Archives de la catégorie: 'Blog BD'

05 mars 2011

Cha, malgré son nom, n’évoque pas un mignon félin aux grands yeux amandes en quête de caresse mais bien une blogueuse reconnue avec un caractère bien trempé. A la différence de ses petites camarades féminines qui sont versées dans le blog “Girly“, Cha dessine des personnages (filles et garçons) qui ne prétendent pas à être des canons de beauté mais plutôt des personnes “vraies”, avec naturellement un fort penchant à l’auto-fiction. Cha, c’est une jeune femme qui aime la fête, est créative mais se pose tout plein de questions, a déjà un univers graphique bien développé et reconnaissable (yeux globuleux, absence de nez, bouche disproportionnée) mais refuse pour autant de se laisser enfermer dans un genre. Son blog a plusieurs facettes : journal de son quotidien d’auteur, reflet de ses questionnements, book de ses créations en fonction des commandes et de ses engagements artistiques… Ce n’est certes pas pour rien qu’il s’intitule “Ma vie est une bande-dessinée “. Tout est dit !

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Sébastien Naeco : Présentez-vous en quelques mots, depuis quand avez-vous lancé votre blog et est-il votre première expérience en blog BD ? Et en BD tout court ?

Cha : Salut, je m’appelle Cha, j’ai 28 ans et je fais des bédés, sur mon blog et ailleurs. J’ai ouvert mon blog en 2002/2003, dans ces eaux là, même si les premières années d’archives ne sont plus en ligne pour cause de trop nulles… Donc mon site est un peu un dinosaure de la blogosphère bédé… C’est pas ma première expèrience, puisque j’ai commencé par le fanzinat, mais quand j’ai eu internet chez moi pour la première fois à 20 ans, j’ai naturellement eu envie de mettre mes dessins en ligne. C’était le début de la grande mode des journaux en ligne à ce moment là, donc j’ai fait ça comme ça…

Quelle est la place de la BD dans l’expression de votre créativité ?

Ah ben une sacrée place, vu que c’est un peu mon quotidien et que je ne sais rien créer d’autre !

Qu’est-ce qui vous a décidé à commencer un blog BD et ce leitmotiv est-il toujours le même aujourd’hui ? Dans la négative, quelles sont vos motivations actuelles ?

Oh, c’est très classique : L’envie de montrer mes dessins/bédés, de me faire une vitrine, de développer un univers personnel, le tout de manière ultra simple grâce au support internet… C’est toujours un peu pareil aujourd’hui, avec plus de lecteurs et de taf à côté, donc moins de temps à y consacrer… Mais toujours la même motivation !

Pour les critiques qui ne comprennent rien à votre dessin et à votre esprit, comment décririez-vous votre approche éditoriale ?

Pfffrrrr ! Euh, je décrirai pas… Si ça parle à des gens tant mieux, si ça parle pas tant pis…! Mon “approche éditoriale” n’est pas vraiment réfléchie, c’est du jour le jour.

Les blogueurs BD détestent qu’on les mette dans des cases, et vous ?

C’est un peu comme ça que ça fonctionne partout, y a pas de raisons que les blogueurs y échappent ! Après, ça dépend des cases, y en a des plus flatteuses que d’autres… Moi en général, je suis dans la case “fausse rebelle qui crie anarchie en vomissant partout et en se battant”, et plus récemment dans la case “Brigitte Bardot”… Le problème des cases, c’est que du coup les gens attendent des trucs bien précis de toi… Alors si tu en sors un peu, tu peux soit te faire embrouiller, soit créer la surprise… Mais bon, au final, on s’en fout.

Si vous devez désigner un blog BD qui mérite un gros coup d’oeil en dehors du vôtre, ce serait lequel ?

Houla… J’en lis pratiquement plus depuis un moment… angou2011-3.1299338280.jpg

Si demain un éditeur arrive avec un beau contrat et une grosse liasse de vrais billets pour faire des albums, que répondrez-vous ?

Bah, ça dépend…

Festiblog, Angoulême, Quai des Bulles, Salon du Livre numérique… Où a t-on une chance de vous rencontrer en vrai ?

Regarde donc, j’ai un calendrier exprès pour ça :

http://blog.chabd.com/calendrier.html

Depuis novembre, j’arrête pas les dédicaces avec la sortie de mon livre “Oh ! Merde !” (chez Même Pas Mal), et puis de temps en temps je fais des fresques avec le collectif Humungus.

Quel est le commentaire qui vous a le plus surpris sur votre blog et pourquoi ?

Plus rien ne me surprend dans les commentaires de blog !! En plus, les miens ont été coupés pendant un looooong moment, parce que les gens qui donnent leur avis sur tout, ou qui te répètent en boucle “c’est tellement vrai” et “on peut rire de tout mais pas avec tout le monde”, c’est parfois épuisant…!

Désignez-moi une de vos créations que je peux publier sur mon blog et qui synthétise selon vous le projet de votre blog et dites pourquoi

On qu’à dire celle là, ci-contre :

Parce que je l’aime bien, et en plus ça parle d’être ivre dans une soirée. Ca correspond tout à fait au projet de mon blog.

Quels mots gentils voulez-vous adresser aux journalistes qui ne savent pas comment parler de Blog BD ?

Démmerdez-vous ! Chacun son taf !

Enfin, si vous aviez votre 15 minutes de gloire Warholienne, pour quelle cause iriez-vous au 20 heures ?

J’irai pas au 20 heures ! Jamais, vous m’entendez ?

 

 

26 février 2011

Voilà un nouvel angle pour traiter des blogs BD : les aborder par l’âge du Capitaine. En l’état, les 14 ans de Valentin Morice font de lui sans conteste le benjamin des blogueurs BD. Ce jeune talent a manifestement la tête sur les épaules et au travers de son blog (A première vue) mêlant dessins, crob’arts et illustrations, on voit son trait s’affiner, ses préoccupations graphiques prendre de l’ampleur, le dialogue avec ses lecteurs s’installer et l’accompagner. Déjà une personnalité se dégage, un humour et un style apparaissent sous les brouillons. Sans complexe, très à l’aise avec le blog, la numérisation de ses dessins, la mise en page, Valentin ne représente pas la Génération Y mais la génération suivante (et oui) et dire que cela peut questionner les vieux cons comme moi est un euphémisme. 20 ans nous séparent et toute une perception et une pratique rentrées dans les usages se sont épanouies. Aucun désir affirmé d’être si tôt un chef de file, Valentin incarne bien les auteurs en devenir, à l’aise dans tous les univers et qui n’oublient pas qu’à la source de toute oeuvre il y a le dessin, qu’il soit sur une feuille ou un écran.

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Sébastien Naeco : Présentez-vous en quelques mots, depuis quand avez-vous lancé votre blog et est-il votre première expérience en blog BD ? Et en BD tout court ?

Valentin Morice : Alors. Mon nom est Valentin Morice, j’ai 14 ans. J’ai lancé mon tout premier blog il devait y avoir 8-9 mois avec un ami, une fantastique histoire avec des fantômes qui tuaient des gens tout en rigolant (je ne dirais pas le nom) et dont le concept était “Le public vote pour la suite de l’histoire”, et qu’on a arrêté faute de temps. Mon blog à moi, il date de novembre 2010, c’est a dire depuis pas longtemps.

Quelle est la place de la BD dans l’expression de votre créativité ?

La BD, j’en fais depuis tout tout petit, et j’ai toujours continué. Mais maintenant je fais de plus en plus de croquis, des fois même je peins (mais pas souvent, et ensuite je brûle les toiles parce que c’est vraiment pas beau).

Qu’est-ce qui vous a décidé à commencer un blog BD et ce leitmotiv est-il toujours le même aujourd’hui ? Dans la négative, quelles sont vos motivations actuelles ?

Je pense que les blogs sont tous créés pour une même raison, avoir des avis différents, de personnes diverses, le mien en tout cas a été créé pour ça. Mes motivations actuelles, heu … A vrai dire, je n’en ai pas trop, à part que j’ai commencé à poster un jour et que maintenant j’ai envie de continuer.

Pour les critiques qui ne comprennent rien à votre dessin et à votre esprit, comment décririez-vous votre approche éditoriale ?

Huhuhu … Approche éditoriale… Huhu… Hu … En fait mon blog me sert de galerie, en quelque sorte, je poste un peu de tout, des notes, des extraits de carnets, tout ce qui peut se scanner et que je trouve assez beau pour pouvoir être montré à tout le monde.

Les blogueurs BD détestent qu’on les mette dans des cases, et vous ?

Jusque là, on ne m’avait jamais casé nulle part, alors je sais pas trop si c’est dérangeant ou pas.

Si vous devez désigner un blog BD qui mérite un gros coup d’oeil en dehors du vôtre, ce serait lequel ?

Alors. Là je vais vous parler d’un blog bien classe, celui de Sébastien Sans-Arcidet (il a un nom bizarre mais il dessine vraiment bien). Je vous conseille d’aller voir son blog. Il y a aussi le blog de “mon coloriste” , avec qui je réalise mes planches pour 30joursdeBD, qui décidément colore BIEN.

