Archives de la catégorie: 'Investissement'

22 novembre 2010

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La révision à la baisse de la réduction fiscale s’appliquant aux redevables de l’impôt sur le fortune (ISF), lorsqu’ils investissent dans des PME en phase de démarrage, sera finalement moins forte que prévu.

Les sénateurs, dans le cadre de l’examen du projet de budget pour 2011, ont en effet adopté, lundi 22 novembre, un amendement qui amoindri les dispositions qu’avaient votées les députés sur ce dispositif, dit “ISF PME”.

L’Assemblée nationale avait imposé, le 22 octobre contre l’avis du gouvernement, un abaissement de la réduction sur l’ISF à 50 % des sommes investies - contre 75 % jusqu’à présent - lorsque celles-ci le sont directement ou au travers des holdings. Un plafond de 50 000 euros pour l’abattement avait été maintenu (lire ici).

L’amendement adopté par la Sénat fixe, quant à lui, la réduction à 67,5 % de l’investissement, dans la limite de 45 000 euros, pour ces investissements directs ou au travers de holdings.

Il fixe par ailleurs la réduction fiscale à 45 % des sommes investies (contre 50 % actuellement), dans la limite de 18 000 euros (contre 20 000 euros actuellement), pour les investissements qui se font par le biais de fonds (comme les FCPI).

“Il s’agit d’appliquer le “coup de rabot” de 10 % tel que l’a engagé le gouvernement sur les niches sur l’impôt sur le revenu”, a expliqué Philippe Marini, le rapporteur général (UMP) du budget, plaidant également pour la stabilité, fiscale et juridique.

“C’est une bonne mesure”, a indiqué la ministre de l’économie, Christine Lagarde, rappelant que “l’objectif de cette disposition est de renforcer les fonds propres des petites et moyennes entreprises”.

Le dispositif “ISF PME” fait partie de loi TEPA votée en 2007. Il avait été présenté comme une façon d’épauler les entreprises en phase de démarrage.

Eviter les “montages abusifs”

Le PS a souligné que le système actuel bénéficie à 81 000 ménages et représente un coût de 768 millions d’euros cette année et de 733 millions attendus en 2011. Pour mémoire, l’ISF est acquitté par quelque 560 000 contribuables.

Selon Bercy, l’ISF PME a permis de drainer 1 milliard d’euros vers les PME, couvrant 10 % de leurs besoins en fonds propres.

Pour éviter les “montages abusifs”, le Sénat a également adopté un amendement, présenté par le gouvernement, qui impose que les sociétés dans lesquelles se font les investissements comptent au moins deux salariés à la clôture de leur premier exercice, ou un salarié si elles sont inscrites à la chambre des métiers.

“Il faut moraliser ce dispositif et empêcher les créations de sociétés cibles fortuites”, c’est-à-dire créées juste pour bénéficier de l’avantage, a plaidé la ministre de l’économie, Christine Lagarde.

Lors de l’examen du budget à l’Assemblée, le rapporteur général (UMP) du budget, Gilles Carrez, avait rappelé que l’“on a vu des investissements dans des caves à vin” bénéficier de ce dispositif ISF-PME.

Les sénateurs ont par ailleurs supprimé un article introduit par les députés qui visait à étendre le bénéfice de la réduction d’ISF aux dons effectués en faveur des associations reconnues d’utilité publique ayant pour objet le financement et l’accompagnement de la création et de la reprise d’entreprises.

Les sénateurs ont passé près de deux heures sur cet article relatif à l’ISF-PME. “Cela fait beaucoup de temps pour un dispositif sur lequel on va revenir dans quelques mois”, a relevé M. Marini. Nicolas Sarkozy a annoncé sa volonté de supprimer l’ISF, tout ou partie, mi-2011.

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14 novembre 2010

En 2007, Nicolas Sarkozy voulait réhabiliter le travail et doper la croissance. Après trois années de gouvernements Fillon (le Fillon I éphémère et le Fillon II qui vient de s’achever) où en est-on ? L’économie nationale apparaît poussive et le chômage persistant et élevé. Les finances publiques sont sérieusement dégradées.

L’”état des lieux” fin 2007

La croissance de l’économie nationale était de + 2,4 %.

Le nombre de demandeurs d’emploi en métropole (toutes catégories confondues) était évalué à 3 millions.

Le déficit public se chiffrait à 2,7 % du produit intérieur brut (PIB).

La dette publique atteignait 63,8 % de ce même PIB.

L’”état des lieux” aujourd’hui

La croissance devrait être de + 1,6 %.

On compte 3,99 millions de chômeurs.

Le déficit public atteindra - 7,7 % du PIB.

La dette publique représentera 82,9 % du PIB.

L’”effet” crise

Ces chiffres traduisent, pour une part, les effet de la crise - financière puis économique - mondiale.

La France a pourtant mieux résisté que nombre de ses voisins. En 2009, elle n’a accusé qu’un recul de 2,6 % de son PIB.

Les « filets sociaux » ont joué le rôle d’amortisseur. Le gouvernement a également mis en place des mesures fiscales de soutien et un plan de relance qui ont contribué à soutenir l’activité.

Mais tout cela a eu un coût pour les finances publiques : la crise a provoqué des pertes de recettes et les mesures prises pour la contrecarrer ont pesé sur les dépenses.

Cet effet ciseau a aggravé le déficit, et la dette. La crise et les mesures “anti crise” expliquent ainsi pour 75 % l’aggravation du déficit sur la seule année 2009.

