5. Guillaume-Henri DUFOUR

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15 septembre 1787 - 1875

Né à Constance, Suisse.

Mort à Genève.

 

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SA VIE

Guillaume-Henri Dufour naît à Constance le 15 septembre 1787, où sa famille s’était réfugiée après les troubles à Genève de 1782. Mais la perte d’influence du parti aristocratique genevois une fois confirmée, notamment à cause de l’influence de la révolution française, la famille put retourner dans son foyer et Guillaume-Henri suivit ses classes à Genève. Par la suite, il entre à "l’Ecole Polytechnique" de Paris, dans la section de pionnier, puis à Metz à "l’Ecole d’application" pour y étudier le génie des fortifications.

Il quitte le service actif français en 1817 et prend à Genève le poste d’ingénieur cantonal, ce poste comprenant également les affaires militaires et l’urbanisme. Il fait partie des cercles fondateurs en 1819 de l’Ecole Militaire de Thoune. Nommé Quartier-Maître en chef, il lui échoit également la direction des missions de topographie. Il fonde le "Bureau Topographique Fédéral" afin de mener à bien l’élaboration de l’atlas des cartes nationales. La guerre du Sonderbund le voit prendre la tête de l’armée Suisse en 1847 en tant que Général.

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original de la médaille commémorative; cabinet des Médailles (Lausanne)

L’atlas topographique, la première oeuvre cartographique complète de la Suisse, est terminé en 1865. Deux ans après, achevant une carrière au cours de laquelle il aura été nommé trois fois au poste de chef, il se retire de l’Etat-Major. Il s’éteint dans son domaine familial le 14 juillet 1875 à Genève.

 

PRESTATIONS SCIENTIFIQUES ET MILITAIRES

Dufour lui-même considérait que ses oeuvres majeures étaient la campagne du Sonderbund, l’endiguement des quais de Genève et sa carte topographique.

Dufour ingénieur: ses missions qu’il effectua dans le cadre de l’aménagement urbain comprenaient: les nouveaux quais, plusieurs ponts et passerelles, les anciens bastions, l’Île des Barques, devenue Île Rousseau. Enfin, il mit sur pied l’Observatoire et un Limnographe. En collaboration avec Pictet et Seguin, il édifia en 1823 à Genève le premier pont suspendu du monde. Son activité de constructeur de ponts dénote un talent inventif et expérimenté. Co-fondateur en 1852 de la compagnie de chemin de fer Lyon-Genève, il est mandaté pour la planification de la ligne. Ses autres activités embrassent les domaines de l’aérodynamique et de l’hydraulique.

Dufour cartographe: ce sont les campagnes de Napoléon qui avaient rendu les autorités helvétiques conscientes de l’importance stratégique de la cartographie. Déjà en 1809, un premier réseau triangulé avait été dressé sur le pays par H.C. Finsler, qui fut poursuivi et développé à l’échelle sous forme de projection par L. Wurstemberger.

En 1832, comme Dufour venait d’être nommé, il réussit à mobiliser les moyens nécessaires: il réussit persuader les autorités que ce n’était qu’au moyen de plus grandes dépenses, pour plus de personnel, que le travail pourrait être accompli de façon notablement accélérée. Il parvint à employer le budget qui lui avait été alloué et développa le projet aussi vite que possible. Il engagea des ingénieurs supplémentaires ou améliora leurs conditions de travail. Il lui fallait lutter de tous côtés pour y parvenir: que ce soit du côté d’administrés négligents et désordonnés, comme de donneurs d’ordres impatients et soupçonneux: ses topographes manquent de moyens, sont considérés par les populations locales comme des espions ... souvent des paysans vont même jusqu’à abattre les précieux index de triangulation afin de s’en servir comme bois de chauffe !

Malgré les critiques de départ de "professionnels du domaine" celui qui entre-temps est devenu "le Général Dufour" achève son ouvrage cartographique. Ce qui lui permet, en décembre 1864, de publier son rapport final. Le 30 janvier de l’année suivante, le Conseil fédéral lui exprime officiellement sa gratitude pour "une oeuvre qui fait honneur à la Suisse et qui est la plus avancée qui ait jamais été accomplie".

 

GÉNÉRAL PACIFISTE

Le Général Dufour: un glissement politique aussi bien que confessionnel s’opérait qui éloignait toujours plus et de façon progressivement irréversible deux parties du pays. C’est ainsi qu’afin de prévenir toute velléité d’agression "de façon à maintenir leurs droits à la souveraineté et l’intégrité de leurs droits territoriaux" les sept Cantons catholiques (Lucerne, Uri, Schwyz, Obwald/Unterwald, Zoug, Fribourg ainsi que le Valais) fondèrent une alliance dite de protection mais que leurs adversaires désignèrent sous le nom de "Sonderbund". la Diète décida de prendre des mesures contre ce mouvement séparatiste qui constituait une menace véritable pour l’unité de la Confédération (1847).

