Le Belge de 2010 qui n’aime pas la Belgique

BERTI,CHRISTOPHE; MOUTON,OLIVIER; DU BRULLE,CHRISTIAN; DUBUISSON,MARTINE; LABAKI,MAROUN; GUTIERREZ,RICARDO; HUON,JULIE; FIORILLI,THIERRY; DEMONTY,BERNARD; VANOVERBEKE,DIRK; DE BOECK,PHILIPPE; COLJON,THIERRY

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Vendredi 31 décembre 2010

Le Belge de 2010 qui n’aime pas la Belgique

Seize « leaders d’opinion », huit femmes et huit hommes, plus les représentants de six services de la

Seize « leaders d’opinion », huit femmes et huit hommes, plus les représentants de six services de la rédaction du Soir : tel est le jury qui a élu notre Belge de l’année. La question était claire : « Quelle personnalité belge a le plus marqué par son action l’actualité en 2010 ? » Ces 22 votants ont désigné et motivé leur top 10, parmi 70 noms proposés par la rédaction. Leurs résultats ont été pondérés à la façon des grands prix de F1 : 25 points pour le premier, 18 pour le deuxième, 15 pour le troisième, 12 pour le quatrième, 10 pour le cinquième, 8 pour le sixième, 6 pour le septième, 4 pour le huitième, 2 pour le neuvième et pour le dixième. Voilà pour l’ingénierie.

And the winner is… « Bart De Wever, forcément ! », s’exclame un membre du jury en pointant le président de la N-VA à la première place. Oui, De Wever, forcément… Grand triomphateur des élections législatives, omniprésent dans les médias, tour à tour manipulateur ou Calimero : le patron des nationalistes flamands a incontestablement défini l’agenda politique de l’année. Il a fait la pluie de 2010, rarement le beau temps. Il a mis tout son poids politique dans la balance pour réformer un Etat dont il espère, au fond, « l’évaporation ». Et il termine loin devant l’autre vainqueur de juin, Elio Di Rupo.

Ce n’est pas le moindre des paradoxes : notre Belge de 2010 n’aime pas la Belgique. Les membres du jury ne s’y trompent pas, qui ont rechigné à citer le patron de la N-VA dans leur top 10. Autre paradoxe : si De Wever est nº1, il le doit avant tout… au vote des membres de la rédaction du Soir, qu’il ne cesse de vilipender par ailleurs.

Autre enseignement de ce classement : voir la population belge en deuxième position – pour sa résistance face à la crise économique, pour son stoïcisme face au blocage institutionnel. Albert II est cinquième et plébiscité par nos internautes. D’autres noms, qui font rayonner la Belgique dans le monde, arrivent haut dans le classement : Kim Clijsters (4e), Stromae (5e), le chercheur Cédric Blanpain (9e), Herman Van Rompuy (10e)… André Léonard, chef de l’Eglise belge – les deux ont souvent « fait » l’actualité de façon polémique, cette année – est septième.

Et la troisième place ? C’est « la » surprise de ce vote : Tanja Kiewitz, cette modèle qui a incarné, joliment et avec audace, la campagne de Cap 48 contre le handicap. Pour le jury « non Soir », c’est même elle, la Belge de l’année. Comme un besoin d’autre chose. Et c’est une bonne nouvelle.

P.28 à 33 les dix premiers du classement :

leur portrait, leur réaction, les motivations du jury

P.34 le reste du classement

la composition du jury

le vote du soir.be

1

Bart De Wever Couronné en français

Il a crevé en 2010 tous les plafonds de popularité. L’homme aux 785.000 voix jouit d’un capital de sympathie considérable au nord du pays. Le chef des nationalistes flamands écrase tous ses concurrents. Il est la pièce maîtresse de l’échiquier politique fédéral. Le roi des Flandres attire tous les feux de la rampe et s’assure de très loin la plus confortable couverture médiatique. Et on le sollicite avec d’autant plus d’insistance que ses citations font vendre et que ses réparties au picrate font exploser l’audimat. Auxipress a relevé que son nom a été mentionné à 19.841 reprises dans des articles ou des reportages en 2010. Sa visibilité a été multipliée par 2,5 en l’espace d’un an dans la presse écrite. Et elle a quintuplé dans les médias audiovisuels. Et sa popularité déborde largement des frontières linguistiques. Quand il s’aventure dans le sud comme, en novembre dernier, à l’invitation du Cercle de Wallonie, il fait un tabac à l’applaudimètre. L’homme qui incarne son parti, la N-VA, à lui tout seul mène la danse de la rue de la Loi et fait la pluie et le beau temps politiques du pays.

Un jury de 16 personnalités francophones réunies par Le Soir l’a élu personnalité belge de l’année. Une consécration pour celui que beaucoup de francophones considèrent comme l’empêcheur de compromis, le fossoyeur du pays et le délateur des Wallons, ces « junkies sous perfusion financière » de la Flandre.

Mais comment fait-il donc pour se forger une telle popularité ? Comment a-t-il, en quelques années, forcé l’incroyable exploit de juin dernier : transformer la N-VA, cet esquif encore promis au naufrage électoral en 2003, en vaisseau amiral des eaux politiques belges ? Il ne lui a fallu que quelques mois pour devenir la figure de proue de sa formation et supplanter le fondateur et unique élu de la N-VA, Geert Bourgeois, aussi charismatique qu’un cierge de sacristain.

« Je me sens plus attiré par Tijl Uilenspiegel, je suis plus jouette que Geert », souligne-t-il. Il a bien des traits de Till l’Espiègle, ce saltimbanque malicieux de la littérature populaire germanique. Mais cela n’explique pas son incroyable pouvoir d’attraction. L’homme est aussi diablement intelligent. Un fin stratège, un tribun redoutable, doté d’un sens inné de la formule qui tue l’adversaire. La phrase qui fait le buzz. Du genre de celle qu’il lâche contre Filip Dewinter, le chef de groupe de l’extrême droite au Parlement flamand : « Lui, quand il prend la parole dans l’hémicycle, c’est comme de la mauvaise baise : on ferme les yeux et on attend que ça passe. »

Il avait déjà conquis le cœur de bien des Flamands lors de ses prestations en 2009 au Slimste Mens, un quiz qui crève les records d’audience à la VRT, où il avait raté la consécration pour une malheureuse petite seconde. Lors de son parcours sans faute sur une question où il s’agissait d’identifier dix excréments d’animaux, il avait lâché : « Lorsqu’on reçoit, comme responsable politique, à longueur de journée, de la merde en pleine figure, on en connaît un bout sur la question. » De Wever ose tout. Et c’est bien pour cela qu’on l’aime, en Flandre. Il n’hésite pas à lâcher une expression graveleuse avant de décocher, dans la foulée une de ces locutions latines dont il est friand. Le 13 juin dernier, lors de son triomphe électoral au Claridge, à Bruxelles, il entame son allocution en rebaptisant les initiales de la N-VA en « Nihil volentibus arduum » (« A cœur vaillant, rien d’impossible »).

Quand sa note de clarificateur royal est rejetée en octobre par les francophones, il lâche sa citation « Fabula acta est », prononcée dans les théâtres romains à la fin de la représentation. De Wever est un passionné de culture latine, un admirateur inconditionnel de Jules César. Lors de son mariage, le 11 juillet 2009, jour de la fête de la Communauté flamande, il exige qu’une haie d’honneur de soldats romains salue le nouveau couple à la sortie de l’église.

