22 février 2011

 avec-chabal-le-rugby-revient-au-musee-grevin_reference.1298384755.jpg

   Sébastien Chabal a marqué le rugby français comme peu l’ont fait avant lui, il a donné à son sport une incroyable dimension  auprès du grand public et ça vaut bien une statue de cire (après tout, on en connait de bien moins méritants qui sont en bien place au musée Grévin). Chabal symbolise le rugby français aujourd’hui, il est le « Zidane » de l’Ovale, ce qui finalement pose un sacré problème d’identité au pays du « French Flair ».

   Tant de combats pour faire vivre le rugby d’attaque, tant d’histoires d’un rugby offensif flamboyant transmises de génération en génération, d’essais venus de nulle part et d’essais du bout du monde, tant d’heures passées à refaire et à défaire le rugby d’attaque sur le coin d’un bar, à mimer les surnombres et les cadrages débordements, tant d’après-midis dans les écoles de rugby à apprendre l’art d’exploiter un surnombre et les espaces, à bouffer du deux contre un et du trois contre deux, tant d’images de ce rugby que l’on cultive depuis un siècle, tant de héros de ce jeu élevés au statut de légendes, de Jean Dauger à Yannick Jauzion en passant par les frères Bonifaces, Jo Maso, Didier Codorniou, Serge Blanco ou Philippe Sella…Tout ça pour ça. Voilà… aujourd’hui le rugby français, c’est Chabal et ce sont les casques pour les enfants le mercredi après-midi.

   Un combat dépassé ? Une nostalgie mal venue ? Peut-être… Le rugby se mondialise et s’uniformise. Le rugby reste  un combat dans lequel la dimension physique est une composante essentielle. Et il faut bien de solides « déménageurs de piano » pour que certains en jouent avec talent. Mais je me dis que l’équipe de France ne remportera jamais la Coupe du monde, si elle ne cultive pas sa différence, son identité de jeu.   En faisant de Sébastien Chabal son étendard, le rugby français a pris un raccourci risqué ces dernières années. Celui d’aller défier les nations de l’hémisphère sud ou l’Angleterre sur ce qui a souvent fait leur supériorité sur le rugby français.

   Après tout, Chabal reste un joueur hors norme, sa force de bras, sa violence à l’impact, sa vitesse et sa puissance sont de sérieux atouts. Au point d’en faire quasiment un héros de dessins animés. Mais ses dispositions physiques sont-elles toujours aussi décisives que par la passé dans un rugby où les  super costauds sont de plus en plus nombreux?

   Je garde en mémoire un fait  de jeu mémorable quand tout jeune troisième ligne aile de Bourgoin, il avait croisé la route du « cubique » talonneur samoan Trevor Leota. C’était à l’occasion d’un match contre les Wasps quand ils jouaient encore sur le terrain des Queens Park Rangers. C’était en Coupe d’Europe et la collision entre les deux joueurs avait fait grand bruit… dans le stade et dans les mémoires. Certains en parlent encore (j’en suis). Chabal n’était pas encore Chabal mais déjà le début d’un phénomène. Ce joueur capable d’allier vitesse et puissance d’une façon assez exceptionnelle.

   Depuis sa barbe et ses cheveux ont poussé, deux ou trois percussions d’anthologie ont fait le buzz sur internet, et l’avant du Racing est devenu en quelque sorte l’un des meilleurs arguments publicitaires du rugby français. Un produit d’appel. Un fils de pub. Il affirme, et on le croit bien volontiers, n’avoir jamais cherché ce statut, mais il faut bien se rendre à l’évidence aujourd’hui : on le voit un peu près partout. Plus efficace à vanter les mérites d’une voiture, d’un contrat d’assurance ou d’un réseau de jeu de poker en ligne, qu’à se montrer décisif avec l’équipe de France comme les quelques minutes passées sur la pelouse de Lansdowne Road (pardon l’Aviva Stadium) il y a deux semaines. Il engrange, tant mieux pour lui. Voilà un des rares joueurs qui sera véritablement à l’abri à l’issu de sa carrière professionnelle.

   Quelques cheveux blancs sont apparus également et les odeurs d’écurie commencent à se faire sentir. Moins décisif à l’impact, ce sont ses manques techniques et dans la lecture du jeu qui commencent à prendre le dessus si l’on en juge ses dernières sorties internationales cette saison.  Il y a un décalage entre sa notoriété en dehors du terrain et son impact au sein du Quinze de France.

   C’est pourquoi il joue très gros samedi à Twickenham, dans sa position préférée : numéro huit. On se rappelle qu’il y a deux ans l’expérience en troisième ligne aile avait tourné au fiasco. Personne n’a oublié ce qui avait été écrit le lendemain dans L’Equipe par Pierre-Michel Bonnot. En résumé : « la place de Chabal n’est ni en deuxième ligne ni en troisième ligne ni même sur le banc, mais derrière les abribus ». Ce nouveau rendez-vous face au Quinze d’Angleterre dans le temple de Twickenham prend donc une dimension particulière pour le « Caveman ».

   Est-il toujours incontournable pour la sélection nationale ?  Est-il indiscutable en vue de
la prochaine Coupe du monde ? Peut-il s’inscrire dans un projet de jeu ambitieux pour le Quinze de France ? Reste-t-il simplement un joueur d’impact dédié à la dernière demi-heure de jeu ? Est-il prêt à endurer la critique qui va s’abattre en cas de nouvel échec ? Ou a-t-il tout simplement fait son temps comme cela arrive un jour à tous les joueurs ? Après tout, certains qui ont beaucoup donné en équipe de France, comme Betsen, continuent de s’éclater en club, ce qui serait une très bonne nouvelle pour le Racing si dans un avenir pas si lointain, Chabal devait imiter l’ancien avant-aile de Biarritz.
   Beaucoup de questions en somme mais une certitude : Sébastien Chabal doit sortir une très grande performance samedi à Twickenham. Sa chance c’est peut-être que dans le défi ultra physique qui attend les Français face aux Anglais, il trouve matière à s’exprimer à grands coups de plaquages dévastateurs et avec une omniprésence dans les rucks pour poser ses solides paluches sur le ballon. Prouver qu’il n’est pas fini et que sa place n’est pas encore définitivement au Musée Grévin où il vient d’être immortalisé depuis le 18 février. Sinon ça risque bien de sentir pour de bon la cire et le sapin… J.S

Partager et découvrir
  • Facebook
  • TwitThis
  • Google
  • Wikio
  • del.icio.us
  • Technorati
13 février 2011

7659855737_maxime-medard-a-gauche-felicite-par-huguet-et-chabal-apres-son-essai-face-a-l-irlande.1297627168.jpg

   La France s’est donc imposée à Dublin (25-22) au terme d’un match jamais vraiment maitrisé. Un match qui démontre encore une fois que le Quinze de France cherche toujours sa voie en cette année de Coupe du monde et que chaque sortie plus ou moins ratée est une nouvelle occasion manquée de se donner quelques certitudes supplémentaires sur le jeu. L’échéance se rapproche et l’on n’est toujours pas plus avancé.