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Si demain un éditeur arrive avec un beau contrat et une grosse liasse de vrais billets pour faire des albums, que répondrez-vous ?

Je crois pas que je lui adresserais la parole. Se balader avec beaucoup d’argent c’est toujours suspect.valentin-morice-extrait.1298727959.jpg

Festiblog, Angoulême, Quai des Bulles, Salon du Livre numérique… Où a t-on une chance de vous rencontrer en vrai ?

On pourra peut-être me voir au Festiblog (j’insiste sur le peut-être, je ne sais pas si je viendrais avec 30jours, ca ne fait pas vraiment longtemps que j’y publie des planches) et peut-être a Angoulême (je viendrai si je suis selectionné pour le concours de la BD scolaire, ce qui n’est pas vraiment très sûr). Je crois que ça fait beaucoup de peut-être.

Quel est le commentaire qui vous a le plus surpris sur votre blog et pourquoi ?

Le commentaire de реферат. Il disait ”Ваш сайт valentinm-blog.com просто супер ! thanks !”. Je me demande encore pourquoi je l’ai supprimé.

Désignez-moi une de vos créations que je peux publier sur mon blog et qui synthétise selon vous le projet de votre blog et dites pourquoi

J’ai choisi cet article ci-contre car au début, mon blog devait présenter des notes, et qu’au fur et à mesure j’ai eu plus tendance à poster des extraits de carnets, les notes étant trop longues à réaliser (mais j’en publie encore, des fois).

Quels mots gentils voulez-vous adresser aux journalistes qui ne savent pas comment parler de Blog BD ?

Je peux répondre pareil qu’Alexandre Arlène ?

Enfin, si vous aviez votre 15 minutes de gloire Warholienne, pour quelle cause iriez-vous au 20 heures ?

Je pense que j’y passerai pour proposer le rôle de pape à Avril Lavigne. Huhuhu.

Merci à Valentin pour son dessin original et sa disponibilité pour répondre à ce petit questionnaire.

 

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20 février 2011

logo-restos-du-coeur.1298148039.jpgBon, pas de chichi, pas d’excuse, un dessin publié pour les Restos du coeur et c’est 10 repas que deux généreux sponsors offrent à l’association (une société dans l’agro-alimentaire dont le nom commence par D et une chaîne de supermarchés dont le nom commence par C). Il n’est dit nulle part qu’un même dessin ne peut pas être publié plusieurs fois, alors allons-y, dessinez, publiez sur votre blog et envoyez moi votre dessin que je publierai aussi. Le double effet KK, en somme. Il y a un record à battre : l’an passé, selon les Restos, 1457 blogueurs ont joué le jeu. Ce serait juste énorme d’avoir plusieurs centaines de billets sur le Comptoir pour une bonne cause, moi je dis OUI ! Chiche qu’on le bat, ce chiffre ? Au Comptoir, c’est l’ami Manu XYZ qui ouvre le bal. Pour vos dessins, envoyez sur comptoirdelabd(at)yahoo.fr avec votre nom et le lien vers le billet de votre blog, comme ça on sera sûr que les gens chargés de tout comptabiliser ne rateront rien. Je publierai le plus régulièrement possible pour cartonner. Et hop, déjà 10 repas avec le dessin ci-dessous, et comme dirait un pote : “on compte sur vous” !

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Manu XYZ & Sébastien NAECO

19 février 2011

Nouvelle preuve de l’immense variété des blogs francophones, voici la Méduse Boulangère, par Erwann Brun, qui propose des illustrations comme autant de recherches formelles et quelques planches prometteuses. Ancien “pubard”, professeur en école d’art, Erwann a roulé sa bosse et conserve à la BD une place particulière, comme il le dit ci-dessous. Son trait appliqué, son encrage élégant et un peu anguleux, rappelle tour à tour Mucha, Claire Wendling ou Olivier Vatine. Pas que des mauvais, donc ! Visitez le site d’Erwann, il peut inspirer et c’est déjà beaucoup.

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Sébastien Naeco : Présentez-vous en quelques mots, depuis quand avez-vous lancé votre blog et est-il votre première expérience en blog BD ? Et en BD tout court ?

Erwann Brun : Pour résumer je suis dessinateur. Le reste c’est une question d’opportunités. Quand j’ai fini mes études en école privée d’art appliqués, une de ces écoles qui ont de belles plaquettes à défaut d’autre chose, on m’a expliqué que dessiner c’était n’importe quoi et que je ferais mieux d’être maquettiste. J’ai eu pourtant l’occasion de faire un peu d’illustration avant de devenir un être responsable en endossant l’habit de roughman storyboarder dans la publicité. Avec quelques interludes, comme un an dans le sud de la France à pratiquer la sculpture sur bois et granit, 17 ans ont été consacrés à produire approximativement 15000 images sans le moindre intérêt artistique pour des budgets aussi excitants que des désodorisants et des balais anti-statiques. J’ose à peine citer au passages quelques expositions de peintures, collectives ou dans des restaurants, et un travail personnel sur le dessin. Comme quoi, quand on est têtu, on est têtu. Puis en 2005 je claque la porte sur le monde de la publicité, prends 6 mois pour m’en remettre à coups de tranquillisants et remets le travail sur l’ouvrage. Je suis contacté par un scénariste et un éditeur pour la réalisation d’une BD qui ne verra jamais le jour, l’éditeur en question nous ayant laissé tomber au deux tiers du projets.
Suit un début de BD personnelle qui figure sur mon blog et une série de dessins sur laquelle je suis en train de travailler…

Quelle est la place de la BD dans l’expression de votre créativité ?

Relatif, c’est un des moyens d’expression qui donne la part belle au savoir faire en dessin. C’est ce pourquoi la BD m’a toujours intéressé : on a le droit si ce n’est le devoir d’être un bon artisan, dans le sens noble du terme. D’ailleurs j’ai toujours acheté les BD pour le dessin, pas l’histoire. En plus les styles sont devenus très variés, jusqu’à aller vers des choses assez abstraites. C’est encore un domaine de libertés individuelles où des inconnus arrivent à développer des univers personnels. Comme elle a le cul entre deux chaises, entre la rigolade et l’art, il y a de la place pour des gens qui ne rentrent pas dans les cadres.

Qu’est-ce qui vous a décidé à commencer un blog BD et ce leitmotiv est-il toujours le même aujourd’hui ? Dans la négative, quelles sont vos motivations actuelles ?

La motivation est toujours la même : diffuser sans éditeur. Les blogs entre autres, permettent de sortir les dessins des cartons où ils dormiraient sinon. Quand on crée, c’est pour un public, peu importe la forme de la rencontre avec ce public du moment qu’elle se produit. Qui plus est, un blog c’est un acte gratuit. Enfin, façon de parler. A défaut d’argent on cherche quand même un retour, une gratification symbolique par le biais des commentaires.

Pour les critiques qui ne comprennent rien à votre dessin et à votre esprit, comment décririez-vous votre approche éditoriale ?

Je ne vois pas pourquoi j’essaierais d’expliquer quoique ce soit à un critique qui ne comprend rien. C’est justement son boulot de comprendre, ce à défaut d’aimer. Qui plus est je n’ai pas d’approche éditoriale, ça c’est le travail de l’éditeur. J’ai une approche créative, et c’est bien assez compliqué comme ça.

Les blogueurs BD détestent qu’on les mette dans des cases, et vous ?

Tout dépend de la taille de la case et de savoir si elle a vue sur la mer.

Si vous devez désigner un blog BD qui mérite un gros coup d’oeil en dehors du vôtre, ce serait lequel ?

Je rendrais la politesse en désignant le blog de Manu’ XYZ. J’aime son travail, son parcours professionnel et sa manière d’aborder le dessin comme la narration. En fait je suis admiratif, il représente ce que je trouve intéressant chez un dessinateur.

Si demain un éditeur arrive avec un beau contrat et une grosse liasse de vrais billets pour faire des albums, que répondrez-vous ?

Que l’argent est certes indispensable, mais que ce n’est pas lui qui détermine la pertinence d’une démarche. Ce qui m’importe c’est le parti-pris artistique. Veut-il juste remplir les bacs ou permettre à un univers à part d’exister, pensant que ça a un intérêt ?

Festiblog, Angoulême, Quai des Bulles, Salon du Livre numérique… Où a t-on une chance de vous rencontrer en vrai ?

Chez moi ou à l’école où j’enseigne.

Quel est le commentaire qui vous a le plus surpris sur votre blog et pourquoi ?

Que mon travail était inspirant. Plaire ou distraire c’est déjà pas mal. Inspirer quelqu’un c’est un peu inespéré.

Désignez-moi une de vos créations que je peux publier sur mon blog et qui synthétise selon vous le projet de votre blog et dites pourquoi.