Mais son biotope naturel, c’est la ligne de front. L’odeur de la poudre, l’envie de vitrioler verbalement le rival politique, le taux d’adrénaline qui monte en flèche devant une salle, de préférence hostile, il adore. « On dit que le problème de la Belgique, c’est moi. Mais, rassurez-vous, je ne suis pas le Milosevic du Nord », lâche-t-il devant les patrons wallons. Quelques minutes plus tôt, il avait salué les organisateurs de la conférence pour leur courage : « Comment avez-vous osé inviter celui qu’une certaine presse traite de Milosevic flamand ? »

En réalité, personne ne l’a jamais comparé à Milosevic, sinon De Wever lui-même dans un entretien au Soir et pour réfuter la comparaison. Un procédé dont il est coutumier : inventer des attaques contre lui ou la Flandre, pour mieux souder les rangs derrière lui. Fin stratège, il aime jouer sur les cordes sensibles de ses fidèles. Quitte à oser le registre de la fourberie, en adoptant la pose de Calimero, en jouant le rôle de victime de médias francophones qui le tyrannisent ou de formations francophones qui paralysent les négociations. Des négociations où il n’exige rien, sinon de déclencher le turbo de l’autonomie flamande. « Moi, Premier ministre ? Ça ne m’intéresse pas. Ce poste, c’est une cage dorée. Il suffit de dire qu’on veut l’occuper pour faire capoter les négociations. »

Et puis, comment le président d’un parti qui fiche en tête de ses objectifs la partition du pays pourrait-il rêver de diriger le gouvernement d’un Etat dont il ne veut plus ? C’est précisément cette attitude faussement détachée à l’égard des us et coutumes du landernau qui séduit aussi l’homme de la rue : son mépris affiché des portefeuilles, son jusqu’au-boutisme dans les négociations, sa volonté d’arracher le maximum des exigences nationalistes, quitte à claquer la porte des négociations, son allergie au protocole. Il se rend chez le Roi sans nœud pap ni cravate. Et le bon peuple flamand ne s’offusque pas. Au contraire. Il est des leurs, il leur ressemble, il adore les gaufres qu’il ingurgite sur le pouce entre deux réunions. Et préfère les « pintjes » aux grands crus français. Même s’il ne dédaigne pas les étoilés et ne décline pas l’invitation de Didier Reynders, lorsqu’il lui fixe rendez-vous chez Bruneau à Bruxelles, il préfère de loin les cornets du « t’Draakske », sa friterie de Deurne, où il vient d’emménager.

Au-delà de cette rondeur débonnaire, il surfe sur la vague jaune et noir qui déferle bien au-delà de la plaine de l’Yser et de son pèlerinage nationaliste de Dixmude. Bien sûr, toute la Flandre n’est pas gagnée par la fièvre nationaliste. Une large majorité de Flamands s’oppose à la scission du pays, mais souhaite en même temps une profonde réforme de l’Etat. Et les derniers sondages, s’ils font encore progresser les nationalistes au-delà des 30 %, démontrent que toute la Flandre ne chante pas le Vlaamse Leeuw à l’unisson. Il n’empêche : les exigences institutionnelles de la N-VA percolent dans toute la société flamande, inspirent le Voka, l’association des patrons flamands, gagnent de plus en plus d’intellectuels et radicalisent les « ultras » des mouvements flamands.

Vic Van Aelst, le célèbre avocat qui a défendu Els Clottemans, cette parachutiste condamnée à 30 ans de prison au terme du procès le plus médiatisé de l’année, est un des nombreux fans de De Wever. Ses propos tenus lors d’une récente émission de Reyers Laat à la VRT résument bien un certain état d’esprit de la Flandre de 2010 : « Le 13 juin, la victoire de la N-VA m’a procuré un moment de bonheur intense. La Belgique est un pays injuste qui a toujours privilégié les francophones. Si nécessaire, s’ils ne font pas preuve d’un minimum de raison, il faudra s’en séparer. J’ai vécu 34 ans à Bruxelles. Je sais comme on y traite les Flamands. Si nous sommes confrontés à la crise actuelle, c’est la faute des francophones : nous, Flamands, avons appris le français pendant 180 ans. Les francophones ont refusé d’apprendre le néerlandais. Comment peut-on me demander de faire preuve de solidarité avec ceux qui, pendant près de deux siècles, ont refusé de l’être avec moi et n’ont respecté ni ma langue ni ma culture ? De Wever doit négocier très durement. Et s’ils ne veulent pas réaliser de concessions, on ira aux urnes. En espérant que la N-VA de De Wever empoche encore 20 % de voix supplémentaires. »

Bart De Wever, l’icône d’une Flandre en quête de plus d’autonomie, n’a donc pas fini de faire parler de lui. L’An Neuf ne devrait pas le faire vaciller de la première marche du podium de la popularité. Le jour où il ne sera plus à la une de l’actualité politique, il n’en fera d’ailleurs pas un plat. Il s’en ira au « t’Draakske » et méditera, une canette de houblon concassé à la main, sur cette locution : Sic transit gloria mundi.

pour son omniprésence

183 points

Le choix du jury est clair, mais teinté de rejet. « C’est l’homme de l’année, qu’on aime ou pas l’idée. Il a mis la main sur le devenir belge, nourri les peurs diffuses, inconscientes ou non des francophones ; hypnotisé, séduit ou muselé la Flandre. En laissant toujours perplexe sur ses véritables intentions. Le populisme a débarqué en Belgique. C’est vraiment neuf. Et c’est effrayant. » « Parce qu’on le déteste et qu’il s’applique. (…) Personnalité de l’année belge, toute petite, parce qu’il a réussi à faire prendre conscience aux francophones de ce que pensent les Flamands… à peu près depuis 1830. » « Un personnage de roman : fascinant. » Précision importante : les membres de la rédaction du Soir ont fait massivement pencher la balance en sa faveur. D’autres membres du jury, hors Soir, ont exprimé leur désir de ne pas reprendre le patron de la N-VA dans leur top 10. Ce commentaire : « Je ne mentionne pas Bart De Wever car je refuse catégoriquement de citer parmi les personnalités belges quelqu’un qui ne veut plus de la Belgique… » Alea jacta est.

2

La population belge « Nous en avons une vision partielle et partiale »

entretien

Xavier Mabille, président du Crisp (1), est un observateur avisé de la politique belge. La « population belge » deuxième de notre classement ? Cela soulève plusieurs questions de sa part.

Ce choix vous étonne ?

Le choix a été fait sur base d’une liste fermée. Dans une certaine mesure, le numéro 1 ne m’étonne pas, le numéro 2 par contre un peu plus… Parce que quand on dit « population belge », c’est à la fois une abstraction et une réalité. C’est un peu la même chose quand on parle d’opinion publique, y en a-t-il une ou plusieurs ? Il y a des fragments de population très localisés. J’entends souvent des gens dire : « On ne suit pas ce que la population veut. » Quand des gens parlent de la « population », ils parlent d’eux-mêmes, de leurs proches, des gens qu’ils connaissent, de ceux avec lesquels ils sont d’accord, etc. Tout le monde n’a pas une connaissance très précise de ce qu’est une population. Nous avons chacun une vision partielle et partiale de la population qui correspond bien souvent à ce que nous sommes nous-mêmes. En tout cas plus qu’à une réalité objective… D’autre part, c’est aussi une réalité à une époque de grand individualisme. Il y a une réalité qui est diffuse, atomisée, mais qui existe. La population, c’est avant tout un terme de démographie. Ce qui n’est pas le cas dans le classement qui est davantage sociologique. Je trouve que c’est sujet à interrogation.

Vous voulez dire qu’on n’aurait pas dû la proposer dans la liste ?

Non, je ne dis pas ça. Mais les propositions sont toujours un peu empreintes de subjectivité malgré tout. Evidemment, il n’y a pas moyen de dresser un catalogue purement objectif.

Elle a été proposée pour son calme face à la crise…

C’est peut-être cela qui transparaît dans certaines réponses. Mais le calme a aussi un autre versant, celui de l’indifférence et de l’absence de violence. On peut s’en réjouir évidemment car nous sommes à un moment de crise aiguë en politique. Ces problèmes se posent de façon aiguë mais sans violence physique ; car verbale il y en a eu et écrite aussi. En tout cas, on s’est fort éloigné d’un temps où la violence physique existait. Quand on évoque maintenant des souvenirs de la Question royale ou des grèves de 1960, ce n’est pas la même chose que les marches flamandes sur Bruxelles. Mais il y avait quand même une manifestation de force – y compris physique – dans la rue que nous n’avons plus aujourd’hui. Si Bart De Wever lançait un appel à une grande manifestation, serait-il suivi ? Ce n’est pas certain. D’autre part, il faut toujours être très prudent. Au début de 1968, il y avait une série d’articles sur la « France s’ennuie ». Quatre mois plus tard, la France ne s’ennuyait plus du tout. Personne n’avait prévu mai 68… Tout cela pour dire qu’il y a des changements par rapport au calme qui peuvent survenir de manière imprévisible.

Et chez nous en 2011 ?

