Interview de M. Roland Perry
(Le père des CPC, PCW et PC).
Une interview de M. Perry avait déjà été réalisée
par Vicente Simon pour le site http://www.silicium.org.
Afin d'éviter la répétition de question, j'ai simplement
complété cette interview par des questions qui restaient pour
moi en suspend et que je vous livre dans la première partie.
La deuxième partie de l'interview est celle de Vicente. Merci à
Silicium et à son président vénéré ;-)
de m'avoir permis de l'utiliser. N'hésitez pas à aller faire
un tour sur leur site.
- Quelle a été votre première réaction
quand Amstrad vous a demandé de participer au projet CPC ?
Cela paraissait un challenge intéressant. Faire
un ordinateur personnel sans répéter aucune des erreurs précédemment
commises par les autres ingénieurs, et avec la garantie d'être
fabriqué avec sérieux et vendu en masse puisqu'il s'agissait
d'Amstrad
- Que pensiez vous de cette machine ? Et qu'en pensez
vous maintenant ?
Que c'était une merveille et d'un design élégant.
Qu'elle fait exactement ce à quoi elle est destinée. Et que
comme exemple d'un usage approprié de la technologie, elle a très
bien passé le test du temps.
- Que pensez vous de tout ce qui a été
dit à propos de l'abandon du 664 par Amstrad ?
Je ne comprends pas tout ce tapage. Après avoir
créé le 464, il y avait deux choses que les gens n'arrêtaient
pas de nous demander. Une unité de disquettes et plus de mémoire.
La plus facile à fournir était l'unité de disquettes.
Puisqu'il y avait également un modèle avec l'unité ET
la mémoire additionnelle, il n'y avait aucun intérêt à
garder les 3 modèles.
- Quelles étaient vos relations avec AM Sugar,
Amstrad et MEJ ?
Alan Sugar était l'âme d'Amstrad et dans
le sens propre du terme mon principal client. Après le lancement du
464, je suis devenu un employé, ce qui m'a permis de me concentrer
pleinement sur ma tache. MEJ étaient des sous traitants de la partie
éléctronique et j'ai travaillé étroitement avec
eux.
- Quelles étaient vos relations avec Locomotive
Software et plus tard Amsoft ?
Locomotive étaient également des sous
traitants de la partie logicielle, et j'étais également en étroite
relation avec eux. Amsoft était la branche Accessoires et softs, 100%
propriété d'Amstrad. C'était juste un nom différent
pour tout ce qui ne touchait pas à la conception d'ordinateurs.
- Etait-ce facile de travailler chez Amstrad ? Aviez
vous de la "liberté de mouvement" ?
Nous avions des contraintes et des limites assez bien
définies
- Que pensez vous de ce qu'a réalisé
Amstrad sur le marché de l'informatique ?
Amstrad a fourni aux gens un ordinateur de jeu et d'initiation
très bien pensé et a permis grâce aux PCW et PC à
un grand nombre de s'équiper et de découvrir l'informatique
- Que pensez vous de ce qui est arrivé
à Amstrad par la suite ?
Je n'ai pas et ne suis pas Amstrad depuis mon départ
-
Que pensez vous de l'évolution du marché
informatique ?
Les ordinateurs ne sont pas plus simples à utiliser
et ne sont pas devenus moins chers. Ils sont plus puissants, mais il n'y a
rien qui ne soit plus simple ou plus beau qu'il y a 10 ans.
- Possédez vous toujours un CPC ?
J'ai toujours quelques machines dans mon garage.
-
Comment expliquez vous le non succès d'Amstrad aux USA ?
Ils ont réussi, y vendant plus que dans n'importe
quel marché externe. Après, ils furent simplement dépassés
par Packard Bell.
- Quel est votre Amstrad préféré
?
Je répondrai différement à chaque
fois qu'on me posera la question ;-) Aujourd'hui, je dirai le 8256
- Quel est celui que vous aimez le moins ?
C'est comme me demander 'quel est votre enfant le plus
laid'...
- Y a t-il une machine que vous auriez modifié
ou conçu différemment ?
J'aurai préféré que les CPC et
les PCW gardent les mêmes claviers quel que soit le modèle.
-
Avez vous des regrets de cette époque ?
De ne pas avoir acheté d'actions Microsoft en
1986 (à l'époque, le bureau anglais représentait une
douzaine de personnes)
- Quelles étaient vos relations avec la concurrence
J'étais en excellent termes avec grand nombre
de leur staff (à part pour Oric qui étaient différents
et inférieurs) mais nous ne sommes jamais espionnés (comme le
craignaient nos encadrements).
- Avez vous travaillé sur des projects Spectrum
?
J'ai participé au lifting de la gamme, mais il
n'y avait pas grand chose pour nous à faire.