Une de mes dernières gouaches qui résume assez bien la direction dans laquelle je vais en ce moment. Je demande à mes élèves de résumer à très peu de mots le travail sur lequel ils sont. Alors je vais en faire autant, en deux mots : sensuel et étrange. Sensuel parce que c’est notre première raison d’être. Nous sommes là pour ressentir, peu importe quoi. Nous sommes incarnés et nous passons notre vie dans un flot de sensations, c’est notre vie même. Étrange c’est l’altérité. Le monde est étrange, merveilleux, incompréhensible, décevant, inattendu, il en va de même pour les curieuses bestioles qui partagent notre quotidien sous forme de fils, de femme, d’amis ou de voisin de banquette dans les transports en commun. Cette étrangeté ne me quitte jamais, j’ai peine à comprendre le monde dans lequel je vis, mais au regard de ce dont je suis le témoin, il faut que je traduise ça sur papier.

Quels mots gentils voulez-vous adresser aux journalistes qui ne savent pas comment parler de Blog BD ?

Qu’ils commencent par trouver des BD qui leur plaisent. Il y a un choix très vaste. Le plaisir est une bonne porte d’entrée.

Enfin, si vous aviez votre 15 minutes de gloire Warholienne, pour quelle cause iriez-vous au 20 heures ?

Celle de l’art, de la créativité et de l’imagination. Celle de la sensibilité qui ouvre les portes et les fenêtres pour que l’on puisse respirer.

PS : un petit problème technique m’empêche d’afficher correctement davantage d’images…

12 février 2011

Une fois n’est pas costume, c’est à un duo que nous avons affaire, à savoir Waltch et Novy, deux jeunes adultes sympatoches, dont le récent blog, Rien de rien, prend une posture amusante : ils y font l’apologie de la glandouille, mettent en avant l’inaction chronique de leurs personnages, chantent un hymne à l’éther, décrivent des personnages qui rivalisent dans l’immobilisme ou, sous couvert de faire croire qu’ils travaillent, illustrent leur nature de poltron, d’envieux, de perfide. Je suis personnellement très fan du dessin de Pierre Waltch depuis quelques années, nous avions même eu l’occasion d’envisager un projet commun (mais non, ce n’est pas du copinage de l’inviter ici), et son trait rond s’inscrit dans le style hybride, dynamique et joyeux de Bill et Gobi, auteurs de l’excellente série Zblu Cops chez Glénat. Ils ont en outre un talent pour dessiner des personnages animaliers très efficace, un peu comme Fabrice Tarrin dans Maki, et moi j’adore ça, tout simplement. Après cette semaine plutôt éprouvante au niveau de l’actualité internationale, un blog léger et coloré, invitation à rire et à farnienter, n’est décidément pas pour me déplaire. Bonne lecture !

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Présentez-vous en quelques mots, depuis quand avez-vous lancé votre blog et est-il votre première expérience en blog BD ? Et en BD tout court ?

WALTCH : Et bien, je suis Waltch, j’ai 26 ans et je suis auteur de bédé, il paraît… Avec mon compère Novy, on a ouvert le blog “Rien De Rien” en juillet dernier suite à une discussion autour d’une bière ( bon, en vrai, il y en a eu plusieurs (des bières? des discutions?) ). On vient de reprendre après quelques mois d’absence et une petite panne d’inspiration… j’admire vraiment les bloggueurs qui savent mettre à jour régulièrement en restant toujours originaux ! J’ai également un blog personnel où je mets des petits gribouillis de temps en temps et je participe également tout les mois au site 30 jours de bédé. Sinon, au niveau bédé papier, je suis actuellement en train de dessiner un album pour Makaka Editions avec un autre bloggueur ( un vrai !) au scénario, Ced. Ca s’appelle “le Passeur d’Ames” et ça sortira en septembre. Avant cela, sortira le 16 mars World Of Nolife Level 2 avec Anthony Calla au scénario cette fois. A peine commencé, 2011 est déjà une bonne année donc !

NOVY : Salut, Je suis le compère Novy, j’a 25 ans et je suis Illustrateur infographiste de profession, j’aime quand c’est beau, original et pas trop compliqué ! du coup je mets un peu de couleurs et beaucoup d’enthousiasme sur RienDeRien.fr depuis juillet 2010. Je n’ai pas de très grand antécédent coté blog et BD tout court, je m’y mettrais probablement un jour… quand je serais à la retraite !

Quelle est la place de la BD dans l’expression de votre créativité ?

WALTCH : Avant d’être dessinateur, je suis avant tout un grand passionné de bande dessiné. J’en lis beaucoup, que ce soit en album, dans les magazines ou sur les blogs et dans tout les genres. J’aime ce média, je ne me l’explique pas, c’est peu être un tare génétique… espérons qu’un jour les scientifiques y trouvent un remède. La bédé corrompt la jeunesse, c’est bien connu.

NOVY : Je lis de la BD depuis toujours je pense, c’est un bon passe-temps et pour l’influence c’est génial. C’est un univers tellement varié contrairement au graphisme ou il faut constamment suivre une tendance, un cahier des charges et un patron omniprésent dans la phase de création. Puis les Auteurs BD que je connais sont cools, sympas et boivent de la bière.

Qu’est-ce qui vous a décidé à commencer un blog BD et ce leitmotiv est-il toujours le même aujourd’hui ? Dans la négative, quelles sont vos motivations actuelles ?

Ma copine m’a plaqué, j’ai donc décidé à commencer un blog BD, vous auriez fait quoi à ma place ? huum, j’imagine que de nos jours il suffit d’une dizaine de minutes et d’une dizaine de cliques pour créer un blog… et une fois que c’est fait, faut poster, donc on poste des trucs inintéressants, on parle pour ne rien dire… et un beau jour on en a marre donc on laisse tomber, et on reprend et on arrête… Rien de Rien suit cette logique, on à rien dire mais on le dit quand même et on l’assume. Tout est parti d’une discution tout à fait constructive sur les blogs bédé, en fait :

- Novy : “Non mais t’as vu tout ces blogs pourris, ils racontent tous des truc totalement inintéressants et c’est super mal dessiné en plus !”

- Waltch : “Tu m’étonnes, on devrait faire un blog où il se passe vraiment rien ! chui sûr que ça marcherait !”

- Novy : “y a moy’ ! tu fais les dessins et moi les couleurs, et pis de toutes façons y aura pas besoin de scénar’ !

- Waltch : ” Pffff la flemme de cliquer pour créer un blog …. “

- Novy : ” T’inquiète j’ai un pote Geek qui a le html comme religion “

- Bapness : ” oui c’est pourquoi? “

Je vous épargne la suite qui parle surtout de succès, de femmes nues et de manque de bières… L’idée est toujours là mais on a revu nos objectifs à la baisse depuis (et raconter ce genre de choses ne va sûrement pas aider à nous faire gagner des lecteurs).

Pour les critiques qui ne comprennent rien à votre dessin et à votre esprit, comment décririez-vous votre approche éditoriale ?

Heu… il n’y a en a pas, en fait.

Rien De Rien c’est un peu comme du vide mais en version dessinée. A vrai dire, si il y a des gens qui ne comprennent rien à notre blog et bien je leur dirais qu’ils ont bien raison et qu’il n’ y a rien à comprendre puisque, de tout façon, il ne se passe rien… Me suis-je bien fait comprendre ?

Les blogueurs BD détestent qu’on les mette dans des cases, et vous ?

Dans des cases… avec des bulles et tout ? ça serait cool oué !

Plus sérieusement, surtout qu’on a déjà dû la faire cette vanne, je n’ai déjà pas l’impression de rentrer dans la case du bloggueur bédé tellement notre productivité sur le net est sporadique. Ceci dit, je comprends que cela puisse être pénible pour une dessinatrice qu’on lui dise sans cesse qu’elle fait du “girly” parce qu’elle a un blog où elle dessine ces petites anecdotes… m’enfin si elles arrêtaient de parler de leurs chaussures ou des soldes aussi, hein !

Si vous devez désigner un blog BD qui mérite un gros coup d’oeil en dehors du vôtre, ce serait lequel ?

Ce serait le webcomics “Le Livre Des Morts” de l’ami Liroy parce que ça me fait rire et que ça le bougera un peu à faire la suite.

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Si demain un éditeur arrive avec un beau contrat et une grosse liasse de vrais billets pour faire des albums, que répondrez-vous ?

WALTCH : OUI ! sans même posé de question et je signerais les yeux fermés… puisque je vous dit que la bédé corrompt la jeunesse.

Plus sérieusement, ça me plairait assez effectivement de voir les personnages de Rien de Rien en version papier mais reste à voir si des gens serait prêt à lire un bouquin où il ne se passe rien…

NOVY : NON ! (juste pour faire mon emmerdeur !)

Festiblog, Angoulême, Quai des Bulles, Salon du Livre numérique… Où a t-on une chance de vous rencontrer en vrai ?

