n voiture, on l'aperçoit sans vraiment y prêter attention. «Un sous-bois comme un autre», se dit-on. Et pourtant… C'est une petite forêt unique en son genre dans les frontières étriquées de Paris intra-muros. Jouxtant l'hippodrome du bois de Boulogne, le domaine du château de Longchamp est un paradis de biodiversité, abritant plusieurs espèces rares de faune et de flore, parmi lesquelles une demi-douzaine de couples de hérons cendrés et des variétés d'orchidées sauvages.
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L'arrière du château de Longchamp. Construit en 1926, celui-ci devrait se transformer en un showroom du développement durable.
Ancienne demeure du préfet Haussmann, qui aimait observer du haut de la tour médiévale - équipée de l'un des premiers ascenseurs parisiens, de facture Eiffel - ses juments courir à Longchamp, cette parcelle fut laissée à l'abandon en 1999, après que le centre de recherche pédiatrique, créé après guerre par Robert Debré, y eut cessé son activité. Quatre ans auront suffi pour que la nature reprenne ses droits sur ces 3 hectares entourés d'eau. Pour le plus grand bonheur du WWF-France. Car, au début des années 2000, son directeur général, Cédric du Monceau, cherchait «un lieu symbolique pour héberger le siège de la fondation. Un lieu qui puisse incarner ce que nous sommes», explique-t-il. Avec le photographe Yann Arthus-Bertrand, lui-même engagé dans un combat pour le développement durable avec son association GoodPlanet, il parvient à convaincre la mairie de Paris, propriétaire du site, de leur céder la concession. 2005 signe alors l'entrée dans une nouvelle ère pour le parc à l'abandon. Devenu le siège du WWF-France, ainsi que le point d'ancrage du photographe quand celui-ci n'est pas dans le ciel, le domaine de Longchamp va se transformer, dans les mois à venir, en un site écolo exemplaire. «Notre objectif est de donner à voir comment on peut concrètement réduire l'empreinte écologique de l'activité humaine», souligne le patron du WWF.
Au programme, la réhabilitation du château, construit en 1926 par le parfumeur François Coty, un temps propriétaire. Après toutes ces années d'inoccupation, le château va se muer en une maison écologique idéale. Sa réhabilitation sera en elle-même une belle démonstration de l'efficacité des techniques écologiques dans le bâtiment: matériaux de bioconstruction, sources d'énergie renouvelable, isolation performante… la «grande maison» se métamorphosera en une sorte de showroom du développement durable. A l'intérieur, on trouvera des salles d'exposition dédiées à l'environnement, des salles de conférences ainsi qu'un restaurant bio. Autour du château, un parc pédagogique, en cours de réalisation, sera aménagé. De nouveaux biotopes, comme des étangs ou des berges, seront introduits sans altérer la richesse naturelle du site, qui abrite plus de 84 espèces animales et 182 végétales, dont une majorité d'espèces rares. Un petit potager bio initiera le visiteur à l'agriculture raisonnée et aux risques de pollution agricole et chimique. Le but avoué à terme? Implanter, d'ici à 2008, une réserve naturelle protégée au cœur de la capitale. Et faire de l'utopie verte une réalité tangible et… durable.
Fondation WWF-France, 1, carrefour de Longchamp, Paris (XVIe). Parcours pédagogique gratuit à partir de fin juin. Visites accompagnées en petits groupes.
Réservations: 01-55-25-84-84. GoodPlanet: www.goodplanet.org.
