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Etalons: L'indiscipline pollue l'atmosphère !

Après le franc galop au 4 Août face à l'Ouganda, les Etalons se sont mêlés les pattes à Praia. Pourtant, beaucoup y croyaient. Notre onze national perd-il le nord dès qu'on commence à lui faire confiance, voire même à lui jeter des fleurs ?

Dans ces éliminatoires combinées mondial / CAN 2006, les Etalons ont alterné, jusqu'ici, bons et mauvais résultats. L'équipe fanion du Burkina a fini de convaincre qu'elle ne peut pas encore tutoyer, de façon constante le succès. Souvenez-vous que les Etalons, en 1996 sont partis à la Can sud-africaine sur une série de victoires éclatantes pour aller friser le ridicule à Bloemfontein. En 1998 chez nous, les Etalons ont réussi une chevauchée fantastique avant d'encaisser gentiment et honteusement, dans la petite finale la claque des Simba de la RD Congo.
A la CAN 2000, à Kano au Nigéria, puis à la CAN du voisin malien, les Etalons " majeurs " se sont fait inviter par la grande porte pour finalement recevoir la raclée dès leurs premiers matchs ! Plus près de nous, notre participation calamiteuse à la CAN tunisienne est là pour illustrer la triste réalité. Les Etalons avaient littéralement survolé leurs adversaires pour se retrouver à la table des grands du continent à Tunis.
D'entrée de compétition, les Etalons avaient en face d'eux les Lions de la Téranga qui avaient un grand appétit depuis leur exploit au mondial 2002. Personne ne vendait chère la peau des Etalons. Au terme des 90 mn de jeu, les nôtres ont fait plus que simplement se défendre. Ils ont tillé " les mondialistes " et surtout ils ont impressionné les spécialistes qui se voyaient obligés de changer de discours et de pronostic.

Après la gloire vient la chute
Les Burkinabè ont été renvoyés à leur école quand on commençait à croire en eux. Engagés cette année dans la conquête d'un ticket qualificatif pour une sixième CAN d'affilée avec comme premier adversaire le Ghana, la victoire des Etalons redonne un peu de goût au public qui avait encore des souvenirs frais de la déculottée du onze national en terre tunisienne. De la façon la plus inattendue, les Etalons empochent les trois points. Le match suivant, on croyait qu'ils allaient confirmer ! Mais non ! Une défaite encore. Mais celle-là était excusable. L'équipe du Burkina a été victime d'un hold-up à Kinshasa.

Une évolution en dents de scie

Les Etalons n'avaient pas leur destin en main en RD Congo mais la journée suivante, l'affrontement avec les Bafana -Bafana en Afrique du Sud était loyal. Le Burkina a été battu (0-2). Là aussi, il n'y a pas trop à rougir. L'Afrique du Sud qui a été admise dans le gotha du football mondial en 1990 seulement a déjà remporté la CAN et deux participations à un mondial. Et après la défaite contre les Bafana-Bafana, les Etalons vont faire la démonstration à Ouagadougou qu'ils ne sont pas aussi mauvais que ça. Par une soirée pluvieuse, sur une pelouse du Stade du 4 Août qui avait bu l'eau jusqu'à la lie, les Etalons ont sorti le grand jeu. Ils ont littéralement dominé leurs adversaires venus de l'Ouganda. La qualité de jeu des nôtres était si parfaite que le coach des Etalons, Ivica Todorov, n'a pas hésité à comparer son équipe au Real. Le public va y croire encore. Avant le match de Praia, l'entraîneur Ivica Todorov a même déclaré que même si les Etalons gagnaient au Cap-Vert, le Burkina pouvait espérer jouer pour la première place du groupe synonyme d'une place pour le mondial. C'était trop beau pour être vrai.
Le réveil a été cruel. Les Etalons sont passés à côté du sujet. A Praia, l'équipe était méconnaissable. Tels des amateurs, les Etalons offrent le but de la victoire en cadeau à l'adversaire. Tout va s'écrouler encore autour de l'équipe comme de coutume. C'est la déception de trop.
La défaite fait partie des éventualités d'un match. Il faut s'apprêter à l'accepter quand elle survient. Mais au regard de la courbe évolutive des Etalons, on ne peut pas ne pas se poser des questions. Il est clair que notre équipe pour un pas en avant semble marquer deux en arrière. Pourtant, tout semble dire aussi qu'il y a des indices de progrès du sport roi au Faso. Aujourd'hui, le Burkina dispose, comme il n'en a jamais été, d'une belle brochette de " pro ". D'énormes moyens sont débloqués au profit du ballon rond. L'époque où les primes de match ne se payaient pas régulièrement est bien un lointain souvenir. On peut même dire que les Etalons sont traités tels des enfants " pourris " vu les réalités du pays. La simple sélection en équipe nationale donne droit à 400 000 F CFA pour chaque joueur. En plus, chaque joueur reçoit 500 000 F CFA comme prime de victoire à l'issue d'un match de compétition. C'est dire qu'en un seul regroupement, un joueur peut s'en sortir avec un peu moins du million de nos francs. Si les Etalons ne confirment pas, ce n'est donc plus une question de motivation. Quoi alors ?

