches d'altération
tertiaires ou quaternaires, qui se prolongent au sud de la vallée du Loir
pour constituer la marge septentrionale de la Touraine et de l'Anjou.
Depuis le Miocène, les principales rivières (Sarthe, Loir
et Huisne), ont entaillé ces roches et charrié de nombreux matériaux alluviaux,
détachés par l'érosion de leur bassin versant. Les plus anciens s'étagent
sous forme de terrasses alluviales de part et d'autre des vallées, témoignant
des divagations du lit de ces cours d'eau. La butte d'Auvours, pour l'Huisne,
et le méandre de Roëzé, ou encore les larges placages situés entre Malicorne
et la Chapelle d'Aligné, pour la Sarthe, en sont de beaux exemples. Les
plus récents occupent le lit majeur actuel de ces rivières. Sur les flancs
de celles-ci, par suite de phénomènes de colluvionnement, des dépôts originaires
des plateaux voisins (argiles, limons, sables) se sont progressivement
accumulés, masquant fréquemment les affleurements rocheux en place. A
l'opposé, les extractions de matériaux, de même que les brèches creusées
pour le passage des voies de communication, ont mis à jour des roches
n'affleurant pas naturellement.
Compte tenu de la très grande diversité des roches présentes
en Sarthe et du thème de cet ouvrage, nous nous limiterons à donner quelques
indications sur les grands types de roches et sur leurs incidences potentielles
sur la végétation.
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Ere
quaternaire |
Ere
primaire |
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Alluvions
modernes (limons, tourbes) |
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Carbonifère
(schistes et calcaires sombres) |
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Alluvions
anciennes (sables caillouteux) |
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Dévonien
(schistes et calcaires) |
Ere
tertiaire |
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Silurien
et Ordovicien (schistes et grès armoricains) |
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Eocène
(sables gréseux, argiles à silex, limons) |
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Cambrien
(schistes, grès et calcaires maagnésiens) |
Ere
secondaire/Crétacé |
Précambriens |
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Turonien
et Séronien (craie-tuffeau à silex) |
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Briovérien
(schistes) |
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Albien
et Cénomanien (argiles, marnes, sables gréseux) |
Roches
magmatiques |
Ere
secondaire/Jurassique |
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Roches
volcaniques (laves, cendres) et plutoniques (granites) |
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Oxfordien
(calcaires coralliens et marnes) |
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Bajo-bathonien
et Callovien (calcaires oolithiques et marnes) |
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Lias
(sables et marnes) |
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Figure
1 : Carte géologique simplifiée du département de la Sarthe.
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B-
Les principales roches du sous-sol sarthois.
1- Les roches non calcaires.
Roches magmatiques (roches volcaniques et plutoniques).
Issues
des profondeurs du globe terrestre, les roches magmatiques ne se trouvent
que sur la frange nord et ouest du département (marge armoricaine).
Quelques secteurs peu étendus de matériaux d'origine plutonique (granodiorite)
existent entre St-Léonard-des-Bois et St-Céneri-le-Gérei (Orne).
D'importantes éruptions volcaniques ont eu lieu au début de l'Ere primaire
(Cambrien) dans ce même secteur (Alpes mancelles, Coëvrons). Cachés par
divers produits d'altération, ces matériaux volcaniques (laves et cendres)
ne forment pas d'affleurements spectaculaires.
Roches détritiques.
Roches
détritiques meubles.
- Argiles.
Le
sous-sol sarthois comporte d'importantes étendues de nature argileuse.
Les principaux niveaux en sont :
- l'argile
glauconieuse de la base du Crétacé (argile à minerai de fer), verte,
jaune, ou même rouge lorsqu'elle est complètement oxydée,
- l'Argile
à silex, matériau résiduel résultant de la décalcification de la craie
turonienne au cours des ères tertiaire et quaternaire. De couleur très
variable, ocre, rouge, blanche ou bariolée, elle renferme généralement
de très nombreux silex, qui peuvent s'accumuler en surface par suite
de l'érosion des particules argileuses.
- l'argile
à meulière, bien caractérisée par sa couleur rougeâtre et par la présence
de blocs quelquefois importants de meulière.
Compactes
et très imperméables, toutes ces argiles entraînent une forte hydromorphie
des substrats. Elles sont à l'origine de la formation de nappes perchées
et de l'apparition de résurgences le long des coteaux. Les sols qui en
dérivent étant peu propices aux cultures, elles correspondent soit à des
régions de bocage et de prairies, orientées vers l'élevage (argile à glauconie),
soit à des secteurs dominés par la forêt (argile à silex).
- Limons
et loess.
Recouvrant
l'Argile ou les Sables à silex, les limons occupent de vastes surfaces
au centre des plateaux de la moitié sud du département. En marge de ces
derniers, ils se trouvent entrainés par l'érosion, dévoilant ainsi les
matériaux à silex sous-jacents.
Constituant un substrat poreux sans être aride, moins acides
que les sables et présentant une hydromorphie plus ou moins marquée en
profondeur, ces limons sont à l'origine de sols souvent fertiles, maintenant
cultivés de manière intensive.
Emmenés par le ruissellement dans le réseau hydrographique
et remaniés par les courants, les matériaux arrachés aux plateaux par
l'érosion finissent par se déposer dans les vallées, où ils constituent
des gisements plus ou moins étendus. Ceux de l'Huisne et du Loir, encaissés
dans la basse terrasse, comportent de grandes surfaces d'éléments fins.
