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  • Les vitraux

    dimanche 18 novembre 2007, par Jean-Matthieu

    Des verrières d’origine, il subsiste les rosaces est et sud et les fenêtres de la nef abîmée par la grêle de 1958. Ce tapis de grisaille, qui laissait pénétrer une lumière à l’origine dorée, était très typique du dix-neuvième siècle finissant et les spécialistes disent en raffoler.

    Les vitraux des tribunes :

    Juste au-dessus des tribunes courait une série de blasons somptueusement armoriées présentés par des valets d’arme casqués. En plus des armes personnelles de l’empereur Guillaume II et de l’impératrice, il y a celles de tous les royaumes, principautés, grands-duchés, duchés et villes d’Allemagne, lesquelles remplissaient vingt-huit panneaux. Il en reste sept sous la rosace du transept Est : l’empire, la Prusse, la Bavière, le Bade, la Saxe, le Mecklembourg, l’Alsace.

    Les vitraux du chœur :

    Les vitraux originaux ont été détruits en 1944 par une bombe, laquelle a aussi anéanti la chapelle derrière le chœur. Les cinq verrières actuelles sont l’œuvre d’Eric de Saussure, frère de la communauté catholique de Taizé. Elles ont été réalisées en 1946 par les ateliers Werlé de Haguenau. Ces cinq vitraux du chœur composent un ensemble qui veut exprimer le dessein de Dieu dans tous les siècles. Des similitudes de composition, par exemple entre les première et cinquième verrières, ont été conçues pour mieux suggérer cette continuité de l’histoire du salut. Le geste d’Adam à l’extrême gauche, et même son visage, sont repris à l’extrême droite : tandis qu’Adam crie sa misère, l’ange de l’Apocalypse chante les louanges du Seigneur. La composition d’ensemble est entièrement orientée vers le Christ en gloire au centre, les personnages grandissant en s’approchant de la mandorle (motif central en forme d’amande). Il s’agit de représenter une foule, la nuée des témoins, non des personnages distincts et caractérisés. Il n’importe pas plus ici que dans les vitraux du moyen âge de déchiffrer chaque élément pour lui-même mais plutôt d’en accepter les rythmes et les jeux de couleur. Les lunettes, ou petites rosaces supérieures, donnent le thème de chaque vitrail. A gauche, l’ancienne alliance, résumée par le double panneau de la Genèse, puis par le second doublet des rois d’Israël et des prophètes. A droite, la nouvelle alliance, exprimée dans la verrière de l’Eglise primitive, puis dans celle de l’Apocalypse. Nous les présentons en partant de la gauche.

    Première verrière : la Genèse

    Dans la lunette se trouvent les Tables de la Loi (le Décalogue, les dix paroles données par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï). Dans le panneau de gauche, Lucifer est précipité du haut du ciel. L’arbre de vie et le serpent sont présents. Plus bas, Adam et Eve, affligés, quittent le jardin d’Eden. Mais Dieu fait la paix avec ses créatures. Noé et son arc-en-ciel sont placés à côté du couple Adam et Eve ; l’arc-en-ciel est synonyme d’alliance et de réconciliation malgré le péché d’Adam et d’Eve. Au centre, se trouvent le combat de Jacob avec l’ange et le buisson ardent devant lequel se détache Moïse. Il faut préciser ici que les types conventionnels de l’iconographie ont été délibérément ignorés : en particulier, les barbes ont été minimisées pour éviter toute confusion entre un rassemblement de saints et l’académie française. A la gauche de Moïse apparaît Abraham qui porte dans son sein les croyants (selon une vieille interprétation iconographique). A la droite de Moïse se trouve Melchisédec qui porte la communion préfigurant la cène. Au milieu, Moïse rappelle l’exode libérateur. En bas du vitrail, l’alpha, première lettre grecque, correspond à l’oméga, dernière lettre grecque, du cinquième vitrail. Ces deux lettres font référence à cette auto-présentation du messie dans l’Apocalypse : « je suis l’alpha et l’oméga ». Cette première verrière, comme la dernière, est composée sur une gamme de verts et de violets pourpres.