Les raisons des contre performances

Dans la plus part du temps, des problèmes extra- sportifs ont toujours été à l'origine des contre performances de notre équipe nationale. Les Etalons ont, le plus souvent, évolué dans un environnement malsain. Si ce ne sont pas les supporters, ce sont les dirigeants qui se font la guerre. En Afrique du Sud, à Kano, au Mali, la guerre des clans a participé pleinement à l'échec des Etalons. L'actuelle FBF, conduite par Seydou Diakité a hérité de cette situation. Elle se devait de maîtriser l'environnement des Etalons gage du succès. Elle s'y emploie mais non sans peine. La FBF se bute au dilemme de la gestion des staffs techniques. Faut-il donner plein pouvoir au coach sans ingérence aucune concernant la gestion de l'équipe ou faut-il de temps à autre lui donner un coup de main ? L'idéal voudrait que les dirigeants dirigent et que l'entraîneur entraîne.
Mais l'expérience a prouvé que les coachs ne rassurent pas forcément, laissés à eux-mêmes. L'actuelle fédération l'a beaucoup appris en Tunisie. L'entraîneur de l'époque, Jean Paul Rabier, qui a refusé toute assistance fédérale dans le dernier match du Burkina a sorti un classement bidon devant le Kenya. Conséquence, les Etalons ont pris 3 buts à 0. Fort de cette expérience, la FBF se croit obligée d'avoir un regard sur les choix du nouvel entraîneur Todorov. Cela a pourri l'ambiance de l'équipe. Le vice président de la FBF, le colonel Jean Baptiste Parcouda et le coach Ivica Todorov ne sont plus " ami ami " pour cette raison. Chacun d'eux a tort et raison à la fois. Le coach a raison de faire de la question technique son pré carré jalousement gardé. C'est son rôle et c'est parce qu'on a confiance en lui qu'on lui a confié ce travail. Toutefois, à observer certains choix de l'entraîneur, on comprend l'attitude de la FBF. Voilà un technicien qui, dès son premier match, a pris le risque de titulariser des novices dans la haute compétition comme Florent Rouamba et Abdramane Ouattara.
Ce fut un coup de maître. Les garçons lui ont donné raison. Mais Todorov, les matchs suivants, décide de se passer d'eux. Pourtant, ne dit-on pas qu'on ne change pas une équipe qui gagne ? Entre temps, le même Todorov prend un autre risque d'essayer Aziz Nikiema, un autre Etalon junior aux côtés des seniors dans le rôle de meneur de jeu. Aziz a lui aussi réussi son examen de passage. Tout à coup, l'équipe qui a longtemps manqué de meneur de jeu se retrouve avec deux joueurs à ce poste, Bebeto ayant fait son retour. A Praia, Todorov laisse les deux joueurs sur le banc de touche. Il transforme Wilfried Sanou en attaquant de soutien, lui qui est porté vers les buts. La chose la plus incroyable dans le coaching que Todorov a effectué dans ce match est ce remplacement de Moumouni Dagano par Abdramane Ouattara. C'était en deuxième partie du jeu. Les Etalons appuyaient constamment sur l'accélérateur pour revenir au score. La pression était sur l'adversaire. Dagano blessé demande le remplacement. On s'attendait à ce que Todorov fasse rentrer un attaquant pour remplacer un attaquant. Mais à la grande surprise de tous, c'est un défenseur de métier, le latéral gauche Abdramane Ouattara qui fera son entrée. Pour quelle raison ? Y avait-il un acquis à conserver ? On ne s'explique pas ce changement. Il est difficile, quand on est dans sa peau de dirigeant, de laisser faire des choses pareilles.

L'indiscipline
des Etalons

Le vedettariat, voilà un des maux qui minent la sélection du Burkina. La gestion des joueurs évoluant en Europe devient de plus en plus difficile.
Les joueurs gagnent dans leur club respectif nettement plus que ce qu'on leur propose en sélection nationale. Pour le commun du Burkina, la prime de victoire de 500 000 F CFA est chère payée. Mais ce n'est pas grand-chose comparé au gain des joueurs en Europe. On comprend donc l'arrogance chez certains. Nécessairement, il faut cultiver le sens du patriotisme et la discipline au sein de l'équipe nationale. Si Amadou Touré a pu protester publiquement contre son remplacement à Praia, c'est bien par manque de discipline. La question est délicate. On a souvent peur de trop tirer sur la corde de discipline pour ne pas révolter à la fin les stars. On essaie de faire avec leurs caprices. Mais il y a un minimum. Il est temps d'y penser.

J.J Traoré


 

 

© L'Evénement - Déc. 2001
Concept. & Réalisation: A. Diallo
Date de mise en ligne: 25 octobre 2004