Traditionnellement occupés par des prairies, ces dépôts alluviaux de fond
de vallée sont de plus en plus souvent récupérés pour la culture.
- Sables
et Graviers.
De
même que pour les argiles, une partie notable du sous-sol sarthois est
constituée de matériaux sableux. Les couches les plus importantes sont
les Sables du Maine et les Sables du Perche, qui datent de l'Ere secondaire
(Cénomanien). Alors que les premiers occupent de vastes surfaces au sud
et au sud-est du Mans, les seconds subsistent surtout sur les plateaux
au nord et à l'est de cette ville. De couleur variable (du jaune au rouge
framboise), souvent grossiers et non carbonatés, ces sables comportent
aussi des passages plus fins, éventuellement argileux, et des passages
à ciment calcaire.
A la surface des plateaux de la moitié sud du département
s'étendent les Sables à silex et à Spongiaires, ainsi que les Sables à
Sabalites, issus de l'altération des matériaux du Crétacé supérieur pendant
l'Ere tertiaire. Ces sables recouvrent l'Argile à silex et sont eux-même
fréquemment masqués par les limons. De couleur variée, mais souvent roux
ou ocre, ils ont la particularité de renfermer à leur partie supérieure
des dalles gréseuses très dures (voir ci-dessous). De part et d'autre
des grandes vallées, les terrasses alluviales se composent également de
sable, mélangé de graviers et de galets divers, notamment de fragments
de silex issus des versants.
Ces sables, qu'il s'agisse de ceux de la plaine cénomanienne,
de ceux recouvrant les plateaux, ou encore de ceux des gisements sablo-graveleux
des hautes et moyennes terrasses, constituent des substrats secs et acides,
engendrant des sols pauvres. La superposition des terrasses à un niveau
lui-même sableux, comme dans les vallées de l'Huisne, ou de la Sarthe
au sud du Mans, accentue encore l'aridité. Peu propices à la culture intensive,
les zones correspondantes ont fait l'objet d'une déprise agricole marquée
ces dernières décennies. En l'état actuel, elles sont largement occupées
par des massifs forestiers, au sein desquels de nombreuses pineraies alternent
avec des landes à bruyères et des friches. Le long des ruisseaux, ou à
la faveur des dépressions ou des résurgences, se développent dans ces
massifs des secteurs tourbeux acides présentant souvent un grand intérêt
floristique et faunistique.
- Eboulis
L'alternance,
au cours de l'Ere quaternaire, de périodes de glaciation et de phases
interglaciaires a entraîné la dislocation de certaines roches dures, notamment
des grès, en blocs de taille variable qui, en s'accumulant, ont constitué
des éboulis. Les pierriers gréseux de St-Léonard-des-Bois (vallée de Misère,
chemin du Val) ont une telle origine. Plus fréquents en montagne qu'en
plaine, ils constituent pour nos régions des formations originales, surtout
colonisées par les Bryophytes et les Lichens. Les plantes supérieures
s'y installent difficilement.
Roches
détritiques cohérentes.
- Schistes
et Ardoises.
Différentes
catégories de schistes, sur lesquelles nous n'insisterons pas, existent
en Sarthe. Elles se localisent exclusivement dans le secteur armoricain.
Certaines ont donné lieu à l'exploitation d'ardoisières (St-Georges-le-Gaultier,
Parennes, Rouez, St-Léonard-des-Bois....).
En se décomposant, ces schistes libèrent des matériaux argileux,
à l'origine de sols plutôt pauvres et hydromorphes. La présence d'éléments
minéraux autres que la silice et l'aluminium peut toutefois conduire à
des sols de fertilité correcte, convenant aux feuillus. Souvent cachées
par leurs produits d'altération ou par des produits de colluvionnement,
les roches schisteuses se voient peu. La majorité des affleurements actuels
résultent en fait de l'activité humaine. Ces derniers, de même que les
déchets des ardoisières d'ailleurs, peuvent accueillir une flore pionnière
intéressante.
- Grès.
De
nombreux affleurements de quartzites, correspondant à des niveaux géologiques
variables, sont visibles sur les marges nord et ouest du département.
Constituant l'essentiel des escarpements rocheux des Alpes mancelles,
de la Forêt de Sillé et de celle de Perseigne, ils jouent un rôle majeur
dans les paysages de la frange armoricaine de la Sarthe et lui confèrent
une grande partie de son originalité. Peu sensibles à l'érosion, ces quartzites
donnent lentement naissance, en s'altérant, à des sols sableux ou sablo-argileux,
acides, que recouvrent, dans les endroits les plus arides, des pelouses
squelettiques, des landes et des pineraies.
Moins spectaculaires et moins imposants, mais souvent aussi
durs, les grès dits à Sabalites (grès ladères), formés à l'Ere tertiaire
(Eocène) constituent des dalles ou des blocs épars au sein des Sables
à Sabalites. Plus ou moins abondants, ils jonchent certains plateaux boisés
du sud Sarthe, dont ils constituent l'ossature.
2
- Les
roches calcaires.
Ces
roches, par définition, renferment une proportion notable de carbonate
de calcium, éventuellement accompagné de carbonate de magnésium. Ces carbonates
résultent le plus souvent de phénomènes de précipitation et sont donc
d'origine chimique. Dans certains cas cependant, il s'agit de débris d'origine
biologique, par exemple des débris coquilliers ou des restes de récifs
coralliens. Riches en composés basiques, ces roches donnent naissance
à des sols neutro-alcalins, généralement plus fertiles que ceux développés
sur les roches non calcaires.