Le poids des choix gouvernementaux

L’état des finances publiques reflète aussi des choix faits par le gouvernement dès son installation mi- 2007 et sur lesquels il n’est pas revenu.

C’est le cas des mesures fiscales prises dans le cadre de la loi TEPA : allègement des droits de succession, détaxation des heures supplémentaires, un bouclier fiscal plafonnant à 50 % des revenus ce que l’on paie en impôts… C’est le cas aussi de certaines dispositions votées pendant la crise, comme la baisse de la TVA dans la restauration.

Ces mesures ont entraîné des pertes de recettes qui sont venues s’ajouter à celles occasionnées par la crise et le recul de l’activité.

Les perspectives

En sortie de crise, aujourd’hui, le rebond de l’économie se fait attendre et apparaît plus faible qu’en Allemagne notamment (mais celle-ci avait accusé une récession plus forte).
La France se situe certes dans la moyenne de la zone euro, mais un ralentissement est déjà en cours et le PIB devrait ainsi croître de 1,6 % cette année (on peut écouter et voir ici l’analyse du Crédit Agricole).

La consommation des ménages est toujours en progression mais à un bas niveau. L’investissement des entreprises a commencé à se redresser. Mais lui non plus n’est pas revenu à son niveau d’avant crise.

L’économie recrée de l’emploi (+ 60 000 dans le secteur marchand au premier semestre, + 50 000 attendus au second), mais pas assez pour absorber un nombre de chômeurs qui n’a jamais été aussi fort depuis juin 1999. L’emploi des jeunes et des seniors est en berne, le nombre des travailleurs pauvres en hausse.
Pour 2011, le gouvernement veut croire à une croissance de 2 %. Et il s’est engagé à ramener le déficit public à 6 % du PIB à la fin de l’année prochaine, avec l’objectif d’être à 3 % en 2013.

La réduction du déficit en 2011 n’apparaît pas comme la plus “difficile” à réaliser : un certain nombre de mesures vont prendre fin (plan de relance par exemple) qui ne pèseront plus sur les comptes et provoqueront une amélioration “mécanique”.

C’est au-delà de 2011 que les questions de posent.

Pour résorber le déficit, le gouvernement veut baisser les dépenses publiques, tout jouant la carte de la hausse de certains prélèvements et taxes et de la réduction/suppression de certaines niches fiscales et sociales. Il table aussi sur le retour de la croissance pour engranger des recettes.

Mais les hypothèses gouvernementales de croissance sont jugées optimistes (les économistes parlent de seulement 1,5 % à 1,6 % pour 2011 par exemple). Le rythme de réduction des dépenses pubiques est également sujet à caution.

Or, que la croissance du PIB et/ou que les baisses de dépenses soient plus faibles que prévu, et la trajectoire de redressement risque de ne pas être suivie. Pour la respecter, il faudra alors de nouvelles mesures de rigueur. Au risque de peser sur la croissance.

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19 octobre 2010

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En présentant, lundi 18 octobre, devant les députés, le projet de loi de finances pour 2011, le ministre du budget, François Baroin, a insisté sur le fait que “les indicateurs économiques” en France “s’orientent dans le bon sens”. “Il est un signe qui ne trompe pas sur l’élan retrouvé d’une économie : la reprise de l’investissement des entreprises”, a-t-il souligné, ajoutant que “l’investissement croit de plus de 1 % au deuxième trimestre”.

Cette progression marque, il est vrai, une rupture avec huit trimestres consécutifs de contraction. Mais elle n’a pas ramené, loin de là, l’investissement des entreprises au niveau qui était le sien au premier trimestre 2008. Et “l’élan”, vanté par M. Baroin, s’apparenterait plus à une “reprise modeste” et “très mollle”, si l’on en croit le Pôle études économiques du Crédit Agricole qui vient de publier une analyse sur ce sujet (on peut la lire ici).

“Reprise molle”, parce que la demande intérieure et extérieure le sont aussi, expliquent les économistes de la banque. “Les perspectives de demande mondiale adressée à la France ne sont pas réellement en mesure de continuer à soutenir la reprise de l’investissement”, notent-ils. L’étude pointe également un niveau d’endettement qui constitue encore un frein, ainsi qu’une reconstitution des marges “laborieuse”.

Pour les économistes du Crédit Agricole, l’investissement des entreprises devrait s’afficher en baisse de 2,1 % sur l’ensemble de l’année 201, après un recul de 8,5 % de 2009. Ils évoquent une “progression moyenne de + 2,5 %” en 2011.

Il y a quelques jours, une étude de BNP Paribas avait également évoqué un recul de 2,1 % de l’investissement total des entreprises en 2010, puis une hausse de 0,7 % en 2011, soulignant que “les industriels devraient rester prudents dans les trimestres à l’avenir, d’autant plus que le taux d’utilisation des capacités dans ce secteur (75,8 %) se situe toujours près de 10 points en deçà de sa moyenne de long terme”.

L’Insee considère quant à elle que l’investissement des entreprises devrait encore s’inscrire en baisse de 2 % cette année, après un recul de 7,9 % en 2009.

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30 août 2010

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En cette période de sortie de crise, les chiffres relatifs à l’état de l’économie sont scrutés attentivement. Ils font aussi - et surtout - l’objet de comparaisons. C’est le cas notamment des données sur la croissance.