    Deuxième verrière : les rois et les prophètes

    La lunette supérieure contient la harpe (lyre) des psaumes et l’étoile juive, l’étoile dite de David. C’est l’évocation du roi-chantre inspiré. Dans l’œil de bœuf, le chandelier à sept branches rappelle le Temple de Jérusalem avant sa première destruction. A gauche, un ange joue de la trompette : dans la tradition juive, il témoigne de la première alliance lorsque les louanges de Dieu appartenaient au seul peuple élu. Son symétrique à droite, l’ange noir, joue du saxophone : il symbolise l’universalité du raciale et culturelle de l’Evangile depuis Jésus-Christ. A côté de cet ange, un mystérieux jeune homme se joint à trois Hébreux dans la fournaise ardente (Livre de Daniel) : il préfigure le Christ-Messie. En-dessous, la reine de Saba apporte à Salomon l’hommage de la sagesse orientale. Devant eux, le jeune David danse en l’honneur de Dieu. Dans le fond, des éléments d’architecture rappellent le Temple de Jérusalem construit par Salomon. En face, le prophète Elie contemple son corbeau ; Jérémie ploie sous le joug, prophétisant la captivité et de la servitude d’Israël ; Jean-Baptiste prêche la venue de Celui dont il n’est pas digne de délier la sandale. Derrière eux se profilent les ruines du Temple de Jérusalem. En bas, à gauche, le fameux poisson qui engloutit Jonas et dans lequel il pria Dieu ; à droite les vases de Jérémie, dont l’un est brisé par le potier (parabole du potier dans Jérémie).

    Troisième verrière : le Christ en gloire, sauveur du monde

    La lunette montre l’Agneau, symbole des péchés pardonnés et de la gloire du Christ. Dans la mandorle, voilà le Christ en gloire, accompagné des symboles de la cène (les épis et la grappe), le dernier repas de Jésus pris avec ses disciples. Ce Jésus en majesté emprunte son visage au Jésus de la catacombe de Priscille à Rome ; il a été préféré au crucifié plus généralement représenté. On a voulu, dans ces vitraux insister sur la joie et sur le dynamisme de la foi. On a trop souvent tendance à ne retenir de la vie chrétienne que son austérité et le drame de la chute et de la croix. Derrière la mandorle (aux quatre coins), voici la nuée des témoins sortant des tombeaux, les corps ressuscités, selon la vision d’Ezéchiel. Pour la Bible, le corps n’est pas séparé de l’âme et la résurrection est promise à notre être tout entier. Ces témoins ressuscités montent vers l’Agneau pascal qui ôte le péché du monde, en hymne de victoire.

    Quatrième verrière : l’Eglise et les témoins du Christ

    Dans la lunette, se trouve un coq. Il symbolise la veille que l’Eglise doit vivre jusqu’au retour du Christ, son avènement, comme le coq guette le lever du jour et le retour du soleil. L’Eglise s’ouvre à tous les peuples de la terre et à leurs cultures. Cette ouverture est symbolisée par l’ange noir jouant du saxophone, symétrique de l’ange blanc à la trompette de la deuxième verrière. Cette ouverture est aussi symbolisée par la vision de Pierre. Un ange lui apparut pour lui présenter une nappe chargée de mets impurs : « ne considère pas comme impur ce que Dieu a purifié », lui dit-il. C’était l’appel à l’œuvre missionnaire de l’Eglise. On comprend dès lors pourquoi cette vision est associée à l’ange noir. Les personnages choisis pour représenter l’Eglise sont Pierre et Paul, les deux piliers de la mission. On y trouve aussi Marie, la mère de Jésus, et Marie-Madeleine (Marie de Magdala), pardonnée par Jésus, Le paralytique Enée rappelle la vocation de guérison spirituelle et corporelle de l’Eglise. Etienne, le premier martyr de l’Eglise selon le livre des Actes des Apôtres, souligne la difficulté de la mission et l’hostilité qu’elle peut rencontrer. En bas, la barque symbolise l’Eglise œcuménique et la lampe allumée la parole de Dieu et l’indispensable vigilance. Ce vitrail est parsemé de flammes évoquant l’effusion du Saint-Esprit : « vous recevrez le Saint-Esprit ».

    Cinquième verrière : l’Apocalypse, l’accomplissement final

    Tout ce vitrail est inspiré par l’Apocalypse, dernier livre de la Bible, dont le nom signifie « révélation ». La lunette représente l’ange dans le soleil, une manière d’exprimer la plénitude de la gloire et la lumière de la révélation de Dieu. Au-dessous, le dragon est précipité dans l’abîme, ce qui rappelle la chute de Satan dans la première verrière. Cette chute du dragon affirme la condamnation définitive du mal. A sa gauche, un séraphin proclame la Bonne Nouvelle de la victoire des forces de la vie, l’Evangile de Jésus-Christ. Les séraphins apparaissent sous ce nom dans le seul livre du prophète Esaïe, lors de sa vocation, de son appel par Dieu. Ce sont des êtres à six ailes dont deux couvrent la face et deux les pieds. Leur fonction est de proclamer continûment la sainteté de Dieu. Cinq personnages se détachent sur la Jérusalem céleste. Ils incarnent le message du livre de l’Apocalypse. L’apôtre Jean, auquel est attribué le livre de l’Apocalypse, est soutenu par un ange énigmatique qui lui guide la plume ; trois anges l’accompagnent en chantant et dansant à la gloire du Seigneur. Ils fêtent la joie de l’avènement du royaume de Dieu. Cette grande fresque biblique est close par l’oméga, la dernière lettre de l’alphabet grec, symétrique de l’alpha du commencement.

    S. D.