WALTCH : Bah, en festival justement. Avec les prochains albums qui sortent je devrais en faire quelques uns. Mais les endroits où on a le plus le chance de me voir reste devant ma table à dessin ou dans mon canapé.

NOVY : Je tourne dans les petits salons sans prétention de la région Nord avec le fanzine RIBOZINE (PUB!). sinon j’empêche Waltch de prendre toute la place dans le canapé.

Quel est le commentaire qui vous a le plus surpris sur votre blog et pourquoi ?

Tous. C’est toujours surprenant d’avoir un commentaire. Surtout quand il ne vient d’un ami ou de ma mère (coucou maman !). On a pas trop l’habitude d’avoir des commentaires sur Rien de Rien, des lecteurs non plus d’ailleurs. Sinon les commentaires qui corrigent nos fautes d’orthographe sont plutôt chouettes !

Désignez-moi une de vos créations que je peux publier sur mon blog et qui synthétise selon vous le projet de votre blog et dites pourquoi

 

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Faut-il vraiment commenter cela ?

Quels mots gentils voulez-vous adresser aux journalistes qui ne savent pas comment parler de Blog BD ?

On ne va pas leur apprendre leur métier, et que c’est comme tout les autres sujets : il faut s’y intéresser très fort pour faire de beaux articles. Puis y’a des ptites journaliste super mignonnes !

Enfin, si vous aviez votre 15 minutes de gloire Warholienne, pour quelle cause iriez-vous au 20 heures ?

Pour ne rien dire. 15 minutes de pur silence. Qu’est ce que ce serait bien… j’ai hâte d’y être !

 

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05 février 2011

L’invité de la semaine est singulier à deux titres : d’une part, il a investi l’internet de ses créations comme terre de résistance et y propose plusieurs styles et modes d’expression tout à fait intéressants ; d’autre part, il baigne à l’heure actuelle dans une amertume qui est sans doute passagère mais bien réelle sur son expérience avec des éditeurs traditionnels et en témoigne. Patès est un talent à plusieurs entrées, entre revendication sociale et politique et expérimantation de la narration en ligne. Ses créations sont à l’avenant, tantôt absurde, tantôt comique, en solo ou en duo, dans un style réaliste ou rond, en fonction du sujet. Complexe et à plusieurs entrées, l’univers de Patrick Feillens mérite le coup d’oeil, même si on ne partage pas forcément son point de vue.

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Sébastien Naeco : Présentez-vous en quelques mots, depuis quand avez-vous lancé votre blog et est-il votre première expérience en blog BD ? Et en BD tout court ?

Patrick Feillens : Patrick Feillens dit Patès, ex dessinateur d’animation et futur ex-dessinateur de bande dessinée. Le blog « La vie est un jeu d’enfants » existe depuis plus de 3 ans et le blog « fédération française de foutage de gueule  » depuis plus de deux ans, et au point mort depuis 6 mois.

« La vie… » est mon premier blog. En fait de blog c’est plutôt un webcomics, même si ce n’est pas une « vrai » bd à proprement parler… c’est même parfois de « l’anti-bd » ! Un expérience graphique au format bd.

J’avais déjà fait un album « oubliable »… sur les conseils de l’éditeur… Comme quoi il ne faut jamais faire une confiance aveugle à un éditeur (Akiléos)… Quelques BD en presse jeunesse et j’ai depuis participé à des collectifs chez « petit à petit ».

Quelle est la place de la BD dans l’expression de votre créativité ?

Ca a été très important, comme une petite lanterne dans l’obscurité… La bd m’a donné envie de dessiner et d’écrire, moi qui ne savait ni dessiner ni écrire… Aujourd’hui, je me sens plus à l’aise dans la peinture… Une page se tourne.

Qu’est-ce qui vous a décidé à commencer un blog BD et ce leitmotiv est-il toujours le même aujourd’hui ? Dans la négative, quelles sont vos motivations actuelles ?

La frustration, c’est parfois un bon moteur. Je voyais le temps filer et je ne faisais rien de majeur, alors j’ai eu envie de témoigner de mes doutes… J’ai mis en perspective la naissance de mes enfants et la naissance d’un récit pour me raccrocher à quelque chose. Après j’ai laissé filer et je me suis appliqué à faire exactement l’inverse de ce que habituellement les éditeurs exigent de leurs auteurs.

Pour les critiques qui ne comprennent rien à votre dessin et à votre esprit, comment décririez-vous votre approche éditoriale ?

Je dirais que je cherche juste à faire une bonne blague au média bd lui même… Comme mettre un bon gros coussin pêteur sous les fesses d’un récit un peu trop prétentieux… Après, c’est goudron et plumes.

Les blogueurs BD détestent qu’on les mette dans des cases, et vous ?

J’adorerais qu’on me mette dans une case, comme Fabrice Neaud dans « le journal »!

Si vous devez désigner un blog BD qui mérite un gros coup d’oeil en dehors du vôtre, ce serait lequel ?

Gros coup de coeur pour « journal d’un chômeur de bd ». Je suis aussi un inconditionnel de fred_boot et je soutiens la démache de Yanouch et son « entre monde  ». J’aime beaucoup le blog de Thierry Crouzet parce que il n’y a pas que la bd dans la vie. Je lis finalement peu de blog, je préfère la télé et les images qui bougent… Finalement je zappe beaucoup moins devant la télé que devant mon écran… Et lire des blogs pendant ses loisirs, c’est comme ramener du boulot en vacances. Ca va pas la tête !

Si demain un éditeur arrive avec un beau contrat et une grosse liasse de vrais billets pour faire des albums, que répondrez-vous ?

Mauvaise pioche ! Les gros contrats n’existent plus et ils n’ont d’ailleurs jamais existé… C’est une rumeur que les éditeurs ont lancée eux-mêmes… Bientôt les auteurs ne recevront même plus d’avance sur droits… Dorénavant, j’éditerais moi même ce que je fais via « www.azote-comics.com »…

Festiblog, Angoulême, Quai des Bulles, Salon du Livre numérique… Où a t-on une chance de vous rencontrer en vrai ?

Je n’irai plus dédicacer pour un éditeur. Je crois que finalement les auteurs ont tort de venir dédicacer leurs albums en contrepartie de rien, hormis un repas chaud. Aujourd’hui le monde de l’édition est plus que malhonnête envers les auteurs et ne leur fait aucun cadeau sur le plan des droits et des avances de droits (voir tout le ramdam autour des droits numériques). Que les auteurs se fassent respecter en organisant une grève des dédicaces sur les gros salons comme Angoulème et St-Malo et on en reparle !

Quel est le commentaire qui vous a le plus surpris sur votre blog et pourquoi ?

Il y avait un com qui disait en gros, je résume l’esprit: « Encore une Bd au kilomètre, le nombre de page n’a pas de coût. » J’ai pris ma plus belle plume pour expliquer ce que ça m’avait coûter en fait. Au final, je pense que c’est lui qui avait raison, ce qui est gratuit n’a pas de valeur !

Désignez-moi une de vos créations que je peux publier sur mon blog et qui synthétise selon vous le projet de votre blog et dites pourquoi

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avec fred_boot au scénario

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une BD que je fais avec François Foyard au dessin.

Pour moi la vrai aventure en bd aujourd’hui, c’est le format numérique… Il y a à mon sens beaucoup de choses à construire avec les nouveaux acteurs de ce média… Mais je dis ça surtout parce que je n’ai plus aucun enthousiasme pour l’édition papier.

Quels mots gentils voulez-vous adresser aux journalistes qui ne savent pas comment parler de Blog BD ?

J’ai pas d’idée. Qu’on leur brise la nuque peut-être ?

Enfin, si vous aviez votre 15 minutes de gloire Warholienne, pour quelle cause iriez-vous au 20 heures ?

Ca me ferait vraiment mal d’aller me pavaner au 20 h chez Pujadas ou ailleurs… On ne défend pas une cause en faisant preuve d’un ego excessif… Mais en descendant dans la rue. Le crâne éclaté par un crs d’un ouvrier sur le pavé servira plus la cause ouvrière qu’un bobo sur un canapé pétri de maladresses bien intentionnelles !

22 janvier 2011

L’emploi.

Paf ! Ca tombe comme un couperet : aujorud’hui on prend un air grave, on ajuste la cravate, on fronce les sourcils, on croise les bras. Et on se détend ! François S Dessineur dessine les aventures de Luc Lemploy, vague collègue de chez Smith en face de Dilbert, qui a un rapport à sa recherche d’emploi tout à fait constructif, grâce au soutien de sa coach et de ses collègues d’infortune. Très influencé par l’école de Marcinelle, gros nez tendance Franquin, le trait de François est facile à décrypter, familier et cela sert particulièrement les séquences qu’il met en scène, allège le sérieux de ce qu’il montre, dénonce, pointe, raille. Il n’est pas dans la posture de l’indignation mais s’empare de la recherche d’emploi pour dédramatiser des situations qui autrement pourraient être intolérables. La centaine de gags déjà disponibles sont autant de coups de boost pour ses lecteurs chômeurs et un précieux rappel pour ceux qui en sortent. Rien que pour ça il mérite tout notre intérêt.

