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Les troupes coloniales dans la Grande Guerre

 

LES  TRADITIONS   DU  1er  BATAILLON DE  TIRAILLEURS  SOMALIS  

De Douaumont à Djibouti

 

 

Antoine Champeaux

 

 

 

            Vers la fin de l’année 1916, une rumeur, qui paraît d’abord invraisemblable, circule dans l’état-major du général Smuts, commandant les forces interalliées de l’Est africain : des unités somalies auraient figuré, affirme-t-on, parmi les vainqueurs de Douaumont lors de la glorieuse attaque du 24 octobre. Stupéfait, le général Smuts invite le lieutenant-colonel Viala, attaché militaire français, à demander télégra­phiquement confirmation de cette nouvelle [1]. En effet, les Britanniques du Somaliland, voisin de la Côte française des Somalis [2], n’imaginaient pas que les habitants des pays soma­lis puissent servir comme combattants sur un théâtre d’opérations !

            Alors que l’on a commémoré tout au long de l’année 1996 le 80e anniversaire de la bataille de Verdun, il n’est pas inutile de rappeler la place qu’a tenue le 1er bataillon de tirailleurs somalis dans cette bataille et dans la Grande Guerre. « Le mot somali évoque pour chaque Français la valeur et la bravoure du célèbre bataillon somali, dont les faits d’armes demeurent gravés dans la mémoire de chacun [3]. » Je m’efforcerai, également, de montrer comment le patrimoine de tradition de cette unité a été transmis jusqu'à aujourd’hui. Car il s’agit d’un cas intéressant de préservation de la mémoire, parfois compliqué à démêler, mais qui méritait bien une petite étude. 

Le premier bataillon de tirailleurs somali 

            Avant la Première Guerre mondiale, il existe à Djibouti une compagnie de gardes somalis dite « brigade de gardes indigènes [4] » , d’un effectif de 200 hommes. Un certain nombre de Somalis servent également à Madagascar, où ils sont appréciés, puisqu’ils fournissent des gradés pour encadrer les tirailleurs malgaches [5]. Et c’est tout naturellement, contrai­rement à ce qu’imaginent les Britanniques, que l’on a songé à organiser des unités de Somalis, lorsque la nécessité de faire appel à toutes les ressources humaines de l’empire s’est faite sentir en 1915 [6].

            Un premier bataillon constitué à Djibouti reste en voie de formation. Il est dissous le 7 juin 1916. Un autre bataillon somali est formé à Madagascar (Majunga), le 11 mai 1916, avec des éléments recrutés en Côte des Somalis, sous la dénomination de 6e bataillon de marche somali [7]. Transporté en France en deux échelons, il est rassemblé à Fréjus, le 10 juin 1916 et prend l’appellation de 1er bataillon de tirailleurs somalis. Il est alors commandé par le chef de bataillon Fortin. C’est une formation d’étapes à quatre compagnies et une sec­tion hors rang. Le premier recrutement du bataillon est de 1 700 hommes dont 1 400 Somalis, 200 Arabes du Yémen, 75 Comoriens et 25 Abyssins et Sénégalais [8].

            Le 20 juillet 1916, le bataillon rejoint la zone des armées [9]. Il est affecté à la réfection des routes dans la région de Verdun. Les Somalis n’acceptent de faire le travail que sur la promesse d’être envoyés au front prochainement. En effet, les tirailleurs disent avoir été enrôlés pour se battre et non comme travailleurs. Le 31 juillet 1916, le capitaine Depuy commandant le bataillon adresse un rapport [10] au général commandant la 11e armée pour rappeler qu’en décembre 1915 les premiers Somalis ont été recrutés comme tirailleurs « en vue d’opérations de guerre » et qu’ils ont prêté « le serment coranique de fidélité, contre n’importe quel adversaire y com­pris les Turcs ». Dans un rapport, en date du 10 août 1916, il demande que les compagnies soient groupées dans un secteur rapproché de la ligne de feu, de manière à pouvoir donner satisfaction à ses tirailleurs. En octobre 1916, une unité de marche est enfin mise sur pied et rattachée au régiment d’infanterie coloniale du Maroc, le déjà prestigieux RICM [11] : cette unité regroupe les 2e compagnie (capitaine Carbonneau) et 4e compagnie (capitaine Beaufrère). 

