EGON SCHIELE

LA MORT ET LA JEUNE FILLE

 

 

Par Nathalie JAY

1993

 

 

FICHE TECHNIQUE DE L'OEUVRE *

BIBLIOGRAPHIE UTILISÉE *

BIOGRAPHIE DE L'AUTEUR *

NOTICE *

DESCRIPTION LITTÉRALE DE L'OEUVRE *

ANALYSE DE L'OEUVRE *

BIBLIOGRAPHIE CRITIQUE *

I LA RÉCEPTION EN FRANCE DE L'OEUVRE DE SCHIELE *

II- RÉSUME ET CRITIQUE D'OUVRAGES PARUS EN FRANÇAIS SUR SCHIELE *

 

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FICHE TECHNIQUE DE L'OEUVRE

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- AUTEUR : Egon Schiele

- TITRE DE L'OEUVRE ET DATE DE PRODUCTION : Tot und Mâdchen ( La Mort et La Jeune Fille ) ; signé et daté en haut à droite " Egon Schiele, 1915 ".

- MATÉRIAU ; TECHNIQUE ; DIMENSION : Huile sur toile, 150 X 180cm.

- LIEU DE CONSERVATION : Osterreichische Galerie, Vienne.

- BIBLIOGRAPHIE DE L'OEUVRE

- STEINER Reinhard : Egon Schiele, l'âme de minuit de l'artiste ;éd. Taschen, Allemagne, 1991 : p. 70, ill. couleur p. 71.

- MARLOW Tim : Schiele ; éd. P.M.L., Hong-Kong, 1991 : ill. couleur p. 92-93.

- MALAFARINA Gianfranco : Tout l'œuvre peint de Schiele, ; éd. Flammarion, coll. les Classiques de l'Art, 1983 : pl. XXXI.

 

BIBLIOGRAPHIE UTILISÉE

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- COMINI Alessandra : Egon Schiele ; éd. du Seuil, 1976.

- DENVIR Bernard : Histoire de l'art moderne : de l'Impressionnisme à nos -_ jours ; éd. Flammarion, Paris, 1989.

- MALAFARINA Gianfranco : Tout l'œuvre peint de Schiele ; éd. Flammarion, coll. Les classiques de l'art, 1983.

- MARLOW Tim : Schiele ; éd. P.L.M., Hong-Kong, 1991.

- STEINER Reinhard : E gon Schiele, l'âme de minuit de l'artiste ; éd. B.Taschen, Cologne, Allemagne, 1991.

- WAISSENBERGER Robert : Vienne 1890-1920 ; éd. du Seuil, Fribourg, 1984.

- WHITFORD Frank : Egon Schiele ; éd. Thames and Hudson, coll. l'univers de l'Art, Londres, 1981.

- Catalogue de l'exposition : " Vienne 1880-1938, l'Apocalypse Joyeuse ; sous la direction de Jean Clair, éd. du centre G. Pompidou, Paris, 198 6

 

 

BIOGRAPHIE DE L'AUTEUR

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Egon Schiele est né à Tulln, petite ville des alentours de Vienne, en 1890. Son talent pour le dessin fut encouragé par son père, mais celui-ci meurt en 1905. Contre l'avis de son tuteur Leopold Czihaczck, Schiele entre à l'Académie des Beaux-Arts de Vienne. Mais Schiele fut très vite attiré par la Sécession viennoise et se détourna de l'enseignement académique des Beaux-Arts qu'il quitta en 1909 pour fonder avec quelques amis le 'Seukunstgruppe" ( groupe pour le Nouvel Art). Sa production a été au départ très influencée par Klimt. Mais les influences de Hodler, Van Gogh, et Georges Minne ont aussi joué un rôle -déterminant dans l'élaboration de son style. C'est dans les années 1910 qu'il commence à affirmer un style personnel caractérisé par le dépouillement de la forme, la sobriété du contenu. Une des oeuvres marquant le tournant de son travail pictural est le portrait de Gerti Schiele de 1909 : l'artiste y a représenté sa sœur sur un fond vide, uniforme. Cette mise en valeur du sujet par un fond monochrome sera une des caractéristiques de beaucoup d'oeuvres qu'il a exécutées par la suite. Lors de l'année 1910, il peint un grand nombre de nus expressifs. En 1911 il dut quitter Krumau en raison de son concubinage avec son modèle Valérie Neuziel, dite Wally, pour s'établir à Neulenbach. En 1912 furent confisquer quelques-uns uns de ses dessins érotiques à la suite d'une condamnation. Au cours du procès de Sankt Polten il fut condamné à trois jours de prisonpour distribution de dessins immoraux. Il exprima son sentiment d'injustice par un certain nombre de dessins réalisés au cours de sa détention. Sa révolte contre la société en fut exacerbée et trouva son expression dans un certain nombre d'oeuvres provocantes, comme par exemple Le Cardinal et la Nonne ou dans des autoportraits où il s'est donné le visage d'une victime incomprise. En 1915 après une liaison de quatre ans, Schiele se sépare de Wally. Le 17 juin il épouse Edith Harms. Il est ensuite mobilisé à Prague puis à Vienne. Le mariage semble avoir été un facteur d'équilibre pour l'artiste et on constate une nette évolution dans sa production : les personnages sont peints de façon moins torturée ; les corps sont plus massifs et paraissent moins fragiles. Un exemple caractéristique de cette évolution est La Famille , tableau peint en 1918. En mars de la même année son œuvre connaît un grand succès à l'exposition de la Sécession viennoise pour laquelle Schiele avait d'ailleurs réalisé une affiche. La plupart de ses tableaux qui y étaient exposés ont été vendus. Le 28 octobre sa femme meurt de la grippe espagnole. Trois jours plus tard, Schiele succombe également le 31 octobre 1918.