Par rapport à 2007, où on était dans une situation politique un peu semblable avec les difficultés de constitution d’un gouvernement et une question en suspens sur la réforme de l’Etat, il n’y a plus tous ces drapeaux belges qu’on voyait flotter par dizaines dans certains quartiers. Que peut-on en conclure ? Que peu de choses sont prévisibles. Et que le calme, c’est aussi une certaine inertie, une sorte d’atonie. Or, la démocratie vit de débats ; et il n’y en a pas beaucoup pour le moment. Quelques intellectuels ont lancé des idées, mais c’est tout. Il y a certainement une lassitude et une certaine distance par rapport aux politiques. Ce qui est inquiétant. S’il n’y a pas de débat et pas de participation, on peut se poser des questions sur le sens de la démocratie.

Et vous, qui auriez-vous choisi ?

Je ne sais pas, j’aurais longuement hésité… Le choix, c’est un peu comme des sondages, ils comportent un aspect important lié à la notoriété de la personne. Quand on est fort présent dans les médias, on a plus de chance d’arriver en tête alors que nous avons peut-être au sein de la population belge un grand savant qui est en train de préparer quelque chose de révolutionnaire. Mais comme il n’est pas médiatisé…

(1) Centre de recherche et d’information socio-politiques.

Pour son calme

174 points

C’est ce qui revient de façon écrasante dans les motivations des jurés ayant salué cette population qui « endure chaque jour frustrations et déconvenues » : « son calme ». Et « son pragmatisme », « sa résistance », « sa dignité », « sa patience », « son courage », « son bon sens, sa ténacité, sa pointe d’humour, son sens de la dérision ». Des jurés – qui ont parfois pourtant désigné « les Belges » parmi leurs dix personnalités de l’année – relèvent leur « léthargie face à une situation politique et économique très dangereuse », « leur stoïcisme parfois déconcertant ». Certains, parmi les deux jurys (particulièrement celui du Soir) estimant même que la population « n’a rien fait, aucune réaction, aucune action marquante, donc il ne faut pas lui donner de voix ». Sauf que c’est elle qui a élu De Wever et Di Rupo et les réélirait si on votait aujourd’hui. C’est elle « qui ne comprend plus ses dirigeants mais essaie de ne pas sombrer dans

la dépression, sans

grande manifestation de nationalisme ou de régionalisme. » La meilleure explication, sans doute : « Ici, quand un homme politique ose traiter de demeurés l’autre partie du pays, il ne provoque ni de grande adhésion ni de contre-réaction. Les Belges seraient-ils un peuple de sages ? »

3

Tanja Kiewitz « Jamais je n’aurais imaginé ces réactions »

Tanja Kiewitz, 35 ans, est une infographiste d’origine allemande, mère de famille et handicapée de naissance. Il y a quelques mois, l’agence de pub Air, avec qui elle travaille régulièrement, lui demande d’incarner l’image de la nouvelle campagne Cap 48. L’idée : s’inspirer du célèbre cliché du mannequin Eva Herzigova pour Wonderbra, en 1994, mais utiliser le bras tronqué de Tanja pour frapper fort.

« J’ai passé ma vie à avoir envie de dire aux gens qui me regardaient avec insistance “Vous voulez ma photo ?”. Et puis en acceptant de faire cette campagne pour Cap 48, je me suis dit : “Hé bien voilà, je vais leur en donner une et ils pourront la regarder autant qu’ils veulent.” » Elle a du cran, Tanja. De l’humour aussi. Et un charme indéniable. Son demi-bras, elle le surnomme son « filtre à cons ». Quand elle a appris la place qu’elle occupait dans le classement des personnalités qui ont marqué la Belgique en 2010, elle était toute guillerette. « Vraiment ? Je ne peux encore le dire à personne ? Parce que c’est génial ! Jamais je n’aurais imaginé les réactions que provoquerait cette photo. Même au niveau mondial : on en a parlé à Londres, en Russie, en Inde… Du coup, on va essayer de gagner un prix avec cette campagne. Les retombées sont incroyables. »

Tanja trouve « touchant, très touchant » que tant de gens aient été « touchés ». Elle rit – « Je sais, c’est bête à dire » – puis sa voix se casse un peu plus : « Ça m’a beaucoup aidée, tout ça. C’est comme un petit baume sur une grande blessure. Ça m’a donné un peu de la confiance que je n’ai jamais eue et que je n’aurai jamais. » Depuis, les témoignages ont afflué vers elle, via Facebook notamment. Elle dit se sentir moins seule.

« Cette campagne, c’était une nouvelle approche. Les gens, je crois, en ont marre d’entendre qu’il faut faire quelque chose pour les handicapés. Il fallait faire quelque chose d’autre. Pour moi, cette prise de vue n’a pas été facile. Ce n’est déjà pas évident de se dénuder mais là, c’était doublement intime. Mais mon petit ami était là et il m’a bien aidée. Le photographe aussi, qui disait : “Fais comme si tu me bouffais du regard !” »

En septembre dernier, juste avant la soirée Cap 48, la jeune femme avait expliqué : « Je voulais confronter les gens à cette ambiguïté de la beauté et du handicap. Souvent, dans la rue, les hommes me regardent et j’essaie de garder leurs yeux dans les miens. Si je vois leurs yeux se baisser sur mon bras, je ressens ça comme un échec. J’en ai ras-le-bol qu’on me regarde comme une extraterrestre. »

Le Centre pour l’égalité des chances, dans l’avenir, aimerait faire mentir son rapport annuel où l’on découvre que le handicap est la deuxième cause de discrimination en Belgique. Tanja Kiewitz, elle, dans un futur parfait, verrait bien les grandes marques oser faire appel à quelqu’un comme elle. « Pas pour parler du handicap, juste pour poser. »

Pour son audace

167 points

Au total des voix du jury « non Soir », c’est la personnalité belge de l’année. « Pour son courage, sa joie de vivre et son action pour la campagne Cap 48 », « pour oser montrer sa différence et obliger les gens à ouvrir les yeux sur un monde qui dérange », « pour rendre leur dignité aux personnes mutilées grâce à un slogan détourné et drôle », « pour avoir voulu confronter beauté et handicap, sensibiliser, combattre les stéréotypes, lutter contre les discriminations, inviter au respect et à la dignité de la personne en situation de handicap, dire en image ce qu’écrivait André Gide : “Que l’importance soit dans le regard, non dans la chose regardée.” »

Des jurés précisent : « Elle est belle, bien sûr. Mais surtout ses interviews naïves rendaient encore plus touchant son courage », « elle appelle son bras amputé “mon piège à cons” ! Plus les personnes handicapées oseront se montrer, moins les gens “normaux” seront gênés », « son visage et puis soudain son corps : un choc, une image, un appel à la réalité, une confrontation à ce que nous préférons ne pas savoir. Une très belle revendication. Un moment fort et beau. Chapeau ! » Tanya, la briseuse de tabous et de clichés. La très heureuse surprise de l’année.

4

Kim Clijsters Le rayon de soleil de la Belgique

Cinq tournois remportés (Brisbane, Miami, Cincinnati, l’US Open et le Masters, avec, au passage, un prize-money de 5 millions de dollars qui lui permet de dépasser les 20 millions de gains sur l’ensemble de sa carrière), un septième titre de Sportive belge de l’Année, des audiences télévisées énormes pour chaque match important, un sourire permanent de mère de famille épanouie, un statut de leader du circuit dans un vrai sport mondial et une image de fille simple, sympa, travailleuse et talentueuse : Kim Clijsters est le rayon de soleil de la Belgique en 2010, c’est indéniable.

Car la fille de Lei est désormais devenue une icône (ce n’est pas un hasard si une… poupée Barbie a été conçue à son effigie cette année, c’est la première sportive au monde dans ce cas). Grâce à son retour gagnant sur les courts, en 2009, après 2 ans de pause marqués par le décès de son père et la naissance de sa fille, Clijsters a changé de statut. Elle n’est plus une joueuse de tennis parmi d’autres, formatée et entièrement tournée vers son sport, son corps et la nécessité de gagner tous les matchs, mais c’est aujourd’hui le symbole d’une femme épanouie qui combine une vie de famille « normale », une profession très prenante, un exemple pour la jeunesse et la preuve qu’on peut être et avoir été (Kim n’a que 27 ans, certes, mais en tennis, c’est déjà beaucoup, surtout après un arrêt de deux saisons).