   C’est que les Irlandais, qui depuis leur Grand Chelem 2009 sont en perte de vitesse régulière, n’ont pas proposé grand-chose mais ce pas grand-chose leur a quand même permis de planter trois essais aux Français et de leur faire beaucoup de misère dans les rucks. Cela fait donc six essais encaissés en deux matchs et cela fait toujours autant de questions quant au réel potentiel de ces Tricolores.

   On nous a « vendu » le banc de l’équipe de France il y a une semaine contre l’Ecosse… franchement, je ne vois pas en quoi les rentrées de Ducalcon, Guirado ou Thion ont été rassurantes lors du premier match. Ce fut même, pour ma part, tout l’inverse. On espère que le staff tricolore sera un peu plus discret cette fois-ci sur le coaching car mis à part l’apport de Yachvili et Jauzion, on se demande bien ce que Chabal par exemple est venu apporter quand il a remplacé Bonnaire, si ce n’est une passe tout aussi hasardeuse que foireuse en toute fin de match qui a failli couter la victoire au Quinze de France.

   Si la France avait perdu ce match, il y aurait eu de quoi « se les bouffer » comme l’a laissé entendre à la pause un Marc Lièvremont visiblement très agacé. La question de la stratégie et des leaders de jeu continue donc de se poser. Morgan Parra a certes réussi sa mission de buteur sans laquelle les Français ne se seraient pas imposés, mais son manque d’influence sur le jeu semble être toujours d’actualité malgré l’expérience qu’il accumule au fil des sélections. Ralentissant le jeu quand il aurait fallu l’accélérer et inversement. Trinh-Duc, quand à lui, a fait le job, sans plus. Beaucoup moins rayonnant que lors de son match très réussi contre l’Ecosse, mais suffisament solide désormais pour s’en sortir sans dommage à ce niveau.

   Pour le reste, il reste quelques certitudes : la mêlée continue d’être rassurante et décisive  (notamment sur la dernière action du match) ; William Servat est fantastique (en l’absence de Szarzewski, il est irremplaçable pendant 80 minutes) ; l’alignement en touche s’est amélioré (deux ballons chipés aux Irlandais) ; la troisième ligne Bonnaire-Harinordoquy-Dusautoir reste un maillon de fort de cette équipe ; Aurélien Rougerie commence à prendre réellement prendre ses marques au centre sur le plan offensif même si son placement défensif n’est pas toujours très rassurant ;  et Maxime Médard est définitivement un super joueur. Alors quoi ? Suffisant pour aller faire un coup le 26 février à Twickenham ? On a déjà vu des exploits plus improbables (comme celui des Français allant battre les Anglais chez eux en 1997 avec De Rougemont en troisième ligne aile), mais quand on voit de quelle façon le Quinze de la Rose vient de dérouiller l’Italie après être allé s’imposé chez les Gallois, ceux-là même qui sont allés donnés la leçon aux Ecossais… on peut craindre le pire sur ce troisième match des Bleus dans ce Tournoi des Six Nations…. Un air de déjà vu en somme. J.S

Partager et découvrir
  • Facebook
  • TwitThis
  • Google
  • Wikio
  • del.icio.us
  • Technorati
11 février 2011

traille1.1297421359.jpg  

   « Les piliers, c’est comme les bœufs, ça marche par deux », affirmait le pilier international Jean-Pierre Garuet, dit « Garruche » et « Le Professeur ». De ce point de vue, les trois-quarts centres, tout comme les chaussettes, vont par paires. Et le Quinze de France est toujours dans la cabine d’essayage en plein Tournoi 2011, à deux jours d’affronter l’Irlande du décapant O’Driscoll et de son crépitant compère D’Arcy. Pas loin de 150 sélections à eux deux. Ils forment sans doute une des meilleures « paires de chaussettes » au monde depuis des années lumière.    De ce côté-ci, Mermoz, Marty, Baby, David, Bastareaud, Jauzion, Estebanez, Mazars, Fritz, Traille, Rougerie… Près d’une douzaine de « titulaires », appareillés en plusieurs combinaisons différentes – j’arrive plus à suivre–, ont dû se succéder aux deux postes depuis la Coupe du monde 2007. De sorte que bon an mal an, les Bleus consomment trois ou quatre centres par saison, ces derniers temps. Record mondial, très certainement.

   Le besoin compulsif de chair fraîche dans cette zone tellement sensible du jeu qu’on pourrait la qualifier de point G du rugby moderne, devrait nous interpeller pour de bon. La visibilité sur les trois-quarts que mettent en ligne les clubs du Top 14 est-elle si médiocre que nos staffs ne parviennent pas y faire leur marché dans une perspective durable ? Ou faut-il voir dans cette noria organique un manque des vertus cardinales que le traité de Clausewitz, « De la Guerre », nommait en français dans le texte, « le coup d’œil et l’esprit de décision » ?

   Il paraît tout de même ahurissant, au bout de trois ans et des brouettes de direction sportive, que le rugby tricolore n’arrive pas à accoucher d’une bonne paire de centres pour son équipe nationale. Au début des années 2000, la pénurie semblait à ce point installée que les sélectionneurs faisaient appel au Néo-Zélandais Tony Marsh et au Sud-Africain Brian LiebenBerg. Dans ce tout frais défilé de Haute Couture ovale française orchestré par Marc Lièvremont, les plus optimistes d’entre nous peuvent déceler un signal rassurant : le système clubs produit au fond beaucoup de joueurs de qualité à ce poste. Mais apparemment pas de solution de continuité au plus haut niveau.

   Alors, voici Damien Traille réinjecté dans le moteur arrière du Quinze de France. D’abord demi d’ouverture à l’automne, puis numéro 15 une mi-temps la semaine dernière contre l’Écosse, avant de passer au centre pour remplacer le Catalan Maxime Mermoz blessé. Le Biarrot est confirmé avec Aurélien Rougerie au centre contre l’Irlande. Fou, tour, cavalier, il devient l’homme à tout faire sur l’échiquier tricolore  2010-2011. Échiquier où Yannick Jauzion semble dévolu aux seconds rôles. Patrice Lagisquet, ancien coach du BO, reconnaissait en Traille le joueur le plus talentueux qu’il ait jamais entraîné avec l’Australien Joe Roff *. 