Les événements qui ont affecté la vie de Schiele sont indispensables pour comprendre son œuvre : tous les moments les plus marquants de son existence, tel celui de son incarcération, celui de sa séparation avec sa maîtresse, celui de son mariage, ... , Schiele s'est appliqué à les représenter en y exprimant ses émotions. Mais au-delà du caractère autobiographique de cette œuvre, c'est une véritable quête de soi à travers l'expression picturale qui émane de toute sa production, notamment de ses autoportraits très nombreux. L'originalité de Schiele est qu'il a fait du corps humain un puissant support de l'expressivité.

 

NOTICE

Peindre le corps et l'âme mis à nu, dans leur vérité absolue, telle paraît être la tâche que s'est assignée Schiele. Dans son œuvre, portraits et autoportraits prédominent. Le corps y est souvent exposé dans des expressions qui ont été incomprises de la société de l'époque. Les expériences sensuelles et le corps y sont en effet représentés sans fard et sans idéalisation, d'une façon crue, voir provocante. Schiele n'hésite pas ainsi à exhiber l'acte interdit et tabou de la masturbation.

Mais cette crudité, il ne faut pas la comprendre comme une volonté d'exprimer les émotions ressenties dans l'âme qui physiquement se traduisent par des sensations nerveuses. C'est toute la tension psychologique au moment de ces expériences qu'exprime l'artiste en représentant ces corps pris de crispements, voir de convulsions nerveuses donnant jusqu'à l'impression d'une torture physique. Cette tension, c'est celle qui s'opère entre deux pôles : d'une part celui du désir de l'accomplissement d'un désir extrême et sublime exprimé par une émanation lumineuse des corps ou un flamboiement de ceux-ci, et d'autre part, le sentiment de culpabilité, sentiment torturant exprimé par ces crispements nerveux.

Si la provocation est présente dans œuvre de Schiele, il faut la comprendre comme une révolte par rapport à une société dont il se sentait incompris et qui ne pouvait supporter cette façon d'exposer de façon crue le corps et la sexualité. Cela n'est pas étonnant au cœur de ce monde viennois qui au sommet de son déclin se cachait, tout en se mentant à elle-même, derrière de belles apparences, afin de masquer la réalité.

Pourtant œuvre de Schiele bien plus qu'un regard critique sur le monde qui l'entoure, c'est un regard autocritique qui transparaît. Schiele s'est en effet représenté dans un nombre impressionnant d'autoportraits. Beaucoup des portraits qu'il a produit sont ceux de ses proches. Il s'agit une œuvre fortement biographique qui semble exprimer comme la quête d'une vérité sur soi et les moments de sa vie qui ont été les plus fort émotionellement.

Sa peinture La Mort et la Jeune Fille correspond tout à fait à cette recherche de la vérité sur soi et sur sa vie. Ainsi c'est un moment crucial de son existence que nous expose l'artiste : le peintre s'y est représenté avec sa maîtresse Valérie Neuziel dans une étreinte pathétique exprimant la fin d'une relation amoureuse. Les deux êtres sont accrochés l'un à l'autre et pourtant il y a comme une tension contraire qui semble les séparer. Cette tension entre l'amour et la mort, thème si éminemment caractéristique de la production de Schiele, trouve sa pleine expression dans cette œuvre.

 

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DESCRIPTION LITTÉRALE DE L'OEUVRE

La Mort et la Jeune Fille est une toile rectangulaire d'un format classique de 150 cm de hauteur sur 180 cm. de longueur. La technique utilisée est celle de la peinture à l'huile. L'artiste a soigneusement posé sa signature sur celle-ci en l'intégrant à la composition ; sous sa signature il a également inscrit la date de la production de l'œuvre, " 1915 ", le tout s'inscrivant dans un cadre situé dans le coin en haut à droite de la toile.

Un homme et une femme qui s'enlacent sont représentés à genoux sur un drap blanc aux plis marqués. Ce drap s'inscrit sur une surface tâchée et de jaune et de brun et marquée par endroit d'aplats vert-foncé.