Le tout en donnant l’impression que tout cela va de soi, que c’est naturel et non contrôlé. Ce qui est sans doute la plus belle réussite de Clijsters et son entourage, car il est évident qu’au contraire, tout est contrôlé, calculé, pesé et sous-pesé. Attention : Clijsters est « vraiment » sympa, personne n’en doute mais, forte de l’expérience d’une première carrière commencée très tôt (elle a été Sportive de l’Année pour la première fois en 1999, à 16 ans à peine, il faut s’en souvenir), elle a réussi à se créer un petit monde et à se construire une image quasi parfaite, avec une grosse médiatisation de sa fille, Jada et l’utilisation d’une communication officielle (via son site ou Twitter) très professionnelle.

En outre, et surtout, Kim joue pour le plaisir. Pas pour être numéro 1 mondiale ou pour tout gagner, mais pour tenter de briller dans les grands tournois. Ce qui lui permet de cibler ses priorités, d’établir des programmes de préparation très spécifiques et donc d’échapper (un peu) à la pression. Le tout alors que le circuit féminin est en perte de repères depuis deux ou trois ans. Voilà les ingrédients d’une recette gagnante. Ingrédients indispensables, mais qui ne seraient rien, soyons clairs, sans un formidable talent et un caractère hors du commun qui sont l’apanage des toutes grandes championnes. On peut faire tous les programmes que l’on veut, soigner sa com’, son entourage et son image, si on n’a pas le génie, on n’arrive pas à la cheville de Clijsters.

Aujourd’hui, Kim est en Thaïlande, où elle jouera le 1er janvier un match exhibition contre Wozniacki, avant de disputer le tournoi de Sydney, en préparation à l’Australien Open. On rêve évidemment qu’elle puisse y retrouver Justine Henin pour un nouvel épisode de leur duel. Un duel qui pourrait devenir un duo aux JO de Londres, en 2012 ? Toute la Belgique en rêve…

Voir Kim terminer sa carrière sur une victoire olympique en compagnie de Justine, ce serait la plus belle des cerises sur ce qui est, aujourd’hui déjà, le plus beau des gâteaux du sport belge depuis très longtemps.

Pour sa simplicité

118 points

Elle est l’une des personnalités le plus souvent élue. « Pour son année exceptionnelle », « pour son talent, sa détermination, sa force de travail, son humilité, sa simplicité, son retour en puissance. Parce qu’elle prouve qu’on peut concilier maternité et sport de haut niveau, qu’elle continue à briller », « parce que top sexe ! », « parce que c’est une grande championne toujours simple, une grande dame de cœur et de court », « parce qu’elle finira par faire croire aux francophones que la belle-fille idéale répond aux interviews en flamand. Parce qu’elle finira aussi par nous faire croire à la beauté du sport », « parce qu’elle constitue un exemple dans le monde sportif, notamment par sa bonne humeur, le plaisir qu’elle semble prendre à jouer et son fair-play », « parce qu’avec toutes ces querelles communautaires, on est fier des victoires de la “Belge” ». Standing ovation.

5

Albert II Quand le Roi pratique un républicain

Aucun commentaire au Palais, selon l’habitude, sur la présence du Roi dans un tel classement. Mais l’on imagine volontiers qu’Albert II se réjouit, après l’année politique qu’il a traversée, de figurer parmi les dix Belges qui ont fait 2010. Une année où il a dû (apprendre à) pratiquer la N-VA.

Dès janvier, Jan Peumans, le président nationaliste du parlement flamand, donne le ton. Il refuse l’invitation du Palais à assister à la réception de Nouvel An du Roi, et se fait remplacer. Albert II sait à quoi s’attendre pour la suite…

D’autant que le 13 juin, les électeurs flamands font de la N-VA le premier parti de Flandre et du pays. Voilà qui fait de Bart De Wever le premier président de parti reçu en audience royale, au lendemain du scrutin.

Trois jours plus tard, pour la première fois dans l’histoire du pays, Albert nomme un nationaliste séparatiste et républicain informateur royal. Durant trois semaines, Bart De Wever prépare le terrain pour le préformateur. En tout, il est reçu trois fois à Laeken.

Le monarque et le républicain apprennent à se connaître. Et s’ils ne partagent pas les mêmes idées sur l’avenir du pays ou de la Flandre, il se dit, qu’entre les deux hommes, le courant passe. Mieux que prévu. C’est l’été. Le soleil réchauffe l’atmosphère.

A l’automne, le climat va se gâter… Mais pas tout de suite.

Car le 4 septembre, le N-VA Danny Pieters est nommé, avec son collègue PS André Flahaut, médiateur royal.

Mieux : le 8 octobre, alors que le Roi pense déjà à lancer Johan Vande Lanotte (SP.A) dans l’arène, Bart De Wever se montre peu enthousiaste et lui fait comprendre qu’il préférerait y aller lui-même. Albert II ne rechigne pas : voilà Bart De Wever clarificateur. Mais pour une mission stricte de dix jours.

Elle se finit mal : les partis négociateurs francophones rejettent la note de compromis de Bart De Wever. Le Roi reprend alors son ancienne idée : il désigne Johan Vande Lanotte conciliateur. Voilà qui fâche (fort) ledit De Wever… Parce qu’il ne trouve pas l’idée géniale. Et, aussi, parce qu’Albert a osé prendre cette décision sans le recevoir pour lui soumettre spécifiquement cette piste (même s’il l’a reçu trois jours auparavant).

Le président nationaliste n’apprécie pas. Et le fait savoir… Premier couac public entre les deux hommes que tout oppose.

A ce moment, les premières critiques sont donc ouvertement émises contre le Roi par des nationalistes flamands, comme le chef de groupe à la Chambre, Jan Jambon.

Mais l’uppercut vient mi-décembre. Sans que l’on s’y attende. Dans une interview au Spiegel allemand, Bart De Wever attaque : « Le Roi joue encore un rôle politique. Pour nous, Flamands, cela pose un problème, parce que le Roi ne pense pas comme nous. Pour les Wallons, c’est un avantage, car ils sont alliés avec lui. » A l’étranger, prétendre que le Roi n’est pas neutre, voilà qui est peu banal. Et tout à fait inédit de la part d’un représentant d’un parti démocratique. Albert est choqué. Mais ne peut rien dire publiquement.

Voici quelques jours, le député Siegfried Bracke démontre à nouveau l’allergie de la N-VA pour la monarchie. Il déplore, sur son blog, qu’Albert joue un rôle politique indu en choisissant de ne pas signer certains arrêtés royaux, pour cause d’affaires courantes.

L’année se termine ainsi. Entre le Roi et le républicain, un certain froid s’est installé, par presse interposée. Car depuis le 18 octobre, les deux hommes ne se sont plus rencontrés. Mais comme on aimerait entendre ce qu’ils se disent, lorsqu’ils se voient sous les ors de Laeken…

Pour sa faculté à surnager

106 points

Tous les jurés ne se sont pas agenouillés face au Trône mais beaucoup l’ont salué. Avec gravité : « Il a surnagé, stoïque. Il s’est adapté à cette nouvelle Belgique que la Flandre veut redessiner mais il a été le roc, une sorte de phare inébranlable dans la Belgique qui prenait l’eau et perdait le nord. Un Roi valeur refuge, qui pousse la Belgique vers l’avant. Nous le voulions protocolaire, on a changé d’avis », « parce que sa vie est devenue triste, et qu’il devient Roi de Belgique plutôt que d’être Roi des Belges. Parce que, comme en 1950, lors de la Question royale, il traverse la mise au vote du régime et une nouvelle question monarchique larvée, sans possibilité, comme l’avait fait Léopold III d’abdiquer au profit de son fils », « parce qu’à chaque blocage politique, c’est toujours chez lui que revient la “patate chaude” et la mission de faire redémarrer la mécanique politique ».

Et avec humour, parfois grinçant : « Parce qu’il réussit le tour de force d’avoir le boulot le plus pénard et d’être toujours plaint et admiré pour sa prétendue endurance héroïque », « parce qu’il est devenu l’analyste politique qu’on rêverait d’avoir en direct plateau, pas besoin d’être royaliste pour admirer la technique », « pour avoir pris très peu de vacances cette année ! » Strike.

