L’ancienne église

                                 L’ancienne église était située au même endroit et suivant la même orientation que l’actuelle. L’arrondi du chœur et le bas de l’église (ancien clocher) furent superposés. Elle avait été construite vers le 13 - 15 ème siècle, alors de forme rectangulaire, elle fut agrandie au cours des siècles.

 

                       

 

En 1580 une petite chapelle est construite au nord sur la route de Gené par Charles D’Orvaulx de la Beuvrière (ils ne sont pas encore Seigneurs de la paroisse). Vers 1630 une chapelle est ajoutée au sud, sur le minuscule cimetière (une cordée), côté place du Pilory , par le curé Jean Gerfaut, il y fut enterré en 1639.

 En 1732, une expertise de l’église et d’une maison dépendante de la boète des trépassés est faite par les hommes de l’art, en présence de Marie de la Fosse héritière du curé André de la Fosse et de Jacques Bellanger successeur (ils sont logés chez le sieur Navineau, cabaretier), rien à signaler.

 

                                                    

       
Le plan terrier de 1750~ et le brouillard de 1770~ donnent un aperçu de l’église avant la révolution.

           

En 1756, un autre état des lieux est fait, en présence des architectes, des artisans et entrepreneurs, des représentants des paroisses de St Maurille, de St Michel du tertre, de la Trinité et aussi du curé sortant Jacques Bellanger, du successeur, Antoine Simon de la Besnardaye (il venait d’acheter sa charge à son prédécesseur), et de Pierre Vernault marchand-fermier représentant les paroissiens de Brain (experts tous logés au cheval blanc chez le nommé Allard). Quelques toises de carrelage, des serrures, la table de communion, mais surtout le pignon, le mur nord et la charpente du chœur sont à reconstruire par le pied.

            Au sud de l’église, sur la place, le poteau du pilory pour exposer les malfaisants à la honte publique.

Ce pilori était un droit seigneurial des d’Orvault - Hullin de la Selle - de Terves, la Beuvrière.

Dans le petit cimetière, un vestibule, lieu de réunion.

            « Aujourd’hui, quatrième d’Avril 1768 à l’issue de la messe paroissiale de la paroisse de Brain-sur-Longuenée, par devant nous Jean Jacques Verger, notaire royal à Angers, résidant à Vern soussigné, ont comparu en leur personne les paroissiens, mannants et habitants de la ditte paroisse de Brain-sur-Longuenée dûment convoqués et assemblés dans le cimetière au devant de la principalle porte d’entrée de leur église sous le chapiteau d’icelle, lieu ordinaire de leurs assemblées délibératives au son de la cloche en la manière accoutumée, pour nommer un procureur de fabrique et un de la bource des trépassés de leur église et pour affermer les biens qui en peuvent dépandre… »

            En Juin 1772, le curé Antoine Simon est accusé d’avoir laissé tomber en ruine la nef et le chœur de l’église, malgré les revenus « considérables » de la fabrique qu’il a encaissés, sans en rendre compte. Il se réfugie à la Lussière, Jean Crasnier lui succède.

En 1775, le curé Jean Crasnier prolonge l’église vers l’est par un choeur rectangulaire. La route de Gené est obstruée, des maisons viennent s’accoler au nord et à l’est.

En 1793, l’église est incendiée, «non par les républicains, mais par les chouans : les paroissiens s’empressèrent de la restaurer, les murs étaient restés debout. »

 

 

 

En 1861, le Curé Gourdon (curé à Brain de 1851 à 1871) dessine, dans son manuscrit, l’évolution de l’ancienne église.

Les stalles et la boiserie du chœur « peintes en faux bois » sont fabriquées par Toussaint Prodhomme, en 1825 et adaptées lorsque le curé Jacques Leroy arrondit le chœur en profondeur en 1829. Il agrandit la chapelle nord en 1835 et la chapelle sud en 1837. Les sacristies sud et nord furent ajoutées en 1810 et 1860. En 1850, placement des tombeaux «en marbre» des trois autels. Une horloge communale est installée en 1880.

 

 

 

 

 

 

 

                                  

             

Les stalles, les trois autels et le tabernacle ont été replacés dans la nouvelle église.

 

En 1835 et 1837 les deux petites chapelles furent démolies et remplacées par deux grandes chapelles, celle du nord puis celle du sud. Les trois voûtes parallèles sont raccordées vers 1844. Le petit cimetière et le vestibule n’existe plus.

            La destruction des murs de la nef  rendant les ajouts fragiles, des consolidations sont nécessaires.

 

                       

                                                                 

Projet de chaînage et de contreforts pour les chapelles de l’ancienne église de Brain, architecte Auguste Bibard, 1852. A.D. 49, Service départemental de l’inventaire 49, photographe : Bruneau Rousseau.

 Ce projet fut réalisé partiellement en 1854 : les six contreforts de la chapelle sud (agrandie sur le petit cimetière) et le chaînage entre les pignons des deux chapelles. La croix métallique était une ancre de chaînage.       

Finalement l’église sera détruite en 1894 pour en construire une neuve.

 

 

 

 

 1812-1894 

           

      Cadastre de 1812, les chapelles ne sont pas encore agrandies.

Cette photo (1894) de Joseph Dubois instituteur représente l’ancien clocher qui devait être conservé pour la nouvelle église en construction.

 

Lieu de sépultures et de privilèges

 

«Terre consacrée par excellence, l’église reste au 17 ème un lieu privilégié d’inhumation. L’usage est très répandu en Anjou. Ce privilège d’abord réservé au clergé et aux bienfaiteurs devient accessible à tous, moyennant un legs, même modeste…Le carrelage devait être remanié, les déblais égalisés par un exhaussement général…» (François Lebrun).

