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Photos : Colin Dutton
Vestige d’un passé révolu, le sort du Galeb, le yacht de luxe de Tito, est suspendu entre la mémoire et l’oubli : redorer les vestiges de sa glorieuse histoire ou l’abandonner à la rouille ?
Réputé pour être le terrain de jeu des « riches et célèbres », ce palais flottant d’après-guerre vit son pont foulé par tout le gotha de l’époque : Elisabeth Taylor, Sophia Loren, Winston Churchill, J.F. Kennedy, Fidel Castro, Richard Burton, Nikita Krushchev…Un Who’s Who qui en dit long sur la volonté d’indépendance politique vis-à-vis de l'URSS, du président de l’ex-Yougoslavie. En effet, bien que fidèle au socialisme, Tito fut obligé de s’ouvrir au bloc occidental pour contourner le blocus économique imposé par Staline.
Aujourd’hui échoué en Croatie, dans un chantier naval près du port de Rijeka, le Galeb se délabre lentement en attendant l’issue de son destin. Enorme carcasse de rouille flottante, l’un des plus grands navires privés au monde est devenu le symbole de l’effondrement de l’expérience politique Yougoslave. Poussiéreuses ou endommagées, les traces de son apogée témoignent néanmoins de sa grandeur initiale : carlingues élégantes, salles de dîner somptueuses, meubles de créateurs...
Un « luxe, calme et volupté » qui cache l’histoire atypique de ce yacht : bateau marchand italien à l'origine, réquisitionné par les Allemands pendant la deuxième Guerre Mondiale et bombardé par les Britanniques, il fut mis au repos forcé pendant un certain temps avant d'être converti en yacht personnel de Tito. Sauvé de la destruction l’année dernière par son nouveau statut d’héritage officiel, Galeb pourrait être racheté par la Croatie afin d’être converti en musée. Mais, les autres états de l’ex-Yougoslavie revendiquent le partage de l’héritage de celui qui ouvrit la voie à l’idée d’un socialisme national.
Visite d’un yacht hanté par son histoire...