- Marnes.
Le
sous-sol sarthois se compose de nombreux niveaux marneux, qui datent pour
l'essentiel du Jurassique ou du Crétacé. Fréquemment de couleur sombre,
les marnes jurassiques s'étendent depuis la région de Mamers jusque vers
Aubigné-Racan et Sablé. Au contraire des précédentes, les marnes crétacées
présentent souvent une teinte plus claire. Celles du Cénomanien inférieur,
de nature glauconieuse, affleurent largement de part et d'autre de la
vallée de l'Huisne. Plus localisées, les Marnes à huîtres du Cénomanien
supérieur apparaissent çà et là, auréolant les plateaux .
L'altération de ces diverses marnes aboutit à des sols argilo-calcaires
moins compacts que sur argile pure et moins sujets à dessication que sur
calcaire. Très fertiles, les étendues marneuses de la plaine jurassique
(Saosnois, Belinois) font l'objet depuis longtemps de grandes cultures
(chanvre autrefois et maintenant céréales). Devenant toutefois peu perméables
quand elles s'enrichissent en argiles, ces marnes peuvent provoquer une
forte hydromorphie du sol et être à l'origine de secteurs marécageux,
notamment à la base des coteaux et en fond de vallée.
- Craies.
Les
craies cénomaniennes (Craie glauconieuse, Craie de Théligny) s'observent
surtout au sud de la Ferté-Bernard, au sommet ou sur les flancs des buttes
témoins de la marge percheronne. De tendance marneuse, elles donnent également
des sols un peu hydromorphes, occupés par des prairies ou des bois.
Beaucoup plus largement représentée, la craie turonienne comporte
plusieurs niveaux différents. Une craie marneuse blanche et tendre (Turonien
inférieur), renfermant éventuellement des silex, affleure en marge des
principaux plateaux de la moitié sud du département. Par perte progressive
de son calcaire (décalcification), cette craie a engendré les vastes surfaces
d'Argile à silex mentionnées ci-dessus. La craie tuffeau (Turonien moyen
et supérieur), plus sableuse et riche en bancs de silex, apparaît surtout
sur les coteaux du Loir et de ses affluents (Veuve, Dême, Dinan). Elle
a donné naissance aux falaises au relief un peu émoussé et creusées de
nombreuses caves qui dominent la vallée du Loir. Sur ces coteaux de tuffeau
se développent des milieux chauds et secs favorables à la présence d'espèces
méridionales.
- Calcaires.
Contrairement aux craies, les calcaires sont des roches peu friables et
plus résistantes. Leur diversité reflète la variété des conditions qui
ont présidé à leur genèse.
Localisés au nord-ouest du département, les calcaires
cambriens (Ere primaire) renferment généralement une proportion notable
de magnésium, sous la forme de dolomie. Nettement plus résistants à l'érosion
que les calcaires normaux, ces calcaires dolomitiques forment souvent
des pointements rocheux. C'est le cas sur diverses buttes de Fresnay-sur-Sarthe
(butte de Rochâtre, butte de la Madeleine...) et sur la butte de Folleton
(Assé-le-Boisne).
Toujours à l'ouest du département existent des affleurements
de calcaires sombres, bleus ou presque noirs, très durs, datant également
de l'Ere primaire (Dévonien, Carbonifère), bien visibles dans la région
de Sablé.
Les calcaires lithographique et sublithographique du Jurassique
se distinguent par leur grain très fin. Ils alternent avec de très nombreux
passages oolithiques. Ces derniers constituent l'essentiel du sous-sol
de la Champagne de Mamers et de la Champagne mancelle. En se désagrégeant,
ils libèrent leurs oolithes et donnent naissance à un sable constitué
pour majeure partie de calcaire.
L'altération de ces différentes roches, notamment des calcaires
jurassiques, donne naissance à des sols limono-argileux, généralement
caillouteux (" terre de Groie " , ou " grouas " ), fertiles, tels ceux
de la Plaine de Mamers ou de la Champagne mancelle, où se pratique depuis
longtemps une culture intensive. Dans quelques îlots épargnés par la mise
en culture, par exemple au niveau des escarpements rocheux ou sur les
coteaux les plus pentus, subsistent des pelouses, des taillis ou des bois
xéro-calcicoles abritant des espèces peu fréquentes. Les flancs des anciennes
carrières creusées dans ces calcaires constituent aussi des sites favorables
où de telles espèces peuvent, au moins temporairement, s'installer.
- Sables
et grès calcaires.
La
solidification du sable par un ciment calcaire a donné naissance, au sein
de divers niveaux sableux, à des bancs de grès. Bien qu'il n'excède pas
quelques %, le calcaire suffit à donner au substrat une réaction neutro-alcaline.
Les sables calcaires les plus typiques sont ceux du Cénomanien,
notamment du Cénomanien inférieur, appelés Sables de Lamnay et Sables
de la Trugalle. Les premiers s'étendent essentiellement sur les plateaux
de la rive gauche de l'Huisne, depuis la limite est du département jusque
vers Thorigné-sur-Dué. Les seconds prennent le relais sur les plateaux
de la rive droite, depuis Bonnétable jusqu'à Sargé.