L'homme situé dans la partie gauche est vêtu d'un habit sombre. Les traits de son visage creusés et ses yeux écarquillés et exagérément enfoncés semblent fixes et sans regard. Une de ses mains est posée sur l'épaule de la jeune femme et l'autre sur sa tête. Les deux mains de l'homme sont représentées de façon identique : l'index est écarté par rapport au pouce et aux trois autres doigts qui eux sont resserrés. Il y a une grande précision anatomique en ce qui concerne le dessin des jambes qui sont apparentes. Tandis que le coloris du corps se compose de tons bleutés mettant en valeur le modelé de celui-ci, les lèvres sont d'un rouge vif contrastant avec l'ensemble des couleurs utilisées pour ce personnage.

La femme, qui enlace l'homme dans ses bras, tout en étant agenouillée, paraît tendue vers celui-ci. Ses deux mains ne sont accrochées l'une à l'autre que par un seul doigt. Elle est vêtue d'un vêtement rouge marqué de reflets bleu-vert et bruns lui descendant jusqu'aux genoux. Son visage et détourné de l'homme.

Le fond sur lequel les personnages sont représentés est composé de deux éléments. Le premier de ces éléments est un fond abstrait composé de formes vaguement carrées de couleur variant entre le jaune et le marron d'où surgissent par endroit des tâches vert-foncées contrastant avec l'ensemble. Ce fond suggère probablement un tissu matelassé. Ce fond ne recouvre pas totalement la surface de l'ensemble de la toile et dans la partie du haut apparaît en lisière de la toile un fond monochrome. Sur ce premier élément plutôt abstrait figure un drap aux traits fortement appuyés par un trait foncé. Celui-ci vient comme encadrer, mettre en valeur le couple.

Ce qui se dégage de cette toile c'est une composition qui refuse la perspective classique et le point de vue habituel sur le sujet. Ainsi les personnages semblent flotter dans l'espace décrit. C'est cette composition qui donne un ton tout particulier à cette œuvre et qu'il conviendra de prendre en considération pour comprendre toute la signification et la portée symbolique de celle-ci.

 

ANALYSE DE L'OEUVRE

Pendant quatre ans Schiele avait vécu avec son modèle Valérie Neuziel, surnommée Wally. Mais ayant décidé de se marier avec Edith Harms la séparation entre Wally et Schiele était inévitable. La Mort et la Jeune Fille, œuvre peinte en 1915 à la veille de ce mariage symbolise cette difficile rupture : le peintre s'y est représenté avec Valérie Neuziel. Schiele avait placé cette toile au-dessus de son lit. A ce fait qui prouve l'indécision de Schiele face à cette rupture s'ajoute qu'il aurait de plus à la suite de son mariage présenté à Wally un contrat par lequel il se serait engagé, selon les mémoires d'Arthur Roessler à " partir avec elle en voyage d'agrément d'un mois au moins une fois par an ". Bien évidemment les deux femmes s'empressèrent de relever un tel compromis. Après cela Valérie Neuziel s'engagea dans la Croix-Rouge et ne revit jamais Schiele.

Au-delà d'une représentation autobiographique, cette toile est d'abord une œuvre qui s'inscrit dans son temps en reprenant un thème alors répandu dans la production picturale de ses contemporains : celui du baiser et de l'étreinte. Mais si Schiele a repris un thème courant, il a su le traiter de façon originale, d'une part par une forte expressivité des personnages soulignée par une gestuelle précise, et également un traitement de l'espace particulier.

Le thème du baiser et de l'étreinte d'un homme et d'une femme n'a en lui-même rien de nouveau et Schiele a probablement voulu en apporter sa version à son tour. Ainsi dans certains éléments du traitement même de ce thème on peut y voir l'influence de ses contemporains ayant traité ce sujet.

Une toile de Klimt, Le Baiser qui date de 1908 représente deux amants figurant sur un fond abstrait de couleur dorée. Si le style des deux oeuvres diffère, il y a une grande similitude dans la façon dont l'homme tient le visage de la femme entre ses mains et a ses lèvres posées sur la chevelure de celle-ci, mais aussi dans leur position agenouillée. L'influence de cette œuvre de Klimt ne fait donc aucun doute. Mais Schiele a donné une version négative de ce thème du baiser en l'associant au thème de la mort. En cela cette toile de Schiele est à rapprocher de la production picturale du peintre norvégien Edvard Munch que Schiele a admiré également, notamment d'une toile dont le titre est d'ailleurs pratiquement identique, La Jeune Fille et la Mort. Une jeune fille nue représentée de dos est dans les bras d'une vague forme ressemblant à un squelette. La référence à Munch est donc également évidente, d'autant plus qu'il y a quelque chose de "vampirique" dans cette scène : l'aspect cadavérique de l'homme et ses lèvres d'un rouge vif qui forme un contraste et la façon dont elles sont posées sur la tête de la jeune femme font penser à un vampire, or c'est là précisément un des thèmes de prédilection de Munch. Enfin, un autre fait marquant au moment où Schiele a peint cette toile est que un de ses contemporains viennois, Kokoschka avait un an auparavant, en 1914, dans une toile intitulée La Fiancée du vent traité de ce thème : Kokoschka s'y est représenté avec sa maîtresse tresse Alma Mahler d'une façon très lyrique, les amants paraissant pris dans une tourmente nocturne. Or Kokoschka était plutôt considéré comme un rival par Schiele. Il est donc probable que cela c4-esf été un facteur de la création de La Mort et la Jeune Fille.