- M. Poel dit qu'Amstrad n'a jamais vraiment su les
raisons de leur succès. Qu'en pensez vous ?
Je ne suis pas d'accord. Amstrad savait exactement,
et Alan Sugar avait l'habitude de nommer cela "le camionneur de l'humide
samedi après midi". S'il voyait un produit Amstrad dans une vitrine,
et qu'il était si bon marché qu'il pouvait faire un achat d'impulsion,
et que le produit fonctionnait une fois déballé et qu'enfin
il s'agissait d'un produit solide, alors c'était un Amstrad !
- Amstrad avait devancé tout le monde avec son
PenPad 600 ? Que pensez vous du produit ?
Je n'ai pas travaillé sur ce projet.
Merci à M. Perry pour sa coopération
Voici maintenant l'interview de Vicente Simon
Le début
- Comment avez-vous commencé le développement d’ordinateurs
? Et pourquoi ?
Quand le premier microprocesseur est apparu
vers 1974, son but était de concentrer des opérations logiques,
comme par exemple avec des feux de signalisation. Mais le prix de vente de
ces processeurs était élevé, ce qui a conduit à
une utilisation plus rentable, l’émulation de mini-ordinateur.
Je programmais les minis à l’école et à l’université.
La réalisation de minis qui tiennent dans une valise faisait partie
du cursus. Cela correspondait parfaitement avec mon activité de l’époque,
la conception de circuits électroniques, qui utilisaient de plus en
plus de logique TTL.
Roland et Amstrad
- A quels projets Amstrad avez-vous collaboré ?
Tous, du CPC au PC série 3000.
Mon dernier fut un portable de type Laptop.
- Quand avez-vous quitté Amstrad ?
En 1990
Pourquoi avez-vous quitté Amstrad ?
Au début, j’étais le seul responsable
de la conception des ordinateurs. Au fil du temps, la conception est devenue
de plus en plus complexe. Un nombre croissant de personnes étaient
impliquées, je ne pouvais plus apporter de « plus ».
Le CPC originel
- J’ai entendu dire que le projet original du CPC, auquel vous n’avez
pas participé utilisait 2 processeurs 6502. Est-ce vrai ? Quelle est
la véritable histoire de ce prototype ? Quelles étaient ces
spécifications ?
Un 6502 servait de CPU, l’autre faisait tourner
le son et le port cassette. Cette machine était très simpliste.
Questions CPC
- Pourquoi les ordinateurs Amstrad ne se branchaient-ils pas simplement
sur la télévision, comme tous les autres 8bits de l’époque
?
Alan Sugar pensait que les gens ne voulaient pas voir
leur téléviseur monopolisé par l’ordinateur et
des jeux. L’idée était de que l’ordinateur de jeu
devait être autonome et d’un seul bloc.
- Cela était un avantage ?
Nous pensons avoir vendu plus de machine grâce
à cela.
- Amstrad pensait que les disquettes au format 3’’
était un avantage ? que d’autres sociétés l’auraient
ensuite choisi ?
Non, pas vraiment, bien que les autres firmes
anglaises de micro-ordinateurs l’avaient choisi. Nous avons fait attention
à choisir un format de contrôleur et disque standard, pour être
compatible avec d’autres tailles. En fait , nombre de prototypes avait
un lecteur 5 ‘’1/4. Cela permettait de transférer facilement
les données depuis les machines de développement, des PC d’IBM.
Projets
- J’ai entendu parler d’une version couleur
du PCW/Joyce qui aurait été complètement compatible avec
les CPC. Quels développements a eu ce projet ?
Nous avons fait environ la moitié du travail
de conception, et rien au niveau ingénierie de production, bien que
de nombreux composants étaient issus du PCW monochrome. Un mode de
compatibilité CPC était prévu, avec plus de couleurs,
de sprites. Des idées qui ont été reprise dans la console
de jeu.
- Quel projet auquel vous avez participé vous
a le plus plu ?
le PCW8256
- Quel projet a été le plus délicat
?
Le plus stressant a été le PPC,
pour obtenir le système prêt dans les temps.
- Quel projet auriez
vous aimé voir fini ?
le Joyce couleur fut le seul projet que nous
n’avons pas terminé. Il y en a eu plusieurs que nous n’avons
pas démarré. La fonctionnalité j’aurai aimée
implanter le plus est un synthétiseur vocal. Genre Hindsight, un ajout
pour le PCW.
- Amstrad avait-elle un projet
d’un ordinateur 16bits, genre Commodore Amiga ou Atari ST ? Si oui,
avez vous des informations sur son développement ?
Non. Il y a eu des plans pour créer
un compatible PC orienté jeu, mais les coûts de production auraient
été trop élevés.
