Paul Meurisse, humour et élégance

 

(1912-1979)

 
En 1936, Paul Meurisse vient à Paris où il est lauréat d'un crochet radiophonique. Il débute au Trianon comme garçon de revue. Avec l'aide d'Edith Piaf, il met au point un tour de chant. En 1939, il interprète avec elle sur les planches Le Bel indifférent de Jean Cocteau. C'est aussi à ses côtés qu'il fait une de ses premières apparitions au cinéma, dans Montmartre-sur-Seine (1941) de Georges Lacombe.

Paul Meurisse incarne des personnages très divers. Tantôt gangster (Macadam, 1946, de Marcel Blistène), tantôt policier (la série des Inspecteur Sergil, 1946, de Jacques Daroy), il excelle dans les rôles de pince-sans-rire, imperturbable et peu loquace. Malgré son physique éloigné des canons esthétiques de l'époque, son aspect ténébreux séduit. A deux reprises, Henri-Georges Clouzot lui offre de beaux rôles de composition. Il incarne un professeur sadique, dans l'esprit de Grand-Guignol, dans Les Diaboliques (1954). En 1958, il tourne avec Danielle Darrieux Le Septième Ciel En 1959, il exprime tout son charme silencieux dans Le Déjeuner sur l'herbe de Jean Renoir, où il joue avec talent au savant séduit par une jeune fille. Il donne ensuite toute la mesure de son talent dans l'art de l'humour à froid en ténor du barreau dans La Vérité (1960).

Sa rencontre avec le réalisateur Georges Lautner marque un tournant dans sa carrière. Il incarne le rôle titre dans Le Monocle, série de films d'aventures et d'espionnage. Jean-Pierre Melville l'oriente ensuite vers des rôles plus graves. Commissaire de police dans Le Deuxième souffle (1966), Paul Meurisse devient chef d'un réseau de résistance dans L'Armée des ombres (1969). De grands acteurs lui donnent la réplique, comme Bertrand Blier dans Le Cri du cormoran le soir au-dessus des jonques (1970) de Michel Audiard ou Alain Delon dans Doucement les basses ! (1971) de Jacques Deray.
Paul Meurisse mène une carrière prestigieuse au théâtre. Pensionnaire puis sociétaire de la Comédie-Française de 1956 à 1958, il est particulièrement éblouissant en Coriolan et en Jules César. Dans sa dernière pièce, Mon père avait raison de Sacha Guitry, il joue à la fois le père et le fils. C'est à la sortie de la représentation du 19 janvier 1979 au Théâtre-Hébertot qu'il est terrassé par une crise cardiaque.

Quelques mois avant sa mort, il publie ses Mémoires, Les Eperons de la liberté, ultime clin d’œil de ce grand acteur, un des derniers qui ait su incarner ses différentes personnages avec ce mélange inimitable de classe, d’élégance, de distance amusée et de finesse.