publié le 06/01/2009 16:19 - mis à jour le 07/01/2009 14:42
Gauche contre droite
Pierre Mendès france, 3 décembre 1955
En Une du numéro, Pierre Mendès France inaugure son éditorial hebdomadaire... et sa campagne à la tête du Front républicain, dont L'Express sera l'organe, pour les élections législatives :
« Avec ce nouveau coup du 2 décembre [dissolution de l'Assemblée nationale], les voeux des immobilistes et des réactionnaires sont comblés. Ils ont l'apparentement [système électoral controversé] et les élections à la sauvette [...],le vote se mêlant aux gestes rituels du Nouvel An et les bulletins aux cartes de voeux. [...] La bataille électorale ouvre maintenant une option claire. D'un côté, les coupables, cramponnés à leurs places et à leurs privilèges, protégés par leurs lobbies. En un mot, la droite. De l'autre, la gauche, c'est-à-dire toutes les jeunes forces patriotes du pays [...], tous ceux qui sont pour l'action et pour le redressement de la France. »
Les étudiants arrêtés
JJSS, 16 juin 1960
1960
Dans le même temps, le gouvernement gaulliste accuse L'Express d'inciter les jeunes à l'insoumission et nombre d'intellectuels lui reprochent son manque de soutien aux membres du réseau Jeanson - les « porteurs de valises » du FLN. Dans son éditorial, JJSS leur répond :
« Dans la mesure où le jugement de L'Express peut contribuer à orienter les jeunes gens, il faut qu'ils sachent, sans aucune équivoque, que notre position fondamentale n'a pas varié : il est inefficace, il est politiquement aberrant, il est inadmissible d'aider le FLN comme le propose M. Jeanson. [...] Faut-il accabler Macaux, Brossard, Ribes, Porchez [membres du réseau inculpés] ? [...] Ils ont été désintéressés et courageux ; même s'ils sont condamnables politiquement pour leur action, ils sont hautement respectables pour leurs mobiles. Les vrais responsables sont d'abord les hommes au pouvoir qui, par leur incapacité et leur lâcheté, laissent traîner cette horrible guerre. Les responsables sont ensuite ceux des maîtres à penser de la gauche qui incitent leurs disciples à s'engager dans la voie de la désertion ou de l'aide au FLN. »
Vive l'espoir
JJSS, 27 avril 1961
1961
Après l'échec du putsch des généraux, à Alger, JJSS tient - sans doute pour la première et la dernière fois - des propos élogieux sur le général de Gaulle, qu'il relativise aussitôt.
« On ne fera plus croire à la masse des Français qu'il suffit de s'en remettre à un homme et de lui déléguer la gestion des affaires. Le réveil a été brutal - et salutaire. Ceux qui ont été portés au pouvoir par le coup d'Etat militaire du 13 mai 1958 ont dû, pour la première fois, dans l'angoisse imprévue du dimanche 23 avril 1961, rompre publiquement avec leurs anciens associés et faire appel au peuple. [...] Une chance vient de naître pour la France. »
JJSS et L'Express
Françoise Giroud, 28 septembre 1970
Après les deux candidatures législatives de JJSS, à Nancy, puis à Bordeaux, Françoise Giroud explique les rapports entre le journal et son fondateur :« Quand les choses vont sans dire, il arrive qu'elles aillent mieux en les disant. [...] Le jour où il s'est engagé dans l'action politique directe en acceptant le secrétariat général du Parti radical, JJSS a décidé, de son plein gré, de résigner toutes ses fonctions à l'intérieur de ce journal. [...] Il s'est réservé le droit d'écrire dans L'Express. On ne saurait dire qu'il en ait abusé.
Cela signifie quoi ? J.-J. Servan-Schreiber n'est pas un saint homme. Ni un sot. Il n'a pas travaillé pendant dix-sept ans à construire [...] un journal puissant pour le remettre entre les mains d'ennemis politiques ou personnels. Ou pour le confier à des incapables. »
Pour son numéro 3001, L'Express revient sur son histoire - l'odyssée des fondateurs. Une histoire qui se poursuit sur Internet et s'enrichira peut-être, demain, de l'apport de la blogosphère. Pour célébrer à sa manière ce moment exceptionnel, LEXPRESS.fr a demandé à des blogueurs de tous les horizons de participer pendant trois jours, les 7, 8 et 9 janvier, à sa fabrication. Une odyssée de l'info à l'heure du numérique.