L'écrivain Belge préféré des Français livre son neuvième roman, axé autour de trois femmes. Très discret, il nous dévoile son amour profond pour le beau sexe.
Eric-Emmanuel Schmitt est au vert. L’écrivain de 51 ans profite de la nature dans sa maison de campagne en Belgique. Dès qu’il y a un petit rayon de soleil, il plonge dans sa piscine. Mais ne lui parlez pas de vacances ! Il déteste ça. Et pour cause, il ne lâche jamais sa plume. « Si vous ne voulez plus lire du Eric-Emmanuel Schmitt, il faudra m’arrêter », déclare-t-il avec ironie. Il profite juste du calme et de longues promenades avec ses chiens avant la tempête promotionnelle qui s’annonce.
Oui, Eric-Emmanuel Schmitt est à nouveau au rendez-vous de la grande rentrée littéraire de septembre. Et chaque année, il surprend. Tantôt avec des nouvelles, ou des essais, tantôt avec des romans, plein de sentiments humanistes et de descriptions fouillées. Le 18 août, l’auteur d’Odette Toulemonde et autres histoires (2006) livrera donc son neuvième roman, La Femme au miroir. Soit le portrait croisé de trois femmes vivant dans des siècles différents. « Comme elles, je ne pleure jamais. Je ne cultive pas la tristesse. Je suis un grand optimiste. Et pourtant, je sais que l’optimisme est assimilé à l’imbécillité. » Ces trois femmes ont en commun de se sentir différentes de leur époque. Aimantes et bienveillantes, elles vont se rebeller pour échapper à un destin tout tracé. « Je verrais bien Scarlett Johansson pour les interpréter au cinéma. Ou Natalie Portman. »
Eric-Emmanuel Schmitt livre donc un roman sur la condition des femmes. « Elles me passionnent à cause de leur extraordinaire complexité. Je suis féministe depuis longtemps, d’abord par sympathie et par réflexion. Je suis très souvent scandalisé par des comportements et des réflexions faites aux femmes. » Eric-Emmanuel Schmitt n’a eu aucun mal à se mettre dans la peau de ses héroïnes, ce qu’il ne s’autorisait pourtant pas au début de sa carrière. « Au début de ma vie d’écrivain, je n’osais pas, mes personnages principaux étaient des hommes. Puis, quand j’ai créé des personnages féminins, on m’a dit que je les représentais bien car je les comprenais. Il faut dire que j’ai toujours vécu entouré de femmes. J’ai l’amitié plutôt féminine que masculine. » Cela fait quinze ans qu’il porte cette histoire dans sa tête et dans son cœur. « Arriver à rendre passionnant et synchrone trois destins me paraissait difficile, donc j’avais besoin d’une plus grande expérience. Je ne voulais pas gâcher mes personnages. »
S’il n’écrit jamais le même roman, Eric-Emmanuel Schmitt parle toujours d’amour. Sa grande doctrine. L’homme se bat d’ailleurs pour lutter contre l’indifférence est engagé dans plusieurs associations et soutient la recherche contre le cancer. Sa vie est donc paradoxale, car celui qui est ouvert aux autres et au monde hiberne pendant de longs mois. « Je m’enferme pour écrire. Mes proches sont patients. J’écris de 9 heures du matin à 8 heures du soir. Je relis chaque page au minimum 80 fois, je suis un obsessionnel. » Une vie qu’il affectionne, même s’il a un regret : « Je n’ai pas d’enfants. J’en ai élevé qui n’étaient pas les miens mais j’ai jamais été considéré comme le père. Malgré ça, je suis très heureux. »
Le roman : Trois femmes, trois destins
La Femme au miroir est l’histoire de trois femmes, mal dans leur époque et critiquées par leur entourage. La première, Anne, vit à Bruges pendant la Renaissance, Hanna, la seconde, subit le quotidien de la Vienne impériale au tout début du XXe siècle et la troisième, Anny, est une starlette « cokée » d’Hollywood. L’écrivain a conçu ses héroïnes comme ses doubles émotionnels. C’est ainsi qu’il a fait d’Anne une mystique, sa première passion, d’Hanna, une mordue de la psychanalyse de Freud et d’Anny, une fondue de cinéma. Ce roman, tout en sentiments, raconte le quotidien tumultueux de ces personnages qui veulent s’affranchir d’un destin tout tracé et des conventions imposées de leurs siècles. Trois desseins entrecroisés et passionnants.
La Femme au miroir, Eric-Emanuel Schmitt, Albin Michel, 456 p., 22 €.
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Ben si ,justement ,elle lui a résisté ,elle l'a meme griffé! Et c'est bien parce qu'il se savait ...
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