Toutes ces références qui d'ailleurs sont presque explicites dans cette œuvre montrent bien que le thème en soi n'est pas vraiment original. On peut ainsi penser qu'il y a là probablement une part d'hommage à Klimt et à Munch, mais aussi une sorte de réplique à la toile de Kokoschka en s'opposant au lyrisme amoureux de celui-ci par l'introduction de la figure de la mort. Il va donc s'agir de voir comment Schiele a traité ce thème, ce qui y est caractéristique de son style et comment par une composition originale Schiele se démarque de ses prédécesseurs.

La première originalité de cette œuvre est un refus net de toute idéalisation du thème du baiser par l'introduction du thème de la mort. Cette représentation de l'homme et de la femme enlacés est en effet pleine de signes de mort. Ces signes de mort se trouvent dans la façon même dont sont représentés les personnages, mais également dans la façon dont est figurée cette étreinte.

Tout d'abord le titre même suggère que c'est Schiele qui représente la mort de façon allégorique. Ses traits sont cadavériques, son visage est décharné et sa peau d'une couleur bleutée. Ses yeux renfoncés et écarquillés semblent se perdre dans le vide et sont sans expression tels ceux d'un mort. Cela donne un ton très macabre à la scène. L'habit sombre qu'il porte vient renforcer l'aspect lugubre du personnage. Dans d'autres oeuvres Schiele s'est représenté dans un habit semblable, vêtement qui est associé à l'image du moine ou de l'ermite : Les Ermites de 1912 par exemple, ou encore Autoportrait en moine avec Wally de 1911 où Schiele s'est représenté avec une tonsure et en vêtement de moine avec Valérie Neuziel. Dans la vie même Schiele s'habillait dans une tenue ressemblant à celle d'un moine. Son ami Roessler en a ainsi fait cette description " ... Au milieu de cette polyphonie de noirs, le jeune artiste se tenait devant un chevalet noir vêtu d'un sarrau blanc qui ressemblait à un habit de moine ". Cette mode d'un habit de moine avait été introduite par Klimt. Une fois de plus cela montre à quel point Klimt fut important pour Schiele. Par cet élément Schiele souligne que l'art est pour lui une ascèse et élévation spirituelle. C'est également une façon de souligner le retranchement de l'artiste par rapport au reste de la société et sa solitude. En même temps dans ces représentations en moine il y a une certaine provocation, la façon de vivre de Schiele qui était considérée comme immorale et qui a abouti à la condamnation que l'on sait. En même temps, il y a quelque de maléfique dans ce personnage, l'image du vampire lui étant associée. Ce sont notamment ses lèvres qui sont d'un rouge vif contrastant avec le reste du coloris de sa peau qui suggèrent cette image. Leur couleur évoque le sang. Mais aussi la façon dont elles sont posées sur la tête de la jeune femme donne l'impression d'un mouvement de succion ; cette bouche grande ouverte semble vouloir absorber la femme. Il y a là un symbolisme évident, celui de l'enlèvement de l'esprit ce cette femme par un homme-vampire pour l'entraîner avec lui dans l'état de mort dans lequel il se trouve déjà. La femme elle-même, bien qu'elle soit en vie, semble d'une certaine façon contaminée par cet état de mort : les endroits de son corps apparents sont marqués de tâches verdâtres. Son visage qui est détourné de l'homme traduit une certaine inquiétude et même une certaine angoisse.

La façon dont s'étreignent les personnages est en elle-même problématique. Elle crée une impression de malaise. En même temps qu'il y a étreinte, les personnages semblent se repousser, ou tout au moins est suggéré le sentiment d'une distance entre eux. Ils sont agenouillés et leurs corps sont à peine en contact et le fait qu'ils soient revêtus exclu toute possibilité de contact charnel. Par cela est symbolisé la fin de cet amour entre Schiele et Wally. Les personnages paraissent crispés ; cette impression est créée par l'exagération des traits anguleux dans l'anatomie des corps.