Les derniers éléments disponibles en la matière ont montré qu’en France, le progression du produit intérieur brut (PIB) a été de 0,6 % au deuxième trimestre cette année par rapport au trimestre précédent.

C’est mieux que ce qui était attendu (+ 0,5 % avait dit l’Insee). Mais c’est moins bien que ce que certains des pays voisins peuvent afficher : le PIB des seize pays de la zone euro a augmenté de 1 % au deuxième trimestre, un plus haut depuis quatre ans, et en Allemagne, par exemple, le PIB a progressé de 2,2 %.

A quoi tient un tel écart ? Y a-t-il matière à s’inquiéter ? Ou à inciter à accélérer certaines réformes ? C’est la question que j’ai posée à plusieurs économistes. Après les réponses de Nicolas Bouzou , directeur de la société Asterès, et de Sylvain Broyer, économiste chez Natixis, voici les explications de Mathilde Lemoine,directeur des études économiques et de la stratégie marchés chez HSBC France.

Comment expliquer un tel écart de croissance entre la France et l’Allemagne ?

Se référer au seul chiffre du deuxième trimestre 2010 n’a pas beaucoup de sens. Si la performance allemande est meilleure sur ce trimestre, c’est que l’économie allemande est plus cyclique : quand il y a une récession, elle y est plus forte, et quand il y a une reprise, elle y est plus dynamique.

Il ne faut pas oublier que le recul en Allemagne avait été plus fort qu’en France durant la crise. Là, le deuxième trimestre est plus dynamique.

Je ne comprends pas cet emballement sur le “modèle” allemand. Quel est l’indicateur qui permet de dire que l’Allemagne fait mieux ?

En réalité, elle a une moins bonne performance que la France. La croissance moyenne en glissement annuel côté français reste supérieure à celle observée côté allemand : + 1,8 % sur la période 1998-2010, contre + 1,1 %.

Et le PIB français est actuellement plus prêt de son point haut que le PIB allemand : - 2.2 % (par rapport à un point haut qui se situait au premier trimestre 2008), contre - 2,7%.

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Oui, nous aurons, en France, une croissance plus faible que l’Allemagne en sortie de crise. Mais, sur une plus longue période, cela s’annulera.

On voit, malgré tout, un meilleur comportement de l’économie allemande, notamment à l’export ?

Il est clair que la compétitivité hors prix (le fait de disposer de produits difficilement substituables et que les consommateurs étrangers réclament même si les prix augmentent) de l’économie française est très inférieure à celle de l’économie allemande. Cela tient à un manque d’investissement privé en innovation. Cela facilite le positionnement des Allemands à l’exportation.

Par ailleurs, il est vrai que l’économie française est moins ouverte que l’économie allemande et que la part des exportations vers les pays émergents y est plus faible.

En 2009, la récession a été moindre en France. On a dit que ces résultats honorables - en comparaison avec ceux des pays voisins - tenaient pour une large part à un certain “modèle social”, aux mécanismes sociaux et/ou fiscaux (les stabilisateurs automatiques). Est-ce qu’en cette période de sortie de crise, ce “modèle” ne constitue pas une sorte de handicap et dès lors faut-il le réformer ?

Notre modèle social (prestations sociales, fiscalité) limite le choc de la récession. Mais, lors de la reprise, les stabilisateurs automatiques, qui ont permis l’amortissement de la récession, jouent dans l’autre sens.

En France, le revenu brut disponible des ménages est moins cyclique qu’en Allemagne. L’ampleur de ses variations, à la hausse comme à la baisse, est limitée par les dépenses publiques (52,7 % du PIB en 2008, contre 43,7 % Allemagne). En conséquence, la consommation est aussi moins volatile à la baisse (on l’a vu pendant la crise) comme à la hausse. De même que l’emploi.

Les prestations de protection sociale représentaient 44 % du revenu disponible brut des ménages français et 29 % du PIB en 2007 en France. Par ailleurs, l’emploi public, qui n’est pas dépendant de la conjoncture, représente 23 % de l’emploi salarié en France et 21 % de l’emploi total.

Après que notre modèle social ait limité le choc de la récession sur le revenu disponible brut des ménages et donc sur l’emploi, le redémarrage économique génère une augmentation des recettes fiscales qui va limiter la croissance du revenu disponible, les transferts se réduisant par ailleurs.

Il faut s’attendre durant les prochains trimestres à une croissance moins dynamique en France qu’en Allemagne. Mais il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions en matière de performance économique.

Nicolas Sarkozy a évoqué la nécessité de réduire les écarts de compétitivité en Europe, en commençant d’abord par la France et l’Allemagne. La Cour des comptes a été chargée de faire un état des lieux sur les systèmes fiscaux des deux pays. La France doit-elle s’inspirer de ce qu’a fait l’Allemagne ces dernières années ?

Leur “Etat providence” est plus faible, on le sait. Avec les lois Hartz, mises en oeuvre entre 2003 et 2005, l’Allemagne a réformé l’assurance chômage, réduit les prestations sociales et les dépenses d’assurances maladie. Elle a aussi réformé la fiscalité et augmenté la TVA, réformé des retraites. L’objectif était d’améliorer la compétitivité globale de l’Allemagne et de réaliser un assainissement budgétaire

En conséquence entre 2004 et 2007, la part des dépenses publiques dans le PIB a fortement baissé en Allemagne : elle est passée de 48,5 % du PIB en 2003 à 43, 7% en 2008.

