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Septante, octante, huitante, nonante
Construction de quatre-vingts et cent


L'essentielQuestions & débatsCompléments


L'essentiel

Je n'ai malheureusement pas pu reprendre les nombreux échanges concernant les helvétismes évoqués par « cweil » en octobre 1999, mais il a bien voulu nous signaler la source qu'il a utilisée : le Dictionnaire suisse romand d'André Thibault (sous la direction de Pierre Knecht, avec la collaboration de Gisèle Boeri et Simone Quenet), éditions Zoé, Carouge-Genève (Suisse), 1997.

Cet ouvrage a d'ailleurs été utilisé par Jean Fontaine. Le 27 octobre 1999, il avait adressé à la liste de discussion langue-fr un message reprenant le sujet « septante, octante, huitante, nonante » -- amplement abordé sur le forum f.l.l.f. Avec son aimable autorisation, j'ai repris son texte à l'intention du forum le 29.10.1999 et je l'ai complété par un rappel sur l'écriture de... quatre-vingts et cent.

André Pirard, par courriel, a expliqué pourquoi huitante est parfois présenté comme un belgicisme alors qu'il n'y est pas attesté.

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Questions & débats

Contribution de Jean Fontaine

La source des extraits est le Dictionnaire suisse romand d'André Thibault , publié aux éditions Zoé en 1997. Pour chacun des quatre mots, le dictionnaire donne en plus quantité d'exemples, de citations, d'anciennes attestations, des commentaires d'autres lexicographes, etc. Excellent dictionnaire, je le répète.

SEPTANTE

[...] en France, le mot commence à céder la place dès le XVe s. à soixante-dix (v. FEW). Type également attesté dans les patois romands. Absolument courant en Suisse romande, au Val d'Aoste, en Belgique, au Zaïre et au Rwanda, le mot se rencontre encore à l'occasion dans le fr. rég. de l'est de la France (mais jamais dans l'usage scolaire), avec une vitalité qui varie toutefois d'un point à l'autre [...] Le Nouveau Petit Robert 1993 donne le mot comme usuel en Acadie ; en fait, il n'est attesté que pour deux points en Nouvelle-Écosse, dans MassignonAcad ; le reste de l'Acadie ne connaît que le type soixante-dix. [...] L'équivalent du français de référence, soixante-dix, se rencontre [en Suisse] assez souvent dans la littérature, et sporadiquement dans les médias ; il est toutefois très rare dans l'usage oral, scolaire et administratif.

HUITANTE

Local. : Vaud, Valais, Fribourg; les autres cantons emploient quatre-vingt(s), comme en français de référence. Cette dernière forme domine du reste très largement dans la littérature, même chez les auteurs originaires de cantons où l'usage oral, scolaire et administratif préfère huitante. [...] En français régional contemporain, en dehors des trois cantons romands où il est en usage, huitante ne s'emploie que dans le Val d'Aoste (il semble être complètement inusité dans les provinces françaises qui connaissaient le type dans leurs patois locaux, v. FEW). Certaines sources [...] prétendent que le mot existe en Belgique, ce qui n'est pas confirmé par les sources récentes de belgicismes, ni par nos témoins belges [N : voir cette contribution d'André Pirard].

OCTANTE

Un certain nombre de sources affirment que le synonyme (et doublet) octante est encore employé en Suisse romande [...]. Pier (1926) écrit en fait : Nos anc. textes donnent très souvent octante ; il est fr. vieilli (voy. les dict.) et hors d'us. en Suisse romande sauf dans le langage administratif des Postes suisses. Or, de nos jours, cette forme n'est plus du tout employée en Suisse romande, aux Postes ou ailleurs, dans quelque canton que ce soit.[...]

NONANTE

[...] dans l'usage central, le mot [toujours courant en Suisse] commence à reculer dès le XVIe s. devant quatre-vingt-dix (v. FEW). Type également attesté dans les patois romands. En fr. régional de France, il semble encore subsister de nos jours dans certaines régions (Lorraine, Franche-Comté, Ain, Pilat, Lyon, Beaujolais, Isère), avec une vitalité qui varie du reste beaucoup d'un endroit à l'autre [...]. Au Val d'Aoste et en Belgique (d'où il est passé au Rwanda et au Zaïre), il est d'un emploi courant. GLLF 1975 prétend que le mot s'est conservé au Canada ; en fait, à l'exception de deux points acadiens en Nouvelle-Écosse cités dans MassignonAcad, il y est totalement inconnu. [...] Une variante vaudoise noinante [...] s'entend encore chez les gens âgés ; on la rencontre également en fr. rég. de France. [...] L'équivalent du français de référence, quatre-vingt-dix, est [en Suisse] assez fréquent dans la littérature, et d'apparition sporadique dans les médias ; dans l'usage oral, scolaire et administratif, en revanche, on ne le rencontre presque jamais.

 Abréviations bibliographiques 

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Compléments

Quatre-vingts (mais quatre-vingt-onze) et cent

Comme cent, vingt prend un s lorsqu'il est précédé d'un chiffre multiplicateur (cinq cents, quatre-vingts) sans être immédiatement suivi d'un autre adjectif numéral (cinq cent un, quatre-vingt-trois). Si millions ou milliards (qui sont des noms) suit, l'accord s'effectue même si le nombre complexe continue au-delà (trois cents millions quatre-vingt mille deux cent onze)

On aura noté la présence du trait d'union dans quatre-vingts et son absence dans cinq cents. La règle traditionnelle veut en effet que l'on ne mette de trait d'union que pour la fraction des nombres complexes inférieure à cent (deux mille trois cent trente-trois, cinquante-sept, soixante-dix-huit) sauf dans le cas d'une coordination par et (vingt et un). Ce trait d'union est conservé lorsqu'il s'agit d'un multiplicateur (trente-trois mille, quatre-vingts millions trois cent mille quatre-vingt-neuf).

Les rectifications orthographiques de 1990 autorisent le trait d'union pour tous les numéraux.

Huitante en Belgique ?

La partie de la contribution de Jean Fontaine sur huitante évoquait des sources citant l'emploi de huitante en Belgique sans qu'il y en eût d'attestations. Par courrier électronique, André Pirard m'a adressé en septembre 2002 la correspondance suivante qu'il a bien voulu accepter de rendre publique :

« Ce serait en effet l'étonnement de ma vie que d'entendre ce mot prononcé par un Belge. Mais, et c'est peut-être là l'origine de la confusion, la forme wallonne ûtante existe (orthographe phonétique, u fort allongé : il y peut-être un h non aspiré), du moins dans le wallon de certaines régions. Il y a en effet longtemps que je suis séduit par la sonorité de « ûtante onque » (quatre-vingt-un). »

 

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