Utilisés comme remblais, ces sables ont fait l'objet d'une
utilisation locale et ont été extraits dans de multiples sablières, dont
beaucoup sont aujourd'hui désaffectées. Ils affleurent aussi sur les talus
et le long des routes, colonisés par un cortège floristique original,
mélange de plantes psammophiles et de calcaricoles. Malgré leur réaction
neutro-basique, ils donnent, comme leurs équivalents non calcaires, des
sols pauvres qui font l'objet de déprise agricole.
3
- Les dépôts organiques.
L'accumulation
de matière organique végétale en milieu saturé d'eau, c'est-à-dire en
conditions asphyxiques, conduit à la formation de dépôts tourbeux. De
tels dépôts, d'origine relativement récente, sont favorisés à la fois
par la topographie et la nature du substrat. Dans nos régions, ils apparaissent
essentiellement dans trois types de situations :
- le long
du lit alluvial de petites rivières, par exemple le Narais, le Roule-Crotte
et certains de leurs affluents, par suite d'une nappe affleurante.
- à la base
des coteaux, à la faveur de suintements. C'est notamment les cas sur
la marge percheronne du département, où sourdent fréquemment, en milieu
ou en pied de versant, des résurgences de la nappe des Sables du Perche.
Les drainages effectués ces 30 dernières années, suivis de mise en culture,
ont malheureusement entraîné la disparition de nombreux sites de ce
type.
- dans les
queues des vieux étangs, tels ceux de St-Mars-la-Brière, de Loudon (Parigné-l'Evêque),
de Gué-Chaussée (Saosnes), qu'ils tendent à colmater.
Par
suite de la présence fréquente de calcium dans la nappe qui baigne la
tourbe, celle-ci a généralement une réaction neutre (tourbe " alcaline
" ). Un appauvrissement en calcium de sa surface, ou l'existence de ruisselets
acides, peuvent néanmoins conduire, au moins localement, à l'apparition
de tourbe acide.
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II
- La géomorphologie et le relief. |
Atteignant
340m au signal de Perseigne, point culminant du département, l'altitude
diminue progressivement vers le sud-ouest, pour n'être plus que de 21m en
aval de Sablé, lorsque la Sarthe quitte ce département pour le Maine-et-Loire
(figure 2).
Pour J. Dufour (1981), le schéma géomorphologique du département
se résume en " une zone déprimée en forme de croissant largement ouverte
au sud-ouest, en direction de Sablé ", dominée par " un amphithéâtre de
hauteurs " . Les hauteurs en question sont, côtés nord et ouest, les reliefs
du massif armoricain (340m à Perseigne, 287m dans les Coëvrons, 243m dans
les Alpes mancelles) et, côtés est et sud-est, les collines du Perche (244m
à Théligny, 251m à St-Ulphace) et les plateaux de l'Argile à silex (166m
pour le plateau de Bonnétable, 194m pour le Plateau calaisien, 176m en forêt
de Bercé). Entre les deux, s'étend une dépression centrée sur le confluent
de l'Huisne et de la Sarthe, et inclinée vers le sud-ouest. Les lignes directrices
de la topographie coïncident avec la nature des couches géologiques. Dans
la zone armoricaine, les barres gréseuses, résistantes à l'érosion, sont
à l'origine des principaux reliefs. Au nord-est, entre Perseigne et la vallée
de l'Huisne, l'alternance de niveaux calcaires et de niveaux marneux dans
les couches du Jurassique et du Crétacé a donné naissance à plusieurs "
côtes " successives, résultat d'une érosion différentielle des couches géologiques.
Ces côtes s'étendent plus ou moins paralèllement entre elles et au massif
de Perseigne (relief en " cuestas " ). La plus spectaculaire est celle de
Chaumiton (cuesta jurassique), qui fait front à Perseigne et conserve sa
continuité depuis Villaines-la-Carelle jusqu'à Bourg-le-Roi. Lui font suite
des côtes plus modestes et plus discontinues, comme celle de Montrenault/Rouessé-Fontaine,
celle de St-Rémy-des-Monts/Dangeul, celle de Ballon et celle de Nogent-le-Bernard/Beaufay.
Diverses buttes témoins cénomaniennes, épargnées par l'érosion,
parsèment les assises jurassiques de la Champagne (Lavardin, Segrie, Vernie,
Bercons...). De telles collines se retrouvent également en grand nombre
plus au sud, à la périphérie des plateaux de l'Argile à silex, qu'incisent,
quelquefois profondément, les affluents de l'Huisne ou du Loir. |
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>
à 240 m |
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de
135 à 240 m |
|
de
90 à 135 m |
|
de
45 à 90 m |
|
<
à 45 m |
Figure
2 : Carte simplifiée du relief et du réseau hydrographique du département
de la Sarthe
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Sur
la période 1961-1990, la température moyenne annuelle, à la Station météorologique
d'Arnage, a été de 11,1°C. Le total moyen des précipitations s'est élevé
à 678 mm/an, pour 114 jours de pluie et 1825 heures d'insolation. Ces paramètres
varient toutefois de façon notable avec la latitude et l'altitude. Ainsi,
quand on passe de la vallée du Loir aux sommets du massif ancien, la moyenne
thermique annuelle diminue de 0,5 à 1°C. Elle passe par exemple de 11,4°C
à Luché-Pringé, sur les coteaux du Loir, à 10,4°C à Parennes, dans les Coëvrons.
Cette différence semble surtout tenir à des minima plus faibles au nord
qu'au sud, surtout en période estivale. Pendant la nuit, la température
descend un peu plus bas dans le massif ancien que dans la vallée du Loir.