Il y a une gestuelle précise qui est mise en œuvre. Les mains de l'homme sont disposées d'une façon identique : l'index est isolé par rapport aux autres doigts qui sont resserrés, le pouce étant écarté également. Les mains de la femme ne sont reliées que par un seul doigt, comme si elles étaient prêtes à se détacher l'une de l'autre. Cette gestuelle vient donc souligner tout le symbolisme de la rupture imminente. Cet élément de la gestuelle des mains est quelque chose de caractéristique de la production de Schiele ; cela se retrouve dans un certain nombre d'autoportraits notamment, comme par exemple L'autoportrait main à la joue de 1910 : conscient de ce qu'évoquait son nom "schielen" signifiant loucher, Schiele a introduit la représentation dans un certain nombre de ses autoportraits de ce geste de la main désignant un de ses ,yeux et tirant la joue vers le bas cela créant un effet de strabisme. Il est possible que dans La Mort et la Jeune Fille, Schiele ait voulu de cette même façon créer un jeu sur le mot et l'image en adaptant visuellement l'expression "ne tenir qu'à un doigt". Cela montre à quel point est mis en œuvre ici tout un système complexe de références.

La façon dont est traité l'espace est ce qui vient s'ajouter à la richesse de l'expression des personnages et contribuer à la signification d'ensemble de cette œuvre pour en achever la réussite.

Les deux personnages se trouvent sur un drap blanc aux plis fortement marqués. Le drap évoque bien entendu le lit, le lieu de l'acte d'amour. Mais en même temps dans le contexte présent il évoque le drap mortuaire, le linceul. Sur le plan de la composition la blancheur de ce drap met en valeur les personnages tout en créant un effet d'encadrement de ceux-ci. En cela ce drap fait penser à la façon dont Schiele cernait ses personnages d'un trait blanc très large qui lui était tout à fait particulière, comme par exemple dans une de ses oeuvres intitulée La Hargneuse qui date de 1910. Au-delà de la vitalité picturale provoquée par cet élément, le trait blanc avait également une fonction symbolique qui était celle d'exprimer une émanation de l'âme du personnage, ou du moins d'une sorte d'énergie vitale. Dans une de ses lettres destinée à Oskar Reichel on trouve ainsi l'expression de cette idée : "Je me vois m'évaporer et expirer de plus en plus fort, les vibrations de ma lumière astrale se font plus rapides, plus directes, plus simples et semblables à une grande reconnaissance du monde". Le drap est un élément de composition que Schiele réutilisera à nouveau par la suite, mais dans une acception plus lyrique, comme notamment dans ces deux oeuvres de 1917, Etreinte et Nu féminin couché sur le dos, dans lesquelles se dégagent une certaine sérénité et une exaltation de l'amour et l'élément du drap y est beaucoup plus stylisé.

Le fond marron sur lequel se trouve ce drap du fait de son caractère plus abstrait pose problème quant à l'interprétation. Il peut faire penser à un tissu matelassé. Mais d'autres interprétations sont possibles. Ainsi, tout en restant dans le champ de signification de la mort, la couleur marron peut faire penser à de la terre. Ainsi on aurait ici une image de l'ensevelissement et même de l'enlisement qui est suggéré par le pied de l'homme qui est enfoncé dans cette matière marron.

Le fait qu'il s'agit d'une création picturale est souligné par deux éléments : la signature de l'artiste avec la date de production qui est mise en valeur, mais également la lisière de couleur beige, marron très clair qui apparaît tout en haut de la toile. La signature de Schiele qui figure en haut à droite fait penser à une sorte de poinçon, mais aussi à celles des estampes japonaises dont Schiele s'est probablement inspiré. C'est à partir de 1913 qu'il a adopté cette façon de signer en encadrant son prénom, son nom et la date de production dans un carré de la même couleur que ces éléments écrits. Mais cela fait également beaucoup penser au cachet qu'utilisaient les "Wiener Werkstätte", ateliers d'artisanat viennois fondés par Moser et Josef Hoffman.

Enfin il y a un refus évident de l'utilisation de la perspective classique ainsi que d'un point de vue unique du peintre sur la scène qu'il décrit. En effet on ne sait pas s'il s'agit d'une vue du dessus et si donc les personnages sont allongés, ou s'il s'agit d'une vue de face et les personnages seraient alors agenouillés. En tout cas la position des personnages ne correspond pas à l'espace sur lequel ils s'inscrivent : ils semblent en fait plutôt flotter au-dessus de la surface du drap qu'y reposer. Tout cela crée un sentiment de déséquilibre. Si le refus du traitement classique est un des acquis récents promus par les cubistes qui s'appliquent à décrire plusieurs points de vue sur l'objet dans un même plan, il y a cependant une originalité dans le traitement de l'espace qu'a opéré ici Schiele. On peut dire qu'il y a non-coïncidence entre les personnages et le fond sur lequel ils reposent.

