Willy Coppens de Houthulst

 

Pour parler de cet as de la guerre 14-18, votre secrétaire s’est adressé à un ami, Albert GOBIN, qui a bien connu Willy COPPENS. Dans la lettre où je sollicitais son témoignage, je lui disais: “Nous savons que Willy COPPENS était aigri par les décisions qui furent prises après la guerre 14-18 en ce qui concerne l’aviation militaire, mais j’ai l’impression que cet rancoeur nous a caché d’autres aspects de son caractère que tu as probablement pu découvrir en l’approchant.” Voici le témoignage d’Albert GOBIN.

 
 
 
 

Le 21 décembre 1986 mourait le Baron Willy COPPENS de Houthulst.

 

Pilote, as de la guerre 14-18 aux 37 victoires, il était né à Boisfort en 1892. Fils du peintre Omer COPPENS, dès sa jeunesse, il se passionne pour la moto et, pendant les vacances passées en famille à La Panne, il imagine et crée un des premiers chars à voile qu’il monte et pratique avec fougue sur la plage.

 

Vient 1914. Il s’engage et est désigné pour les Grenadiers, mais il s’engoue pour les premiers avions. Son choix est fait, mais son admission a l’Aviation Militaire lui est refusée. Qu’importe, il obtient de prendre à ses frais un brevet de pilote civil en Angleterre. Il le réussira à l’école de Hendon. Il passe ensuite l’école militaire française d’Etampes. Une des épreuves du brevet de pilote militaire consiste en un vol en altitude. COPPENS en profite pour battre le record d’altitude de l’époque. Le brevet réussi, le voilà, enfin, pilote à l’Aviation Militaire Belge. Lors d’un vol d’entrainement, il ose et réussit, à bord de son coucou, un raid sur Bruxelles. Il y salue ses parents d’un joyeux battement d’ailes. Bruxelles en parle, Bruxelles se réjouit, le moral de Bruxelles et du pays en est tout exalté!

 

Au cours de ses missions et combats sur le front, il remarque que les ballons captifs allemands, échelonnés entre 600 et 1000 mètres, règle le tir de leur artillerie, causant ainsi des ravages parmi nos troupes au sol. Ce problème le touche. Il imagine une technique d’attaque de ces ballons. Grâce à son intelligence doublée d’une égale audace, il réussit à en abattre un nombre record.

 

Le 14 octobre 1918, le dernier de ses ballons flambait, lorsqu une rafale de mitrailleuse lourde lui déchire la jambe. Willy COPPENS réussit cependant à ramener et poser son avion. Il est transporté à l’hopital de La Panne où il est amputé d’une jambe. Le Roi ALBERT lui décerne le titre de Chevalier de Houthulst, du nom de la forêt au-dessus de laquelle il s’était illustré. Le Roi dira un jour de lui “Il est le plus beau joyau de la Couronne.”

 

Après la guerre, Willy COPPENS est nommé Attaché Militaire à Londres. Il y brille par sa distinction et son esprit. Il s’y fait d’excellents amis. Mais il s’y morfond car il voit que l’Aviation Belge végète, commandée par des hommes sans gloire, sans imagination, sans audace.

 

Alors, Willy COPPENS se fait le chevalier qui fustige les faiblesses, les lacunes, les fautes. Il écrit ses “Reclassements”. Il y étale toute sa douleur de voir l’Aviation abatardie, mal traitée. Dans ses pages on sent un idéal et une soif de grandeur meurtris. D’aucuns ont voulu n’y lire que de l’aigreur. C’était plus commode que d’y découvrir une volonté de dépassement pour une Aviation fière, indépendante, parfaite comme un joyau.

 

Après Londres, Willy COPPENS reçoit le commandement du 2ème Groupe de Chasse à Nivelles. Il est ensuite désigné comme Attaché Militaire à Paris. Lorsque vient la guerre de 1940, il vit retiré à Genève auprès de son épouse et de ses deux enfants.

 

Durant la guerre, il intervient via la Croix Rouge et les Organisations internationales pour aider et secourir nos prisonniers en Allemagne. Peu sauront l’influence bénéfique qu’il eut ainsi.

 

Sa vie a été empreinte de droiture, de courage moral et physique, d’un besoin de perfection, d’un souci de grandeur. il était un homme affable, courtois, distingué. Il avait grande allure. Il savait se créer des amitiés solides et durables. Celle notamment d’Esnault Peltrerie, le génial constructeur d’avions inventeur du moteur en étoile et du système de commande des avions, un visionnaire de l’énergie nucléaire. Celle surtout de l’As Belge Jan OLIESLAGERS auquel il a consacré un livre.

 

Il avait un esprit curieux, une intelligence vive, une ironie parfois dure à force d’êre brillante et sans compromission. Son style clair comme sa pensee, vif, empreint de clacissisme en fait un écrivain de choix.

 

Après la guerre, Willy COPPENS de Houthulst, nommé Baron par le ROI, est revenu habiter La Panne près des lieux où il s’était, jadis, illustré. Il y avait retrouvé son engouement pour le char à voile. Et, puisqu’il ne pouvait plus le pratiquer, il s’ingénia à en perfectionner les modèles.

 

Peu avant sa fin, il s’installa dans une résidence à Anvers où il put apprécier l’affection et la fidélité de la fille de Jan OLIESLAGERS son meilleur ami.

 

Ceux des aviateurs qui furent égratignés par sa plume ont feint de l’oublier. Ils avaient trop intérêt à se faire oublier eux-memes.

 

Le Baron Willy COPPENS de Houthulst a rejoint le grand ciel qui fut sa vie, presque seul comme il était parti seul pour conquérir la gloire des As de l'Aviation.