Amusant de comparer le dernier défilé Chanel, qui a eu lieu ce matin, avec celui de la saison dernière, somptueux, où le Grand Palais avait été entièrement redécoré en jardins “à la française”. Ce matin, ces jardins avaient brûlé. En guise de décor, un sol lunaire, voire volcanique, des cailloux encore en fumée et des mannequins qui sortaient des deux côtés du podium comme d’un vaisseau spatial. Paysage de fin du monde. La fin dont témoignait ce défilé, c’est la fin des paillettes, du bling-bling, de la mode dans tous ses excès. Les femmes sont androgynes, sorte d’amazones des temps modernes.
Dans des pantalons souvent baggy, elles déambulent, godillots aux pieds et mains dans les poches. Le maquillage, tout comme les coiffures, sont très discrets et les codes Chanel reviennent au détour d’une veste en tweed, raccourci ou au contraire transformée en redingote, se superposant parfois. Le tout d’une simplicité extrême. C’est tellement simple que tout n’est que raffinement et menus détails. On peut quand même remarquer une fois de plus que les chemises à lavallière sont décidément de retour (n’en déplaise à Mme Thatcher). C’est aussi un retour aux années 80, où l’on aimait superposer veste sur veste et jupe sur pantalon. Pour le soir, quelques combinaisons en dentelles et une robe à plumes. Tout en noir ou gris. C’est aux premiers vers d’un poème de Verlaine auquel M. Lagerfeld a pensé : “Dans le parc solitaire et glacé…” comme il l’a expliqué au JDD. Dans ce parc, où deux spectres dialoguent, l’un demande à l’autre : “Te souvient-il de notre extase ancienne?”. L’extase dans la mode, semble conclure ce défilé, sera à trouver du côté de la sobriété.