Les températures maximales, par contre, diffèrent peu, quel que soit l'endroit
où l'on se trouve. Cet écart se traduit par un printemps plus précoce d'environ
15 jours en vallée du Loir. A l'inverse, les précipitations augmentent de
100 à 200 mm du sud vers le nord. Le climat ligérien de la vallée du Loir,
sec et lumineux, laisse place à la fraîcheur humide des collines de Normandie.
Mais il suffit de peu de choses pour que les conditions diffèrent ! Ainsi,
abrité par ses rochers, St-Léonard-des-Bois ne reçoit plus que 615 mm de
pluie par an. A l'altitude et à la latitude, s'ajoute un effet de la longitude
( " continentalité " ). Vers l'est, dans le Perche, les minima estivaux
peuvent atteindre des valeurs plus faibles encore que dans les Coëvrons,
ce qui se traduit par une amplitude thermique plus élevée, mais il y pleut
un peu moins. En conséquence de la disposition en " amphithéâtre " ouvert
vers le sud-ouest, les influences ligériennes remontent assez largement
vers le nord-est, le long de la dépression diagonale de la Sarthe et de
l'Huisne, et se font sentir jusque dans la région mancelle. Ceci peut expliquer
la présence, au niveau de l'agglomération mancelle et même plus au nord,
de diverses espèces thermophiles, telles que Lupinus angustifolius
(67), Ornithopus compressus (68), Halimium lasianthum
(73) et Quercus pyrenaica Willd. (figure 6), qui trouvent
là, le plus souvent sur les terrasses sablo-graveleuses, à la fois le substrat
perméable et le climat qui leur conviennent. De même, le chêne vert (Quercus
ilex L.), bien qu'introduit, se maintient jusqu'à la latitude du Mans. |
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IV
- Le réseau hydrographique |
Des
hauteurs de " l'amphithéâtre " précédemment cité descendent les cours
d'eau qui alimentent les trois principales rivières du département : la
Sarthe, l'Huisne et le Loir. Les caractéristiques de ces rivières et de
leurs affluents, dont le cours épouse étroitement les formes du relief,
dépendent largement de la nature du bassin versant et de sa géologie.
-
La Sarthe.
Venant
de l'Orne, et servant de frontière entre les deux départements, la Sarthe
commence par contourner, par le nord, le massif de Perseigne. Celui-ci,
d'où descendent de nombreux ruisseaux, lui sert de château d'eau. Après
Alençon, elle se heurte au massif ancien. La surélévation du socle armoricain,
au cours du Quaternaire, a entraîné un encaissement des vallées des Alpes
mancelles et du Pays de Gaultier, entre Moulin-le-Carbonnel et Fresnay-sur-Sarthe.
La Sarthe et ses affluents (Sarthon, Merdereau, Vaudelle) s'y trouvent
encadrés de falaises rocheuses ou de pierriers plus ou moins élevés (40
m dans les méandres de St-Léonard-des-Bois). Retrouvant ensuite les terrains
sédimentaires du Bassin parisien, elle a creusé, de Beaumont-sur-Sarthe
jusqu'au Mans, une dépression jalonnée de hauts coteaux marneux occupant
l'intérieur des méandres. Parmi ses affluents, la Bienne, qui suit la
cuesta jurassique, collecte les eaux du versant sud de Perseigne, ainsi
que la Saosnette, qui suit la cuesta du Callovien inférieur. De même,
après avoir drainé le Vairais et le Saosnois, l'Orne saosnoise, affluent
majeur de la rive gauche (Huisne mise à part), suit aussi la cuesta crétacée
de Ballon, avant de se jeter dans la Sarthe. Au-delà du Mans, de larges
terrasses alluviales sablo-caillouteuses encadrent la traversée de la
plaine sableuse cénomanienne, puis, vers La Suze, celle des terrains jurassiques.
Son débit se grossit, en aval de Parcé, de celui de la Vègre, dont le
cours s'insinue entre le Bassin parisien et le Massif armoricain. Sa seconde
rencontre avec le massif ancien, vers Juigné, se traduit à nouveau par
l'apparition de coteaux rocheux et de falaises élevées, souvent calcaires,
dominant son cours et celui de son affluent l'Erve.
-
L'Huisne.
L'Huisne,
qui prend sa source dans le Perche ornais, emprunte, entre La Ferté-Bernard
et Connerré, un long couloir faillé (faille de l'Huisne) avant de s'en
échapper pour confluer avec la Sarthe au sud du Mans. Son lit majeur,
qui reste largement inondable dans certains secteurs, atteint jusqu'à
un kilomètre de largeur. De part et d'autre, l'encadrent des buttes et
des plateaux cénomaniens au relief atténué, localement coiffés par les
alluvions sablo-graveleuses des terrasses. A la faveur de la faille de
l'Huisne, les calcaires jurassiques réapparaissent localement en rive
gauche, y formant des coteaux plus pentus, comme à La Ferté-Bernard ou
à Vouvray-sur-Huisne. Le principal affluent de la rive droite, la Même,
vient également du Perche et sépare le plateau de Souvigné de celui de
Bonnétable. Les affluents de la rive gauche, notamment le Dué, découpent
profondément le nord du plateau calaisien. La ligne de partage des eaux
Huisne / Loir, de direction nord-est / sud-ouest, passe par la forêt de
Vibraye (dôme de Vibraye). Elle sépare grossièrement les terrains cénomaniens,
au nord, des terrains éocènes, au sud. Dans le prolongement l'une de l'autre,
les vallées de l'Huisne et de la Sarthe (en aval du Mans), constituent
un vaste couloir qui barre en diagonale le département et le scinde en
deux moitiés sensiblement égales, accentuant encore l'orientation générale
nord-est/sud-ouest déjà notée au niveau des étages géologiques et des
cuestas.
