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Peintures : Peinture française

Eugène DELACROIX (Charenton-Saint-Maurice, 1798 - Paris, 1863)
Le 28 Juillet : La Liberté guidant le peuple
Salon de 1831
© R.M.N./H. Lewandowski
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Détails
Cartel
Eugène DELACROIX (Charenton-Saint-Maurice, 1798 - Paris, 1863)
Le 28 Juillet : La Liberté guidant le peuple
Le 28 juillet 1830, La Barricade, La Liberté
Salon de 1831
Huile sur toile
H. : 2,60 m. ; L. : 3,25 m.
Acquis au Salon de 1831. Transféré du Musée du Luxembourg au Louvre, 1874
R.F. 129
Peintures
S.D. mi-h.d. : Eug.Delacroix 1830
Plan interactif
Auteur(s)
Malika Bouabdellah Dorbani
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Le 28 Juillet : La Liberté guidant le peuple

L'insurrection populaire du 27, 28 et 29 juillet 1830 à Paris, ou Les Trois Glorieuses, suscitée par les républicains libéraux contre la violation de la Constitution par le gouvernement de la seconde Restauration, renverse Charles X, dernier roi bourbon de France et met à sa place Louis Philippe, duc d'Orléans.Témoin de l'évènement, Delacroix, y trouve un sujet moderne qu'il traduit méthodiquement en peinture mais avec la même ferveur romantique que pour la Guerre d'Indépendance grecque.
Notice

Un acte patriotique


Tout, que ce soit dans la nature, dans une croisée d'ogive gothique, dans un félin, dans un voyage, dans une passion humaine, ou dans un événement qui change le cours de l'histoire et inverse les rapports de force artistiques, exalte l'imagination de Delacroix et le plonge dans une émotion profonde qui s'exprime aussitôt dans la peinture d'une manière personnelle et chaque fois renouvelée. L'ampleur qu'il donne à la colère de la rue qui vient d'exploser à Paris est encore en grande partie due à ce tempérament.
Son amitié avec les protagonistes du conflit comme Adolphe Thiers qui hésitent encore entre maintien de la Monarchie constitutionnelle et rétablissement de la République, ne l'y aurait pas non plus laissé indifférent. Sa dépendance des commandes institutionnelles et des membres de la famille royale, et son ambiguïté personnelle l'auraient confiné dans le rôle de simple promeneur, comme dit  Alexandre Dumas, mais l'artiste citoyen qu'il est, contribue à protéger des combats de rue les collections du Louvre, et le nostalgique de l'Empire napoléonien vibre à la vue du drapeau tricolore hissé par les insurgés au sommet de Notre-Dame de Paris.
Le moment venu d'accomplir à son tour son devoir envers la Patrie, il écrit à Charles Verninac son neveu : " Trois jours au  milieu de la mitraille et les coups de fusil ; car on se battait partout. Le simple promeneur comme moi avait la chance d'attraper une balle ni plus ni moins que les héros improvisés qui marchaient à l'ennemi avec des morceaux de fer, emmanchés dans des manches à balai ".
En septembre l'artiste entreprend de retracer de manière allégorique l'épopée parisienne et exécutée d'octobre à décembre, elle est exposée au Salon en mai 1831.
En mûrissant, comme à son habitude, son projet pictural à l'aide d'études préalables à chaque élément et étape, et du répertoire de motifs élaboré par lui au quotidien depuis le début de sa carrière, il réussit à le mettre au point en trois mois, l'essentiel étant la force d'expression plastique et épique qu'il fait ressortir en choisissant de peindre la foule franchissant les barricades et  son assaut final dans le camp adverse.
L'élan porté à son paroxysme par la victoire s'inscrit dans un plan pyramidal dont la base jonchée de cadavres est comme un piédestal sur lequel s'élève l'image des vainqueurs. Ce procédé de composition rigoureux, utilisé par Géricault dans Les Naufragés de la Méduse ou par lui-même dans La Grèce sur les ruines de Missolonghi contient et équilibre la touche emportée du peintre et le rythme impétueux de la scène.