6

Stromae Le Belge au sourire grave

Les chanteurs belges se retrouvent rarement dans ce type de classements « généralistes », à moins d’y figurer pour des raisons philanthropiques. Ce qui fut le cas pour Tom Barman en 2006, avec l’opération antiraciste 0110.

Paul Van Haver, 25 ans, alias Stromae, ne doit qu’à sa musique cette exposition d’autant plus exceptionnelle qu’il y a un an encore, personne ne le connaissait, à moins de faire partie du milieu rap bruxellois où il officie depuis quelques années, d’abord sous le nom de Maestro.

Un seul titre, « Alors on danse », a suffi et des vidéos (Les leçons de Stromae) qui ont affolé la planète web, au point de totaliser 35 millions de vues sur YouTube. Et, du jour au lendemain, voilà le petit Bruxellois (de Laeken et de l’académie de Jette) propulsé en tête des hit-parades dans onze pays, dont la France, la Grèce, la Turquie, le Danemark et la Russie. L’album Cheese, fin juin, est venu confirmer ce départ en fanfare. Il s’en est à ce jour vendu plus de 130.000, dont 20.000 en Belgique.

Trente ans après, ça plane pour lui

En fait, il faut remonter trente ans en arrière pour retrouver un tel succès international, en langue française, d’un artiste belge : avec « Ça plane pour moi », Plastic Bertrand a également fait le tour du monde, échouant à la deuxième place du classement Hot 100 du magazine américain Billboard. Le record de « Dominique », de Sœur Sourire, alias The Singing Nun, numéro un tout le mois de décembre 1963, tient toujours.

Stromae n’en est pas encore là aux Etats-Unis, malgré le remix de « Alors on danse » par Kanye West (en échange d’un beau chèque envoyé par Universal-France). Mais l’Europe est bien sous le charme, à l’image de son patron, Pascal Nègre qui, dans son livre Sans contrefaçon, cite à plusieurs reprises Stromae, convaincu de tenir un artiste plein d’avenir.

Le succès de Stromae s’explique par internet et par sa musique mêlant des textes graves sur des sonorités électro sautillantes, mais aussi par sa personnalité.

Né d’une mère flamande et d’un père rwandais (décédé dans le génocide et que Paul n’a pour ainsi dire pas connu), l’artiste cultive la gentillesse, l’humilité et l’élégance. Il tranche avec ce sourire derrière lequel se cachent énormément de choses. À sa façon, il est le visage d’une autre Belgique 2010 empêtrée dans ses problèmes communautaires. Il représente la Belgique de demain, métissée, ouverte et tolérante, à la fois profonde et légère, moderne et ancrée dans la tradition, entre Brel et Magritte. Son amour du pays vaut bien celui qu’il voue aux anagrammes (Mosaert est le nom de la société de Maestro Stromae). Vivant toujours avec sa maman, à Huizingen, dans la périphérie bruxelloise, Paul cultive les paradoxes (des textes noirs sur une musique dansante) et offre à l’étranger une autre image de notre pays. Il était présent au concert d’inauguration de la présidence européenne, en juillet dernier, tout comme à Belgavox, place des Palais. Car Stromae n’a pas peur de s’engager. Et si, dans ses chansons, il parle souvent de la mort, c’est la vie haute en couleur qu’il défend, habillé de ses jolis pulls chamarrés ou de son nœud papillon ravi au citoyen montois.

Face à ce succès, Paul garde la tête froide. En décembre, aux Transes de Rennes (qui lui ont offert une résidence de quinze jours) et à Bruxelles, il est monté sur scène pour présenter un show ambitieux, tant visuellement que musicalement, avec deux musiciens et, en invité de marque, un Arno chantant avec lui le remix de « Putain, putain ». Car oui, Stromae se sent vachement européen. Vendredi, quand nous l’avons contacté pour lui annoncer la bonne nouvelle, il était en studio. Car il bosse, le beau gosse !

Pour son surréalisme

102 points

Un seul morceau, et alors on danse tous autour de lui. Hommage évident des jurés : « Il a marqué les esprits, il nous a fait chanter, danser, rire avec Jamel. Il vient de Jette, quartier populaire et a réussi à vendre plus de disques en Flandre qu’en Wallonie. Sa chanson a fait le tour du monde. C’est une belle histoire, une très belle performance dans une Belgique qui semble ne plus marquer de buts », « parce qu’il faudrait vraiment avoir vécu sur une autre planète pour ne pas savoir qui est ce jeune Bruxellois, compositeur, parolier et producteur. Qu’on n’aime ou qu’on n’aime pas danser, son ”Alors on danse” a fait de lui un phénomène international », « sa musique mélange différents genres musicaux et c’est comme un vent de fraîcheur métissée », « parce qu’il est humble et fonceur », « pour ses références à Brel, son look BD, son côté “humble” et le surréalisme de son succès planétaire… Typiquement belge par son décalage, sa gentillesse. Il revisite la chanson en mixant Brel, Arno et Adamo. Un post-Belge ? », « Dandy électro d’origine rwandaise, s’appelant Van Haver… Il faut prendre au sérieux ce Maestro désinvolte. » Un coup de maître.

7

André Léonard « Je ne regrette rien de cette période »

André Léonard, 70 ans, est archevêque de Malines-Bruxelles, depuis le 18 janvier. Aux yeux du porte-parole de l’Eglise, Tommy Scholtès, « son classement démontre que, dans une Belgique sécularisée, les catholiques occupent encore un espace dans les débats de la société. Et s’il n’est pas facile d’être archevêque, il est aujourd’hui au moins aussi difficile d’être catholique. Je pense que si le “peuple chrétien” avait été soumis au scrutin, beaucoup auraient voté pour lui. Pour ces anonymes qui, malgré les vents contraires, vivent le message de l’Evangile… Pour ces communautés vivantes, guidées par leurs évêques et habitées par la lumière de la crèche. Cette année encore, ils étaient des milliers aux eucharisties de Noël ».

Mais l’archevêque, lui, que retient-il de 2010 ? « L’année écoulée a été pour moi d’abord celle de ma nomination à Malines-Bruxelles et de l’accueil extraordinairement chaleureux que j’y ai reçu. Le peuple chrétien m’a donné, à Malines, Bruxelles, puis Nivelles, un encouragement inoubliable.

C’est aussi l’année où, interpellé par les nombreux scandales dans les pays environnants, j’ai lancé, à Pâques, un appel à la transparence et à la vérité en matière d’abus sexuels. Cela a contribué à la manifestation des abus commis, en son temps, par l’ancien évêque de Bruges et m’a permis, à l’occasion de l’annonce de sa démission, de lancer cette fois un appel aux victimes pour qu’elles osent se manifester, appel entendu par plusieurs centaines. Certains de leurs témoignages, publiés plus tard, étaient franchement révoltants et répugnants en raison des sévices abominables subis. Cela a fait très mal, mais c’est un mal qui sera libérateur pour l’avenir. Je ne regrette donc rien de cette période turbulente puisqu’elle a permis à de nombreuses victimes d’enfin être entendues et honorées dans leur douloureux récit.

2010 fut aussi l’année où de nombreux médias ont réagi à ce qu’on a appelé « mes déclarations » sur des sujets qui fâchent. En fait, je n’avais fait aucune déclaration, sauf une, tirée de son contexte, au cours d’un enregistrement pour la télévision, où je parlais des sanctions purement ecclésiastiques à prendre ou ne pas prendre à l’égard de prêtres âgés ou gravement malades, sans jamais vouloir leur épargner la justice civile. Pour le reste, il s’agissait de courts passages, extraits de leur contexte, tirés d’un livre d’interviews paru il y a cinq ans en français, sans susciter aucune réaction, et récemment traduit en néerlandais. Cela m’a permis une mise au point éclairante qui a été largement diffusée sous le titre « Je vous dois quelques explications ».

L’année 2010 a été aussi celle où j’ai pu relancer la formation des futurs prêtres dans l’archidiocèse en concertation avec les autres diocèses du pays. Celle aussi où, comme je l’avais fait à Namur, j’ai créé un nouveau séminaire Redemptoris Mater. J’avais hérité en arrivant de quatre séminaristes. Avec la grâce de Dieu et l’aide de beaucoup de collaborateurs, j’en compte désormais 22. C’est un puissant encouragement, très porteur d’avenir.