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Le Loir.
Venant
du Loir-et-Cher, le Loir traverse latéralement, d'est en ouest, tout le
sud du département. La Braye, descendant du Perche-Gouët, vient grossir
son cours juste avant qu'il pénètre en Sarthe. Petite rivière à courant
lent, le Loir a néanmoins entaillé profondément le socle cénomanien, qui
affleure de part et d'autre de sa vallée, surtout en rive droite, sous
la forme de coteaux ou de falaises de craie tuffeau, largement masquées
par les colluvions argileuses ou argilo-sableuses progressivement descendues
des plateaux voisins dans le courant du Quaternaire. Ses affluents de
la rive droite (Anille, Tusson, Etangsort, Veuve, Aune...) viennent du
Plateau calaisien et de Bercé, tandis que ceux de la rive sud (Fare, Marconne,
ruisseaux des Cartes et du Gué-Cartrain) ont surtout pour origine le plateau
du Beaugeois. Malgré les aménagements, la vallée du Loir, tout comme celle
de l'Huisne, reste localement inondable, ce qui a permis le maintien dans
les zones submersibles de prairies marécageuses d'un grand intérêt biologique.
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Le
Maine historique se compose des deux départements actuels de la Sarthe et
de la Mayenne. On y distingue le Haut-Maine, installé sur les terrains sédimentaires
du Bassin parisien, et le Bas-Maine, qualifié aussi par certains de " Maine
noir " , sur les terrains du socle armoricain. A cheval sur les deux, le
département de la Sarthe correspond pour majeure partie au Haut-Maine. Seule
sa marge ouest se rattache au Bas-Maine, constitué essentiellement par la
Mayenne. Par opposition à Maine Noir, le Haut-Maine a été scindé en " Maine
jurassique " (terrains calcaires du jurassique), " Maine roux " (sables
cénomaniens et éocènes) et " Maine blanc " (tuffeau de la vallée du Loir)
(Delaunay, 1933).
A l'intérieur de ces grandes divisions, existent des entités
géographiques de plus petite étendue, que J. Dufour (1981) qualifie de "
pays " plutôt que de régions, étant entendu que " le mot pays a l'avantage
d'être court et maniable, même s'il ne correspond pas à une réalité vivante
dans le Maine, où la notion de pays est toujours restée floue " . Sur
des bases de géographie rurale, elle distingue ainsi un certain nombre de
" pays " , que nous reprendrons ici avec quelque liberté (figure 3), et
en insistant sur le fait que les "pays" ainsi délimités ont peu de chose
à voir avec ceux qui sont actuellement en train de se mettre en place dans
le cadre de l'aménagement du territoire et de l'intercommunalité.
A l'intérieur du massif ancien (Maine noir) peuvent ainsi être distingués
les " Alpes mancelles " , le " Bocage de Charnie " et le " Bocage sabolien
" . Les Alpes mancelles correspondent à un secteur bocager au relief accusé,
profondément découpé par les cours d'eau et installé sur des sols peu épais,
plus ou moins acides, ne stockant pas l'eau et pouvant donc devenir arides
en été. Leur partie sud correspond au " Pays de Gaultier " . Limité au nord
par la forêt de Sillé-le-Guillaume, installée sur la crête des Coëvrons,
et au sud par la Charnie, le Bocage de Charnie présente des pentes adoucies,
où les schistes ont donné naissance à des sols plus argileux mais restant
néanmoins acides. Situé plus au sud et à une altitude plus faible, le Bocage
sabolien, enfin, correspond à un secteur au relief moins découpé que celui
du nord, mais où les rivières restent encore encaissées. Le sol y est hétérogène,
souvent moins acide. Il reste néanmoins plus froid que dans la Champagne
voisine.
Située en marge orientale du massif ancien, la " Champagne mancelle
" s'étend sur les terrains jurassiques. Alors que sa partie sud, dont le
relief rappelle celui du Bocage sabolien voisin (" Champagne sabolienne
" ), repose sur des marnes et des argiles, à l'origine de groies assez compactes,
la Champagne de Conlie, au nord, est une pénéplaine calcaire couverte de
cultures. Seules quelques buttes témoins coiffées de marne callovienne,
comme celles des Bercons, en rompent la monotonie.
La plaine jurassique du nord du département se décompose en " Plaine de
Mamers " et " Plaine d'Alençon " . La première, occupant le versant sud
de la cuesta de Chaumiton et installée sur les calcaires oolithiques, prolonge
la Champagne de Conlie. A part quelques ruisseaux, comme la Bienne, la Saosnette
ou le Rutin, le réseau hydrographique superficiel y est presque nul : les
eaux circulent essentiellement de manière souterraine. Plus à l'ouest, dans
le " détroit de Perseigne " , s'étend la Plaine d'Alençon. Parsemée de buttes
de marnes calloviennes, elle se montre plus diversifiée que la précédente,
tant en ce qui concerne les sols que le relief.
A l'extrême nord du département, les hautes crêtes du massif
de Perseigne isolent un petit pays bocager au sol très lourd, sans nom particulier,
mais que l'on pourrait nommer " Bocage de la Fresnaye-sur-Chédouet " . Coincé
entre Perseigne et la haute vallée de la Sarthe, ce pays est plus tourné
vers Alençon que vers le département de la Sarthe.