   Mais une fois de plus, la valse des hommes occulte l’essentiel : le jeu. Alors que presque toutes les équipes, Blacks, Wallabies, Anglais, Écossais, Gallois et Irlandais se reconnaissent à un rugby offensif affiché, nous en sommes toujours à nous demander sur quelle sorte de jeu le Quinze de France a bien pu jeter son dévolu. En affirmant plus que jamais leur foi en la mêlée fermée et en manifestant une vraie virtuosité sur les ballons de récupération, les Tricolores se sont certes rassurés mais n’ont guère éclairé sur la vraie nature de leur projet de jeu. « La forme, c’est le fond qui remonte à la surface », soutenait mordicus un certain Victor Hugo. Nous y verrons peut-être un peu plus clair dimanche dans le très métallique stade de Lansdowne Road restylé. M.D. 

   * 86 sélections avec les Wallabies entre 1995 et 2004 : 30 essais, 20 transformations, 18 pénalités, 244 points

Partager et découvrir
  • Facebook
  • TwitThis
  • Google
  • Wikio
  • del.icio.us
  • Technorati
03 février 2011

   livre-petit-prince.1296747154.jpg

   Marcoussis, centre national d’entraînement de rugby, a donc fait imprimer des Tables de la Loi pour un Quinze de France prié de redécouvrir les joies de la lecture papier. Le « Livre de jeu », une première à ma connaissance dans le monde de l’édition et de l’ovale, récapitule, à l’usage exclusif des Bleus, les fondamentaux et l’ensemble des combinaisons prônés par le staff tricolore. L’esprit et la lettre.Cette bible de chevet pour soirées « marcoussiennes » n’est pas à apprendre par cœur comme les tables de multiplication de notre enfance. Mais rien de tel que de solides séquences de bachotage de potache pour se présenter à l’examen du Tournoi des VI Nations et de France-Ecosse samedi soir, avec des idées claires. Et, si possible, les mêmes pour tous. J’imagine que Rodolphe, debout sur le pas-de-porte du « Papillon de mai », sa librairie niçoise de livres anciens, applaudit à tout rompre.

   En plein XXIe siècle, le retour en force de la bonne vieille chose imprimée façon Gutenberg stupéfie tout autant qu’il rassure. C’est comme si le dribbling, pratique roborative mais délaissée des pâtis ovales d’antan, et consistant à pousser le ballon du pied à plusieurs joueurs jusqu’à l’en-but, se réincarnait sous nos yeux. La galaxie du sport de haut niveau avait jusqu’ici un faible pour les bidules fleurant bon la modernité technologique : la vidéo, les ralentis, les avalanches de stats sur ordinateur portable, l’incroyable appareillage de la salle de musculation, le super concentré high-tech de la machine à mêlée intelligente, etc.

   Le « Livre de jeu » est en fait un classeur, nous apprend le pilier Sylvain Marconnet interviewé à
la télé. Les amateurs de sensations fortes seront déçus. Ce châssis scolaire du grimoire pédagogique des Bleus sied pourtant merveilleusement bien à sa fonction première : l’étude, l’assimilation, l’appropriation, l’approfondissement. Bref, la nouvelle religion du Livre appelle au  travail et à la réflexion personnels. Le rugby, le Quinze de France, la préparation du Tournoi et de la Coupe du monde, c’est donc du sérieux. Et même du studieux.

   Il n’est pas sûr que les Grand Chelem poussent dans les manuels. Mais l’idée de déconnecter les joueurs de leurs si fortes habitudes de club et de les brancher sur courant international par une lecture utile, paraît plutôt structurante. Les sceptiques auront beau jeu de rappeler l’effarant précédent de la lettre de Guy Môquet au coup d’envoi de la Coupe du monde 2007. Une lecture d’avant-match de cette ultime confession d’un gamin résistant de 17 ans s’apprêtant à mourir exécuté par l’occupant, avait transformé l’équipe de France en statue de sel. De quoi vous rendre méfiant pour toujours à l’égard de l’usage de l’écrit en matière de construction sportive.

   Le « Livre de jeu » n’est pas réellement un système de jeu. Mais c’est au moins un magasin de pièces détachées, une boîte de Meccano, un inventaire patrimonial. Le travail de bénédictin accompli par Marc Liévremont pour rédiger cet ouvrage inédit en dit long sur le besoin de repères d’un Quinze de France qui n’en finit plus de passer à la lessiveuse depuis sa très robuste campagne de Grand Chelem 2010.

   Cette équipe était au sommet de sa force d’âme l’hiver dernier. La voici un an plus tard, couverte de bleus, pétrie de doutes et condamnée à retrouver son sud. Sur la boussole tout récemment rectifiée de l’ovale, le jeu de la plupart des autres nations qui comptent – et principalement les Blacks et les Wallabies, mais aussi l’Angleterre et peut-être bien l’Écosse – a repris un gros volume offensif d’avance. Les nouvelles règles sont passées par là. Rivaliser aujourd’hui, c’est jouer debout, plus fort, plus vite, plus loin. Beaucoup plus vite, surtout.

   Redondo, qui est à ce blog Nice Rugby ce que les mines d’or du Klondike sont à Jack London, nous a mis le nez dans une galerie de statistiques tirées de Rugby Mag, revue officielle de la FFR, et de la cassette personnelle de Julien Deloire, préparateur physique du Quinze de France. Sous le titre « L’Intensité physique du Nord au Sud », le technicien montre qu’en matière de rythme et de dynamique, les jambes, le souffle de la vieille Europe et de la vieille France n’ont rien de ridicule. Loin de là. Il est bien question de performance physique et non pas de qualité de jeu.

   Le temps de jeu de France-Angleterre 2010 (44 min 38 sec) est supérieur au temps de jeu du match All Blacks - Springboks du dernier Tri Nations (40 min 36 sec). Le ratio temps de récupération/temps de jeu est très bon puisque, plus il est proche de 1, meilleur il est : 1,04 pour le match du Nord et 1,06 pour le match du Sud.

   Le Sud reprend l’avantage en durée de séquences de jeu : France-Angleterre, 7 actions entre 40 sec et 1min, 10 actions entre 1 min et 2 min, 1 action supérieure à 2 min ; Blacks-Boks, 8 actions entre 40 sec et 1 min, 16 actions entre 1 min et 2 min, et 3 actions supérieures à 2 min.

