Revue d'études comparatives EST/OUEST

EST/WEST Comparatives Studies

 
1974 janvier(january)

 

 

Arnold KRAMMER

L'aide militaire tchèque à Israël, 1948

RÉSUMÉ : Etant donné le chaos diplomatique qui a entouré l'accession d'Israël à l'indépendance, le 15 mai 1948, il était évident que l'armée juive embryonnaire de la Haganah n'était absolument pas préparée à repousser l'invasion inévitable du pays par six nations arabes bien armées. David Ben Gourion, président de l'Agence juive, envoya un groupe d'agents spéciaux de la Haganah à travers le monde pour acheter des armes quels que fussent leur type et leur vétusté, tâche d'autant plus complexe que ces hommes ne représentaient pas encore un gouvernement légitime. La Grande-Bretagne et les Etats-Unis renforçaient la difficulté en maintenant un embargo officieux sur les armes à destination du Moyen-Orient. Le chef des Palestiniens, Ehud Avriel, s'était installé à Paris avant de partir pour Prague d'où la Zbrojovka Brno avait proposé des armes le 1er décembre 1947. Se prétendant « représentants de l'Ethiopie », le groupe palestinien, dit Rechesh, se servit de ce semblant de couverture pour acheter de grandes quantités d'armes et de munitions, envoyées ensuite clandestinement en Israël à partir de Zatec. Il est prouvé que non seulement ces achats avaient reçu l'aval du ministre tchécoslovaque des affaires étrangères, Jan Masaryk et de son adjoint, Vladimir démentis, mais aussi qu'une partie de l'armée tchèque, sous la direction du général Bedrich Reicin, ministre adjoint de la défense, fit tous les efforts nécessaires pour assurer le transport de ces armes en Palestine. En outre, on a suffisamment de preuves permettant d'alléguer que Staline lui-même a autorisé la poursuite des ventes d'équipement militaire après le coup de Prague, en février 1948 : il entendait ainsi continuer à soutenir le Plan de partage défendu devant l'O.N.U. et atténuer le ressentiment de la Tchécoslovaquie, forcée de refuser l'aide du Plan Marshall. J'ai récemment étudié de manière approfondie les motivations soviétiques à l'origine du soutien accordé à Israël en 1947 et 1948 (voir mon article » Soviet Motives for Recognition of Israel », Journal of Palestine Studies, hiver 1973).
Les achats d'armes effectués d'abord par le groupe Rechesh à Prague se sont progressivement développés Jusqu'à inclure des avions de combat Messerschmitt, démontés avec l'aide des techniciens militaires tchécoslovaques et envoyés par avion en Israël ainsi que des bases d'entraînement pour les pilotes et les parachutistes israéliens organisées secrètement en Tchécoslovaquie. La dernière contribution de Prague, peut-être la plus importante, a consisté en la création d'une unité de volontaires juifs d'origine tchèque, commandée par Antonin Sochor. Celle-ci arriva en Israël en décembre 1948.
La guerre israélo-arabe approchait de sa fin au cours des premiers mois de l'année 1949. A la même époque, les Tchèques suspendirent leur aide militaire pour toute une série de raisons. De 1949 à la mort de Staline en 1953, la campagne contre Israël se fit de plus en plus violente et culmina lors d'un accord sur des livraisons d'armes passé entre la Tchécoslovaquie et l'Egypte de Nasser.


Czech Military Support to Israel: 1948

ABSTRACT : In the midst of the diplomatic chaos which surrounded the events leading to Israel's independence on May 15, 1948, it was evident that the embryonic Jewish Haganah army was in no way prepared to repulse an inevitable invasion by six well-armed Arab armies. As Chairman of the Jewish Agency, David Ben-Gurion dispatched a body of special Haganah agents throughout the world to buy weapons of any type or age, a task seriously complicated by the fact that the Palestinians did not yet represent a legitimate government. A further obstacle was provided by Britain and the United States which maintained an unofficial embargo against the warring parties in the Middle East. The leader of the Palestinians, Ehud Avriel, was headquartered in Paris until led to Prague by an offer for weapons from the Zbrojovka Brno on December 1, 1947. Posing under the thin guise of "Ethiopian representatives", the Palestinian group, under the name Rechesh, proceeded to purchase large quantities of arms and ammunition which were, in turn, clandestinely flown to Palestine from Zatec. There is ample evidence that not only were these purchases sanctioned by the Czech Foreign Minister, Jan Masaryk, and his Deputy, Vladimir Clementis, but that a segment of the Czech Army, directed by General Bedrich Reicin, Deputy Minister of Defense, went to great efforts to expedite the sale and transportation of these arms to Palestine. There is, in addition, sufficient evidence to conclude that it was Stalin himself who allowed the sale of arms to continue after the February coup, both to continue an earlier UNO commitment to the Partition Plan, as well as to salve Czechoslovakia's resentment at being forced to reject participation in the Marshall Plan. Soviet Russia's original motives for supporting Israel in 1947 and 1948 were thoroughly examined in my recent article "Soviet Motives for Recognition of Israel"; Journal of Palestine Studies, Winter, 1973.
The original purchases of weapons by the Israel Rechesch team in Prague gradually expanded to include the purchase of Messerschmitt fighters, dismantled with the help of Czech military technicians and flown to Israel, and eventually the creation of training areas for Israeli pilots and paratroopers at secret bases in Czechoslovakia. Prague's final and perhaps most significant contribution was the creation of a Czech unit of Jewish volunteers, commanded by the Czech Maior Antonin Sochor, which arrived in Israel in December 1948.
By the early months of 1949, the Arab-Israeli war was drawing to a close and by the same time the Czechs had terminated their supply of military aid' for a variety of reasons. The period from 1949 through Stalin's death in March 1953 saw an increasingly belligerent campaign against Israel, and its culmination in the Czechoslovak arms agreement with Nasser's Egypt.

 

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