Mais, en matière de compétivité coût du travail, la France continue à faire légèrement mieux que l’Allemagne, ne l’oublions pas.

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Sortie de crise : le grand écart franco-allemand (2)

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En cette période de sortie de crise, les chiffres relatifs à l’état de l’économie sont scrutés attentivement. Ils font aussi - et surtout - l’objet de comparaisons. C’est le cas notamment des données sur la croissance.

Les derniers éléments disponibles en la matière ont montré qu’en France, le progression du produit intérieur brut (PIB) a été de 0,6 % au deuxième trimestre cette année par rapport au trimestre précédent.

C’est mieux que ce qui était attendu (+ 0,5 % avait dit l’Insee). Mais c’est moins bien que ce que certains des pays voisins peuvent afficher : le PIB des seize pays de la zone euro a augmenté de 1 % au deuxième trimestre, un plus haut depuis quatre ans, et en Allemagne, par exemple, le PIB a progressé de 2,2 %.

A quoi tient un tel écart ? Y a-t-il matière à s’inquiéter ? Ou à inciter à accélérer certaines réformes ? C’est la question que j’ai posée à plusieurs économistes. Après les réponses de Nicolas Bouzou , directeur de la société Asterès, voici les explications de Sylvain Broyer, économiste chez Natixis.

Comment expliquer un tel écart de croissance entre la France et l’Allemagne ?

Il y a tout d’abord un positionnement par rapport à la demande extérieure qui est différent. La production allemande répond plus à la demande des pays en croissance.

Un quart des exportations allemandes sont dirigées vers les pays émergents, contre seulement un dixième en France. Or, ce sont ces pays qui tirent actuellement la croissance au niveau mondial. Le quart sud-est de la planète notamment. Deux tiers de la croissance mondiale viennent de là.

En Allemagne, le total des exportations est en hausse de 18 % sur un an. Il est en progression de seulement 9,9 % sur un an en France. Et comme les exportations comptent pour 50 % du PIB en Allemagne et 30 % en France…

Il y a ensuite des différences entre les deux pays au plan de la demande domestique. Le plan de relance a été plus fort en Allemagne qu’en France (3 points de PIB sur 2009-2010, contre 1,1 point de PIB). Il y a eu notamment une plus forte contribution de la construction côté allemand, alors que, côté français, la relance publique n’est pas passée par les travaux d’infrastructures. Les subventions à l’emploi, au chômage partiel, ont été plus fortes en Allemagne et le taux de chômage est plus faible.

Il y a également des différences dans la dynamique de la consommation des ménages. La confiance du consommateur allemand n’est pas aussi déprimée que celle du consommateur français : la consommation est en une hausse de 0,6 %, après neuf mois de recul; en France elle en est progression de 0,4 point. Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas vu ça en faveur de l’Allemagne.

L’Allemagne n’a pas de bulle immobilière, ce qui a conduit à zéro destruction d’emplois dans la construction. Les ménages allemands ne sont plus très endettés. L’Allemagne, hors plan de relance, n’a pas vécu par l’endettement, n’a pas de bulle d’endettement à corriger. En France, un quart de point de PIB de croissance par an provient du crédit aux ménages.

Côté entreprises, elles ont dégagé des profits par compression des salaires et elles ont des capacités de financement élevées. D’ailleurs, l’investissement productif rebondit fortement en Allemagne. Les finances des entreprises sont saines en Allemagne, plus préoccupantes en France.

En 2009, la récession a été moindre en France. On a dit que ces résultats honorables - en comparaison avec ceux des pays voisins - tenaient pour une large part à un certain “modèle social”, aux mécanismes sociaux et/ou fiscaux (les stabilisateurs automatiques). Est-ce qu’en cette période de sortie de crise, ce “modèle” ne constitue pas une sorte de handicap et dès lors faut-il le réformer ?

En France, la variation de l’emploi est très faible. C’est un coussin de sécurité pendant une période de récession. Cela crée un coussin de consommation notamment.

Mais qui dit moins de pertes d’emplois pendant une crise dit aussi moins de gains lorsque cela repart. Donc pas de hausse de l’emploi, pas de hausse de la consommation, pas de hausse de l’investissement…

Une partie de la réponse, sur la différence entre le France et Allemagne, c’est le poids de l’Etat employeur. Ce n’est qu’une partie de la réponse. L’autre partie c’est le positionnement à l’exportation.

Mais l’Allemagne a réformé son économie ces derniers années et donne le sentiment d’en tirer profit maintenant.

L’Allemagne a assaini ses finances publiques avant la crise. Il y a eu une baisse des prestations sociales  (division par deux par exemple de la durée des prestations chômage), lahausse de la TVA, la réfiorme des retraites…

La France n’a encore rien fait de ce côté là. Les obligations d’assainissement sont plus fortes en France qu’en Allemagne aujourd’hui.

Nicolas Sarkozy a évoqué la nécessité de réduire les écarts de compétitivité en Europe, en commençant d’abord par la France et l’Allemagne. La Cour des comptes a été chargée de faire un état des lieux sur les systèmes fiscaux des deux pays. La France doit-elle s’inspirer de ce qu’a fait l’Allemagne ces dernières années ?

Sur la fiscalité des entreprises, il y a une concurrence fiscale commune à l’ensemble de la zone euro. L’Allemagne a réduit l’impôt sur le sociétés parce que l’Autriche l’avait fait et que dans les pays de l’est elle est quasi nulle. La France est un peu contrainte de suivre le mouvement.

