21 mars 2011

arton13594.1300674276.jpgOn se croirait revenu vingt ans en arrière, à l’époque où l’ancien Premier ministre iranien Shapour Bakhtiar avait été assassiné à Suresnes en 1991 par des agents du régime iranien.

Vendredi soir à Paris, Ebrahim Mehtari, journaliste et opposant iranien de 28 ans, a été poignardé par deux inconnus, a-t-on appris de la Campagne internationale pour les droits de l’Homme en Iran, à qui le jeune homme s’est confié.

“La nuit dernière(vendredi ndlr), je quittais mon domicile à Paris, lorsque trois à quatre cents mètres plus loin, j’ai été attaqué par deux hommes. Ils m’ont poignardé au niveau de ma jambe gauche, de mon mollet droit, de ma poitrine et de mon bras, et ont ensuite passé une ficelle autour de mon cou pour m’étrangler, quand j’ai soudain entendu une sirène au loin qui les a fait fuir. (…). Je me suis ensuite traîné jusqu’à un hôtel. Le personnel de la réception a immédiatement appelé la police, qui m’a transféré à un hôpital”.

Ebrahim Mehtari n’est pas n’importe quel opposant. En août 2009, après avoir activement participé à la campagne présidentielle en faveur du candidat réformateur MirHossein Moussavi, le journaliste est kidnappé à Téhéran et envoyé dans un centre de détention secret. Il y subira tortures et sévices sexuels pendant cinq jours. Laissé pour mort, il sera jeté en pleine rue, mais survivra de ses blessures et tiendra à témoigner à plusieurs reprises de son calvaire à Mehdi Karoubi, autre candidat vaincu de la présidentielle devenu leader de l’oppositon. Fort de ces preuves, ce dernier sera le seul à oser parler publiquement de prisonniers torturés à morts ou « sauvagement violés » en détention, précipitant la création d’une commission d’enquête parlementaire. Pourtant, deux semaines plus tard, les membres de la commission rejetteront ces allégations et appelleront à une action judiciaire contre « leur responsable et ses complices », autrement dit Mehdi Karoubi lui-même. Quant aux victimes qui ont osé témoigner, celles-ci vont être à nouveau persécutées.

Ebrahim Mehtari n’a d’autre choix que de fuir l’Iran pour sauver sa peau. Direction la Turquie, puis Paris, où il acquiert le statut de réfugié politique il y a un an. Mais le journaliste ne va pas se taire pour autant. Quelques semaines plus tard, il décrit à nouveau les sévices qu’il a subis en face du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, à Genève. Un an plus tard, 49 États membres de l’organisation soutiennent une résolution condamnant pour la première fois la détérioration des droits de l’Homme en Iran. Elle doit être soumise au vote cette semaine.

Interrogé par la Campagne internationale des droits de l’Homme en Iran, le journaliste décrit l’un de ses agresseurs comme étant iranien. “Tout d’abord, l’un d’eux m’a demandé si j’étais iranien. Avant même que je puisse me retourner, ils ont commencé à m’attaquer avec un couteau et à me frapper. Tout cela s’étant passé par surprise, je n’ai pas pu identifier les deux individus. La scène n’a duré que trois ou quatre minutes. Je pense qu’ils m’ont attaqué de façon très sérieuse, et il ne m’a pas semblé du tout qu’ils essayaient uniquement de m’intimider”.

Si rien ne permet de confirmer à l’heure actuelle que les agresseurs sont bien d’origine iranienne, encore moins qu’ils ont été missionnés par la République islamique, il est à noter que le régime iranien a déjà fait appel par le passé à des agents pour éliminer des opposants dérangeants exilés à l’étranger. On peut notamment citer Ali Vakili Rad, l’assassin de Shapour Bakhtiar à Suresnes en 1991, libéré au lendemain de la libération de Clotilde Reiss, ou Kazem Darabi et Abbas Rhayel, responsables de l’assassinat de Sadegh Sharafkandi, Fattah Abdoli et de Homayoun Ardalan, leaders de l’opposition kurde iranienne, au restaurant Mykonos de Berlin en 1992.