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Présentez-vous en quelques mots, depuis quand avez-vous lancé votre blog et est-il votre première expérience en blog BD ? Et en BD tout court ?

Je fais partie des personnes qui ont toujours dessiné des BD, en dilettante, mais qui ont fait des études dites « sérieuses » parce qu’elles avaient de bonnes notes à l’école ! Quelques-unes de mes BD (par exemple une parodie de Gil Jourdan enfant ou une histoire policière à Venise) ont été publiées dans des fanzines (Bulles Dingues, Bédésup, Bof?!) il y a bien longtemps, quand j’étais lycéen ou étudiant. Mon job, lui, n’a rien à voir avec le dessin.

J’ai lancé mon premier, et pour l’instant unique, blog BD « Luc Lemploy dans la tourmente » en septembre 2009. J’ai dessiné à ce jour plus d’une centaine de gags pour le blog.

Quelle est la place de la BD dans l’expression de votre créativité ?

J’aime faire rire ou rêver, j’aime écrire, j’aime dessiner. Tout cela m’amène naturellement vers la BD. Avec mes pauvres moyens techniques. Je ne suis pas un virtuose du dessin, mais je vise l’efficacité !

Et je lis des BD depuis tout petit. J’ai grandi avec Spirou Magazine et le Journal de Tintin. J’ai plus de 1500 (1600 ? 1700 ?) BD chez moi. Franquin et Jean Giraud sont mes références.

Qu’est-ce qui vous a décidé à commencer un blog BD et ce leitmotiv est-il toujours le même aujourd’hui ? Dans la négative, quelles sont vos motivations actuelles ?

Licencié par mon entreprise pour raison de « crise à l’horizon », je bénéficiais de ce que l’on nomme l’outplacement, c’est-à-dire les services d’une société qui accompagne un chercheur d’emploi via du coaching personnalisé et des ateliers de groupe (davantage de détails dans mon blog, surtout dans les gags des premiers mois). Sur le chemin de mes rendez-vous, dans le métro, je dessinais dans mon petit carnet des gags en quelques cases librement inspirés de cette expérience. Ma « coach » les a vus, s’est marrée et m’a encouragé à partager mes histoires.

Le blog s’est imposé comme le medium le mieux adapté par sa souplesse d’utilisation et l’immédiateté de la communication. C’était amusant de voir le nombre de lecteurs grossir régulièrement. Et surtout j’ai pris et prends toujours un réel plaisir à imaginer et à dessiner ces petites histoires. Le blog m’a aussi amené à chiader un peu plus mes dessins et il me booste pour en produire régulièrement. Et tant que j’ai des idées, je continue… D’autant plus que le site de recherche d’emploi Keljob a repéré mon blog et publie régulièrement des gags inédits de Luc Lemploy. Je ne suis pas payé mais cela élargit mon lectorat. Il y a même depuis décembre une application iPhone de Keljob qui permet de lire les aventures de Luc Lemploy !

Au fil du temps, j’ai élargi mon propos à des situations que rencontre tout chercheur d’emploi. Et pas mal de monde s’y est reconnu, si j’en crois les commentaires et courriers reçus. Initialement, je pensais que ce serait surtout les cadres qui se retrouveraient dans mon blog; mais même si mes héros portent des cravates, les lecteurs du blog viennent de tous les horizons professionnels.

Pour les critiques qui ne comprennent rien à votre dessin et à votre esprit, comment décririez-vous votre approche éditoriale ?

L’humour n’ayant pas de définition unique (je me méfie de la pensée unique !), je ne peux rien pour ceux qui ne comprennent pas mon humour. Qu’ils passent leur chemin en paix.

Mon « approche éditoriale »… est de parler avec humour des perturbations engendrées par la perte d’un emploi et la recherche d’un nouveau travail. Toutes les conséquences sur le rythme de vie, le moral, les relations avec les autres, le recours à un(e) coach, les astuces pour tenter de rebondir…

Luc Lemploy a un regard souvent distancié et teinté d’ironie sur ce petit monde, mais il en est aussi parfois la victime. Pour éviter que la chute soit trop prévisible. Tantôt il perd, tantôt il gagne. C’est la vie …

Quand le gag est un peu trop extrême pour Luc Lemploy, je fais intervenir son ami Kevin, voué à l’échec avec ses stratégies débiles. L’autre personnage récurrent est Mylène, la coach de Luc : elle est la touche sexy de la BD, et j’y tiens ! D’autres personnages interviennent, mais de manière plus épisodique.

J’ai créé tout ce petit monde car la recherche d’emploi n’est pas un exercice solitaire (qu’on se le dise !). Et aussi pour permettre des interactions source de gags. Luc a besoin de faire-valoir pour exprimer sa pensée et son action.

Beaucoup de chercheurs d’emploi m’ont écrit pour me dire que mes BD leur font du bien, car elles parlent de thèmes les touchant tout en les faisant sourire. Ce sont de beaux compliments !

Mon « approche éditoriale » évoluera un jour vers le monde du travail, sur lequel j’ai beaucoup à dire (j’ai déjà beaucoup de gags au brouillon). Mes 16 ans en entreprise, que ce soit dans une grosse boîte américaine, néerlandaise, franco-française ou une PME de conseil, m’ont donné beaucoup de matière ! Mais je ne sais pas encore si ce sera sur le blog de Luc Lemploy ou un autre blog créé pour l’occasion.

Sinon, à ceux qui dénigrent mon dessin parce qu’il est influencé par la BD belge « classique », je réponds que je préfère dessiner du sous-Franquin que du sous-Sfar. Il y a déjà des milliards de blogs BD qui font du sous-Sfar, de toute façon. Un peu de diversité, que diable ! De plus, en période de crise, tous les analystes disent que les gens reviennent aux valeurs classiques pour se rassurer. C’est la crise (et encore pour un bon moment) et je dois être un « gens » de ce type… Donc je dessine comme j’ai envie, et je ne me plie pas à la mode.

Les blogueurs BD détestent qu’on les mette dans des cases, et vous ?

Je mets Luc Lemploy, mon personnage, dans des cases et il ne s’en plaint pas. Je ne me plaindrai pas non plus, par solidarité.

Les cases sont perméables, de toute façon : des auteurs BD maintes fois publiés se mettent au blog (comme Achdé ou Maëster), des blogueurs pur jus voient leurs récits édités en album « papier » …

Si vous devez désigner un blog BD qui mérite un gros coup d’oeil en dehors du vôtre, ce serait lequel ?

Plutôt que de citer un blog BD parmi les poids lourds du secteur, je voudrais donner un coup de projecteur sur celui d’Erik Shaham, auteur du projet « Fantôme de l’Opéra » http://www.fdelo.fr . Il dessine et écrit avec ses tripes. Pour avoir lu ses textes publiés sur son profil Facebook, je peux vous dire qu’en plus d’être animé par une flamme, il a un réel talent d’écriture.

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Si demain un éditeur arrive avec un beau contrat et une grosse liasse de vrais billets pour faire des albums, que répondrez-vous ?

Face à cet éditeur philanthrope, comme le sont certainement tous les éditeurs, je serai direct et lucide. Je lui dirai : « Je suis votre chance de la décennie, très cher. Vous vendrez des millions d’albums de Luc Lemploy, de la jeunesse de Luc Lemploy, du petit Luc Lemploy, de papy Lemploy, de l’Univers de Luc Lemploy, de la version manga de Luc Lemploy, des spin-off de Luc Lemploy centrés sur son pote Kevin le bargeot ou sa coach Mylène. Eh oui, j’ai autant d’idées de scénarios que Van Hamme, Arleston et Morvan réunis ! »

Festiblog, Angoulême, Quai des Bulles, Salon du Livre numérique… Où a t-on une chance de vous rencontrer en vrai ?

Vu que je n’ai pas publié d’albums, que je ne fais même pas de produits dérivés du type cartes postales ou tee-shirts comme certains blogueurs, et que je n’ai pour l’instant pas été invité par les structures dédiées du type Festiblog, pas facile de me rencontrer en vrai ! Sauf en m’envoyant un email me proposant de prendre un verre, ce qui arrive parfois. Mais je vous préviens : je ne me déplace en province ou à l’étranger que si vous me payez le billet de train ou d’avion !

Sinon, je fréquente les vernissages des galeries BD parisiennes (Daniel Maghen, 9ème Art, Petits Papiers…). Et je vais dans quelques festivals BD, en tant que lecteur et non en tant qu’auteur.

Quel est le commentaire qui vous a le plus surpris sur votre blog et pourquoi ?

Les commentaires prenant pour argent comptant ce que je raconte. Si mon héros déprime à la fin d’un gag, je reçois des messages du type « Tenez bon, il ne faut pas vous décourager » comme si je mettais dans le blog tout mon vécu et mon état d’esprit sans filtre ! Mon blog n’est pas autobiographique. Il y a déjà beaucoup trop de récits nombrilistes sur le web ! Je prends une idée qui me parle, puis je la triture dans tous les sens pour en faire un gag.