Le talent de stratège de Dufour lui permit de mener ainsi en vingt-cinq jours une courte campagne avec peu de pertes pour chaque camp. Il empêcha les parties de se venger à l’issue du conflit, ce qui fit que la Diète le désigna sous le vocable "le Pacificateur".

Plus tard en tant que diplomate, il régla, en 1857, la question de l’affaire Neuchâteloise aboutissant au renoncement de la Prusse à la Principauté de Neuchâtel.

Pour Dufour, ce qui comptait avant tout était le soutien à l’unité de la Confédération, sa protection face à l’extérieur et le maintien de la neutralité.

 

LA VOIE DES ÉTUDES ...

Le jeune Dufour avait tout d’abord songé tout d’abord à devenir médecin ou artiste ... c’est alors qu’il entend parler de l’Ecole Polytechnique de Paris. Comme il s’agit d’une école qui inculque les bases techniques civiles et militaires, sans frais d’écolage, il y voit une opportunité à ne pas laisser passer.

Issu d’un père horloger "républicain" et d’une brodeuse, il aurait été imaginable qu’il suive leurs traces ... comme enfant il prenait surtout plaisir à concourir avec ses camarades au tir à l’arbalète miniature ou à faire des lancers de montgolfières. Il laisse le souvenir d’un élève peu motivé sans intérêt particulier, il achèvera laborieusement ses études gymnasiales. Par bonheur son maître de physique Marc-Auguste Pictet (1752-1825) parvint à lui donner le goût des mathématiques et de la physique. Il termina donc son École Polytechnique avec les honneurs du cinquième rang ce qui lui donna le droit de choisir son affectation militaire.

Au moment d’embrasser une carrière militaire, c’est aussi l’air du temps qui le motivait à suivre la mode et participer à "l’épopée impériale" d’une France dont l’ardeur militaire allait embraser toute l’Europe.

Dufour détestait la vanité, et dans sa correspondance à ses amis A. Pictet, P. Fazy ainsi que le général Baudrand, il révèle sa nature humaine et sensible. Tous les excès et exagérations le dérangeaient. Il poursuivait sa quête inlassable du juste milieu même si cela le mettait en fâcheuse posture "entre le marteau et l’enclume". Quant aux affaires financières et à l’argent, cela lui était totalement indifférent car il était totalement désintéressé.

 

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Peut-être la première passerelle suspendue du banquier Delessert a-t-elle inspiré Dufour dans l'emploi de cette nouvelle structure porteuse ?

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Le premier pont suspendu d'Europe !

Le pont suspendu en fil de fer de St-Antoine, à Genève, long de quatre-vingt-deux mètres et large de deux. Il enjambait le fossé séparant St-Antoine des Tranchées.

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Le franchissement de la future ceinture fazyenne qui remplace les anciens ramparts impose d'employer des solutions novatrices.

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Avec un pilier central sur lequel reposent les 6 câbles porteurs, qui aboutissent à chaque extrémité à deux autres piliers, disposés de part et d’autre du fossé, il pèse 8000 kg et supporte 160 personnes à la fois d’un poids moyen de 65 kg. Sa construction a coûté la somme extrêmement modique de 16’350 francs avec undépassement de budget de 196 francs !

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Légende: Portrait de Guillaume Henri Dufour, probablement par Louis-Ami Arlaud (1751-1829), huile sur toile, Genève. Dufour, âgé de 33ans, est vêtu d'une redingote noire sur laquelle est épinglée sa "légion d'honneur". Peint à côté d'un tableau noir sur chevalet et sur un fond de bibliothèque, il paraît représenté comme futur candidat à la chaire de mathématiques pures de à l'académie.

Source: Armand Brulhart,Guillaume Henri Dufour, Génie civil et urbanisme à Genène au XIX ème siècle, Payot Lausanne, 1987, page de garde

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Légende: "Compsition de machines2 de G. H. Dufour, s.l.n.d. (Genève, 1826). Portant de sous-titre "éléments des machines extraits des ouvrages d'Hachette et de Bétancourt", cet opuscule est sibné à la fin "G. H. Dufour, Secrétaire de la Société des Arts". Dans le commentaire de la gravure E.1. qui porte sur le problème du frottement et la difficulté d'éviter tout mouvement discontinu, Dufour écrit: " ce problème est résolu d'une manière très-satisfaisante dans les courbes qui mettent en mouvement les pompes de notre nouvelle machine hydraulique. dans l'art du tourneur, on fait cercle s'appelle rosette, et la tige mn est la touche".

Source: Armand Brülhart, Guillaume Henri Dufour, Génie civil et urbanisme à Genène au XIXe siècle, Payot Lausanne, 1987, page 18

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Légende: Plan de Machine hydraulique, signé G.H. Dufour, encre et aquarelle, non daté (1818). Le plan montre dans la moitié supérieure la coupe au niveau des leviers et en bas la coupe des nouvelles pompes.

Source: Armand Brulhart,Guillaume Henri Dufour, Génie civil et urbanisme à Genène au XIX ème siècle, Payot Lausanne, 1987, page 28

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