Si les opposants iraniens à l’étranger ont depuis été relativement épargnés par Téhéran, l’ancien ministre iranien du Renseignement Gholam Mohseni Ejei, ainsi que l’adjoint chargé de la Culture auprès des forces armées de la République islamique, le brigadier-général Massoud Jazayeri, ont dernièrement multiplié les menaces d’attaques contre les opposants actifs à l’étranger.

Rectificatif : L’article original comportait la phrase suivante: “Contacté par “Dentelles et tchador”, Ebrahim Mehtari a confirmé l’agression mais a refusé de s’exprimer directement par peur de représailles”.

Ebrahim Mehtari affirme ce matin à “Dentelles et tchador” que s’il n’a pas souhaité s’exprimer au sujet de l’agression dont il a été victime, ce n’est en aucun cas par peur de représailles. “Dentelles et tchador” s’excuse auprès de Ebrahim Mehtari pour ce malentendu.

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Commentaires

  1. Regarder Sarkozy Tsunami a libye aujourdhui
    http://machahir123.blogspot.com/

  2. Les pasdarans et les bassidjis c’est comme les mercenaires de Kadhafi, ils sont payés chichement pour défendre coute que coute une petite minorité et des nantis qui ne veulent rien lâcher de leur privilèges.

    Le plus amusant, c’est quand ils parlent d’avocat, de juges de commissions parlementaires, ….on dirait un pays évolué, mais quand on voit qu’ils vont jusqu’à poignarder des journalistes en plein Paris, on n’ose s’imaginer ce qui se passe dans leurs prisons
    Un bruit court comme quoi, il n’y a plus suffisamment de place dans les prisons iraniens, alors on libère des prisonniers du droit communs pour faire place pour les prisonnier politique

    Avec çà, Ahmadinejad affirme que l’iran est le pays le plus libre au monde. Il devrait faire un duo comique avec son pote Dieudonné.

  3. Et oui, on se croirait revenu vingt ans en arrière, on est revenu vingt ans en arrière. Ce régime a ses phases. Certains de ses ennemis, pourtant, ont l’indignation sélective et trouvent les Séoud sympathiques et raisonnables, qui envoient dans le monde entier leurs abrutis prêcher salafistiquement dans les mosquées contre les femmes et les libertés. Je crois, d’une part, que le régime ayatollesque a su s’entourer d’obligés assez nombreux pour lui permettre de tenir peut-être dix ans encore, d’autre part que le peuple iranien est autrement plus moderne, plus avancé, que les populations de la Péninsule arabique. Cette contradiction est sans doute à la base d’une radicalisation de la répression. Que faire, nous qui ne sommes pas Iraniens ? Notre sympathie est un peu désarmée, mais nous ne devons pas désarmer notre sympathie.

  4. Ne vous en faîtes pas pour l’Iran et les iraniens, regardez plutôt plus profondément
    votre pays la France, et la régression sociale qu’elle a subi depuis une dizaine d’années…
    Toute ma sympathie à moi, va vers le président
    Ahmadinejad !

  5. Mais peut-être, jean-di, appréciez-vous Khadafi, Hu Jintao quand il s’occupe des Tibétains et des Ouighours, les trois Kim (pépé, papa, fiston), Poutine, Sharon, Loukhachenko, et pour le passé Franco, Mussolini, Lénine, Pinochet, Trotski, Staline, Pol Pot, Tamerlan et Fouquier-Tinville ?
    Vous avez un coeur grand comme ça ! Je le reconnais, mes affections sont plus sélectives…
    Quant à la France, les optimistes des années 80 qui ont cru à la mondialisation et à son traitement social, à droite ou à gauche, et les gâteux qui continuent à radoter les mêmes discours à notre époque, ne sont-ils pas hors sujet sur ce blog ? J’ai de la peine à suivre vos raisonnements. Mais raisonniez-vous ?

  6. bonjour je trouve que l’ont parle beaucoup d’évènement comme celui la mais a l’inverse tout les francais tuer la bas on en fait pas autant de bruit n’étes vous pas d’accord?


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