Retour au sommaire

Les auteurs


 

Chez P.O.L


Chez d'autres éditeurs


  • Décimale blanche, Mercure de France, 1967 & 1976

  • Fut bâti, Gallimard, 1973

  • Le jeu des séries scéniques, Textes/Flammarion, 1975

  • 1, 2, de la série non aperçue, Textes/Flammarion, 1975

  • L’absolu reptilien, Orange Export Ltd., 1975

  • N, M, U, Orange Export Ltd., 1975/Maeght éditeur, 1975

  • Le cri-cerveau, Gallimard, 1977

  • Imaginary Who pour B.N. et 12 postes de radio, Givre éditeur, 1977

  • Tapiès, répliquer, Maeght éditeur, 1981

  • Un transitif, Spectres familiers, 1984

  • Un clavier de timbres, Avec/Royaumont, 1985

  • Si la neige devenait plus blanche..., avec Jean-Michel Alberola, Avec/Royaumont, 1987

  • Propositions d’été induites par des énoncés d’hiver, Fourbis, 1989

  • Exercices, avec un labyrinthe de Pablo Palazuelo, aux éditions Camomille, Bruxelles-Berlin, 1998


Traductions

  • Strette et autres poèmes de Paul Celan, Mercure de France, 1971 & 1991

  • La Fin, poèmes de Robert Creeley, Gallimard, 1997

  • L’Espace d’un jeu, poèmes de Johannes Poethen en édition bilingue, suivis de deux lettres inédites de Paul Celan, Verlag Ulrich Keicher, Stuttgart, 1998

  • L’Exact réel, entretiens avec Anne-Marie Albiach entre juin 1978 et janvier 2003, Eric Pesty éditeur, 2006

  • Le Grand Incendie de l’homme, Seuil, 2007


 
Lire également les deux études de Francis Cohen consacrées à La Condition d’infini, publiées dans Le Cahier du refuge n°63 (Centre International de Poésie, Marseille)


Jean Daive

Écrivain français, né le 13 mai 1941 à Bonsecours, bourg frontalier du Nord, marqué par une double présence : celle d’une vaste forêt de hêtres et de fougères et celle des charbonnages du bassin minier d’Anzin. Paysage qui reviendra anobli et sublimé dans le roman La Condition d’infini (quatre volumes aux éditions P.O.L) avec la description obsédante des collines boisées et des jardins du Wienerwald dont la géométrie presque mozartienne n’est pas sans lui rappeler la partition négative que suscite la vision des prairies, des mines, des terrils, des cressonnières, des nuages et de l’air remplis de poussières de charbon (image négative du monde).

Enfance fiévreuse. Crise de langage. Autisme. Implosion des mots. Découvre la musique, la peinture, le poème. A l’âge de sept ans il veut lire tous les livres. Ce qu’il fait à genoux devant le radiateur rose de sa chambre : Artaud, Bataille, Michaux, Kafka, Joyce, Gertrude Stein, Faulkner, Céline, Jouve, Cendrars, Rimbaud, Baudelaire. Il aime les dictionnaires où il trouve - en même temps - une réalité et une utopie. Ce qu’il veut à n’importe quel prix : parler ou plus exactement ouvrir la bouche. Énoncer.

Expérience du balbutiement. Épreuve du oui et du non, les seuls mots qu’il murmure. Les deux seules réponses qu’il peut opposer à l’univers. Enfant du placard, expérience de l’écoute hallucinée. Expérience du moindre bruit, de la moindre syllabe identifiable. Grande peur qu’il ne parvient pas encore à géométriser pour réduire, disperser la présence d’une catastrophe qui l’habite. Un grand silence recouvre tout.

Paris et la certitude de l’ouverture. Un livre vient à lui : Extraits du corps de Bernard Noël qu’il trouve fulgurant et où il se reconnaît (1958). Il lit un poème de Paul Celan qu’une amie lui envoie sur une carte postale : Sprachgitter (Grille, la parole) où il se reconnaît (1959). Il découvre Vienne et les acteurs (Freud, Musil, Wittgenstein, Loos, Otto Wagner) de l’Empire austro-hongrois (1960). Tente de mettre ensemble quelques mots. Décimale blanche long poème publié dans l’Ephémère n°2 (1967), puis au Mercure de France (1967). La parole semble retrouvée, fragile, toujours au bord de la disparition. Premiers livres. Monde à quatre verbes (Fata Morgana, 1970), Fut bâti, (Gallimard, 1973). Création d’une première revue aux éditions Brunidor : fragment (1970-1973), qui compte trois cahiers et publie entre autres Alain Veinstein, Bernard Noël, Roger Giroux, Paul Celan, Hubert Lucot, Gherasim Luca, Anne-Marie Albiach.
1970. Mort de Paul Celan. New York et l’idée de la construction hélicoïdale d’un roman La Condition d’infini. Découvre les poèmes de l’écrivain américain Robert Creeley que les éditions Gallimard lui demandent de traduire. En 1971, le Mercure de France publie ses traductions des poèmes de Paul Celan : Strette qui seront reprises et augmentées en 1990 sous le titre de Strette et autres poèmes. L’expérience de la traduction aux côtés de Paul Celan lui sert pour aborder la traduction des poèmes à la fois simples, elliptiques ou abstraits de Robert Creeley dont il voit très vite - dès 1970 - la proximité avec le monde de Paul Celan : les traductions d’un choix de poèmes paraissent 27 ans plus tard sous le titre de La Fin (Gallimard, 1997). Livres aux éditions du Collet du buffle et Orange Export Ltd., entre autres : 1 7 10 16, n, m, u, l’Absolu reptilien. Il publie aux éditions Gallimard des poèmes écrits en mai 68 et déjà publiés dans un cahier de l’Ephémère par les soins de Louis-René des Forêts et André du Bouchet : Le Cri-cerveau. Entre temps il rencontre Paul Otchakovsky-Laurens alors directeur de la collection « Textes » chez Flammarion qui publie deux de ses livres en 1975 : Le Jeu des séries scéniques et 1, 2, de la série non aperçue.