En ce qui concerne la compétitivité coût du travail, je ne pense pas que la France doive suivre sur la compression salariale. L’Allemagne a eu de fortes pertes de compétitivité après la réunification, entre 1989 et 1995 par rapport à la France. Il a fallu attendre 2000-2001 pour voir les Allemands inverser la tendance en matière de coûts salariaux unitaires.

Nous n’avons pas eu de baisse de compétitivité coût côté français. Nous avons toujours des gains de productivité plus élevés qu’en Allemagne.

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Sortie de crise : le grand écart franco-allemand (1)

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En cette période de sortie de crise, les chiffres relatifs à l’état de l’économie sont scrutés attentivement. Ils font aussi - et surtout - l’objet de comparaisons. C’est le cas notamment des données sur la croissance.

Les derniers éléments disponibles en la matière ont montré qu’en France, le progression du produit intérieur brut (PIB) a été de 0,6 % au deuxième trimestre cette année par rapport au trimestre précédent.

C’est mieux que ce qui était attendu (+ 0,5 % avait dit l’Insee). Mais c’est moins bien que ce que certains des pays voisins peuvent afficher : le PIB des seize pays de la zone euro a augmenté de 1 % au deuxième trimestre, un plus haut depuis quatre ans, et en Allemagne, par exemple, le PIB a progressé de 2,2 %.

A quoi tient un tel écart ? Y a-t-il matière à s’inquiéter ? Ou à inciter à accélérer certaines réformes ? C’est la question que j’ai posée à plusieurs économistes. Voici, pour commencer, les explications de Nicolas Bouzou, directeur de la société Asterès.

Comment expliquer un tel écart de croissance entre la France et l’Allemagne ?

C’est le comportement à l’exportation qui fait la différence. La situation mondiale a été bonne au premier semestre. L’Allemagne dispose de la capacité à s’accrocher à cette dynamique. Notamment à celle, très forte, des marchés émergents. Ce qui n’est pas le cas de la France et je dirai que c’est sa principale difficulté.

Les pays riches, aujourd’hui, n’ont pas vraiment d’autre choix pour gagner en croissance que de s’accrocher à ce qui représente désormais 45 % du PIB mondial.

La Chine bien sûr, mais d’autres pays montent en puissance : l’Inde et le Brésil atteignent aujourd’hui des taux de croissance supérieurs à ceux d’avant crise. Même l’Afrique sub-saharienne commence à monter en puissance.

Cette différence entre les deux pays existait avant la crise et durant la crise. Cela a d’ailleurs expliqué le fait que la France soit relativement moins affectée par cette crise, car elle est plus tournée sur son marché intérieur et elle a donc été mieux protégée.

En 2009, la récession a été moindre en France. On a dit que ces résultats honorables - en comparaison avec ceux des pays voisins - tenaient pour une large part à un certain “modèle social”, aux mécanismes sociaux et/ou fiscaux (les stabilisateurs automatiques). Est-ce qu’en cette période de sortie de crise, ce “modèle” ne constitue pas une sorte de handicap et dès lors faut-il le réformer ?

L’”Etat providence” a un effet d’amortisseur, d’anesthésiant en période de crise. Il a un effet “boulet” en période de reprise. C’est ce que l’on voit aujourd’hui.

En Allemagne, cet Etat providence a été réformé. C’est l’agenda 2010 de M. Schröder, poursuivi par Mme Merkel, avec par exemple la révision des règles d’indemnisation des chômeurs. La fiscalité des entreprises a également été réformée.

Cela a permis de contenir le poids de la dépense publique et des déficits publics. Cela les a repositionnés sur le plan international de façon spectaculaire et rapide.

La fiscalité et donc le modèle social jouent un rôle sur la capacité des entreprises à exporter. En allégeant la fiscalité sur les entreprises et le travail et en transférant une partie sur la TVA, l’Allemagne a facilité considérablement la tâche des entreprises qui veulent grandir pour exporter.

A partir du moment où l’Allemagne a engagé ces réformes (à partir de 2003), sa croissance a accéléré.

En France, on entame cette réforme de l’Etat providence avec la réforme des retraites.

Ce qui est intéressant dans le cas de l’Allemagne, c’est que les bonnes performances des entreprises commencent à se transmettre à la consommation des ménages. Au deuxième trimestre, la consommation des ménages commence à repartir à la hausse.

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28 août 2010

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Il y a une forte probabilité que la France reste confrontée, dans les mois qui viennent, à une “croissance faible” de son économie, quand certains de ses voisins, comme l’Allemagne  notamment, ou encore les Pays-Bas, devraient afficher un retour à une “croissance décente”, avance le département recherches économiques de Natixis dans deux études récentes (lire notamment celle-ci).

Cet écart est déjà perceptible sur le deuxième trimestre : la  progression du produit intérieur brut (PIB) a été de 0,6 % par rapport  au trimestre précédent en France, quand en Allemagne elle a atteint 2,2 %. Sur l’ensemble de l’année 2010, la prévision de croissance est de 1,4 % côté français et de 3 % côté allemand.

Pour l’année prochaine, le gouvernement français table sur une hausse  de 2 % du PIB, après avoir révisé (le 20 août) à la baisse de 0,5 point  sa prévision. Le Fonds monétaire international, qui a relevé en  juillet, ses  prévisions de croissance pour la plupart des plus grandes  économies, sauf pour la zone euro, estime quant à lui que le PIB  français ne devrait pas progresser de plus de 1,6 %.