                       

A Brain, cet usage est constaté plus qu’ailleurs, la petitesse du cimetière faisait que beaucoup de paroissiens étaient enterrés dans l’église : le niveau du carrelage et les marches de l’église actuelle sont les seuls indicateurs visibles de cette nécropole. Le curé Gourdon dresse, dans son manuscrit, une liste non exhaustive de 90 personnes ensépulturés dans l’église, de tout niveau social : il précise l’endroit de chaque sépulture, les prêtres et les nobles étant cependant placés vers le haut de l’église (autels Notre Dame, St Avertin et St Sébastien invoqués lors des épidémies). 

 

Les prérogatives étaient parfois source de conflits. C’est ainsi qu’en 1554 Sébastien de Mergot fut poursuivi en justice pour avoir enterré son père René de Mergot, Seigneur de Montergon, dans le chœur de l’église, prééminence réservée à François de Juigné, alors Seigneur de la paroisse de Brain.

    

En 1654 , Anne Avril veuve de René d’Orvaulx de la Beuvrière, malgré l’acquisition du titre de seigneurs de la paroisse de Brain, fut condamnée à remettre l’image de St Michel sur le vitrail de l’église à la place de leurs armes qu’elle avait cru bon d’y substituer (elle avait oublié que la Cure de Brain faisait partie du chapitre de St Laud).

En 1693, c’est au tour de Guy Simon de la Bénardays, seigneur du Feuil, de se voir retirer son banc du chœur, droit réservé au seigneur de la paroisse, Antoine d’Orvaulx petit-fils et  successeur du précédent.

En 1640, la chapelle Ste Anne et le grand cimetière sont créés.

Les sépultures se continuent dans l’église jusqu’en 1771 et dans la chapelle Ste Anne jusqu’en 1864, mais ces deux lieux deviennent réservés aux prêtres et aux notables : dès 1790, les familles deTerves (Beuvrière) et Mauvif (Montergon) font de la chapelle Ste Anne leur lieu habituel de sépulture, ils la réparèrent en 1860.

 

 

 

 

 

 

       

 

Ancienne église, vue sud-ouest                    Ancienne église, vue sud-est

 

Les chapelles ont été agrandies, les voûtes et piliers placés à l’intérieur, le chaînage et les contreforts posés contre la chapelle sud.   

 

Maquette de l’ancienne église réalisée par Jean Poussin, selon les descriptions du Curé Gourdon, de Célestin Port, une photo de Joseph Dubois (1894), instituteur, les plans des archives départementales et photographies de Bruneau Rousseau, Service départemental de l’inventaire de Maine et Loire.

 

 

 

 

 

Le plus ancien vitrail (~1650), celui de St Michel dans la chapelle nord, a disparu avec les modifications des chapelles latérales.

Célestin Port (~1875) précise que le clocher ogival du 13 ème siècle était constitué d’une flèche « octogonale » en pierre, flanquée de petits clochetons. L’agrandissement des transepts en 1835-1837 nécessitèrent la suppression des murs de la nef et la pose de deux grosses colonnes jaspées, marbrées et dorées en 1856. Il décrit les vitraux « modernes » de St Adolphe et de Ste Claire (1), un tableau de St Jean Baptiste peint et donné par la Marquise de Grignon (Eulalie de Terves épouse du marquis de Grignon), une rampe en fer enveloppant les chapelles et le chœur dont le fond à été percé d’un oculus en 1845, deux cloches neuves fondues en 1869.

Les chapelles changèrent de noms avec les agrandissements, en fonction des circonstances et des statues qui y furent placées. La chapelle nord, celle de la Beuvrière sera celle de Notre-Dame. La Chapelle sud, celle du curé Gerfaut sera dédiée à Saint Avertin puis à Saint Sébastien (protecteur de la peste) et enfin à Saint Jean Baptiste (tableau offert).

(1) Adolphe Mauvif de Montergon (1844-1917) et Claire de Montreuil (1815-1888), épouse du Comte Pierre Léonce de Terves, la Beuvrière.

 

 

 

 

                                 

St Adolphe, évêque       Rampe, table de communion                          Tableau de st Jean Baptiste

 

Le vitrail de St Adolphe, la table de communion en fer forgé (aujourd’hui déposée), le tableau de St Jean Baptiste sont les objets que l’on retrouve dans la nouvelle église. Le vitrail de Ste Claire n’a pas suivi (madame Claire de Montreuil épouse de Terves était décédée).

 

            Le clocher contenait trois cloches :

 

N° 1 : La plus petite : Guy-Gabrielle installée en 1702 eut pour parrain Guy Simon, écuyer, seigneur du Feuil (père du Curé Antoine Simon de la Besnardayes, constructeur de la nouvelle cure) et pour marraine Gabrielle Hullin de la Selle, épouse de Antoine d’Orvaulx, seigneur de Champiré, de la Frappinière et de la Beuvrière.

Poids : 375 livres (~150 kg)

 

N° 2 : La deuxième : Marie-Eugénie, installée en 1869 eut pour parrain le vicomte Eugène de Terves et pour marraine Marie de Terves, baronne de la Rochebrochard  (Les De Terves sont de la Beuvrière)

Poids : 235 kg.

 

N° 3 : La troisième : Marie-Adolphine, installée en 1869 eut pour parrain Adolphe-Marie Mauvif de Montergon et pour marraine Marie de Lozé.

Poids : 168 kg.

 

Ces trois cloches ont été réinstallées dans le nouveau clocher. 

 

 

 

 

 

Sources : manuscrit du Curé Gourdon(1851-1871) - Archives Départementales -

Claire Steimer, conservateur territorial du patrimoine - Jean Poussin

 

 

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