Une Révolution parisienne


Incarnée par une fille du peuple coiffée du bonnet phrygien, les mèches flottant sur la nuque, vivante, fougueuse, révoltée et victorieuse, l'allégorie de la Liberté évoque la Révolution de 1789, les sans-culottes et la souveraineté du peuple. Le drapeau, bleu, blanc, rouge, symbole de lutte, mêlé à son bras droit, se déploie en ondulant vers l'arrière du plus sombre au plus lumineux, comme une flamme.  
Serré par une double ceinture aux bouts flottant sur le côté, l'habit jaune qu'elle porte rappelle les drapés antiques. En glissant au-dessous des seins, il laisse voir la pilosité de son aisselle que les classiques ont trouvée plutôt vulgaire, la peau d'une déesse devant être lisse. La nudité relevant du réalisme érotique l'associe effectivement aux victoires ailées. Son profil grec, son nez droit, sa bouche généreuse, son menton délicat et son regard de braise rappelle le modèle qui a posé pour Les femmes d'Alger dans leur appartement. Exceptionnelle parmi les hommes, déterminée et noble, le corps profilé et éclairé à droite, la tête tournée vers eux, elle les stimule vers la victoire finale. Son flanc droit sombre se détache sur un panache de fumée. Appuyée sur le pied gauche nu, dépassant de la robe, le feu de l'action la transfigure. L'allégorie participe à un réel combat. Le  fusil à baïonnette d'infanterie, modèle 1816, à la main gauche, la rend vraisemblable, actuelle et moderne.   
Deux gamins de Paris, engagés spontanément dans la bataille  sont, l'un à gauche, agrippé aux  pavés, les yeux dilatés sous le bonnet de police des voltigeurs de la garde; l'autre, le plus célèbre, à droite devant La Liberté, est le symbole de la jeunesse révoltée par l'injustice et du sacrifice pour les causes nobles. C'est Gavroche, avec béret de velours noir des étudiants, ou  faluche, signe de leur révolte. Avançant de face, la giberne, trop grande, en bandoulière, les pistolets de cavalerie aux mains, le pied droit en avant, le bras levé, le cri de guerre à la bouche, il exhorte au combat les insurgés. 
Le combattant portant un béret avec cocarde blanche des monarchistes et noeud de ruban rouge des libéraux ainsi qu'une banderolle porte-sabre et sabre des compagnies d'élite d'infanterie modèle 1816  ou  briquet est un ouvrier manufacturier reconnaissable à ses tablier et pantalons à pont. Le foulard qui retient son pistolet sur le ventre, évoque le Mouchoir de Cholet , signe de ralliement de Charette et des vendéens.
L'homme à genoux au chapeau haut de forme de bourgeois ou de citadin à la mode, peut-être Delacroix ou un de ses amis, porte des pantalons larges et une ceinture de flanelle rouge d'artisan; l'arme, un tromblon à deux canons parallèles, est un fusil de chasse. Celui qui saigne sur le pavé et se redresse à la vue de la Liberté, porte noué sur la tête un foulard jaune comme la robe de l'héroïne; avec sa  blouse et sa ceinture de flanelle rouge de paysan, il rappelle les employés temporaires à Paris. Le gilet bleu, l'écharpe rouge et sa chemise répondent aux couleurs du drapeau.


Un sujet moderne


" J'ai entrepris un sujet moderne, une barricade, et si je n'ai pas vaincu pour la patrie, au moins peindrai-je pour elle. Cela m'a remis de belle humeur" ( lettre du 28 octobre à son frère). Les soldats, allongés au sol, occupent le premier plan à la base de la structure pyramidale. A gauche, le cadavre dépouillé de son pantalon, les bras étendus et la tunique retroussée, est, avec la Liberté, la deuxième figure mythique dérivée d'une académie d'atelier faite d'après l'antique et appelée Hector, héros d'Homère devenu réel. A droite, le suisse couché sur le dos est en tenue de campagne contemporaine consistant en une capote gris-bleu, une décoration rouge au collet, des guêtres blanches, des chaussures basses et un shako. A côté de lui gît à mi-corps et face contre terre un cuirassier à l'épaulette blanche.    
A gauche, au fond du triangle, se trouvent les étudiants dont le polytechnicien au bicorne bonapartiste et un détachement de grenadiers en capote grise et tenue de campagne.
Malgré la barricade intercalée entre le premier plan et l'arrière plan droit du tableau où se trouvent les éléments de paysage urbains, celui-ci semble vide et lointain par rapport à la bataille rangée qui sature la moitié latérale. Comme chez Victor Hugo, les tours de Notre Dame font référence à la liberté et au Romantisme et situent l'action à Paris. Leur orientation sur la rive gauche de la Seine est inexacte et les maisons entre la Cathédrale et la Seine relèvent de l'imaginaire.  
La lumière du soleil couchant qui se mêle à la fumée des canons et qui révèle le mouvement baroque des corps, éclate au fond à droite et sert d'aura à la liberté, au gamin et au drapeau.  
Comme on l'a vu plus haut, la couleur, véritable prouesse du peintre, unifie le tableau ; les bleu, blanc, rouge ont des contrepoints ; le blanc des bandoulières parallèles de buffleterie répond à celui des guêtres et de la chemise du cadavre de gauche tandis que la tonalité grise exalte le rouge de l'étendard.
Delacroix était apprécié de Charles X qui lui a acheté Les massacres de Scio et La mort de Charles le téméraire. Il était ami avec la duchesse de Berry et les Orléans. Il aimait attirer l'attention de l'autorité et frapper l'opinion mais considéré alors comme chef de file du mouvement romantique, il était passionné de liberté. Son émotion au cours des Trois Glorieuses est sincèrement ressentie et exprimée à la gloire du peuple citoyen " noble, beau, et grand" .
Historique et politique, son oeuvre témoigne, en combinant documents et symboles, actualité et fiction, réalité et allégorie, du dernier sursaut de l'ancien régime.
Symbole de la Liberté et la révolution picturale, réaliste et innovatrice, elle fut rejetée par la critique habituée à voir célébrer le réel par des concepts plus classiques. Le régime de Louis-Philippe dont elle saluait l'avènement, l'ayant cachée au public, elle n'entre qu'en 1863 au musée du Luxembourg et en 1874 au Louvre. Image de l'enthousiasme romantique et révolutionnaire, continuant la peinture historique du XVIIIème siècle et devançant Guernica de Picasso, elle est devenue universelle.



Documentation

- SERULLAZ A., POMAREDE V.,  La Liberté guidant le peuple, Louvre, Paris, 2004.

- Delacroix Eugène : Journal 1822 - 1863, André Joubin  éd, Paris, 1996.

- SERULLAZ Maurice, Delacroix, Paris, 1989.

- HADJINICILAOU Nicos, Actes de la Recherche en sciences sociales, n°28, juin 1979, p. 2-26.

- TOUSSAINT Hélène, catalogue exposition dossier, Musée du Louvre, Paris, 1982.


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