 

Si Schiele s'est affirmé tout au long de sa vie comme un artiste moderne sur le plan social en s'affichant comme un dandy, il a également produit une œuvre résolument moderne. Sa production picturale est en effet centrée sur le sujet ; Schiele s'est intéressé avant tout à l'être humain et même lorsqu'il a représenté des paysages ou des natures mortes, il s'agissait pour lui d'en traduire une vision anthropomorphique. La caractéristique de son œuvre qui correspond éminemment aux préceptes de la modernité tels que Baudelaire les avait définis, est que Schiele a cherché à y exprimer le caractère éphémère de la vie. "Tout ce qui vit n'est que mort" a-t-il ainsi écrit. S'il peint un paysage, c'est alors un paysage d'automne, une plante, c'est une fleur desséchée. Toutes ses représentations du corps humains cherchent à exprimer ce caractère "fugitif", "transitoire" de l'être humain, la mort dans la vie et ainsi il y a un refus de toute idéalisation dans celles-ci. Dans La Mort et la Jeune Fille est présente toute cette conception de l'éphémère non seulement y est montré le caractère mortel et périssable de l'être humain, mais aussi la fragilité des liens entre les individus, le caractère éphémère de l'amour. La mort d'un amour, la séparation entre deux êtres, la complexité des sentiments qui en découle, tous ces faits Schiele a su les exprimer par une complexité de la représentation picturale et une profusion des éléments symboliques. Enfin, cette toile est capitale dans sa production parce qu'elle représente à la fois un temps fort de celle-ci, mais aussi parce qu'elle illustre un moment capital de son existence. Schiele a ainsi accordé beaucoup d'importance à l'élaboration de celle-ci. Ce qui le prouve, c'est qu'alors que la. plupart de ses oeuvres étaient réalisées d'un premier jet, le dessin précédant la pose des couleurs, ici au contraire à l'élaboration finale a précédé un important travail dont témoignent les études préparatoires qui illustrent la recherche d'une mise en œuvre d'un rapport structural efficace entre les deux personnages. Si Schiele a accordé autant d'importance à l'élaboration de cette œuvre, c'est parce qu'il s'agissait pour lui d'y représenter ce moment fort de sa vie que fut la séparation entre lui et Wally. Schiele a su exprimer l'attachement profond qu'il ressentit pour Wally en même temps que sa douleur ressentie face à la nécessité de leur rupture. Il a réussi à montrer tout le drame qui s'est joué à ce moment crucial de sa vie. Cette toile est ce message réussi sur le plan de l'expression et de la composition d'une profonde détresse.

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BIBLIOGRAPHIE CRITIQUE

I LA RÉCEPTION EN FRANCE DE L'OEUVRE DE SCHIELE

Œuvre de Schiele n'a en fait été reconnue que très tard en France. En effet si durant l'entre-deux-guerres œuvre de Schiele a connu un vif succès en Autriche, ce n'est qu'à partir des années cinquante seulement qu'il a acquis ailleurs une grande notoriété. C'est par le biais des Etats-Unis que Schiele a été reconnu par la suite en France. Ce succès aux Etats-Unis est du à une première exposition de son œuvre en 1945 puis par l'acquisition en 1954 d'une toile importante de l'artiste par le musée de Minéapolis. Puis en 1960 eut lieu à l'institut d'art contemporain de Boston une rétrospective de l'artiste qui reçut un vif succès. Ce succès est également lié à l'engouement pour l'expressionnisme dû en partie au fait qu'il y avait à ce moment là aux Etats-Unis un grand nombre de réfugiés autrichiens. Les collectionneurs et les marchands ont aussi contribué à faire connaître et apprécier œuvre de Schiele. Toutes ces manifestations ont fait monter les prix des oeuvres de l'artiste. C'est dans les années 1960, 1970 que l'on commence à découvrir Schiele en France. Deux monographies en Français sur l'artiste sont publiées au cours de ces années-là, dont l'une qui est une analyse des portraits, réalisée par Alessandra Comini en 1974. En 1979 et 1980 trois films sur Schiele ont été diffusés, dont la meilleure version a été écrite par Wolfang Fischer et réalisée par John Goldschmidt, deux Londoniens d'origine autrichienne.

En France ce sont surtout les expositions qui ont contribué à faire découvrir cet artiste auprès du grand public.