La France avait pourtant mieux tiré son épingle du jeu que ses  voisins européens durant la crise : le recul du PIB (- 2,6 %) y avait  été plus faible, les mesures sociales et fiscales de soutien ayant  notamment soutenu la demande intérieure, composante importante de la croissance.

Qu’est-ce qui explique que l’économie française soit aujourd’hui confrontée à une sortie de crise plus lente et plus difficile que certaines de ses  voisines ?

Pour le FMI, “les caractéristiques de l’économie française, qui l’ont protégée en partie pendant la récession, sont aussi celles qui, vraisemblablement, ralentiront la reprise”.

Pour les analystes de  Natixis, l’économie française ne remplit pas les “conditions” d’un retour à une “croissance normale”. “Conditions” qui, selon eux, seraient au nombre de quatre :

- que les entreprises exportent beaucoup vers les pays émergents et exportateurs de matières premières

- que les ménages puissent et veuillent augmenter leur endettement

- que les entreprises puissent autofinancer un surplus d’investissement

- que le pays ne soit pas confronté à la nécessité de réduire trop fortement ses déficits

A  l’aune de cette grille, la France obtient, selon les économistes de la  banque, une note de 1 sur 4, quand l’Allemagne se situe à 3 sur 4 et les  Pays-bas à 4 sur 4.cro</p> <p><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em><em>Le seul point positif, relevé par l'analyse, est le taux d'endettement des ménages français qui est

Le seul point positif, relevé par l’analyse, est le taux d’endettement des ménages français qui est “plus faible que dans les autres pays”.

Car, sinon, la France cumulerait les “handicaps”. Elle fait tout d’abord partie de pays qui “profitent peu de la croissance du commerce mondial et notamment de celle des pays émergents”, avance l’étude de Natixis : 10 % seulement des exportations françaises se font en direction de ces pays émergents, quand le ratio atteint un quart en Allemagne par exemple.

Or, “dans une situation de réduction des déficits publics, de freinage des salaires, la demande intérieure va être faible et exporter vers les pays en croissance rapide est un des seuls moteurs qui subsiste de la croissance”, soulignent les analystes.

La profitabilité des entreprises françaises resterait également “insuffisante” et leur capacité d’autofinancement “faible”, ce qui limite leurs capacités d’investissement - sauf à comprimer les salaires - alors qu’elles cherchent, au même moment, à se désendetter.

Enfin, l’effort de réduction du niveau de déficit public s’annonce important en France : l’objectif affiché est de passer de 8 % du PIB fin 2010 à 3 % en 2013, soit 100 milliards d’euros à “économiser”. Or, “dans un pays qui doit réduire des déficits publics très importants, il est très probable que sa croissance en soit affectée”, les ménages hésitant, au moins dans un premier temps, à consommer, relèvent les économistes de Natixis.

Pour ces derniers, la France n’est pas la seule à figurer dans la catégorie des pays confrontés à un “problème de croissance” : ils y classent aussi l’Italie, le Portugal, l’Espagne.

Leur conclusion est d’ailleurs que “la zone euro va se couper en deux” et que l’on risque d’assister à un “important conflit” autour des orientations des politiques économiques et monétaires.

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27 août 2010

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Les industriels français confirment que leurs perspectives d’activité s’améliorent légèrement. Ils estiment du coup que leurs investissements devraient progresser de 5 % cette année par rapport à une année 2009 qui avait été marquée par un sévère coup d’arrêt, selon une étude trimestrielle de l’Insee publiée vendredi 27 août (à lire ici).

Lors de l’enquête précédente, en avril, les chefs d’entreprise de l’industrie manufacturière anticipaient une hausse de 6%.

L’année 2009 avait été marquée par un fort repli des investissements dans le secteur industriel : - 21 % selon les chefs d’entreprise interrogés par l’Insee.

“Pour le premier semestre 2010, les entrepreneurs de l’industrie manufacturière estiment désormais que leur investissement a progressé par rapport au second semestre 2009, contrairement à ce qu’ils avaient anticipé en janvier dernier”, souligne l’Insee.

Au second semestre 2010, l’investissement manufacturier “serait en hausse par rapport au premier”, ajoute l’étude. Pour mémoire, l’industrie représente un quart de l’investissement productif total en France.

Fin juin, l’Insee avait souligné que le dynamisme constaté sur les exportations ne se transmettait “que lentement à la demande intérieure” et que les investissements des entreprises du secteur des produits manufacturés, s’ils repartent, ne le font que de façon progressive.

La reprise de l’investissement “serait particulièrement marquée dans les équipements électriques, électroniques, informatiques et machines”, relève l’Insee dans son étude publiée vendredi : +11 % en 2010 après – 25 % en 2009.

Sous-capacités

Tout comme la consommation des ménages, l’investissement total des entreprises reste jusqu’à présent atone. L’Insee considère qu’il devrait s’afficher encore en baisse de 2 % cette année, après un recul de 7,9 % en 2009. Une récente étude la banque HSBC a évoqué une baisse de 3 % en 2010, citant des carnets de commandes qui restent peu garnis.