Enfin et surtout, l’année écoulée a été celle du début de mes visites pastorales dans l’archidiocèse. J’ai fait les trois premières (il y en aura 33 en tout, à raison de six visites de 11 jours par an) à Bruxelles, en octobre, novembre et décembre. Ce furent des semaines inoubliables par la richesse des expériences vécues, le dynamisme des réalités humaines et chrétiennes rencontrées et la chaleur de l’accueil reçu. Autant dire que, malgré les épreuves, bien réelles, et les tempêtes médiatiques, parfois artificielles, j’ai vécu l’année 2010 avec une paix profonde, une ferme résolution et le grand bonheur de rencontrer tant et tant de gens. Il n’y a rien de plus beau ».

Pour l’année noire de l’Église

99 points

Hum. Pour celles et ceux qui ont pointé le primat comme l’une des personnalités majeures de l’année, les raisons sont presque exclusivement négatives. « Lui… et l’Eglise catholique belge. Un véritable naufrage et une Eglise qui se révèle au grand jour : lâche, sans compassion réelle, tournée sur elle-même, coupée du monde, sans gouvernance. Incapable de reconnaître ses torts. Quelle année ! Un évêque pédophile, un cardinal perquisitionné, des évêques devant rendre des comptes devant une commission parlementaire, un nouvel archevêque qui multiplie les provocations verbales, les stigmatisations, dans une énorme prétention », « il rappelle, comme De Gaulle disait de Pétain, que la vieillesse est un naufrage. C’est l’homme qui est devenu primat de Belgique dans le mauvais siècle », « il symbolise tout ce que l’on déteste dans l’Eglise. Il persiste et signe dans sa manière de communiquer sur un mode médiéval et réactionnaire. Un modèle de mauvaise foi et d’intolérance bien-pensante qui fait que l’Eglise belge est aujourd’hui dans la tourmente ». Ce qui peut être dit autrement : « Pour sa contribution efficace, opiniâtre, constante et cohérente au dévoilement des réalités du pouvoir ecclésiastique. » Amen.

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Elio Di Rupo « Ce fut une année exténuante »

entretien

Huitième personnalité de l’année et deuxième homme politique. Heureux ?

C’est toujours un plaisir d’être reconnu. Surtout si cette reconnaissance est positive, cela donne du sens à l’action que nous menons. Et œuvrer dans la politique, c’est faire don de soi-même et être au service des autres. C’est un peu comme un artiste qui aurait fait une œuvre, et qui est satisfait quand on apprécie son travail. On ne le fait pas pour cela, bien sûr, mais c’est une satisfaction.

Même quand l’artiste a déjà de nombreuses années de bouteille ?

Oui, nous sommes des êtres humains. Avec des humeurs, des émotions – heureusement d’ailleurs – et les années d’expérience ne gomment pas ce qui fait la richesse d’un être humain, de ressentir des émotions.

2010, c’était une année exceptionnelle ?

Ce fut une année charnière pour le pays, une année déterminante dont on ne connaît toujours pas les conséquences car, pour la première fois depuis le premier gouvernement de 1831, on est autour d’une table avec, comme premier parti, une formation politique nationaliste dont l’objectif est une république indépendante de Flandre, état membre de l’Union européenne. C’est l’article premier des statuts de la N-VA. C’est une situation exceptionnelle, qui modifie les codes et les modalités de négociations en place depuis 1831. La Volksunie a pu participer aux gouvernements, et a eu une influence certaine, mais n’a jamais été le premier parti de Flandre. C’est une situation exceptionnelle, et d’ailleurs, six mois plus tard, nous ne savons toujours pas la direction que vont prendre les événements.

Vous avez récemment confié être fatigué en cette fin d’année. Une année épuisante ?

Exténuante. Depuis Pâques, j’ai pris quatre jours de congé. Et dans ces quatre jours, il y en a deux qui ont été des jours de trajet. Ce fut le seul repos de ces six derniers mois. Il y a un mois, j’espérais prendre une semaine de congé à Noël, mais ce ne sera pas possible. C’est notre responsabilité, je ne me plains pas, surtout quand on a le privilège d’avoir la confiance d’un grand nombre de citoyens, mais c’est une année exténuante.

Il y a un moment plus intime, plus personnel que vous pouvez épingler, et qui a marqué votre année 2010 ?

Pour moi, c’est ma désignation par le Roi en tant que préformateur. Les grilles du Palais s’ouvrent, les flashes crépitent, on se dit que le poids du pays repose sur vos épaules. C’est à ce moment qu’on sent le poids des responsabilités. Les photos sont révélatrices, j’ai l’air d’être dans mes pensées, et c’est le cas ! Dans la voiture, durant les quelques minutes qui ont précédé mon arrivée, je me suis dit que je ne pouvais pas dire un mot de travers, que je ne pouvais pas me tromper, pas même dans mes attitudes. C’est dans un moment comme cela qu’on sent tout le poids des responsabilités. Presque un poids physique.

Et une angoisse ?

Non, mais je me dis “Là, Elio, c’est un moment important, tu dois assumer tes responsabilités”. On n’a droit à aucune erreur, c’est la tolérance zéro de la responsabilité politique. C’est un moment qu’on n’oublie pas.

Pour son plan B

92 points

Deuxième politique. Parce qu’« il porte et prend le risque de faire évoluer la Belgique face à un parti nationaliste. Tactique hors pair. Il a aussi brisé le tabou de « la fin de la Belgique » pour les francophones, le fameux plan B. Avec l’envie de dire aux Flamands qui font du chantage à la séparation – et donc à la N-VA : « même pas peur » », « même s’il manque d’inconscience pour y aller vraiment (au plan B), il a rendu un peu de fierté aux francophones ; 1er d’interprétation, pour une communication qui parvient à faire oublier qu’elle est jouée, bien qu’on le sache », « pour son sérieux, sa virtuosité et sa diplomatie comme pré-formateur », « pour sa victoire aux élections et son sens de l’Etat en pleine crise de régime. Mais sa trajectoire ces dernières années montre la volatilité de notre vie politique : superstar vers 2004 ; perdu en 2007 ; au sommet en 2010 ; peut-être déjà sur la pente descendante… »

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Cédric Blanpain « Je suis ravi de constater que la science continue d’intéresser un large public »

Où avons-nous cueilli Cédric Blanpain ce 28 décembre pour recueillir ses réactions suite à son classement dans notre Top 10 ? A son bureau d’Erasme (ULB), pardi ! « Je profite de cette période entre les fêtes pour relire et corriger certains articles scientifiques qui viennent d’être acceptés pour publication », s’excuse presque ce médecin de 40 ans, chercheur du FNRS et spécialiste des cellules souches et travaillant à l’Institut de recherche interdisciplinaire en biologie humaine et moléculaire, ULB/Erasme.

Un chercheur agréablement surpris par ce classement. « Je suis ravi de constater que la science continue d’intéresser à ce point le public le plus large et que votre jury soit soucieux de soutenir ainsi des scientifiques. C’est un signe encourageant. L’an dernier, je m’étais déjà retrouvé dans le Top 100 d’un hebdomadaire belge. Etre à présent dans les dix premiers est une réelle reconnaissance. J’espère que cela continuera les années qui viennent. »

Qu’a représenté l’année qui s’achève pour ce chercheur spécialisé dans l’étude des cellules souches ? « D’un point de vue scientifique, cela a été une année exceptionnelle. En ce qui concerne nos publications, nous avons été les premiers à identifier et à démontrer l’origine moléculaire des cancers de la peau les plus fréquents. Nous avons aussi été les premiers, dans un autre article, à pouvoir montrer comment les cellules souches résistent aux dommages causés à leur ADN et comment elles les réparent. Nous avons encore d’autres articles scientifiques en révision ou en préparation dont un, sur les cellules souches cardiaques, a déjà été accepté pour publication en 2011. Le résultat est que nous sommes désormais reconnus par la communauté scientifique qui s’intéresse à ces domaines comme étant parmi les meilleurs, voire les leaders, dans notre domaine. »

La reconnaissance de ses pairs va plus loin encore. « Suite à ces bons résultats, nous avons été invités à présider l’an prochain une session scientifique lors du congrès de l’International Society for Stem Cell Research qui réunit 4 à 5.000 spécialistes mondiaux chaque année. » En 2010, le docteur Blanpain a aussi participé à l’organisation d’un congrès à Cambridge. Et les sollicitations pour qu’il donne des conférences se multiplient. Cette année, il était à Harvard, Cold Spring Harbor, Cambridge… On l’attend l’an prochain à de multiples conférences dans le monde comme le keystone symposia ou le congrès de l’International Society for Stem Cell Research.