   Mais pour ce qui est des séquences de jeu enchaînées sans temps de récupération, le Nord tient formidablement bien le choc avec 23 actions sans récupération sur 65 actions de jeu contre 18 actions sans récupération sur 56 au Sud.

   On va quand même vous laisser le temps de récupérer d’ici samedi. M.D. 

Partager et découvrir
  • Facebook
  • TwitThis
  • Google
  • Wikio
  • del.icio.us
  • Technorati
27 janvier 2011

 photo-chabal-et-parra.1296142031.jpeg

   Le très astringent crépage de chignons à distance entre le manager auvergnat Jean-Marc Lhermet et le coach francilien Pierre Berbizier, s’est exacerbé dans la journée précédant le match Clermont-Racing de mercredi soir. Cet épisode caricatural, bien plus dommageable à mes yeux que tous les marrons distribués sous les mêlées depuis William Webb Ellis, montre à quel point le rugby français, tellement fier de ce qu’il appelle en vrac « ses valeurs », souffre d’hypertension chronique galopante.

Comment peut-on oser espérer en des matches propres et en un arbitrage blanc de blanc quand des aparachiks, c’est-à-dire des hommes solidement perchés dans l’appareil rugby, se querellent par média interposés comme des chiffonniers qui n’ont rien d’Emmaüs ?

   Heureusement, les deux présidents René Fontès, le Clermontois, et Jacky Lorenzetti, le Francilien, ont su conjointement faire un appel public au calme, sur la pelouse du stade Marcel Michelin, avant le coup d’envoi d’une rencontre transformée en baril de poudre.

Heureusement encore, l’arbitre Romain Poite, a su concilier main de fer et gant de velours avec sang-froid, rigueur et bonhommie. Comme sait si bien le faire, au fond, ce corps arbitral passionné et compétent que nous avons tendance à regarder de travers –moi le premier– et à pointer un peu vite comme source des maux dont souffre le « meilleur championnat national de rugby du monde ».

   Heureusement enfin, les joueurs sont formidables. Quand les demis-de-mêlée Morgan Parra, dit « Le Merdeux » et Jérôme Fillol, dit « Belette » ont bondi l’un sur l’autre tels des chats sauvages et ont continué à se chercher du geste et du regard, ça sentait la bagarre générale à fleur de pelouse. Sébastien Chabal a bien flairé le danger. Le Racingman a discrètement embarqué à l’écart Parra, son adversaire du jour. Sans brutalité aucune, mais histoire tout simplement de l’éloigner des 40ème  rugissants et de le ramener en eaux calmes. Entre joueurs du XV de France et anciens de Bourgoin, on se comprend tout de suite. Et puis, qui aimerait contrarier un Chabal aussi décidé dans le rôle inattendu du juste ?

   J’ai bien aimé ce geste responsable qui en dit pas mal sur la maturité dont sait faire preuve le plus physique de nos avants. La Berjallie et l’équipe de France  – toutes deux représentées par Nallet, Chabal, Pierre, Bonnaire, Parra – ont d’ailleurs apporté hier soir l’apaisement dont le match avait besoin pour arriver à respirer normalement.

   Dès hier après-midi, Redondo nous alertait dans un commentaire  inspiré par ses échanges récents avec un arbitre du Top 14, sur le climat de pression et de tension entretenu de manière de plus en plus exacerbée autour des hommes au sifflet par les staffs des clubs (lire ce commentaire dans le post précédent). En bon pédagogue et éducateur qu’il est, Redondo cherchait à concentrer notre réflexion sur une idée capitale : l’arbitre est un homme comme les autres. Et il a aussi droit à l’erreur que n’importe quel joueur lorsqu’il commet des en-avants, rate des passes, des pénalités, des drops.

   Un autre blogueur émérite, bfi, croit devoir  affirmer : « La question n’est pas de savoir si les joueurs connaissent le règlement ou pas. C’est plutôt de constater que l’arbitrage n’est pas homogène. » Mais alors, cher bfi, si l’arbitrage n’est pas homogène, que dire de la gouvernance des clubs ! Comme bric-à-brac, ça se pose là !

            Et ça pleurniche contre l’ERB, l’IRB, les Celtes, Gorgodze, etc. Mais ça achète le Gallois James Hook pour l’USAP par ci, un Lauaki pour  Bayonne par là. À  écouter Guy Novès, son équipe du Stade Toulousain serait la principale victime du Quinze de France : soit parce que Marc Liévremont ne sélectionne pas assez de ses joueurs, soit parce qu’il en sélectionne trop.

            Le vent de mauvaise petite folie qui s’est levé avant Clermont-Racing n’est plus un phénomène météo isolé dans un rugby professionnalisé où l’enjeu financier prime presque tout et où l’arbitre est souvent vécu comme un castrateur. Le Top 14 est devenu le bureau des pleurs et s’il ne prend garde, le rugby français va voir filer ses fameuses « valeurs » du côté du hand-ball,  comme il y a laissé filé Bernat-Salles et Sella récemment.

 

            Il serait peut-être temps de nous demander toutes et tous autant que nous sommes, non pas ce que l’arbitre pourrait faire pour nous, mais ce que nous pourrions faire pour lui. Et sans doute commencer par mieux lire le règlement. Car quoi qu’en dise l’ami bfi, nul n’obtient son permis de conduire si le code de la route ne lui a pas été enseigné. M.D.

 

Partager et découvrir
  • Facebook
  • TwitThis
  • Google
  • Wikio
  • del.icio.us
  • Technorati
25 janvier 2011

 682834-8200615-317-2381.1295942846.jpg  Le doigt d’honneur de Fritz aux supporters des Wasps… shocking ! 

   Le Stade Toulousain, battu d’extrême justesse par les Wasps16-21, est donc faillible. Peut-être parce qu’il avait ce dimanche deux idées en tête :

  1. D’ores et déjà qualifié, l’orchestre rouge et noir venait « négocier » chez les Wasps un quart-de-finale de HCup à Toulouse. Et pour cela un match nul aurait suffi.
  2. Ménager son effectif en vue d’un match très rapproché de Top 14 contre Montpellier quatre jours plus tard.