- L'exposition " Vienne 1880-1938 ", centre Pompidou, Paris, 1986

L'exposition en France au cours de laquelle Schiele a été le plus remarqué est probablement l'exposition intitulée " Vienne, l'Apocalypse Joyeuse " qui a été réalisée par Gérard Régnier et qui remporta un vif succès. Cette exposition a été réalisée à la suite de manifestations du même genre qui avaient eu un ample succès : " Paris-Moscou " et " Paris-Berlin " qui d'ailleurs avaient contribué à la renommée internationale du centre Georges Pompidou. Le succès était donc assuré pour une entreprise de la même sorte portant sur Vienne, d'autant plus qu'un enjeu supplémentaire est venu s'ajouter au fait de celui d'une manifestation artistique : en effet il s'est agi là d'un enjeu politique, celui du resserrement des relations franco-autrichiennes. Ainsi le président de la République française, François Mittérand, a donné son soutien officiel à cette exposition. De plus il s'agissait aussi de promouvoir pour l'Autriche un art mal connu en France et d'y développer un marché de l'art autrichien. C'est pourquoi c'est le gouvernement autrichien qui a assumé à lui seul le coût du transport et celui de l'assurance des oeuvres qui y ont été exposées. Dans cette exposition une place importante a été accordée à Schiele : une trentaine de ses oeuvres y ont été exposées. Parmi ces oeuvres qui y ont été exposées dominent surtout les portraits des artistes que Schiele a connus et de ses commanditaires Portrait d'Arnold Schönberg ; Portrait d'Heinrich Benesch ; Portrait de Viktor Ritter Von Bauer ; ... ). Il y a très peu de ses paysages ou natures mortes ; seules deux oeuvres représentent cet aspect de sa production : Les Arbres , huile sur toile de 1917 et La Ville Jaune, huile sur toile de 1914. Trois autoportraits seulement y ont été présentés.

- L'exposition " Egon Schiele ", Seita, Paris, janvier-février 1993

Récemment s'est tenu jusqu'au 28 février une exposition comportant uniquement des oeuvres de Schiele au siège de la Seita à Paris. En tout il v avait environs une centaine de ses oeuvres, des dessins au fusain et des aquarelles, mais il n'y avait aucune de ses peintures à l'huile. II s'agissait essentiellement de portraits et autoportraits ; seulement trois paysages y ont été exposés. Peu d'autoportraits ont en fait été exposés, les portraits y ont largement dominé. Il y figurait quelques oeuvres importantes comme : Femme assise à la Jambe gauche repliée, œuvre de 1915 ou encore un portrait à l'aquarelle d'Édith Harms que Schiele avait également exécuté à la peinture à l'huile sur un plan plus monumental et qui s'intitule : Édith Schiele en robe _& rayures de 1915. Un bon nombre de ses portraits de soldats dessinés pendant la

période de 1917 étaient présents.

Toutes ces oeuvres étaient présentées par ordre chronologique. Un tableau retraçant les événements historiques de Vienne à l'époque de Schiele était également exposé. D'autre part ont figuré dans l'exposition des reproductions de documents photographiques sur Schiele et sa famille. Un catalogue de l'exposition a été édité, mais il a été épuisé. Cela montre à quel point cette exposition à remporter un vif succès et prouve que l'œuvre de Schiele acquis une véritable popularité.

 

II- RÉSUME ET CRITIQUE D'OUVRAGES PARUS EN FRANÇAIS SUR SCHIELE

MALAFARINA Gianfranco : Tout œuvre peint de Schiele ; coll. Les Classique de l'art, 1983

Cet ouvrage présente une monographie de l'artiste ; toute la production de l'artiste y est reproduite en noir et blanc et chaque œuvre y est brièvement analysée. Quelques oeuvres sont reproduites en couleur. L'intérêt de cet ouvrage est que tous les écrits de Schiele y sont publiés. Sa correspondance ( lettres à Arthur Roessler, à Anton Peschka, à son tuteur Leopold Czihazek ), également les quelques poèmes qu'il a écrits et enfin son journal de prison. Ces écrits avaient été publiés pour la première fois sous la direction de Roessler, critique d'art qui avait découvert et défendu l'art de Schiele inlassablement plaidant pour une attitude plus libérale dans le domaine culturel. C'est ce critique d'art qui d'ailleurs avait trouvé des commanditaires à Schiele. En tout il a publié entre 1912 et 1923 cinq livres sur l'artiste et son œuvre, dont deux ouvrages où il a fait p paraître ces écrits de Schiele. Le premier ouvrage où ces écrits ont pris place est : Briefe une prosa von Schiele, édité à Vienne en 1921, et le second est le journal de prison de Schiele publié l'année suivante sous le titre : Ego n Schiele im Gefangnis, récit que Schiele aurait fait de l'affaire de Neulengbach. A vrai dire l'authenticité de ce journal a été mise an cause et est incertaine, car le manuscrit original n'a pas été retrouvé. Ce fait est précisé dans une note dans cet ouvrage de Malafarina. Enfin on y trouve également des jugements brefs portés sur l'artiste qui y sont présentés de façon chronologique sous une rubrique intitulée " fortune critique d'Egon Schiele".

L'intérêt de cet ouvrage est qu'il se veut exhaustif sur la présentation de l'œuvre de Schiele en y réunissant les principaux écrits de l'artiste, et d'autre part toute sa production picturale, dont de nombreuses oeuvres appartenant à des collections privées, mais aussi des clichés d'oeuvres ayant disparu y sont présentés.

