Antoine-François MOMORO (1756-1794)
[33 ans en 1789]




Besançon 1756, Paris 1794

Né à Besançon, il y acquit une formation de graveur et d’imprimeur, mais il monta bientôt à Paris où il acquit rapidement une bonne réputation comma graveur de lettres. Il était, à la veille de la Révolution, un des meilleurs imprimeurs de Paris, et son Traité élémentaire de l’imprimerie, paru en 1787, devint rapidement un classique. Il se piquait également de littérature, et on conserve de lui une Histoire curieuse et amusante d’un nouveau voyage dans la Lune, fait par un aéromane, de 1784, écho spirituel de l’aventure des premiers ballons.

La Révolution le vit se lancer dans la politique : dès juillet 89, il imprima La France Libre de Desmoulins, et bientôt il fut membre de la Société des droits de l’homme, futurs Cordeliers. Il en fut le secrétaire et publia, avec son accord, en association avec Sentier, le Journal du Club des Cordeliers, qui demeure une des principales sources sur les débats du club entre le 28 juin et le début août 91, et sur le massacre du Champ de Mars et ses conséquences[1].  Il fut arrêté le 9 août, suite à l’affaire de la pétition, et ne fut relâché que le 15 septembre, grâce à l’amnistie générale votée par la Constituante. Il reprit son activité d’imprimeur sous le nom, qu’il s’attribua lui-même, de premier imprimeur de la Liberté.  Après le 10 août, il fut élu par la section de Marseille au Directoire du département de Paris ; commissaire du pouvoir exécutif, il se rendit ensuite dans le Calvados et l’Eure pour y accélérer le recrutement des volontaires. De retour à Paris, il présida la section du Théâtre français, ce qui lui valut quelques ennuis, dont une comparution à la barre de la Convention, lorsque cette section fit preuve d’indépendance en prétendant élire le maire de Paris au scrutin nominal, alors que l’Assemblée avait décrété le recours au scrutin fermé. Il n’eut pas trop de peine à se justifier. En décembre , lors du renouvellement de l’administration de la ville, il fut de nouveau élu au Directoire, malgré une dénonciation qui l’accusait d’être « indigne d’avoir la confiance du peuple[2] ». Très lié avec Ronsin, il fut envoyé en Vendée, en mai 93, et le seconda avec zèle dans ses diverses activités. Il était avec lui à Saumur, dans le conseil de guerre qui déclara la ville en état de siège, et appuya sa demande de transférer en Vendée la garnison de Mayence. Quand Rossignol fut destitué et arrêté par Bourdon et Goupilleau, il le défendit âprement, contribuant à sa réintégration rapide. De retour à Paris, il composa un long rapport sur la situation en Vendée où il tentait de justifier l’échec de la politique de Ronsin, qu’il avait soutenue. Il prit une part active à la déchristianisation, et contraignit sa jeune femme à jouer le rôle de la déesse Raison lors de la grande fête parisienne. Madame Momoro, dit-on, pleura beaucoup pendant la cérémonie et s’évanouit sur l’autel lors de la célébration à Notre-Dame.

Lors de la crise de ventôse, il tenta de jouer le rôle de conciliateur entre Cordeliers et Jacobins, sans grand succès. Il défendit les Cordeliers sur l’affaire de la Déclaration des Droits voilée, et son rôle dans les événements de la période n’est pas très clair. S’associa-t-il ou non au mouvement favorable à une insurrection ? Ce n’est pas certain, bien qu’il semble l’avoir appuyé dans la section de Marat, qu’il présidait à l’époque. Il fut arrêté le 23 ventôse, et jugé et condamné avec les hébertistes.


[1] Dix numéros du Journal furent imprimés, qui couvrent les séances du Club du 28 juin au 4 août. Le numéro X est incomplet, mais on possède également, conservés dans les papiers de Momoro, les parties manquantes de ce numéro ainsi que quatre numéros supplémentaires, sous forme de manuscrits de la main de Momoro.  Ces dernières pièces concernent les événements du Champ de Mars.
[2] Rapportée par Charavay, Assemblée électorale de Paris, 1905, tome III, p. 247.



Notice écrite par Claudine Cavalier
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