En filigrane, les six internationaux toulousains retenus dans le groupe des 30 pour le Tournoi n’avaient sûrement pas envie de se blesser bêtement, à moins de deux semaines de France-Écosse, dans une rencontre avant laquelle l’essentiel, la qualification, était accompli. Et chacun peut le comprendre.Le champion d’Europe 2010 avait bien plus à perdre qu’à gagner ce dimanche. Il devait trouver un très subtil équilibre entre des conflits d’intérêts individuels et collectifs avoués ou subconscients. Et, quand des joueurs entrent sur une pelouse lestés d’arrière-pensées, il devient bien compliqué pour eux de réaliser un vrai bon match de rugby, c’est-à-dire se livrer sans réserve mentale d’aucune sorte. Il s’en est fallu de très peu. Même réduit à quatorze contre quinze, à la suite du carton rouge contre Fritz pour un placage cathédrale, le Stade Toulousain tenait le match nul 16-16… Et c’était plutôt mérité. Jusqu’à l’essai de Lemi, le petit ailier des Wasps à la 79e minute.

   Première idée qui passe : gérer trois matches quasiment en même temps sur trois tableaux différents (Wasps-Toulouse, Toulouse-Montpellier et… France-Écosse) relève de la gageure. Même pour un effectif de la densité des rouge-et-noir et sa constellation d’internationaux. Même pour un coach coriace et ficelle comme Guy Novès. Le calendrier, notre fameux calendrier de plomb, pèse dans ces cas-là des tonnes et des tonnes.

   Deuxième constat : c’est typiquement un match de guerre des nerfs à réserver aux vieux briscards et aux joueurs à sang-froid. Picamoles, Maestri (des Marie-Louise), Fritz (un vrai tempérament qu’on aime bien, mais au doigt si mal élevé), ont craqué quand les événements ne tournaient plus assez rond. Toulouse s’est au fond laissé sortir du match, a cédé à de petites provocations, s’est agacé, déconcentré. Pour perdre au final le contrôle de ses nerfs et de la partie. Alors que des joueurs comme Servat, Alabacete ou Médard ont encore démontré qu’ils étaient des leaders incontestés, capables d’imposer leur rugby dans toutes les conditions et de s’adapter à tous les contextes.

Troisième petite réflexion : faire le jeu, oui, mais à condition de surprendre. Or le fond de sauce du premier club d’Europe est désormais bien répertorié, décortiqué, analysé. Le profil de ses joueurs cadres, également. C’est la vitesse d’exécution qui peut faire la différence, la rapidité des enchaînements, les changements de rythme, les renversements, les intuitions. Ce qui demande une concentration totale de toute l’équipe. Et quand cela ne marche pas ou pas suffisamment bien, des modifications substantielles de réglage en cours de route s’imposent. Mais un rugby aussi solidement fondé que celui du Stade Toulousain est-il aussi adaptable qu’il le faudrait pour gagner sur tous les tableaux ? M.D. 

Partager et découvrir
  • Facebook
  • TwitThis
  • Google
  • Wikio
  • del.icio.us
  • Technorati
17 janvier 2011

 van-niekerk.1295258982.jpg Joe Van Niekerk, à fond pour le maillot rouge et noir

   « Jamais dans mes rêves les plus fous, je n’avais imaginé qu’on serait qualifiés aujourd’hui… Cette qualification fait partie de la récompense d’une vie » disait Mourad Boudjellal ce dimanche. C’était juste après le fantastique exploit du RC Toulon qui non seulement atteint pour la première fois de son histoire les quarts de finale de la Coupe d’Europe mais sort du même coup la prestigieuse équipe du Munster de la compétition.

   Je fais partie de ceux qui s’interrogent toujours un petit peu à la lecture de la composition de l’équipe varoise qui ce week-end encore alignait seize joueurs étrangers sur vingt deux, soit autant de joueurs non sélectionnables pour l’équipe de France, mais l’aventure du « ercété » est vraiment belle et si la communication de son incontournable président qui aime beaucoup que les projecteurs soient braqués sur lui, est parfois excessive, on ne peut que s’incliner devant tant de détermination à imposer le rugby toulonnais au plus haut, après avoir pris le risque d’en prendre les commandes en 2006. Le pari est gagné. Mourad Boudjellal a goûté au rugby toulonnais et il s’y est attaché. Il a maintenant goûté à la Coupe d’Europe, il ne pourra plus s’en passer. 

   La force du RC Toulon c’est qu’il possède une véritable identité. Une identité qui fait que tous les joueurs qui ont porté un jour le maillot rouge et noir se sentent investis d’une mission qui dépasse le cadre d’un simple match. « Portés  par le peuple toulonnais » entend-on souvent. Ce n’est pas qu’une phrase, c’est une réalité. C’était vrai pour Christophe Deylaud qui malgré un passage éclair dans les années 90 reste marqué par ce club, c’était vrai pour le Sud-Africain Eric Melville, pour le Tarbais Aubin Hueber, pour l’Aurillacois Pierre Trémouille, pour les Niçois Jean-Charles Orso puis Franck Alazet, et plus près de nous pour le Néo-Zélandais Tana Umaga. C’est vrai aujourd’hui pour l’Anglais Johnny Wilkinson, pour les Argentins Contepomi et Fernandez-Lobbe ou pour le Sud-Africain Joe Van Niekerk, à l’heure de la mondialisation du Top 14. Toulon est aujourd’hui une équipe cosmopolite, parfaitement adaptée à ce qu’est devenu le rugby pro aujourd’hui, qui ne sert pas forcément les intérêts de la sélection nationale (malgré une vibrante Marseillaise entonnée pour la première fois à Mayol dimanche), mais une constante demeure : l’amour du maillot. L’envie de se transcender pour le club et pour le public varois.

    Pour peu qu’un joueur ait un minimum de talent mais qu’il soit prêt surtout à verser jusqu’à sa dernière goutte de sang sur le terrain pour le maillot frappé du muguet, alors celui là mérite d’être un enfant de Mayol pour la vie, qu’il soit né à 100 mètres du stade ou à l’autre bout de la planète.

   Pour avoir passé quatre ans au sein du management du Rugby Nice Côte d’Azur, j’ai pu mesurer la difficulté d’insuffler une dynamique autour d’un club qui n’a pas de réelle identité. On se rend compte alors que l’histoire est importante et que les couleurs le sont tout autant (Nice ne joue plus en jaune et bleu, et c’est une grande perte). Certes, le rugby à Nice, dans cette ville où l’identité s’est un peu diluée durant ces vingt  dernières années et où il y a tant d’autres choses à faire, ce n’est pas le rugby à Toulon. Dans cette ville, le rugby est le sport numéro un. Et il suffisait d’une étincelle pour que le rugby à Toulon reparte et que le stade Félix-Mayol soit de nouveau en fusion. Encore fallait-il avoir les épaules suffisamment solides pour relever ce beau mais complexe défi et faire du RCT un business rentable. Car le poids de l’histoire pèse de son tout son poids dans ce club à forte personnalité où les noms de glorieux anciens sont toujours très présents : Herrero, Gallion, Ballatore, Champ… Il faut être capable de passer après ça. Boudjellal a eu le courage de s’exposer et pour ce « non rugbyman » qui a su imposer une véritable révolution au sein du club rouge et noir, c’est un réel exploit.

