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10 avril 2006


Clara Hughes
photo : Danièle Francis

Sutton déroule le tapis rouge

Frédérick Duchesneau

Déterminée, passionnée, talentueuse, généreuse. Les qualificatifs fusaient de toutes parts à Sutton, samedi, à l'occasion de la fête saluant le retour de la double médaillée aux Jeux olympiques de Turin, Clara Hughes.

La populaire athlète est habituée de donner. Samedi après-midi, plusieurs centaines de personnes lui ont rendu la pareille.

"Je pensais qu'il y aurait peut-être 20 ou 30 personnes", a lancé la patineuse de vitesse, prenant la parole au terme du long hommage qui s'est déroulé sur les pentes du mont Sutton.

Tour à tour, enfants et célébrités ont défilé pour témoigner leur admiration à l'athlète, résidante de Sutton depuis six ans.

Le président du Canadien de Montréal Pierre Boivin, l'ex ministre du Patrimoine Lita Frulla, la cycliste Lyne Bessette, l'ex-patineur Gaétan Boucher - l'inspiration de Clara Hughes -, son père Ken Hughes, le député de Brome-Missisquoi Pierre Paradis et plusieurs maires de la région se sont déplacés pour participer à l'événement.

Pierre Boivin a bien fait rire la foule en faisant remarquer avec justesse que « depuis Turin, le Canadien gagne ».

Soulignant que Clara Hughes était la nouvelle inspiration, combinant performance et personnalité, Gaétan Boucher a souligné la « course incroyable » qu'a menée l'athlète au 5000 m. « Les derniers tours ont été les plus excitants qu'il ait été donné de voir depuis plusieurs années. »

En tout, une soixantaine de minutes d'éloges et de compliments. Émue, Clara ? Difficile à dire. Car elle a l'oeil pétillant en permanence.

15 000 $
Fêter l'olympienne n'était pas le seul but de la journée. Peu après sa victoire au 5000 m, Clara Hughes a remis 10 000 $ de sa poche à Right to Play, une organisation humanitaire internationale soutenue par des athlètes et qui utilise le sport et le jeu comme outils de développement pour les enfants de pays pauvres.

La Ville de Sutton avait réagi en créant un comité. L'objectif : amasser au moins 10 000 $ et les remettre à Clara pour la rembourser. D'accord, mais remettez les fonds à Right to Play, a rétorqué l'athlète.

Ce sont finalement 15 000 $, provenant surtout de particuliers, qui ont été remis à l'organisme.

« C'est une grande contribution à l'humanité que vous avez faite. Merci beaucoup », a dit la patineuse, ravie.

Inspiration
S'excusant de ne pas maîtriser suffisamment le français pour s'adresser à l'auditoire dans cette langue, Clara Hughes a relaté ce qui l'a amené à pratiquer le patinage de vitesse.

« Je n'oublierai jamais quand, à 16 ans, j'étais assise à regarder Gaétan Boucher aux Olympiques de 1988. Il revenait d'une blessure. Je pensais qu'il allait gagner, jusqu'au dernier tour où il s'est blessé à nouveau. Je ne sais pas comment il a fait pour terminer la course. Plus que ses médailles, c'est cette vision de courage qui m'a inspirée. »

Elle a aussi rappelé le coup de foudre qu'elle a eu pour la région en venant s'entraîner ici en 2000. « La qualité du silence, l'appréciation de la nature... J'ai tout de suite su que je voulais vivre ici. »

S'ensuivirent des dizaines d'autographes et de séances de photos. Si Clara Hughes avait le moindre doute au sujet de l'affection que lui portent les habitants des Cantons-de-l'Est, ils se sont sûrement dissipés samedi.


Clara avec ses médailles d'or et d'argent gagnées aux Jeux olympiques de Turin.
photo : Danièle Francis


Lyne Bessette, qui est en convalescence suite à une blessure à l'épaule, est venue saluer Clara.
« J'ai toujours dit que je n'avais pas d'idole, mais il y a quelqu'un que j'admire, c'est Clara.
J'ai toujours senti qu'elle était là pour moi, pour m'aider ».
photo : Danièle Francis


Y'avait du monde !
photo : Danièle Francis


Des jeunes de l'école de Sutton ont dévoilé le montant recueilli en trois semaines pour Right to Play.
photo : Danièle Francis

D'autres photos

L'inspiration de Right to Play

Frédérick Duchesneau

"Les enfants m'ont aidée à me motiver et m'ont inspirée pour la course. Ils m'ont donné du coeur."

Sa médaille d'or sur 5000 m en patinage de vitesse longue piste, Clara Hughes affirme qu'elle la doit en grande partie aux enfants défavorisés qu'elle veut aider aujourd'hui par le biais de Right to Play.

Clara est impliquée dans cet organisme depuis deux ans. Peu après sa victoire à Turin, elle lui a fait un don de 10 000 $ de sa poche. Mais pour que ce don bénéficie de la plus grande visibilité possible, pour qu'il fasse connaître Right to Play au maximum, elle avait un plan.

«Je devais gagner pour faire mon annonce», dit-elle simplement.

Et elle l'a fait. Une victoire spectaculaire au cours de laquelle elle est passée en tête alors qu'il restait 200 m à parcourir. Une victoire qui a trouvé sa source dans la souffrance. Sa propre souffrance physique et celle, quotidienne, des enfants défavorisés.

Une cause à défendre
À quelques reprises, samedi, Clara Hughes a été interrompue par des jeunes venus la saluer ou lui offrir un cadeau. Les jeunes aiment Clara Hughes, et elle le leur rend bien. Pas surprenant qu'elle ait choisi d'épouser cette cause.

« Grâce à Right to Play, les enfants de pays défavorisés peuvent jouer et avoir du plaisir, a-t-elle indiqué. Mais ils en retirent aussi des leçons. Dans plusieurs pays, il existe des tensions entre les différentes religions. Quand ils jouent, ils ne pensent plus à leurs différences. Et il y a aussi des pays où des jeunes sont utilisés comme soldats ou doivent s'occuper de leurs frères et soeurs. Ils n'ont même pas la chance d'être des enfants.»

Pour comprendre encore mieux leur situation, Clara s'envolera sous peu pour l'Éthiopie en compagnie de la fondeuse Beckie Scott. Elle y demeurera une semaine en mai.

L'Éthiopie fait partie de la vingtaine de pays où oeuvre Right to Play. En tout, l'organisation intervient auprès d'un demi-million d'enfants.

Vancouver, et la suite
Clara Hughes l'humaniste prend présentement toute la place. Mais Clara Hughes l'athlète - celle qui, avec ses deux médailles de bronze en cyclisme en 1996, compte parmi les rares athlètes ayant remporté des médailles aux Jeux olympiques d'hiver et d'été - n'a pas dit son dernier mot.

Elle a déjà annoncé qu'elle prendrait part aux Jeux de Vancouver en 2010, et pas pour la forme. « Ça va être extraordinaire de participer à des Jeux olympiques dans mon pays, et je veux défendre cette médaille d'or ! »

Mais elle aura 37 ans et ce sera l'heure de la retraite sportive. Et ensuite ?

« Je vais continuer à travailler pour Right to Play, c'est certain », a dit celle qui souhaite implanter les programmes de l'organisme dans les communautés du Nord canadien. Mais pour le reste, je ne sais pas. On verra. »


une page mise en ligne par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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