Désignez-moi une de vos créations que je peux publier sur mon blog et qui synthétise selon vous le projet de votre blog et dites pourquoi

« Y a-t-il un traître dans le bar à vins ? » publié le 16 novembre 2010, par exemple.

Pour le fond, il y a dans ce gag deux messages, dont le premier est récurrent dans le blog : il ne suffit plus d’être bon professionnellement, dans un monde où il y a souvent davantage de demandes d’emploi que d’offres. Il faut savoir communiquer. Se faire remarquer. Quitte à faire parfois n’importe quoi (dans la BD, pas dans la vraie vie !).

Les actifs en poste forment une communauté dont le chercheur d’emploi se sent exclu. En caricaturant à peine, vu le nombre de chômeurs, on peut imaginer l’inverse. Sur tous les sujets, je cherche comme ici la distorsion de la réalité qui crée la surprise. J’essaie que la chute ne soit jamais trop prévisible, car c’est trop souvent le cas dans les gags en une page. Il faut surprendre pour faire rire !

C’est un gag « tout public », qui fonctionne que l’on soit employé, cadre ou ouvrier.

Pour la forme : la plupart de mes gags sont comme celui-ci, sur trois bandes, dessinés au format A4. Même si certains se réduisent à un seul dessin. Je dessine toujours en noir et blanc, sur du papier, comme au Moyen-Age. J’encre tantôt au Rötring, tantôt à la plume (comme ici). Rarement au pinceau. Puis je scanne. Certains gags ont été mis en couleurs par Audrey Dussaussois, alias AD Ankeur.

Quels mots gentils voulez-vous adresser aux journalistes qui ne savent pas comment parler de Blog BD ?

« Lisez-en beaucoup et pendant plusieurs semaines, avant de faire votre opinion et d’en parler. Et faites relire votre copie par les personnes intéressées ! Je sais que vous n’aimez pas ça, mais cela vous évitera bien des erreurs qui vous feraient passer pour des charlots ! »

Le problème est que les journalistes doivent toujours bosser dans l’urgence, ils ont la pression, aussi mes bons conseils sont assez vains, j’en suis conscient !

Enfin, si vous aviez votre 15 minutes de gloire Warholienne, pour quelle cause iriez-vous au 20 heures ?

Andy Warhol a en effet déclaré en 1968 : « Dans le futur, chacun aura droit à 15 minutes de célébrité mondiale ». Nul doute qu’il pensait à moi tout particulièrement, 1968 étant l’année de ma naissance.

Je n’irai pas comme les candidates à Miss France prêcher pour la paix dans le monde, contre l’injustice ou je ne sais quoi encore. Je remercierais l’univers impitoyable du Privé et le monde kafkaïen du Public de fournir tant de sources d’inspiration. En fait, le privé aussi a des côtés kafkaïens. S’il n’y avait que des gens gentils et efficaces, il n’y aurait pas d’histoires intéressantes à raconter. Mais n’allez pas dire que je fais l’éloge des méchants et des incompétents ! Mieux vaut en rire…

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Un grand merci à François pour sa disponibilité et la planche qu’il nous a adressé par ailleurs.

19 janvier 2011

news-small-21251664854-11268132840-51275571707-12.1295449456.jpgA quelques jours d’Angoulême, la manoeuvre opérée par la bande des auteurs réunis autour du projet 8Comix est en passe de réussir au moins en terme d’attention médiatique et d’échos de blogs en sites spécialisés. Le site 8Comix propose la lecture progressive, gratuite, au fil de la production pour certains, à la manière du blog de Trondheim où les chapitres précédents sont effacés au profit des nouveaux pour d’autres, d’albums qui ont en commun d’être promis à terme à une sortie en librairie. A la différence de sites pilotés par les éditeurs et leurs partenaires concepteurs de solutions de lecture sur écran, les auteurs présents sur 8Comix ont décidé de prendre leur destin en main, et de le faire, pour les projets déjà engagés chez des éditeurs, avec l’autorisation et donc dans le dialogue concerté avec ceux-ci. Olivier Jouvray, l’un des auteurs participant à cette aventure, précise “Pour ma série Au royaume des aveugles, le Lombard a accepté de participer à ce projet en nous donnant l’autorisation de mise en ligne. Auteurs comme éditeurs sommes en attente de réponse et de pistes à suivre en matière de numérique.” Voilà qui parait bien raisonnable avec une prise de risque minime de la part des acteurs impliqués.

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Pour mettre tout cela en perspective, cette expérience éditoriale n’est pas dans l’absolu une nouveauté. Ainsi il y a quelques années déjà, Dargaud proposait avec une bibliothèque de prépublication en ligne plutôt copieuse baptisée Read-box la lecture toute ou partie d’albums disponibles et à venir. En outre, des maisons d’édition qui s’appuie sur le numérique pour pousser la visibilité autour d’albums qui finiront en librairies, cela existe aussi depuis quelques temps maintenant, avec des oeuvres intéressantes. C’est le cas de Manolosanctis dont je parlais d’un des titres pas plus tard qu’hier, de Sandawe, basé sur le crowdfunding, et de Foolstrip. En création”pure” pour le numérique, on peut ajouter Mangako avec son projet manga-like Impact City, quelques initiatives d’Ave!Comics comme l’application Ca ira mieux demain ou encore Zallag. Et je ne parle pas évidemment des plateformes validées et alimentées par les éditeurs eux-mêmes, que ce soit Iznéo, digiBiDi, ou le catalogue Ave!Comics.

Alors qu’est-ce qui finalement distingue l’initiative de l’équipe de copains réunis autour de 8Comix ? A vrai dire, dans l’absolu, pas grand chose. Il s’agit avant tout d’un terrain d’expérimentation pour chacun des participants, une manière, par affinités, de tester concrètement l’univers du numérique et de mettre (enfin pour certains) les mains dans le camboui. A la limite la renommée et le succès que rencontrent les auteurs en questions (les frères Jouvray avec Lincoln, Cyril Pedrosa avec Trois ombres, Fabien Vehlmann avec Spirou et Seuls, etc) mettent sous un jour très favorable les oeuvres proposées, qui ne sont absolument pas à considérer comme des fonds de tiroir ou des brouillons mais bien des albums tout ce qu’il y a de professionnel. Olivier Jouvray, à nouveau, précise : “L’expérience est menée sur plusieurs niveaux en fait. On veut voir si l’association de plusieurs petites notoriétés peut faire une grosse notoriété. On veut voir si la pré-publication de BD en ligne stimulera les ventes. On veut voir si le blog est une forme de livre numérique adaptée à de la BD classique. On veut voir si cette forme d’auto-publication nous permettra d’entretenir de nouveaux rapports avec nos lecteurs (en dehors de la dédicace). On veut voir si ce genre d’initiative peut stimuler les envies chez d’autres auteurs.

Plus qu’une expérience, donc, 8comix est une étape dans l’appréhension par ces auteurs de l’environnement numérique. Ce que je retiens de plus intéressant dans le discours d’Olivier c’est la phrase suivante qui complète l’extrait précédent : “On veut voir s’il est plus pertinent de proposer un petit nombre d’albums en lecture plutôt qu’un grand nombre d’ouvrages comme sur d’autres plateformes parce qu’on pense qu’ainsi, les visiteurs prendront le temps de feuilleter tous les ouvrages.” C’est un questionnement en effet très intéressant et qui va à 8comix-excerpt.1295449237.jpg contre-courant de la tendance de vouloir réunir autour d’un site un maximum d’oeuvres, de jouer la profusion et de tendre vers l’exhaustivité d’une série ou d’un catalogue. La valeur de prescripteur de 8Comix peut être renforcée si de copinage initiale (et sans conteste légitime, je ne juge pas) on passe à une sélection de créations initiée par des artistes entre eux. Comme une galerie d’art en ligne en somme. Cela nécessitera le développement ou l’apport de compétences éditoriales sur lesquelles pourront se greffer des créations originales dédiées, dont le nombre sera limité et contrôlé. La rareté comme gage de qualité c’est une option qui peut s’avérer payante à terme.