   La réussite du RCT est une superbe nouvelle pour le rugby du sud-est qui, rappelons-le, n’était vraiment pas au mieux il y a quelques années, quand Toulon souffrait en Pro D2. Preuve que le RCT est une véritable locomotive. Un rêve qui doit à tout prix être accessible pour les jeunes joueurs de la région qui ont du talent, à l’image du jeune demi de mêlée niçois Magnaval rentré à la 59ème minute ou des ces jeunes joueurs de première ligne élevés à la mamelle varoise Orioli et Mérabet. Il en faudra d’avantage demain, c’est une évidence. Car il faut impérativement entretenir cette passerelle entre la formation et le haut niveau si le RC Toulon veut redevenir demain le grand rival du Stade Toulousain (1)

   Aujourd’hui, un jeune joueur de Nice qui rêve de faire une carrière de rugbyman ne pense qu’à une chose : rejoindre le RC Toulon. Ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour le club niçois, mais tant qu’il n’aura pas rejoint le rugby pro, il ne pourra en être autrement. C’est en tous cas la preuve que le RCT est redevenu une référence et qu’il fait rêver. J.S

 

(1) du numéro neuf au numéro quinze, Toulouse a aligné samedi contre Newport 9 joueurs  sélectionnables en équipe de France: Médard, Clerc, Poitrenaud,  Jauzion, Heymans, Skrela + Fritz, Michalak et Doussain entrés en cours de jeu. On peut y ajouter Dusautoir, Bouilhou, Lamboley, Poux, Servat, Lacombe, Montés et Maestri (formé à Toulon)… soit 17 joueurs français sur 22, l’inverse en somme du RCT.

Partager et découvrir
  • Facebook
  • TwitThis
  • Google
  • Wikio
  • del.icio.us
  • Technorati
10 janvier 2011

france_chabal_nallet.1294691869.jpg  Formés à Valence et Bourg-en-Bresse, révélés au plus haut niveau à Bourgoin, Chabal et Nallet font aujourd’hui les beaux jours du Racing et de l’équipe de France…

 

            Messieurs Lionel Nallet (Racing - 54 sélections), Sébastien Chabal (Racing - 50), Olivier Milloud (Bourgoin - 49), Julien Bonnaire (Clermont - 44), Pascal Papé (Stade Français - 22), Morgan Parra (Clermont - 19), Julien Pierre (Clermont - 12), Florian Fritz (Toulouse, 19), Benjamin Boyet (Bayonne - 5), Yann David (Stade Toulousain - 4), Jean-François Coux (Bourgoin – 2), Alexandre Péclier (Saint-Étienne - 2), Sylvain Nicolas (Stade Toulousain), mais aussi Marc Cécillon (47), Stéphane Glas (37), David Venditti (11 ), Laurent Leflamand (8), Jean Daudé (1), Alexandre Chazalet (1), Gilles Cassagne, et bien d’autres bons joueurs formés ou révélés sous les couleurs ciel et grenat, ont la douleur de vous faire part de la descente prochaine en Pro D2 du CS Bourgoin-Jallieu, alias le CSBJ.

            La 16e journée du Top 14 confirme la sortie de route de la Berjallie qui n’en finissait plus de s’accrocher depuis trois saisons. La Rochelle vainqueur à Pierre-Rajon, 44-14, a donné le coup de grâce après la décision de la brigade financière de la DNACG d’enlever au club cinq points au classement pour cause de déficit financier d’1,5 million d’euros non résorbé.

            Réaliste, le président Gaston Maulin prépare dès maintenant la suite, c’est-à-dire la Pro D2. Il suspend même les deux entraîneurs actuels Péméja et Catinot pour faire appel à Laurent Seigne.

            Bourgoin n’est pas le premier club à vivre le traumatisme de la relégation. Agen, Toulon, le Racing, Montauban, Grenoble, Narbonne, Pau, Dax, La Rochelle, Nice, Béziers … ont dû apprendre à le digérer, avec des fortunes diverses. Mais avec le CSBJ qui descend, c’est une sorte de miracle qui s’éteint après plus de 25 ans passés dans l’élite.

            Celui d’un homme d’abord, Pierre Martinet, treize ans président et qui a lâché les rênes depuis quelques temps. Celui d’une ville de 23 000 habitants écartelée entre Lyon et Grenoble, et capable de cultiver une très ancienne et très farouche identité ovale dans une région où les références s’appellent plutôt Saint-Étienne et l’OL.

            Miracle surtout –mais en est-ce un ?– d’un centre de formation incroyablement fécond et productif qui a su drainer jusqu’à lui et nourrir à sa robuste mamelle des jeunes issus des clubs voisins de Bourg, Chambéry, Vienne, Villefranche-sur-Saône, Givors, Villeurbanne, Grenoble, Lyon, Romans, La Voulte ou Valence sur la base d’un projet de club qu’avait su savamment bâtir dans les années 90 un certain Michel Couturas. Bourgoin était devenu le club d’une région, le club de l’Isère bien évidemment, mais aussi de l’Ain, de la Drôme, de l’Ardèche, du Rhône et de la Savoie.

            Le rugby français ne va pas claboter parce que le CSBJ s’enfonce dans la Pro D2. Mais que vont devenir cette force d’attraction et cette constance formatrice d’une densité exceptionnelle ? Vont-elles perdurer ? Vont-elles changer de monture ? S’accrocher aux poils du vieux rival lyonnais, le Lou, qui s’apprête, lui, à remonter en Top 14 ? Ce puissant voisin a déjà cherché à réaliser une OPA sur le trésor Berjallien.

            L’histoire de Bourgoin, m’est sans doute chère parce que, cadet, j’y ai livré mon premier vrai match de rugby sous les couleurs de l’ASUL, club universitaire lyonnais, il y a quelque chose comme quarante-cinq ans. Mais en même temps, j’en mesure toutes les limites. Le miracle berjallien s’éteint parce qu’il n’a pas su trouver un souffle nouveau lorsque Pierre Martinet, son homme ressource, a montré ses premiers signes légitimes de vraie lassitude. Imaginez le Castres Olympique sans Pierre Fabre…

            Contraint et forcé, le CSBJ va-t-il contribuer à mettre en œuvre, avec d’autres, une solution innovante et régionale et sortir de cette pure logique de club-clocher qui peut confiner à l’absurde ? Rien n’empêcherait la Berjallie de rester le phare formateur d’une entité plus vaste ressemblant à la première franchise créée en France.