Si la production industrielle reprend un peu (+ 5 % attendus cette année, après - 12 % en 2009), comme les capacités de production restent largement sous-utilisées, les entreprises n’investissent encore pas vraiment. Leurs dépenses repartiraient en 2011 (+ 4,6 %).

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22 juillet 2010

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La progression de l’activité économique en France sera limitée et “erratique” dans les prochains mois et la sortie de crise sera “non seulement longue mais chaotique”, prévoit Mathilde Lemoine, directrice des études économiques et de la stratégie marchés chez HSBC France.

C’est ce qu’elle détaille dans une étude qu’elle vient de publier, le 12 juillet, et dans laquelle elle insiste sur un environnement “instable et incertain”, marqué par “l’attentisme et le manque de visibilité”.

A ce titre, elle cite les incertitudes liées, notamment, au plan de rigueur que le gouvernement va mettre en oeuvre à compter de l’an prochain, et dont le contenu pourrait bien devoir être durci pour sa partie réduction des dépenses publiques.

Voici, ci-desous, résumé à gros traits, les éléments de cette analyse.

Le PIB et la croissance : Mme Lemoine table sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 1,1 % cette année et de 1,5 % en 2011. Pour mémoire, le gouvernement table, lui, sur une progression de respectivement 1,4 %, puis 2,5 %. L’Insee pronostique quant à lui une augmentation de 1,4 % en 2010 et n’a pas fait de prévision pour 2011.

“La croissance pourrait être plus dynamique fin 2010 et en 2011″, indique l’économiste de HSBC, tout en soulignant qu’elle restera malgré tout “en deça de son potentiel”.

Elle insiste, à ce propos, sur le fait que la France ne devrait pas enregistrer de “croissance de rattrapage” et risque donc de ne pas retrouver, avant longtemps, le niveau de “richesse” qui aurait dû être le sien si l’économie n’avait pas connu une récession, c’est-à-dire si elle avait suivi son cours d’avant crise.

“Si la croissance du PIB était de 2,1 % à partir de 2012, comme observé en moyenne entre 1982 et 2007, le PIB ne retrouverait jamais sa tendance” d’avant crise, relève Mme Lemoine.

La consommation des ménages : cette composante clé de la croissance en France restera en panne, selon l’étude. “La consommation des ménages handicapera la croissance tout au long de l’année 2010″, indique Mme Lemoine. Selon HSBC, les dépenses des Français devraient progresser de 0,9 % seulement cette année, puis de 1 % en 2011

La consommation devrait être limitée jusqu’au troisième trimestre 2010. Elle pourrait  reculer au deuxième trimestre avant de se stabiliser”, explique l’économiste, citant, comme facteurs explicatifs, l’inflation, la stabilité du revenu disponible, la persistance d’un taux de chômage élevé qui limite la progression des salaires…

L’investissement : il ne va pas beaucoup mieux que la consommation. Notamment du côté des entreprises : HSBC évoque un recul de 3 % en 2010, après - 7,9 % en 2009, citant des carnets de commandes peu garnis. L’Insee considère de son côté que l’investissement des entreprises devrait s’afficher en baisse de 2 % en 2010.

Si la production industrielle reprend un peu (+5 % attendus cette année, après - 12 % en 2009), comme les capacités de production restent largement sous-utilisées, les entreprises n’investissent pas vraiment. Leurs dépenses repartiraient en 2011 (+ 4,6 %).

Le commerce extérieur : la dépréciation de l’euro joue positivement sur les exportations et donc sur la croissance (+ 0,8 point de PIB cette année). Mais “la demande étrangère adressée à la France pourrait s’affaiblir”, estime l’étude. En raison des plans d’austérité mis en oeuvre dans les pays européens, qui sont les principaux débouchés des entreprise françaises. En raison également “de l’ampleur moindre du plan de relance américain” et du “refroidissement de l’économie chinoise”.

Au final, le commerce extérieur pèserait positivement sur la croissance cette année (+ 0,7 point) puis négativement en 2011 (- 0,4 point de PIB) selon HSBC.

Le plan de rigueur/l’évolution des dépenses publiques : pour l’économiste de HSBC, l’impact de la crise - tant sur le niveau du PIB que sur la croissance - pourrait provoquer “un changement déficisif de politique budgétaire” qui affecterait, du moins dans un premier temps… la croissance. Mais ne rien faire affecterait aussi la croissance, assure-t-elle.

“il est probable que les investisseurs demandent à nouveau des comptes” sur la politique budgétaire “au moment où la faiblesse de la croissance sera confirmée”, indique Mme Lemoine. Cela voudrait dire freiner l’évolution des dépenses publiques : “si la croissance était durablement plus faible qu’avant la crise,les dépenses publiques ne pourraient plus croître au ryhtme d’avant crise“, relève l’économiste.

Le problème, c’est que ce ralentissement de la progression des dépenses publiques “pèserait à court terme sur la croissance”. Mais Mme Lemoine assure que cet “ajustement” constituerait une “condition préalable au retour de la confiance” : “tant que la croissance des dépenses publiques n’a pas été adaptée à la nouvelle donne de la croissance, les investisseurs continuent de considérer le risque de défaut ou de rééchelonnement des dettes publiques, ce qui pèse sur la croissance”, avance-t-elle.

NB : L’étude HSBC est à lire ici hsbcprev2010t3.1279703629.pdf

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10 juin 2010

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Petit coup de “moins bien” pour l’industrie française. Au mois d’avril, la production a baissé de 0,3 % par rapport au mois précédent, après une hausse de 1,3 % en mars, selon les chiffres publiés jeudi 10 mai par l’Insee (à lire ici).