Ses travaux ont aussi été couronnés par divers prix et récompenses. Citons en vrac le prix Ithier (qu’il se voit attribuer pour la seconde fois), le Prix de la Fondation ULB, l’accession au statut de « Principal Investigator » d’Eurosystem, un consortium de recherche sur les cellules souches de la communauté européenne. Cette reconnaissance ouvre notamment à ses étudiants les portes à des séjours d’échange dans les meilleurs labos européens dans ce domaine. Enfin, mentionnons aussi une importante bourse d’équipement de la Fondation contre le cancer.

Y a-t-il eu un moment particulier en 2010 qui l’a plus particulièrement touché ? Deux souvenirs restent pour lui très vivaces.

« Pour la première fois, en septembre dernier, j’ai été invité à participer comme professeur à une Summer School organisée en Grèce par Eurosystem. Pendant une semaine, sur une petite île, une cinquantaine d’étudiants qui travaillent sur les cellules souches et qui avaient été soigneusement triés sur candidature, ont pu côtoyer pendant une semaine une vingtaine de spécialistes européens. J’ai eu là-bas des échanges d’idées d’une intensité incroyable. Le niveau des débats et la passion des participants ont fait que souvent nos discussions ont duré bien au-delà de minuit. Je ne savais pas que j’avais une telle résistance au manque de sommeil. C’était passionnant. Deux étudiants de l’ULB qui m’accompagnaient en sont revenus ravis. Ils m’ont confié que cela avait été, et de loin, le meilleur exercice du genre auquel ils avaient jamais participé. »

« Et puis, il y a nos derniers travaux, au sujet desquels nous ne pouvons encore rien dire pour le moment, mais dont nous savons déjà que ce sont des découvertes importantes qui susciteront un grand intérêt dans la communauté scientifique. De nouvelles avancées qui, un jour, permettront peut-être de mieux traiter les patients… »

Pour son excellence

84 points

Cédric Blanpain, c’est l’autre grosse surprise du classement. Motivations des jurés : « Pour sa haute excellence scientifique. Les résultats de ses recherches, pour une meilleure compréhension du changement d’identité des cellules au cours de la formation des cancers, sont de formidables pas en avant dans la lutte contre le cancer », « notre pays est très fort en biologie cellulaire mais si peu de personnes le savent. Il faudrait favoriser nos innovateurs et nos entrepreneurs. C’est grâce à eux que notre confort de vie se maintiendra… ou pas », « un tout jeune chercheur qui n’a pas les moyens offerts par des grandes nations s’impose par ses découvertes essentielles pour l’amélioration concrète de notre vie », « toute occasion de mettre en valeur le travailleur des chercheurs de nos Universités doit être saisie ». Chose faite.

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Herman Van Rompuy Les pieds sur terre (belge)

Herman Van Rompuy n’a pas chômé en 2010, sa première année à la présidence du Conseil européen. Depuis le premier sommet européen qu’il a présidé en ses nouveaux habits, en février à la Bibliothèque Solvay, il est en réalité au chevet de l’euro, pour ainsi dire nuit et jour.

Il a aussi beaucoup « couru ». En moyenne, trois déplacements à l’étranger par mois. Au total, entre le 1er décembre 2009, date de son entrée en fonction officieuse, et fin novembre 2010, il a, selon ses services – qui sont quelquefois d’une admirable précision –, parcouru en avion 143.368 kilomètres. Trois fois et demi le tour de la terre !

Le président est donc actuellement en congé, à la mer du Nord – et il a baissé son rideau ! Façon de parler : on le sait globalement assez peu porté vers l’exposition médiatique.

Au plus haut échelon de l’Europe, il est bien resté égal à lui-même. Mais alors nous reviendra-t-il un jour ? Interrogé mercredi matin par Africa Gordillo, notre consœur de la RTBF radio, il a été d’une grande franchise : « J’ai tellement dit : “Je ne ferai pas ceci”, ou “Je ne ferai pas cela”, alors qu’après coup, ça s’est avéré tout à fait différent… Mais dans l’état actuel des choses, je ne reviendrai jamais (sur la scène politique belge). (…) J’aurai 65 ans à la fin de mon mandat. Je n’ai pas l’ambition de mourir dans la politique. A 65 ans, la plupart des gens prennent leur retraite. Je ne dis pas que je n’exercerai pas d’autres activités professionnelles, mais, à présent, je dirai : “Non, je ne retournerai pas à la vie politique belge“ ».

Il nous revient cependant que, bien qu’éloigné des intrigues du CD&V, Herman Van Rompuy continue à être consulté par Albert II. Certains exégètes ont même cru reconnaître sa patte dans les quatre points du communiqué royal du 8 octobre dernier, chargeant Bart De Wever d’une mission de clarification de dix jours.

Egal à lui-même ! En tout ! On se souvient que le 19 novembre 2009, au soir de sa nomination à la tête du Conseil européen, il avait été promener son chien, Louis, autour du Lambermont, où il résidait à l’époque. Rituel quotidien, depuis que les enfants, qui avaient voulu un chien, n’étaient plus là pour s’acquitter de la tâche… Aujourd’hui encore, affirme-t-on à Rhode-Saint-Genèse, Herman Van Rompuy continue de sortir Louis, tout seul, le soir, après avoir été déposé chez lui par ses gardes du corps. L’affirmation de la liberté peut prendre d’étonnants méandres…

Pour son sérieux

73 points

C’est aux représentants de la société civile, nos 16 jurés « non Soir » que le président du Conseil européen doit son classement dans les dix premiers, la rédaction ayant été (très) nettement plus mitigée sur son action, non sur sa personne. Arguments des soutiens d’Herman Van Rompuy : « Dans des temps difficiles, son calme et son sérieux ont sans doute sauvé l’euro. Il a renoué avec l’esprit des Pères fondateurs de l’Europe. Il est en résonance avec Spaak », « “rustige vastheid” : la fermeté tranquille en Europe ; ou comment exporter le modèle du compromis à la belge en Europe », « mes suffrages à Herman Van Rompuy sont justifiés par la discrète mais réelle efficacité qu’il a mise dans le démarrage de sa fonction ». A retenir, aussi, ce commentaire : « Compétent au niveau européen, impuissant au niveau national… Tout un symbole… »

la suite du top

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Olivier Masset-Depasse (69). Son film Illégal a touché et sensibilisé à la situation des illégaux.

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Johan Vande Lanotte (69). Sa mission de conciliation est « un exemple de courage politique ».

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Les travailleurs de Carrefour (68). « Courage, résistance, désespoir face à l’exploitation. »

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Kroll (66). Le caricaturiste du Soir, entre autres, est salué pour son regard « drôle et acéré ».

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Bert Kruismans (55). L’humour de ce comédien « démystifie les clivages belgo-belges ».

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Kevin Borlée (50). Le médaillé d’or de Barcelone « insuffle à la Belgique le goût de l’excellence ».

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J.-F. Jonckheere (41). Le jury salue « le courage et l’humanité » du président des assises de Mons.

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François Houtart (37). Il « défend les plus pauvres ». C’était avant ses aveux de pédophilie…

19

Jaco Van Dormael (36). Pour son « splendide » film Mr Nobody. Qui continue « malgré les écueils ».

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Philippe Gilbert (35). Le jury salue « son incroyable saison cycliste ». Une de plus.

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Els Ampe (31). Elle a osé « bondir et rugir » face aux propos nationalistes de Jan Peumans (N-VA).

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Eric Mestdagh (30). Le patron de Mestdagh illustre le « souci de réinventer la distribution ».

23

Francis Alÿs (29). Il « fait rayonner l’art belge dans le monde dans ce qu’il a de plus explosif ».

23

Didier Reynders (29). Le patron du MR a fait preuve de « résistance, de sang-froid, de constance ».

25

Le conducteur de l’accident de Hal (28). Il a « permis de comprendre » : le rail belge est malade.

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Yves Leterme (23). Six mois de présidence de l’UE « comme une lettre à la poste, qui l’eût cru ? ».