            À voir ce week-end, bien des joueurs de beaucoup d’équipes manquer d’envie et Racing-Toulon se régler à coups de drops, on dirait bien que le rugby du plus coriace championnat de national de clubs du monde a un petit coup de mou alors que l’hiver ne fait que commencer. M.D.

 

Partager et découvrir
  • Facebook
  • TwitThis
  • Google
  • Wikio
  • del.icio.us
  • Technorati
29 décembre 2010

 william-servat_diaporama.1293621818.jpg Servat, fer de lance du rugby français


L’équipe de France 2010 : honneur à Maître Jean

« Quand Jean Bouilhou joue, et tout particulièrement quand il porte le n°6, ce maître homme infuse un je-ne-sais-quoi de plus au pack toulousain » m’écrit Michel Desfontaines. Le troisième ligne de Toulouse reste le garant d’un rugby français qui se doit de cultiver sa différence et c’est pourquoi Sébastien Chabal ne figure pas dans la sélection de Nice Rugby. Non pas que l’ancien Berjallien ne mérite pas les citations. Il reste capable d’incroyables fulgurances. Il reste encore le joueur le plus populaire en France mais c’est parfois balourd et il lui manquera toujours ce « je ne sais quoi » qui fait la singularité des joueurs français les plus doués. La lecture du jeu, le sens tactique, l’aptitude à jouer juste et à utiliser les espaces, ce qu’on appelle communément le « french flair », cette façon d’être au rugby, cette identité de jeu en péril que le rugby français se doit à tout prix d’entretenir et de cultiver au risque de n’être plus qu’un faire-valoir pour les grandes nations de ce jeu comme ce fut le cas récemment face à l’Australie. Chabal représente un rugby physico-physique dans lequel la France aurait tort de se lancer.

La fin de l’année 2010 a d’ailleurs été cruelle pour un rugby français soudainement privé d’idées.

2010 laisse ainsi un goût d’inachevé et quelques inquiétudes. Mais ce serait oublier le Grand Chelem du Quinze de France pour lequel le cinq devant tricolore constitué principalement de Mas, Servat, Domingo Pierre et Nallet a joué un rôle essentiel. Véritable poutre maitresse d’une sélection qui cherche toujours sa voie dans le jeu mais qui sait se reposer sur quelques solides fondations.

La déculottée face aux Wallabies ne doit pas faire oublier  non plus les superbes parcours du Stade Toulousain de Jean Bouilhou, Thierry Dusautoir et Yannick Jauzion en Coupe d’Europe et du Clermont Auvergne de Morgan Parra qui malgré encore quelques imperfections dans son jeu s’impose lui aussi dans la sélection (Grand Chelem et Bouclier de Brennus à 21 ans tout de même)… attention tout de même au retour en forme de Yachvili à Biarritz et à l’avènement prochain de Tillous-Bordes (Castres) auquel Nice Rugby croit beaucoup.

Pour le reste, les Catalans Porical et Mermoz n’ont pas toujours été transcendants, mais leur potentiel et leur talent se sont parfois exprimé de belle façon. Le Montpelliérain François Trinh Duc, malgré un jeu au pied encore perfectible, a démontré tout au long de la saison qu’il n’avait pas d’égal pour le moment. Le Toulousain Médard qui «pue »  le rugby comme on dit, est à sa place au plus haut niveau. Quant à l’ailier auvergnat Malzieu, il  mériterait plus régulièrement sa chance en sélection nationale. Pour eux aussi, c’est une vision du rugby qu’il faut défendre. Une identité de jeu. Ce rugby de l’estomac cher à Michel.

QUINZE DE FRANCE 2010 : Jérôme PORICAL (Perpignan) - Maxime MEDARD (Toulouse), Maxime MERMOZ (Perpignan),  Yannick JAUZION (Toulouse), MALZIEU (Clermont), (o) François TRINH DUC (Montpellier), (m) Morgan PARRA (Clermont) ; Thierry DUSAUTOIR (Toulouse), Imanol HARINORDOQUY  (Biarritz), Jean BOUILHOU (Toulouse); Julien PIERRE (Clermont), Lionel NALLET (Racing) ; Nicolas MAS (Perpignan), William SERVAT (Toulouse), Thomas DOMINGO (Clermont).

Remplaçants : Szarzewski (Stade Français), Montes (Toulouse), Tchale Watchou (Perpignan), Bonnaire (Clermont), Yachvili (Biarritz), Bastareaud (Stade Français), Poitrenaud (Toulouse)

 

Joueur français de l’année : William SERVAT

Le seul Français à s’imposer dans le Quinze Mondial. Le pack tricolore n’est plus le même avec ou sans le talonneur toulousain. Il allie puissance, intensité, mobilité, technicité et il sait transcender ses coéquipiers dans les moments clés. Il fait l’unanimité, même auprès des médias des autres nations.

 

 

L’équipe mondiale 2010 : hymne aux Wallabies

Ils sont contagieux les Wallabies. Ils donnent envie de jouer comme eux au XV de la Rose et aux clubs européens en H Cup. Peut-être un jour à nos clubs en Top 14. Ces jeunes et parfois très jeunes phénomènes auxquels Robbie Deans a su faire confiance, de l’arrière ultra offensif  Kurtley Beale et au phénomène David Pocock, infatigable troisième ligne aile, un genre de « moissonneuse batteuse » des terrains qui avale les ballons et les rend plus propres. Les Wallabies osent un rugby décapant qui s’est hissé au niveau des intouchables All Blacks.

Normal donc que Néo-Zélandais et Australiens trustent ce Quinze mondial dans lequel le centre irlandais Brian O’Driscoll reste une référence et le colossal pilier anglais Andrew Sheridan, capable de détruire une mêlée adverse à lui tout seul, s’impose également. Avec eux, on retrouve l’incontournable deuxième ligne sud-africain Victor Matfield, leader du monolithique pack des Springboks et véritable docteur es deuxième ligne,  poste dont  il maitrise tous les aspects. Le parfait complément du tonitruant Néo-Zélandais Brad Thorn, une machine de guerre celui-là, le papa du pack Black dans lequel le très complet numéro huit Kieran Read s’est révélé.

A noter la présence du pilier droit du Stade Toulousain, Census Johnston. Pas toujours le meilleur en mêlée, mais dans le pack des Samoa, il ne peut pas tout ;  mais assurément l’un des joueurs les plus complets à son poste et certainement le plus enthousiasmant à voir jouer. Dans une grande équipe, il serait à sa place.