Entre la Plaine de Mamers et la vallée de l'Orne saosnoise se situe le "
Saosnois " , autrefois nommé Marollais. Les calcaires marneux du Callovien,
moins arides, y remplacent les calcaires oolithiques. Ces roches y fournissant
des sols profonds et frais, parmi les plus fertiles du département, la plaine
du Saosnois, tout comme celle de Mamers, a été largement mise en culture,
aux dépens du milieu naturel.
Le " Fertois" réunit le " Plateau de Bonnétable " et le " Perche-Gouët
" , séparés par la vallée de l'Huisne. Installé sur l'Argile à silex plus
ou moins recouverte de Sables à silex, cerné de marnes cénomaniennes, le
Plateau de Bonnétable est constitué de sols lourds à tendance hydromorphe.
Vers le nord, toutefois, les sols du Vairais, plus secs et calcaires, rappellent
ceux de Plaine de Mamers. La partie haute du plateau, occupée par la forêt
de Bonnétable, sert de château d'eau, alimentant, d'un côté, l'Orne saosnoise
(Tripoulin) et, de l'autre, l'Huisne (Vive Parence, Chéronne). Le Perche-Gouët
sarthois, au sud de l'Huisne, est un pays vallonné, parsemé de buttes élevées,
dépassant pour la plupart 200m, comme celles de Montmirail ou de Saint-Fiacre,
et sillonné de nombreux ruisseaux se dirigeant soit vers l'Huisne, soit
vers la Braye. Coiffées par l'Argile à silex ou les Sables du Perche, les
buttes sont généralement couronnées de boisements. Aux cultures, qui occupent
leurs flancs crayeux ou marneux, succèdent dans les vallées des prairies
souvent fraîches.
Au sud du Perche, s'étend le " Plateau calaisien " , prolongé
au nord par le plateau de Vibraye et vers l'ouest par le plateau de Bercé.
Une couverture plus ou moins épaisse de sables ou de limons y masque fréquemment
le socle d'Argile à silex. Aux argiles du nord, occupées par le massif forestier
de Vibraye / La Pierre / Les Loges, font place dans les environs de St-Calais
des sols enrichis par les limons quaternaires, plus favorables aux cultures,
puis vers l'ouest, sur le plateau de Bercé, des sols de plus en plus pauvres,
sableux et grossiers, à nouveau laissés aux forêts. Les ruisseaux qui y
naissent entaillent profondément la marge sud du plateau, creusant des vallons
encaissés qui rejoignent les vallées de la Braye ou du Loir. En lisière
des forêts, le long des vallées, existaient autrefois des petits pays isolés,
tels le Lorouër, le long de la vallée de la Veuve, ou la Brenaille, dans
la haute vallée de l'Anille, entre le bois de Marchevert et celui des Loges.
Pays de petite étendue, le " Belinois " correspond à ce qu'il est convenu
d'appeler une " boutonnière " , îlot de terrains jurassiques au milieu des
sables cénomaniens, réapparaissant ici à la faveur d'un prolongement vers
le sud-ouest de la faille de l'Huisne. Installé sur des marnes,
auxquelles sont venues se mélanger des sables d'origine éolienne, cet îlot
fertile, aux sols moins lourds que ceux du Saosnois, contraste de façon
marquée avec les terrains pauvres environnants.
La " Région mancelle " , traversée par la vallée de la Sarthe,
correspond à un vaste ensemble d'identité mal définie occupant le coeur
du département. A l'est et au sud-ouest, de part et d'autre de l'axe Huisne/Sarthe
aval, les sables cénomaniens succèdent aux larges terrasses sablo-caillouteuses
de ces rivières, créant un relief peu accusé, couvert de boisements à dominante
résineuse. Les plateaux du sud de la région, tel celui de " la Fontaine
St-Martin " , bien que recouverts de sables à silex et boisés, présentent
sur leurs flancs des assises marneuses plus favorables aux cultures. Au
sud de Connerré, dans l'axe de la faille de l'Huisne, le " Jalais " est
une petite boutonnière jurassique comparable au Belinois. Le nord de la
région mancelle, plus diversifié, réalise la transition avec la Champagne,
le Saosnois et le plateau de Bonnétable. Les cultures et les prairies, installées
sur les sols argileux ou marneux, contrastent notablement avec les paysages
boisés du sud.
Un large lit alluvial, encadré de coteaux élevés de craie tuffeau,
et un climat de type ligérien caractérisent la " Vallée du Loir " . L'exposition
de ces versants varie au gré du cours. Dans le Pays de Château-du-Loir,
où les coteaux de la rive droite sont exposés au sud-est, et dans celui
de La Flèche, où ils sont plein sud, la situation favorise la culture de
la vigne. Ce n'est plus le cas vers le Lude, où l'exposition sud-ouest les
soumet aux vents dominants. En rive droite, le plateau du " Cherbonnais
" , succédant au plateau de Bercé, domine le Lude. Recouvert par les Sables
à silex, il laisse néanmoins apparaître le long du Loir les falaises de
tuffeau de son socle. En rive gauche, de Beaumont-sur-Dème à Dissay-sous-Courcillon,
s'étend la " Gâtine tourangelle " , étroite marge sarthoise du plateau de
Touraine. Elle laisse place, au sud du Lude (Savigné-sous-le-Lude, Dissé),
au plateau de calcaires lacustres du " Baugeois " , frange septentrionale
de l'Anjou débordant légèrement sur la Sarthe. Plus en aval, enfin, le "
Mélinais " , au sud de La Flèche, est un pays de pineraies et d'étangs,
occupant une vaste zone de sables cénomaniens. |
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Figure
3 : les petites régions de la Sarthe (d'après J. Dufour,
1981, modifié).