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Anne Teresa De Keersmaeker (20). « Une grande dame de la danse, une grande artiste. »

27

Le colonel Gennart (20). Pour « l’importance de sa dénonciation de la flamandisation de l’armée ».

29

Romelu Lukaku (19). L’attaquant d’Anderlecht met « la jeunesse au pouvoir ».

30

Roger Vangheluwe (18). Le jury accorde surtout à l’évêque de Bruges « la palme de la lâcheté ».

30

Ivan De Vadder (18). Son émission sur le séparatisme à la VRT a « mis à plat des clichés ».

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Yvon Toussaint (16). L’assassinat d’Yvon Toussaint décrit Haïti : « Prémonitoire, extraordinaire ».

32

Joëlle Milquet (16). Le jury salue sa « ténacité », son authenticité dans un monde politique qui broie.

32

Caroline De Mulder (16). Ego Tango, le prix Rossel 2010 : pour sa plume et son identité bilingue.

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Serge Brammertz (15). Le procureur général du tribunal pénal international a de la « maestria ».

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Etienne de Callataÿ (15). L’économiste au langage « clair, pédagogique, franc et clairvoyant ».

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Sophie Karthaüser (14). Cette soprano excelle dans un milieu où il faut « rigueur et travail ».

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Marcel Sel (12). Le blogueur est salué pour « sa pertinence et son impertinence ».

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François De Brigode (12). Le « caractère espiègle » du présentateur du JT de la RTBF « est intact ».

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Sophie Dutordoir (12). La patronne d’Electrabel, un exemple pour les femmes en économie.

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Jean-Paul Philippot (12). Pour son travail à la RTBF et le lancement de la Trois.

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Paul Magnette (12). Un succès électoral, une forte présence médiatique et… des gaffes.

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Les Daerden (12). Pour leur capacité à faire du buzz, mais c’est « l’image qui colle à la Wallonie ».

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Emily Hoyos (10). La présidente de parlement wallon se fait entendre dans un univers machiste.

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François Pirette (10). Pour « ses succès d’audience » et sa dénonciation de l’absurdité belge.

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Roger Job (9). Photographier et dire le monde aujourd’hui, « essentiel et difficile ».

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Cathy Pill (8). La styliste est saluée « pour une mode et un talent remplis de couleurs ».

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Benoît Poelvoorde (7). On salue la « fierté » d’avoir ce grand acteur dans le palmarès.

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Els Clottemans (6). Le procès du parachute a incontestablement marqué l’année judiciaire.

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Hamid Aït Abderrahim (6). Pour être le géniteur du projet de réacteur nucléaire expérimental.

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Ben Stassen (4). Le réalisateur du Voyage extraordinaire de Samy est un pionnier de la 3D.

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Alexander De Croo (3). Le patron du VLD « n’a fait qu’anticiper d’un an la crise ». Et il est jeune…

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DuBus (2). Le caricaturiste a quitté Bel RTL. « Le talent se voit encore plus quand on est parti. »

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Philippe Le Jeune (2). Son titre de champion du monde d’équitation a marqué la fin de l’année.

55

Jef Vermassen (1). Le défenseur des parties civiles du procès du parachute, un « avocat star ».

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Sigfried Bracke (0). L’ex-journaliste de la VRT était nominé car il est devenu la voix de la N-VA.

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Christophe Coppens (0). Nominé pour avoir coiffé, façon chapeau, Lady Gaga.

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Colin Delfosse (0). Nominé pour ses expositions photos et son prix Photographie ouverte.

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Marc Descheemaeckeer (0). Nominé pour son rôle de patron de la SNCB, dans la tourmente.

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Lernout & Hauspie (0). Nominés pour leur condamnation pour fraude.

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Bart Maddens (0). Nominé pour son rôle d’idéologue de la N-VA.

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Anne Quevrin (0). Nominée pour avoir été débarquée de Place Royale sur RTL-TVI.

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Jean-Claude Tintin (0). Nominé pour son rôle de Belgocontrol, bousculé en 2010.

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Dave Sinardet (0). Le politologue d’Anvers était nominé pour son omniprésence didactique.

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Léopold Storme (0). Nominé car il fut au cœur d’un des grands procès de l’année judiciaire.

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Inge Vervotte (0). Nominée pour sa gestion de l’après-catastrophe de Hal.

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Le jury féminin

Thilde Barboni

Ecrivaine, traductrice, psychologue

Justine Henin

Championne de tennis

Anne-Marie

Impe

Journaliste et professeure de géopolitique, de relations internationales et de communication

Isabella

Lenarduzzi

Fondatrice et directrice de Jump, société dédiée à la vie professionnelle des femmes

Fatoumata

Sidibe

Cofondatrice et ancienne présidente de « Ni putes ni soumises », députée bruxelloise MR

Caroline

Van Wynsberghe

Politologue à l’UCL

Fatima Zibouh

Chercheuse en sciences politiques et sociales à l’ULg

Thilde Barboni Ecrivaine, traductrice, psychologue Justine Henin Championne de tennis Anne-Marie

Thilde Barboni

Ecrivaine, traductrice, psychologue

Justine Henin

Championne de tennis

Anne-Marie

Impe

Journaliste et professeure de géopolitique, de relations internationales et de communication

Isabella

Lenarduzzi

Fondatrice et directrice de Jump, société dédiée à la vie professionnelle des femmes

Fatoumata

Sidibe

Cofondatrice et ancienne présidente de « Ni putes ni soumises », députée bruxelloise MR

Caroline

Van Wynsberghe

Politologue à l’UCL

Fatima Zibouh

Chercheuse en sciences politiques et sociales à l’ULg

le jury masculin

Bruno Colmant CEO adjoint d’Ageas, professeur à Vlerick Management School, à l’UCL et aux Facultés Saint-Louis

Bruno Colmant

CEO adjoint d’Ageas, professeur à Vlerick Management School, à l’UCL et aux Facultés Saint-Louis

Jérôme

d’Ambrosio

Pilote

de Formule 1

Edouard

Delruelle

Philosophe ULg et directeur du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme

Paul Dujardin

Directeur général du Palais des Beaux-Arts (BOZAR)

Laurent d’Ursel

Artiste polémiste

Benoît Grevisse

Directeur de l’Ecole de journalisme de Louvain

Pierre

Vercauteren

politologue aux Fucam

Arnaud

Zacharie

Secrétaire général du Centre national de coopération au développement (CNCD)

le jury du soir

Béatrice Delvaux Rédactrice en chef du « Soir ». Christophe Berti Service Sports

Béatrice

Delvaux

Rédactrice en chef du « Soir ».

Christophe

Berti

Service Sports

Joan Condijts

Service Economie

Eric Deffet

Service Belgique

Thierry Fiorilli

Service Polémiques

Philippe

Regnier

Service Monde

Jean-Claude Vantroyen

Service Culture

Les internautes votent pro-Belge

Les habitués de notre site internet aiment la Belgique et ne se privent pas de le faire savoir. Ils sont 5.948 à avoir exprimé un choix pour les Belges de l’année, catégorie par catégorie. Regardons le classement politique à l’issue de cette année folle et voilà Albert II en tête des suffrages, devant De Wever, numéro un de notre jury.

Très « belges », nos internautes ? Jugez plutôt. La population belge est plébiscitée, n’étant précédée en nombre de voix que par deux personnalités qui assurent la notoriété de notre pays à l’étranger, Herman Van Rompuy et Kim Clijsters. Ajoutez Kroll, dont le regard vif rayonne sur lesoir.be, et Stromae : le tableau est complet.

POLITIQUE

Albert II 1569

Bart De Wever 1338

Vande Lanotte 727

SOCIETE

Kroll 2237

Luc Gennart 1482

André Léonard 850

MONDE

Herman

Van Rompuy 2815

Serge Brammertz 1112

François Houtart 770

ECONOMIE

Les travailleurs

de Carrefour 1828

De Callatay 1292

Mestdagh 1162

POLéMIQUES

La population

belge 2181

Tanja Kiewitz 1953

Dave Sinardet 893

SPORTS

Kim Clijsters 2673

Kevin Borlée 1331

Philippe Gilbert 715

CULTURE

Stromae 1513

Benoît Poelvoorde 1377

Bert Kruismans 966

MéDIAs

François

De Brigode 2391

DuBus 1209

Ivan De Vadder 1129

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