Sur trois mois, la production industrielle s’affiche toutefois en augmentation de 1,5 % par rapport aux trois mois précédents.

Le poids de l’énergie

“Ce recul, en avril, de la production industrielle n’est pas significatif”, avance Benoît Heitz, économiste à l’Insee qui explique que c’est le fort recul de la production d’énergie (- 5,2 % d’un mois sur l’autre) qui “plombe” les chiffres : “l’hiver avait été froid, on avait beaucoup chauffé. Et avec la fin de l’hiver, la production d’électricité et de gaz a fortement baissé en avril par rapport à mars”.

Hors énergie, la seule industrie manufacturière affiche, quant à elle, une production en hausse de 0,4 % en volume en avril. Ce chiffre marque toutefois un tassement par rapport au + 1,2 % enregistré mars (la hausse est de + 1,4 % sur trois mois).

Le fort recul dans l’automobile

Dans cette catégorie des industries manufacturières, c’est l’évolution dans l’automobile qui pèse fortement : le recul de la fabrication de véhicules a atteint 7,2 % en l’espace d’un mois (il n’était que de 1,7 % en mars). Or, l’automobile représente 10 % du total de la production des industries manufacturières.

“C’est le contre-coup de l’arrêt en cours de la prime à la casse”, souligne Benoît Heitz, qui relève le côté “volatil d’un chiffre mensuel” et indique que, sur les trois derniers mois par rapport aux trois mois précédents, la baisse de le production automobile est de 4,7%. “Cela reste dans l’ordre de grandeur de ce qui était attendu”, précise-t-il.

Une progression, mais “fragile

Pour Laurence Boone, chef économiste chez Barclays Capital, les chiffres d’avril, relatifs à l’ensemble de la production industrielle, montrent “que même si nous sommes sortis du creux, on a du mal à renouer avec les niveaux d’avant crise” (mi-2008). Elle souligne que la production industrielle dans son ensemble “est revenue à son niveau de décembre 2008″, mais reste “bien en deça de son pic de février 2008″.

“Par rapport à avril 2008, la production est encore à un niveau inférieur de 13 %”, appuie Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE.

“Donc, cela progresse, mais cela reste fragile”, ajoute Laurence Boone.

Les perspectives

Tout en relevant que “sur les douze derniers mois, la production industrielle a rattrapé près de la moitié du chemin perdu auparavant à cause de la crise mondiale”, le ministère de l’économie a choisi, lui, de se focaliser sur l’évolution de la seule production manufacturière. Sa “progression pour le quatrième mois consécutif reflète la bonne orientation du climat des affaires sur le passé récent et confirme que la croissance économique au deuxième trimestre devrait être mieux orientée qu’au premier trimestre”, a ainsi déclaré à l’AFP l’entourage de la ministre, Christine Lagarde.

Pour Mathilde Lemoine, responsable des études économiques chez HSBC France, la progression de l’indice du climat des affaires dans l’industrie, en mai, “pourrait laisser augurer une poursuite de la progression de la production industrielle dans les mois qui viennent”. Mais, compte tenu des perspectives d’activité, elle dit “ne pas s’attendre à une hausse de l’activité de restockage” de la part des entreprises et donc considère que “le redressement de la production industrielle pourrait ralentir”.

Reste à avoir ce que la baisse de l’euro peut, dans le semaines qui viennent, avoir comme un impact sur les commandes à l’exportation. “L’euro a commencé à baisser en décembre 2008. Il faut six mois pour que cela fasse de l’effet”, souligne Mathieu Plane.

Quel impact sur l’investissement ?

La “progression à petite vitesse” de la production, pour reprendre le terme de Benoît Heitz, va-t-elle se traduire par une reprise de l’investissement des entreprises ? La question est importante car ce poste est l’une composantes clés de l’évolution du produit intérieur brut (PIB) et donc de la croissance de l’économie. Au premier trimestre, l’investissement était en recul de 0,8 %.

“Un signe positif c’est la progression de la production de biens électriques, électroniques, de machines de biens d’équipement”, indique Benoît Heitz. “Par contre, un signe négatif, c’est la baisse de la production dans la construction en (-2,2 % en avril, - 1,5 % sur trois mois). Or cela renvoie aussi à l’investissement des ménages et à celui des entreprises”.

Mathieu Plane ne croit pas à un rebond de l’investissement : “si la hausse de la production tient notamment au fait que les stocks des entreprises n’ont jamais été aussi bas et qu’elles les refont, même si la demande n’est pas vraiment là, comme elles disposent encore de surcapacités de production historiques, cela ne se traduit pas en investissement, explique-t-il. D’autant moins que les pespectives d’activité ne sont pas bonnes”.

NB/pour information. L’Insee a publié jeudi matin un autre chiffre : celui relatif à l’emploi salarié au premier trimestre.
Il montre que le nombre de salariés dans les secteurs marchands “a augmenté pour la première fois depuis le premier trimestre 2008″ : + 23 900 postes (soit + 0,2 %) après - 7 300 postes (0,0 %) le trimestre précédent.

Toutefois - et c’est le lien avec la note ci-dessus sur la production - “la forte contraction de l’emploi dans l’industrie se poursuit” au premier trimestre au même rythme qu’au trimestre précédent (- 29 100 postes, soit - 0,9 %).

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