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VI
- Les massifs forestiers |
Avec
près de 105 000 ha de surfaces forestières, la Sarthe arrive en tête des
départements des Pays de la Loire pour le boisement. Une partie des forêts
sarthoises est soumise au régime forestier domanial et gérée par l'Office
National des Forêts ; l'autre fait l'objet d'une gestion privée.
A
- Les forêts gérées par l'O.N.F..
Les
forêts soumises représentent environ 15 600 ha, soit 14% de l'ensemble.
Il y a lieu de distinguer les forêts domaniales, propriétés de l'état,
des forêts et bois privés confiés pour gestion à l'O.N.F.. Quatre forêts
domaniales existent en Sarthe : la Forêt de Bercé (env. 5 400 ha), installée
sur la partie ouest du Plateau calaisien, la Forêt de Perseigne (5 100
ha), qui coiffe le môle du même nom, la Forêt de Sillé-le-Guillaume (2
800 ha), qui occupe la crête des Coëvrons (pour partie en Mayenne), et
la Forêt de Petite Charnie (700 ha), située dans la partie orientale de
la Charnie. Seule celle de Bercé ne se trouve pas sur des terrains armoricains.
Bien souvent existent, à la périphérie de ces forêts domaniales, des forêts
privées augmentant encore la surface totale du massif boisé.
Environ 1 600 ha de forêts de statut privé sont confiés à
l'O.N.F.. Elles appartiennent pour la plupart à des collectivités, telles
que : département (Domaine du Hautbois à Brette-les-Pins, Centre Gallouédec
à Parigné-l'Evêque...), communes (Parcs de Courtanvaux à Bessé-sur-Braye
et d'Amnon à Saint-Germain d'Arcé, Bois de la Goulandière à Parigné-L'Evêque...),
ou établissements publics (Hospices de Ballon ou de Fresnay, Bois de Changé,
Domaine du Haut-Buisson à Cherré....). Certaines ont un statut particulier,
comme celle du camp militaire d'Auvours.
B
- Les forêts privées.
Avec
plus de 89 000 ha (S.R.A.F., 1982), les forêts et bois privés représentent
la majorité des espaces boisés sarthois. Une grande partie de ceux-ci
se situe au sud de l'axe Huisne/Sarthe, c'est-à-dire dans la moitié sud-est
du département.
La juxtaposition de plusieurs de ces forêts privées peut aboutir
à des surfaces équivalentes à celles des grandes forêts domaniales. C'est,
par exemple, le cas pour l'ensemble Vibraye, Marchevert, La Pierre et
Les Loges, qui occupe toute la partie nord du plateau calaisien et dont
l'étendue totale est supérieure à 5 000 ha. Les massifs de la Grande Charnie
(à cheval sur la Mayenne), de Loudon (en continuité avec Auvours), de
Bonnétable, de Montmirail (à cheval sur l'Eure-et-Loir et le Loir-et-Cher),
du Mélinais et de La Roche/Chardonneux (environs de Pontvallain) dépassent
aussi les 1 000 ha. Viennent ensuite, par ordre décroissant d'importance,
les bois ou forêts de La Caillardière, de Malpaire, de Courcelles, de
La Suze, de Pêcheseul, de Moncé, du Luart, de la Prousterie (à cheval
sur l'Orne), de Montfort-le-Gesnois, de Mézières-sous-Lavardin et de Pincé,
qui dépassent tous 500 ha. Près de 50 000 ha de cet ensemble privé (soit
la moitié des forêts de la Sarthe) appartiennent à des propriétaires détenant
moins de 25 ha et ne sont donc soumis à aucune obligation de gestion.
L'essentiel des forêts domaniales se présente sous forme de
futaies feuillues, dominées par le Chêne sessile ( " Rouvre " ) et le
Hêtre. En forêt privée, dominent le taillis sous futaie et le taillis,
où se mélangent au Chêne sessile d'autres feuillus, notamment le Chêne
pédonculé, le Charme ou le Châtaignier.
Introduit vers le milieu du 18ème siècle dans les vastes secteurs
sableux du Maine roux, alors occupés par des landes, le Pin maritime y
constitue toujours d'importants peuplements, souvent mélangés de Pin sylvestre.
Ces pineraies représentent environ le tiers de la surface boisée. Les
autres résineux, comme le Sapin de Douglas, existent surtout dans les
massifs domaniaux.
Récemment, de vastes étendues de peupliers ont été plantées
dans les plaines alluviales, surtout celles du Loir et de l'Huisne, transformant
de façon radicale le paysage de celles-ci.
Les espaces forestiers, au moins ceux qui le sont de longue
date, restent des espaces encore riches sur le plan floristique, cette
richesse se localisant plus, d'ailleurs, dans les milieux marginaux, comme
les chemins, les lisières et les étangs, que dans le sous-bois lui-même.
L'explication en est qu'ils constituent des milieux à évolution lente,
dont les conditions écologiques globales n'ont généralement pas subi de
modification drastique au cours des derniers siècles, au contraire des
secteurs agricoles, qui ont été l'objet de mutations radicales.
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