1982-1990. Publication aux éditions P.O.L d’un long poème en quatre volumes : Narration d’équilibre qui est le tracé du roman qu’il est en train d’écrire : La Condition d’infini (éditions P.O.L, 1996-1997).

1989-1992. Vingt ans après l’expérience de fragment, crée aux éditions Fourbis une deuxième revue fig. dont les 7 numéros publient : Claude Royet-Journoud, Danielle Collobert, Robert Creeley, Panamarenko, Mario Merz, Roger Laporte, Emmanuel Hocquard, Jean-Michel Alberola, Toni Negri, Paul Celan, Gérard Garouste, Anne-Marie Albiach, Marcel Broodthaers.

En 1997, il confie aux éditions P.O.L le manuscrit de la Trilogie du temps où l’amour est abordé de trois manières différentes : suicidaire, guerrière, passionnelle, sous le signe des axes de le terre. La Trilogie du temps a la structure d’un triptyque avec son panneau central et ses deux volets mobiles susceptibles de se rabattre, donc de cacher la grande image principale.

La vie matérielle et professionnelle l’a incroyablement aidé dans son effort de retrouver la parole.

1958-1975 : il collabore en tant que rédacteur puis en tant que rédacteur en chef adjoint au travail d’encyclopédiste dans le cadre de la SEDE (Société d’éditions de dictionnaires et d’encyclopédies, Gallimard, Laffont, Bompiani). En 1975 il entre à France Culture où lui est révélée la matière vivante quasi fusionnelle de la parole (Grands Entretiens avec entre autres Julien Gracq, Borgès, Jean-Luc Godard, Jean-Marie Straub, Toni Negri, Francis Ponge, Christian Boltanski, Marguerite Duras, Raymond Hains, Wim Wenders, Roman Polanski, Hugo Pratt, James Baldwin, John Ashbery, Eugène Leroy, Robert Rauschenberg, - création des Nuits Magnétiques aux côtés d’Alain Veinstein - production d’émissions spéciales de longue durée : Un rêve américain, 12 heures ininterrompues consacrées à la poésie et à la peinture américaines, Franz Kafka, William Faulkner-Mississipi, Dylan Thomas. En 1997 la direction de France Culture lui confie un magazine hebdomadaire des arts visuels : Peinture fraîche diffusé chaque mercredi de 9 à 10 heures.

10 ans après l’expérience de fig., il crée en 1999 la revue Fin, sa troisième revue avec l’aide de la galerie Pierre Brullé (25 rue de Tournon, Paris 6e) : 25 numéros se suivent où il montre tous les états lisibles et visibles d’une page issue de l’écriture, du signe, du dessin ou encore de la photographie.


Sa mère meurt en 2006, l’année où cesse Fin. La même semaine il apprend que sa mère le déshérite et que son éditeur POL déprogramme Le grand incendie de l’homme pour ne plus le publier. Deux amis écrivains lui expliquent généreusement qu’une mère en a le droit, qu’elle peut l’écrire et qu’un éditeur en a le droit, qu’il peut le faire. Il écoute. Il observe simplement qu’il n’y a aucune différence entre être un fils et être un auteur car les chances de violence, de rejet ou d’exclusion sont identiques. Laure Adler prend le manuscrit et le publie aux éditions du Seuil : Le grand incendie de l’homme paraît en mai 2007 en même temps que la réédition par Yves di Manno de ses deux premiers livres publiés en 1975 dans la collection « Textes » créée par POL justement.


Entre temps il accepte d’être le président du cipM (centre international de poésie Marseille) où il propose conférences (Ingeborg Bachmann), débats (Pierre Reverdy, pour dénoncer ses œuvres complètes épuisées chez Flammarion, expositions (Lars Fredrikson), soirées (Guy Debord avec projection de ses films), présentations (Roger Giroux dont il fait éditer au Théâtre typographique : Poème.


Eric Pesty éditeur réunit les cinq entretiens qu’Anne-Marie Albiach lui a accordés entre juin 1978 et janvier 2003, Anne-Marie Albiach : L’exact réel (2006). La préface que lui demande l’éditeur : Le poème pourquoi en sait-il plus que les mortels ? n’est pas autre chose qu’un véritable manifeste.

En janvier 2009, il publie chez Flammarion une enquête à propos de "L'inconnue de la cabane" sous la forme d'un poème narratif: Une femme de quelques vies, livre très chaleureusement accueilli par la Quinzaine littéraire et accompagné de la publication d'un essai saisissant de Werner Hamacher, philosophe allemand, ami de Jacques Derrida et traducteur de Jacques Lacan:Anataxe. Virgule. Balance. Le texte paraît dans une traduction de Michèle Cohen-Halimi chez Eric Pesty éditeur.

La direction de France Culture au bout de treize ans met un terme à l'émission Peinture fraîche en juillet 2009.
Il quitte France Culture, convaincu qu'il s'agit selon lui de "résister ailleurs plutôt que de survivre ici".