Dernier point non négligeable, ce n’est pas un hasard si les auteurs impliqués dans 8Comix sont aussi particulièrement actifs au travers du syndicat des auteurs dans la défense des droits et les revendications dont j’ai déjà fait l’écho ici concernant les droits numériques. Même si le discours est à l’apaisement et que le dialogue se poursuit, il est difficile de ne pas voir en 8Comix un avertissement sans frais en direction des éditeurs quant à la capacité des auteurs (ceux-ci, mais aussi leurs émules) à prendre en main l’exploitation numérique de leurs oeuvres. Certes, la gratuité s’inscrit avant tout dans une logique de prépublication et de promotion pour entraîner à terme l’achat du livre papier (et donc va dans le sens de la logique marchande et de l’intérêt commun aux éditeurs et aux auteurs de vivre de leurs créations), mais c’est aussi une manière de dire en toute gentillesse que les données et analyses collectées à la suite de cette expérience pourront enrichir les arguments des uns et des autres et conséquemment peser dans les négociations finales. Jusqu’à présent c’était surtout les éditeurs qui pouvaient dire, à partir de leurs données d’exploitation des différents modes de publication en ligne, ce que eux estiment comme attractifs et rentables ; désormais les auteurs de 8Comix disposeront eux aussi d’éléments pertinents qui valident ou non leurs propres prises de position. Je suis par avance curieux des conclusions qu’ils tireront de cette aventure.

Une dernière chose : davantage que le mode de diffusion, j’invite tout le monde à LIRE les albums proposés sur 8Comix car avant toute chose, sans création, tout ça ne vaut pas clopine ! On en reparlera…

Sébastien Naeco

15 janvier 2011

Sympa comme sapin représente le type de blog lisible et efficace que j’aime particulièrement car on sait tout de suite où on est, le projet créatif est immédiatement perceptible, la qualité du trait est homogène, l’humour réel et bon enfant. Comment Arnaud Binda aurait pu se faire remarquer autrement que par un blog BD me demande-je ? Il illustre parfaitement l’auteur “isolé”, qui touche un lectorat bien au delà de sa région, pour preuve certains exemples amusants qu’il donne dans la généreuse (en taille) interview suivante. En sus, il nous gratifie d’un inédit, le deuxième sur ce blog, ce qui m’honore particulièrement. Nous partageons un goût commun, Arnaud et moi, nous avons une passion pour l’oeuvre de Pierre Séron, dessinateur-scénariste des Petits Hommes et des Centaures. Nous ne pouvions que nous entendre ! Et comme il passe par une période un peu pénible pour cause de blocage de dos, je lui souhaite un prompt rétablissement et une longue vie à lui et à son blog :

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Sébastien Naeco : Présentez-vous en quelques mots, depuis quand avez-vous lancé votre blog et est-il votre première expérience en blog BD ? Et en BD tout court ?

Arnaud Binda : Alors je suis Arnaud BINDA aka ABI, je vis en Alsace et je suis un dessinateur industriel passionné de bd mais également auteur de bd avec ma série « Sympa comme Sapin » qui parait une fois par semaine dans le journal L’Alsace édition Colmar et dont je viens d’autoéditer le premier « stère » ! Et aussi chroniqueur sur le site du Graphivore.

Je n’ai pas une grosse mémoire des dates mais cela doit faire 3 ans que le blog existe, en gros autant que la série « Sympa comme Sapin ». Mon premier blog bd ? Non j’avais un autre blog sur une autre série dont je vais me remettre dessus qui s’appelait à l’époque « Les Bibines » mettant en scène des bocks de bière faisant de l’humour qui va devenir en fait « Paroles de zinc » qui sera en fait des strips de comptoir sur les boissons de bar. Pour ce qui est d’internet et la bd, on peut dire que j’ai fait un tas de choses avant que les blogs deviennent à la mode, comme un mini site sur Yoko Tsuno (qui n’existe plus) et un site sur la bd en générale « Le BDévore » (qui n’existe plus non plus). En terme de « blog » aujourd’hui, je tiens le blog de l’association « L’Esprit BD » (dont je suis le vice-président), blog qui tient au courant les bdphiles de nos activités et de nos festivals. Je suis aussi le webmaster de l’auteur Pierre SERON (les Petits Hommes, Les Centaures, les Petites Femmes…) et j’avais à l’époque commencé un site, mais c’était un peu dur de m’en occuper car il faut toujours plonger son nez dans le html ce qui fait perdre beaucoup de temps et depuis quelques temps j’ai décidé de passer au format « blog » via Blogspot qui me permet de mettre à jour plus rapidement et d’aller à l’essentiel. Je suis très content du résultat car en plus en passant par là, mes blogs sont plus visibles sur les moteurs de recherche et permet un lien avec Facebook assez pratique !

Quelle est la place de la BD dans l’expression de votre créativité ?

Elle est essentielle, c’est ma source d’inspiration ! Je suis ouvert à tout, que ça soit franco-belge, comics ou manga ! Bien sûr j’ai mes classiques comme Les Petits Hommes ou Yoko Tsuno, mais j’ai découvert énormément de choses qui sans cesse font travailler mon cerveau et mon imagination ! Et puis je trouve que la bd est un bon moyen de communication car de temps en temps je fais également des logos ou des affiches, et les faire façon bd attirent beaucoup l’œil des gens !

Qu’est-ce qui vous a décidé à commencer un blog BD et ce leitmotiv est-il toujours le même aujourd’hui ? Dans la négative, quelles sont vos motivations actuelles ?

Le blog c’est simple, on met à jour rapidement et de n’importe où même par simple envoie de mail (sous blogger) ! Et comme je l’ai dit précédemment, les blogs se trouvent plus facilement sur les moteurs de recherche grâce aux libellés. Puis le blog est accessible à tout le monde, même pour ceux qui n’y connaissent rien en langage htlm. Ici il suffit de créer un compte et suivre ce qui est écrit tout simplement… bon je dis pas, avoir quelques petites connaissances en infographie aide quand même à avoir un blog attrayant. Au début je trouvais cette mode des blogs vraiment barbante car on trouve de tout mais depuis le système a muri et chacun y trouve son bonheur. On ne voit plus beaucoup de dessinateurs de bd sans blog !

Pour les critiques qui ne comprennent rien à votre dessin et à votre esprit, comment décririez-vous votre approche éditoriale ?

A la base c’est une idée qui a germé sans grande prétention mais je savais que je tenais là quelque chose d’original et de jamais fait, ce que je cherche à faire depuis toujours ! Puis petit à petit, mes sapins ont poussés… passant du dessin traditionnel colorisé sous Photoshop au complètement en vectoriel pour avoir un aspect cartoon. J’avais trouvé pas mal d’idées sur des jeux de mots en rapport avec les arbres, mais je crois que le passage dans un journal régional a ouvert des portes à un tas d’idées sortant de l’ordinaire. Tout le monde pensait que je ne ferais des sapins que le temps de Noël et que j’allais vite m’essouffler mais j’ai pour habitude de toujours contredire les mauvaises langues et c’est pour ça que je m’attaque aussi à l’actualité de temps en temps. Je me suis rendu compte il y a peu que les lecteurs de « Sympa comme Sapin » vont de 7 à 77ans… ma première fan que j’ai rencontré, est une petite mamie qui s’amuse à découper toutes les semaines les strips dans le journal parce qu’elle trouve ça drôle et mignon, ensuite j’ai rencontré des gens de tous les âges qui sont vraiment fan de ce que je fais. Quand je dis vraiment fan, c’est que des gens sont venus rien que pour moi au Salon du Livre de Colmar ou sur le festival de bd d’Illzach… je n’ai jamais été aussi ému que cette fin d’année. Pour dire, je dois même envoyer un exemplaire de ma bd au Québec à une demoiselle qui adore ce que je fais et qui m’a découvert via internet ! Ce que je suis content avec « Sympa comme Sapin » est le fait de toucher aussi des jeunes qui pourront relire ma bd plusieurs fois dans leur vie car ils auront à chaque fois une autre vision, c’est-à-dire qu’au début ils aiment les images, ensuite ils commencent à lire et au fur et à mesure ils comprendront les jeux de mots, les allusions à l’actualité… et puis la série reste indémodable puisque un sapin ça existe depuis des milliers d’années ! Ce que j’ai adoré dernièrement c’est un jeune à qui je demande ce qu’il aime comme bd pour me répondre « Gaston, Boule et Bill et surtout ce que vous faites » ! Le choc que ça fait de se retrouver parmi les grands classiques ! Donc voilà, ma série est vraiment très grand public, je ne rentre jamais dans le vulgaire même si des fois il y a des allusions comme par exemple « Arrêtes de me faire scier ! ».

Les blogueurs BD détestent qu’on les mette dans des cases, et vous ?

Moi je m’en fiche un peu, je sais que les fans suivent et c’est le principal. Après si il y en a que ça amusent de « caser » les blogs bd, c’est qu’ils ne sont pas ouvert d’esprit et n’apprécient pas à leur juste valeur les créations des bdbloggeurs !

Si vous devez désigner un blog BD qui mérite un gros coup d’oeil en dehors du cosmozone.1295099179.jpg vôtre, ce serait lequel ?

Un seul ? C’est pas possible… il y en a plein que j’adore et où je vais régulièrement ! Je vais tout de même en donner un pour la peine qui mérite le détour car il touche un genre que j’adore, la science-fiction, mais surtout le style Star Trek. C’est http://cosmozone.over-blog.com et l’auteur est Cyborg07, j’aime vraiment son boulot et les idées qu’il a. Sa série Cosmozone mériterait de devenir une bd !!!