- Catalogue de l'exposition : Vienne 1880-1938 ;l'Apocalypse joyeuse ; sous la direction de Jean Clair, éd. du Centre Georges Pompidou, Paris , 1983 " Egon Schiele ", article de Hans Tietze :

On a là un jugement critique nettement orienté qui cherche à reproduire le cliché de l'artiste "maudit" au destin voué à la mort à un jeune âge. Ainsi l'article débute par une longue démarche introductive sur le thème de la mort en général en enchaînant sur les circonstances de la mort de Schiele. Hélas le thème de la mort dans œuvre de Schiele n'est même pas abordé dans cet article. Une autre orientation se fait jour : celle d'un point de vue très français :ainsi notamment lorsqu'il est question des influences sur Schiele, les références vues sont essentiellement celles de la culture française, l'auteur de cet article limitant ces influences essentiellement à Van Gogh : " Si je ne me trompe, c'est surtout l'art de Van Gogh et du Japon qui féconda le travail de l'artiste". II est choquant de voir à quel point le rôle de Klimt dans l'orientation de l'œuvre de Schiele est sous-estimé. On peut donc reprocher à l'auteur de cet article de ne pas avoir la démarche d'un véritable historien de l'art et d'en plus d'avoir des vues trop "nationalistes".

- WHITFORD Frank : Egon Schiele ; éd. Thames and Hudson, coll. l'univers de l'art, Londres, 1981 :

C'est là un ouvrage de référence qui a été rédigé par un véritable spécialiste de Schiele. L'auteur commence par un chapitre introductif sur le contexte historique dans lequel a pris place œuvre de Schiele, la ville de Vienne à la fin du XVIIIème et au début du XVIIème siècle, qui s'intitule " La cité des rêves ". Le cheminement historique expliquant la complexité et la diversité socioculturelle de cette ville y est développé. Whitford y montre enfin en dernier lieu la place de l'art dans cette société viennoise et achève sur Schiele. Ensuite dans les neuf chapitres qui suivent c'est une étude chronologique à la fois de la vie de l'artiste et de sa production qui y est développée. Celle-ci est très complète et très exhaustive. Enfin Whitford conclue son étude par deux chapitres intéressants l'un sur "les jugements posthumes" et l'autre est une bibliographie critique. Le chapitre sur "les jugements posthumes" est très méritoire car il contribue à relativiser certains faits de la vie de Schiele, en montrant par exemple que les conditions matérielles de l'artiste n'étaient pas aussi précaires que celui-ci voulait bien le prétendre, ou encore notamment qu'il n'était aussi rejeté qu'il l'a affirmé, son œuvre ayant connu un succès relatif de son vivant surtout quand l'on prend en considération l'étendue chronologique de sa carrière. Whiford montre bien que c'est un mythe, mythe de l'artiste "maudit", qui s'est établi sur l'artiste auquel d'ailleurs celui-ci a contribué. Ce rétablissement des faits témoigne d'une objectivité et d'une recherche historique approfondie dont les sources sont d'ailleurs explicitées dans le dernier chapitre bibliographique.

- STEINER Reinhard : Egon Schiele, 1890-1918, l'âme de minuit de l'artiste ;éd. Benedikt Taschen, Allemagne, 1991

Cet ouvrage présente une analyse thématique de la production de Schiele. Six aspects de son œuvre y sont évoqués, mais de façon cohérente par rapport à l'évolution de l'œuvre de l'artiste, mais aussi selon leur importance et leur prédominance : " - l'artiste et son double ; - "j'ai fait le tour de Klimt" ; - Le corps support de l'expressivité ; -Le symbolisme visionnaire dans les tableaux de Schiele ; - Paysage de l'âme ", tels sont les titres de ces chapitres. A la fin du livre est d'autre part proposée une biographie de l'artiste à titre de repères. Dans Le premier chapitre intitulé " l'artiste et son double" est élaborée une réflexion intéressante sur l'autoportrait dans œuvre de Schiele. Steiner commence par un historique de l'autoportrait et la signification de l'avènement de ce thème dans l'histoire de l'art, celle de l'affirmation d'une autonomie de l'artiste et de ce statut d'artiste qui n'est désormais plus un artisan répondant à une commande stricte d'un commanditaire. Il est bien montré à quel point l'autoportrait est pour Schiele une façon d'explorer et de représenter les mouvements de sa propre âme et que l'autoreprésentation dépasse l'image réelle. Steiner évoque également l'influence qu'ont pu avoir les théories nietzschéennes qui circulaient alors en Allemagne et à Vienne. Les autres parties développent des analyses tout aussi intéressantes. D'autre part tous les faits biographiques qui ont une importance pour comprendre la production de Schiele y sont évoqués. Le rapport de Schiele avec la Sécession viennoise, le rôle qu'a eu Klimt pour Schiele sont des faits étudiés dans le second chapitre intitulé d'ailleurs " ,j'ai fait le tour de Klimt ", citation de Schiele. Enfin, en plus d'une analyse et d'un texte de qualité, les illustrations y sont très abondantes et superbes ; la majorité y sont présentées en grand format et en couleur avec tous les éléments de la fiche technique.

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