- Ce développement
était-il avancé ? Etait-ce un genre de Microsoft Xbox ?
Non, cela aurait été très
proche d’un PC de bureau, il y aurait eu l’ajout d’un lecteur
de cédérom bien avant que ce dernier ne soit généralisé.
- Pourquoi Amstrad à sorti un CPC+ 8bit au
lieu d’un 16bits à base de eZ80 ?
Pour garantir la compatibilité.
Unités vendues
- Quel est la machine Amstrad
qui n’a pas atteint ses objectifs de vente ?
C’est un 8bits, le PCW9000 qui ne
s’est pas vendu comme nous l’espérions. Le seul véritable
grand succès est le PC-1512, qui a continué à se vendre
même après que le 1640 ait été retiré du
marché.
- Combien de PC-1512
et de PC-1640 ont été vendu ?
Je ne sais pas exactement, peut être 2
millions.
- Vous reste-t-il des machines
de développement ? Pourriez-vous nous les présenter ?
Non
La fin de l’ère ordinateur pour Amstrad
- Pourquoi Amstrad a abandonné
le marché des micro-ordinateurs ?
Amstrad a racheté Viglen, ils y ont alors transféré l’activité
micro-informatique.
- Que pensez-vous du
fait qu’Amstrad, avec Apple, soient les seules sociétés
qui ont créé des 8 bits et qui ont survécu ?
Ces deux sociétés produisaient
quelque chose que les autres ne faisaient pas. Leur machines convenaient pour
la famille, les amateurs et les professionnels. Il est très difficile
de réussir dans ces trois catégories simultanément. Les
gens pouvaient les acheter au près de fournisseurs traditionnels. Amstrad
avait toujours une activité de Hi-Fi et de satellites, qui a compensé
quand la micro-informatique a périclité.
Collectionneurs
- Que pensez-vous des gens
qui continuent d’utiliser des CPC et qui collectionnent les ordinateurs
?
Je suis heureux que tant de gens utilisent et collectionnent les CPC. Cela
signifie qu’ils sont devenus des classiques, au même titre que
les vieilles voitures !
Le CPC 472
- Le modèle Amstrad CPC 472 ne fut vendu qu’en
Espagne. Avez-vous participé à son développement ? Savez-vous
des choses sur lui ?
Je ne m’en souviens pas, mais j’ai
fait tous les CPC. J’ai eu des rumeurs sur l’existence de clones.
En Espagne, il s’agissait peut être d’un clone ? A quelle
date était-il disponible ?
- Le CPC472 n’était pas un clone. Il
est sorti en Espagne via le distributeur officiel Indescomp vers la fin 1985.
Avez-vous des informations là-dessus ?
Je n’en ai jamais entendu parler.
- A la vue de la carte mère du CPC472 et bien
que vous ne l’ayez point développé, pouvez-vous me dire
quelles modifications ont été apporté au 464 pour inclure
les 8Ko de RAM.
La modification (qui n’a pas été
conçu par mon équipe de Brentwood) est probablement une version
8Ko de la modification ultérieure qui a permis de rajouter les 64Ko
pour faire le 6128. Le processeur Z80 ne peut voir que 64Ko de mémoire
à la fois, toutes les extension mémoire se font par de la commutation
de pages.
Anecdotes
- Avez-vous des commentaires de toute sorte sur l’histoire
d’Amstrad qui pourraient être intéressants ?
Chaque projet que nous avons réalisés
était effectué dans un temps très court. Du coup, la
fabrication des manuels devaient être prêts avant que le logiciel
ne soit fini. Je me rappelle que les instructions de déballage du PCW8526
étaient difficile à rédiger car l’emballage n’était
même pas prêt. De nombreuses personnes critiquaient les manuels
et on se disait qu’on aurait pu mieux faire.
Mais à chaque fois, qu’on demandait à
ces gens de rédiger les manuels, ils s’exclamaient « Etes-vous
fous, fournissez-nous un ordinateur finalisé et nous saurons combien
de temps il faut pour réaliser ce manuel. »
- Avez-vous des anecdotes
autour du développement des ordinateurs Amstrad ?
Une est toujours valable de nos jours . Quand
nous avons commencé, il y avait un classement des meilleurs micros.
Au Royaume-Uni, il y avait Commodore, Sinclair, Acorn, Atari, Tandy et Apple.
On se demandait comment nous allions pouvoir les détrôner. Il
était inconcevable que ces toutes marque coulent. Et la firme qui a
gagné n’est aucune d’entres elles, c’est Nintendo
!
- Sur quoi travaillez vous actuellement ? Est-ce en
rapport avec l’informatique ?
Je suis consultant auprès des fournisseur
d’accès Internet (ISP) au niveau législatif.
(c) Charles da Silva - 2003
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