QUINZE MONDIAL 2010 : Kurtley  BEALE (AUS)  - James O’CONNOR (Australie), Brian O’DRISCOLL (IRL), Conrad SMITH (NZL), Drew MITCHELL (AUS) - (o) Dan CARTER (NZL), (m) Will GENIA (AUS) – Richie McCAW (NZL), Kieran READ (NZL), David POCOCK (AUS) – Victor MATFIELD (AFS), Brad THORN (NZL) -  Census JOHNSTON (SAM), William SERVAT (FRA), Andrew SHERIDAN (ANG).

Remplaçants : Mealamu (NZL) Woodcock (NZL), Palmer (ANG), Elsom (AUS), Quade-Cooper (AUS), Ahsley-Cooper (NZL), Muliana (NZL)

 

Joueur de l’année : Kurtley BEALE

Tout en étant très collectif, ce phénomène sur le terrain comme dans la vie nocturne, signe de stupéfiants exploits personnels à l’arrière du Quinze d’Australie. Un  funambule qui nous réconcilie avec le rugby d’attaque et montre la voie. Audace, vitesse, adresse, vista, l’Australien est ce joueur qui nous rappelle les grands arrières français tels Jack Cantoni et Serge Blanco. Il représente ce rugby offensif que nous aimons tous, celui qui fait que Jean Bouilhou et Imanol Harinordoquy s’imposent dans notre sélection française et que Census Johnston trouve sa place dans notre sélection mondiale.

 

 

Prix spécial « Nice Rugby » : Julien CAMINATI

Pour conclure cette année 2010, une mention particulière au jeune Niçois Julien CAMINATI, formé à Nice, qui évoluait encore en Fédérale 1 la saison passée et qui s’est imposé avec talent et autorité dans l’effectif du  CA Brive-Corrèze. A coup sûr, la plus belle progression de l’année. Il mérite de figurer au sein d’une sélection 2010 où nous avons voulu mettre des joueurs à l’honneur. De façon très subjective, forcément.

Le Quinze coup de cœur de Nice Rugby : Caminati (Nice, Brive) – Arias (Stade Français), Steyn (Racing), Michel (Perpignan), Bobo (Racing)- (o) Wilkinson (Toulon), (m) Tillous-Bordes (Castres) - Moxham (Nice), Masoe (Castres), Van Niekerk (Toulon) – Fakaté (Montpellier), Alabacete (Toulouse) – Avril (Bayonne), Ledesma (Clermont), Roncero (Stade Français).

Partager et découvrir
  • Facebook
  • TwitThis
  • Google
  • Wikio
  • del.icio.us
  • Technorati
20 décembre 2010

 muffat.1292837228.jpg Camille Muffat enfin couronné (photo AFP)

   Il y a chez les grands champions ce goût pour la bagarre et le combat. Cette capacité à aller puiser au fond d’eux-mêmes une incroyable énergie, à savoir se remettre en question. Chacun à son niveau et à sa façon, Perpignan auteur d’un match nul à Leicester en Coupe d’Europe, et le Rugby Nice Côte d’Azur qui est allé s’imposer à Blagnac (Fédérale 1, une semaine après une défaite improbable chez le dernier à à Grasse), ont prouvé que le sport est le plus souvent une affaire de mental.   Il y a le talent forcément, il y a la dimension physique et athlétique bien évidemment et puis il y a ce qui fait toujours la différence, à potentiel égal…la tête.

   J’ai le souvenir d’un entraîneur qui me répétait sans cesse, « le rugby, c’est 90 % dans la tête ». Je lui répondais d’abord : « d’accord, mais si tu vas à deux à l’heure, le mental te servira à rien », et puis je finissais bien par me rendre à l’évidence que pour exploiter les « fondations », c’est-à-dire toutes ces heures d’entraînement pour se fabriquer un physique à peu près adapté à ce sport collectif de combat, c’est avant tout le  « savoir-faire » (la technique et l’intelligence de jeu) et le « savoir-être » (le mental) qui faisaient la différence.    En voyant ce dimanche la Niçoise Camille Muffat s’imposer sur le 200 m nage ligne au Mondiaux de Dubaï, cette vérité du sport de haut niveau m’est subitement revenue en tête.  Ce n’est pas du rugby, c’est de la natation, et vous aurez certainement raison en me faisant remarquer que je ne connais pas grand-chose sur le sujet. Mais il y a dans ce magnifique succès tous les ingrédients de la réussite sportive, tous les composants de cette difficile équation qui construisent la performance : le talent, le potentiel, le travail, le physique et le mental.

   La natation est sans aucun doute l’une des activités sportives les plus difficiles qui soient. La natation, ce sont des heures et des heures d’entraînement pour atteindre un niveau décent, à compter les petits carreaux au fond de l’eau. On imagine alors assez mal ce qu’il faut comme talent, comme volonté et comme détermination pour arriver au sommet de la hiérarchie mondiale. C’est pourquoi la performance de Muffat est exceptionnelle et sa réaction, toute en modestie et en simplicité quelques minutes après ce titre mondial doublé du record de France, l’est tout autant.

   Il y a chez cette championne hors du commun, tous les ingrédients de la réussite. Une histoire d’abord. Où l’on apprend que le potentiel et le caractère en acier trempé ont toujours été présents. Où l’on apprend qu’il y a eu une ascension rapide (elle bat un record de France de Laure Manaudou à seulement 15 ans) mais aussi de sérieux revers (des grands rendez-vous manqués ces deux dernières années qui auraient pu  plomber sa confiance). Car l’échec fait toujours partie d’un apprentissage réussi. Encore faut-il avoir la capacité de s’en servir et le bon entourage pour le gérer. Avec Fabrice Pellerin comme entraîneur, celui-là même qui a  révélé un autre phénomène de la natation niçoise, Yannick Agnel (18 ans), en misant plus sur la qualité du travail que sur la quantité (Pellerin c’est l’anti Lucas),  la nageuse azuréenne semble avoir avec elle le guide idéal pour durer et confirmer. Assurément, elle a franchi un palier.

   A 21 ans, Camille Muffat a délivré l’un de ses plus beaux combats. Elle était attendue, elle a répondu. Et pour nous tous qui sommes au cœur du sport niçois, elle a nous procuré un grand moment d’émotion. J.S

Partager et découvrir
  • Facebook
  • TwitThis
  • Google
  • Wikio
  • del.icio.us
  • Technorati