Si demain un éditeur arrive avec un beau contrat et une grosse liasse de vrais billets pour faire des albums, que répondrez-vous ?

Arf, la question que j’attendais… Tout dépendra si on tombe d’accord sur la façon dont la bd sera éditée afin de garder l’esprit de ma série sans la dénaturer. Après pour ce qui est de la liasse de vrais billets… je ne crois pas qu’il y ai beaucoup d’éditeurs qui la sortent encore et puis ce n’est pas ce qui me motive à la base même si bien sûr, comme tout le monde, on a besoin d’argent. J’ai cherché des éditeurs et le mot qui est revenu souvent en réponse à mes demandes, c’est « crise ». La crise économique est devenue une bonne excuse maintenant…, c’est pour ça que j’ai passé le cap de l’autoédition comme cela je suis mon prof chef et au moins si ça marche pas, je n’en voudrais qu’à moi-même !

Festiblog, Angoulême, Quai des Bulles, Salon du Livre numérique… Où a-t-on une chance de vous rencontrer en vrai ?

Alors pour l’instant on me trouve sur les festivals de ma région comme celui de L’Esprit BD à Colmar (14 et 15 Mai 2011), De Bulle en Raisin à Beblenheim, BéDéciné à Illzach et le Salon du Livre à Colmar… puis maintenant que j’ai une bd, j’espère qu’on me verra sur d’autres festivals ! (Je lance un appel !)

Quel est le commentaire qui vous a le plus surpris sur votre blog et pourquoi ?

Que les Alsaciens étaient des veinards d’avoir un petit coin de nature dans le journal… ça résume bien l’arrivée des sapins dans le journal de L’Alsace ! J’ai surtout les chevilles qui enflent depuis un certain temps quand on me dit de forcer le journal à m’y mettre tous les jours plutôt qu’une seule fois par semaine ! J’ai toujours cherché l’originalité et je suis très content de cet exploit, mais je pensais pas toucher les gens à ce point !

Désignez-moi une de vos créations que je peux publier sur mon blog et qui synthétise selon vous le projet de votre blog et dites pourquoi

Il y a le strip sur l’aire de repos qui résume bien l’esprit de la série sur des petits sapins un peu sadiques sur les bords qui ont toujours un truc à dire ou à critiquer et où tout le monde se retrouve en lisant les strips. Le sapin serait-il l’ancêtre de l’homme… on dit qu’on descend du singe mais on descend peut être de l’arbre ?? Hum… tiens je me la note celle-ci… ;)

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Quels mots gentils voulez-vous adresser aux journalistes qui ne savent pas comment parler de Blog BD ?

Avant de parler de tel ou tel blog bd, il faut avant tout commencer par le début en allant jeter un coup d’œil au premier post mis en ligne par l’auteur qui souvent explique le pourquoi du comment de sa série ou de ses illustrations pour ensuite visiter au maximum le blog afin de comprendre l’esprit et le travail derrière tous ces dessins, car on critique souvent très rapidement sans voir toute l’énergie qu’à pu mettre en œuvre l’auteur. Des critiques non construites peuvent des fois anéantir un auteur plein de talent !

Enfin, si vous aviez votre 15 minutes de gloire Warholienne, pour quelle cause iriez-vous au 20 heures ?

Oulà… déjà je ne pense pas que j’irai au 20h car je ne les supporte plus… je préfèrerais avoir 15 mn de gloire dans une émission à la « Patrick Sébastien », c’est-à-dire familiale, là où règne encore un esprit bon enfant, c’est plus ma place ! Moi je préfère me marrer un bon coup que d’essayer de blablater de moi ou de soutenir quelque chose… j’aime pas me prendre la tête !

 

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08 janvier 2011

Ce qui est formidable avec les blogs BD, c’est que leurs auteurs mettent en scène des personnages parfois inattendus. Ainsi du blog de Mamie , animé avec goût par Alexandre Arlène, qui propose une senior joviale, sans (presque) aucun cheveu blanc, cousine avouée de Marie-Thérèse, vous savez, cette digne dame rentrée dans les ordres… Même si il est encore jeune, ce blog a déjà une belle personnalité, où la Mamie en question manifeste un esprit corrosif, tient un discours d’actif un peu dépassée par le temps qui passe mais loin d’être entrée dans la période où tout ralentit, où les corps raidis se figent comme les esprits. Alexandre ne se limite pas à raconter les tribulations d’une mamie facétieuse, non, il instille des critiques sur la société qui piquent et font réfléchir, ou s’amuse à des expérimentations narratives en accueillant le temps d’une planche un voyageur étrange, personnage qui passe d’un blog à l’autre, formidable idée de relier les blogs BD entre eux. Qu’on se le dise, Mamie pête le feu ! Alexandre Arlène raconte et se raconte dans la première interview blog de l’année, merci à lui pour sa diligence d’ailleurs à répondre à ma sollicitation il y a quelques jours, et c’est tout de suite ci-dessous : entete-mamie.1294485230.jpg

Sébastien Naeco : Présentez-vous en quelques mots, depuis quand avez-vous lancé votre blog et est-il votre première expérience en blog BD ? Et en BD tout court ?

Alexandre Arlène : Je suis Alexandre Arlène, et j’ai lancé le blog de mamie il y a un peu moins d’un an (ça passe vite). Avant cela j’ai dessiné plusieurs autres blogs BD, mais le blog de mamie me plait le plus, sans doute parce que je peux m’identifier à une mamie ou que j’assouvis un vil désir de gérontophilie (allez, va ouvrir ton dictionnaire maintenant…)

Quelle est la place de la BD dans l’expression de votre créativité ?

Une grande place j’imagine. J’ai testé bon nombre de supports, et celui-ci me convient le mieux. Un mélange entre l’illustration, l’écriture et le cinéma. Ça me permet de faire tout ce que j’aime, d’alterner, sans que l’ennui ne vienne pointer le bout de son nez.

Qu’est-ce qui vous a décidé à commencer un blog BD et ce leitmotiv est-il toujours le même aujourd’hui ? Dans la négative, quelles sont vos motivations actuelles ?

Bigre, trois questions super sérieuses pour le moment.

Alors, j’ai commencé avec des articles de presse pour partager un point de vue, mais surtout pour avoir les retours d’un public.

Aujourd’hui, je recherche toujours des retours, sauf que je me sers aussi du blog pour tester pleins de choses. Des narrations différentes, des cadrages, des essais de typos, etc…

Pour les critiques qui ne comprennent rien à votre dessin et à votre esprit, comment décririez-vous votre approche éditoriale ?

Mon blog, je le vois comme un cahier d’expérience, plus ou moins raté et à plus ou moins grande échelle. Du coup, oui, certains ne pigent pas pourquoi des fois c’est moche ou pas drôle.

Les blogueurs BD détestent qu’on les mette dans des cases, et vous ?

Ça dépend où on veut me caser. Avec une plantureuse blonde ? Ou Susan Boyle ?

Si vous devez désigner un blog BD qui mérite un gros coup d’oeil en dehors du vôtre, ce serait lequel ?

Pfff… là c’est dur. Il y en a pleins de très talentueux et il y a les copains aussi (qui sont eux aussi talentueux). Mais pour le coup, je vais vous envoyer chez le blog d’un jeune de 15 ans, dont j’aime beaucoup l’esprit, la maturité et le travail: Valentin Morice

Ça va peut-être le motiver, parce que, comme tout jeune (et dessinateur) qui se respecte, c’est un sacré feignant.

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Si demain un éditeur arrive avec un beau contrat et une grosse liasse de vrais billets pour faire des albums, que répondrez-vous ?

Ça existe, ça ?

Faut aller les chercher les éditeurs (enfin, ceux qui ont des vrais billets).

Festiblog, Angoulême, Quai des Bulles, Salon du Livre numérique… Où a t-on une chance de vous rencontrer en vrai ?

Je serai à Angoulême à la fin du mois et aussi au prochain festiblog (si tout va bien).

Quel est le commentaire qui vous a le plus surpris sur votre blog et pourquoi ?

Les commentaires secrets de mon frère et mon père, je pensais pas qu’ils lisaient mon blog.

Enfin, depuis je m’y suis habitué.

Désignez-moi une de vos créations que je peux publier sur mon blog et qui synthétise selon vous le projet de votre blog et dites pourquoi

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Alors, c’est un vieil article, mais on peut y voir un peu l’esprit canapé/télé, que j’affectionne particulièrement, un peu de Sciences et Vie Junior (parce que dès j’adore les trucs qui nous emmènent dans l’espace) et des tests graphiques.

Quels mots gentils voulez-vous adresser aux journalistes qui ne savent pas comment parler de Blog BD ?

Ça va, vous ?

Enfin, si vous aviez votre 15 minutes de gloire Warholienne, pour quelle cause iriez-vous au 20 heures ?

Arf… trop dure comme question, je passe mon tour.

Dessin spécialement conçu pour cette interview, merci ! :

 

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