Avec Pétrus Borel (1809/1859),
on a un poète puissamment original.
Borel, qui se surnomma le lycanthrope
(c'est-à-dire l'homme-loup), est truculent, sarcastique (voir Heur
et bonheur et Boutade) et son Hymne au soleil annonce avec évidence
certains poèmes de Rimbaud.
Hymne au Soleil
Là dans ce sentier creux,
promenoir solitaire
De mon clandestin mal,
je viens tout souffreteux, et je
me couche à terre
Comme un brute animal.
Je viens couver ma faim, la tête
sur la pierre,
Appeler le sommeil.
Pour étancher un peu ma brûlante
paupière ;
Je viens user mon écot de
soleil !
Là-bas dans la cité,
l'avarice sordide
Des chefs sur tout champart
Au mouton-peuple on vend le soleil
et le vide ;
J'ai payé, j'ai ma part !
Mais sur tous, tous égaux
devant toi, soleil juste,
Tu verses tes rayons,
Qui ne sont pas plus doux au front
d'un Sire auguste,
Qu'au sale front d'une gueuse en
haillons.
Cet hymne au soleil où le
poète apparaît comme une bête assoiffée et affamée
rappelle étrangement certains poèmes de Rimbaud tels Mauvais
sang ou Fêtes de la faim.
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