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l'oppidum de Jastres
1. remparts de l'oppidum
Le plateau de Jastres
correspond à l'extrémité nord des vastes tables karstiques,
appelées localement "les Gras" qui s'étendent entre
la vallée de l'Ardèche, à l'ouest et la vallée
de l'Auzon à l'est. L'oppidum de Jastres-Nord est situé sur
ce plateau calcaire, à environ 300 mètres d'altitude, sur la
commune de Lussas. La particularité du plateau de Jastres est qu'on
y trouve les traces non d'un mais de deux oppida, le second étant désigné
comme l'oppidum de "Jastres-sud", ou "camp de César"
et situé sur la commune de Lavilledieu.
Un oppidum est un site fortifié de l'époque gauloise et romaine,
qui était destiné à l'habitat ou avait uniquement une
fonction défensive.
L'oppidum de Jastres-nle ord est plus connu : plus spectaculaire, il a fait
l'objet de recherches et de fouilles plus approfondies, du fait d'un contenu
archéologique plus important. Un certain nombre de vestiges ont été
mis à jour, ce qui rend le site plus facilement lisible.
Les deux oppida avaient été construits au bord du plateau, à
flanc de falaise, et dominaient la rivière Ardèche et le bassin
correspondant aujourd'hui au bassin d'Aubenas.
2. Vue depuis l'oppidum
Jastres-Sud : un site-refuge
L'oppidum de Jastres-Sud est aussi dit "Camp
de César" : il est ainsi indiqué sur la carte IGN 29380
(Aubenas). Il est situé à environ un kilomètre de la
route nationale n°102, entre Saint-Didier-sous-Aubenas et Lavilledieu,
à partir du lieu-dit Chanabier.
Le site a été inscrit sur la liste supplémentaire des
Monuments Historiques par arrêté du 31 juillet 1986 .
L'oppidum de Jastres-sud, dont la construction remonte au Ier siècle
après J.-C. correspond à un site-refuge assez-vaste, qui aurait
répondu à des besoins urgents de défense. Il est situé
à un kilomètre de distance de l'oppidum de Jastres-Nord. De
forme approximativement rectangulaire, le site est formé d'une enceinte
à trois côtés, le quatrième côté du
quadrilatère étant constitué par la falaise. C'est un
oppidum de type "appui sur à-pic". Le site a fait l'objet
de fouilles et relevés conduits par Claude Lefebvre entre 1982 et 1992.
Il avait déjà fait l'objet de prospections antérieurement.
La fonction de site-refuge a été révélée
par plusieurs indices, notamment par un mobilier relativement pauvre dans
lequel le mobilier de stockage est sur-représenté. Le site n'était
pas, toutefois, inhabité, comme le montre les objets de la vie quotidienne
qui y ont été découverts (fibules, bracelets, épingle
à chas, clé, serrure, etc). L'enceinte constitue tout de même
un rempart sans tour constitué d'un mur simple en pierres sèches,
à deux parements, d'une longueur totale de 950 mètres, et très
épais, avec une largueur de 5,40 mètres.
Jastres-nord : trois systèmes défensifs successifs pour un site voué à l'habitat
L'oppidum de Jastres-Nord est indiqué
comme "vestiges romains" sur la carte IGN 29380 (Aubenas). Il se
situe à quelques centaines de mètres de la route départementale
n°259, entre Saint-Privat et Lussas.
Le site a été inscrit sur la liste supplémentaire des
Monuments Historiques par arrêté du 31 juillet 1986 .
L'oppidum de Jastres-Nord est de type "éperon barré".
Trois dispositifs de défense ont été construits successivement
et ont porté la superficie de l'oppidum de 5 à 7 hectares, chaque
nouvelle enceinte agrandissant le territoire occupé.
3. Schéma de l'oppidum de Jastres-nord
La première enceinte
: un rempart protohistorique classique
Le dispositif de défense le plus ancien barre l'éperon sur 180
mètres d'est en ouest et crée ainsi un espace clos de 5 hectares.
Il est très arasé et n'a été mis à jour
que sur une cinquantaine de mètres environ, à l'ouest du site.
Les archéologues ont désigné ce rempart de facture protohistorique
comme le rempart "JN1" (Jastres-Nord 1). Il était vraisemblablement
rectiligne et sans tour et correspondait à un mur large de 4,80 mètres,
construit en pierres sèches à double parement et blocage interne,
comme celui de Jastres-Sud. On en situe la construction à la fin du
IIème siècle avant J.C.
La deuxième enceinte
: un rempart maçonné au mortier
Dans le deuxième tiers du Ier siècle avant notre ère,
soit quelques décennies après la construction du premier rempart,
un deuxième rempart fut élevé, à un emplacement
différent du premier : son orientation générale nord-est/sud-ouest
et une forme arquée témoignent clairement d'une volonté
d'étendre au maximum la surface intérieure de l'oppidum. Ce
rempart, long de 232 mètres, est agrémenté de cinq tours
et un bastion à l'extrémité orientale. Du côté
sud-ouest du rempart, se trouve une porte dont il reste encore aujourd'hui
les deux gros blocs de grès qui portaient les vantaux de bois qui se
refermaient sur un butoir central. Cette porte était protégée
par un imposant mur arrondi qui forme à l'extérieur de la porte
une chicane de type clavicula et qui obligeait l'assaillant à se présenter
de profil. Une première porte était placée à l'entrée
de cette chicane. Les vestiges de cette chicane sont encore très lisibles.
L'ensemble de ce rempart, dit "JN2", est constitué de murs
de parement très épais retenant un blocage de pierres et de
cailloux. L'ensemble de la maçonnerie est lié avec un mortier
à la chaux.
La troisième enceinte
: remaniement et renforcement du rempart préexistant
Dans le dernier quart du premier siècle avant notre ère, l'ensemble
de la construction est remaniée. L'extrémité sud-ouest
et l'entrée avec chicane ne sont quasiment pas modifiées. Par
contre la suite du rempart JN2, vers la direction nord-ouest, est doublé
d'une nouvelle fortification qui porte à 6 mètres l'épaisseur
des courtines . Au delà de la fortification JN2 au nord-ouest , le
rempart est prolongé sur environ 70 mètres.
Le rempart JN3 présente
des caractéristiques architecturales originales :
- alternance de tours rondes et de tours quadrangulaires
- existence de tours creuses avec toiture de tuiles
- construction des murs par bandes successives empilées les unes au
dessus des autres
- utilisation d'un mortier de chaux de composition identique à celui
de JN2 et construction très particulière "en caissons".
4. tour d'angle de l'enceinte
L'habitat sur le site de Jastres-Nord
A l'intérieur de l'espace délimité par les remparts JN2
et JN3 une zone d'une superficie de 5000 m² a été fouillée,
mettant à jour les fondations en pierres d'habitations. Cet habitat,
qui a connu plusieurs états et remaniements, est structuré en
rues et ruelles. Les habitations les plus récentes ont été
édifiées pendant la même période que le rempart
JN3, c'est-à-dire dans le dernier quart du Ier siècle avant
J.-C. Or à cette époque, l'enceinte ne peut pas avoir de fonction
militaire : elle a plutôt une fonction politique et témoigne
d'une volonté d'ostentation.
Le site semble avoir rapidement été abandonné volontairement
quelques décennies à peine après ces derniers remaniements
: probablement dès le début de notre ère. A cette période,
Alba est en plein développement urbain.
Jastres-Nord : la découverte du site et les fouilles
Cet oppidum a fait l'objet de fouilles et de recherches
poussées.
Dès le XIXème siècle Jastres est mentionné par
plusieurs scientifiques, comme le Dr Francus en 1885. En 1962, Henri Saumade
reconnaît du mobilier romain sur l'une de tours de l'enceinte.
De 1973 à 1977, Yves Burnand et Claude Lefebvre commencent à
dégager la partie centrale de la fortification.
De 1978 à 1993 sont conduites des fouilles programmées sous
la direction de Claude Lefebvre.
Quelques articles présentant les fouilles et leurs résultats
sont parus ces vingt dernières années, notamment dans la Revue
du Vivarais, et la revue Mémoire d'Ardèche, Temps Présent.
Une grande zone de fortifications est mise à jour et se trouve être
facilement visible pour le promeneur. Avec un peu d'attention, on peut distinguer
les remparts de la route départementale n°259, lorsqu'on monte
de Saint Privat vers Lussas.
La mise en valeur du site
Bien que visible et repérable, le site
n'en reste pas moins difficilement lisible pour qui n'est pas féru
d'archéologie. En entrant sur le site, un panneau informatif très
succinct présente l'oppidum.
Consciente de l'intérêt et de la valeur du site, la Commune a
souhaité s'engager pour sa mise en sécurité et sa mise
en valeur.
Des travaux de consolidation sont, au préalable, nécessaires
pour assurer la sauvegarde et la conservation des vestiges mis à jour
lors des fouilles.
En 2000, un chantier d'insertion (association CARA, Chantier-Animation Rhône-Alpes)
est intervenu sur le site : son intervention principale a consisté
en la rénovation de l'ancien rempart.
Dans le courant de l'année 2004, un plan de financement pour la consolidation
de l'oppidum a été monté entre plusieurs partenaires
: la Commune, l'Europe, la DRAC, le Département.
Après la phase de consolidation du site et des vestiges mis à
jour pourront être envisagés les aménagements nécessaires
pour accueillir le public et lui donner à comprendre le site, en toute
sécurité.
5. Panneau d'information sur le site