Douaumont 

            C’est ainsi que le bataillon prend une part glorieuse à la première offensive de Verdun, qui commence le 24 octobre et aboutit à la reprise de la presque totalité du terrain perdu depuis février 1916. C’est à Douaumont, très précisément, que le bataillon somali est engagé. Il participe à « l’un des plus beaux faits d’arme de la Grande Guerre [12] », la reprise du fort de Douaumont par le régiment colonial du Maroc [13].

            Le général Nivelle, commandant la IIe armée française, veut frapper un « grand coup », après les succès défensifs de l’été. Il charge le général Mangin de préparer une offensive, pour reprendre la ligne des forts (Douaumont, Vaux, Thiaumont, etc.) et, ainsi, dégager définitivement Verdun. Le général Mangin dispose de 8 divisions d’infanterie et de 654 pièces d’artillerie. Les 3 divisions qui mènent l’attaque sont, à gauche la 38e DI (général Guyot de Salins), au centre la 133DI (général Passaga) et, à droite, la 74e DI (général de Lardemelle) [14]. Le RICM appartient à la 38e DI [15], et c’est lui qui a pour objectif final de conquérir Douaumont. Le 43bataillon de tirailleurs sénégalais et le bataillon somali sont rattachés à la brigade marocaine à laquelle appartient le RICM.

            Les 3 bataillons du RICM, échelonnés dans la profon­deur, doivent intervenir à tour de rôle. Le 4e bataillon (commandant Modat [16]) doit s’emparer des premières lignes ennemies, nettoyer le terrain [17] et s’installer à mi-chemin du fort. Le 1er bataillon (capitaine adjudant-major Doré) avancera derrière le 4e, le dépassera, et encerclera le fort. Enfin le 8bataillon (chef de bataillon Nicolaï) assurera la prise et le nettoyage du fort [18].

            En fait l’attaque ne se déroule pas comme prévu, dans la mesure où le brouillard et la difficulté de s’orienter dans un paysage dévasté font que, au terme de sa progression, le 1er bataillon se retrouve à proximité du fort de Douaumont et isolé du 8e bataillon qui devait donner l’assaut. En officier de la coloniale habitué à prendre rapidement une initiative (même s’il faut pour cela outrepasser les plans établis), le capitaine Doré donne l’ordre à ses compagnies de submerger le fort sans plus attendre. « Le combat sera bref et inégal, car les régiments coloniaux français, bien reposés, magnifique­ment équipés, sont tout proches. Ils surgissent du brouillard, escaladent le toit, tâtent les issues. Des coups de fusil les accueillent. Mais les coloniaux jettent des grenades par les ouvertures. Les défenseurs sont refoulés vers l’intérieur. La lutte se prolonge [19] ». Quand le 8e bataillon parvient enfin au fort de Douaumont [20], 45 minutes après le 1er bataillon, la relève entre les unités est rapidement faite. Le 1er bataillon poursuit sa mission et s’établit au nord du fort. Le 8e bataillon s’engage résolument dans l’ouvrage en petites colonnes. Les marsouins commencent le nettoyage du fort et maîtrisent les dernières résistances.

            Il faut rappeler également le rôle de l’artillerie fran­çaise qui, par ses coups au but de gros calibres (400 et 370 mm), et par l’emploi d’obus à gaz, avait rendu la position de Douaumont irrespirable et intenable, au point que les Alle­mands avaient été contraints, le 23 octobre, de faire évacuer l’ouvrage par la majeure partie de la garnison. Le capitaine Prollius et un groupe de combattants allemands s’étaient réfu­giés dans les casemates du fort [21].

            Après avoir évoqué sommairement la reprise du fort de Douaumont par le régiment colonial du Maroc, évoquons les combats qui ont associé les tirailleurs somalis à cette victoire. Le 22 octobre, le bataillon somali avait reçu les ordres sui­vants : « les 2e et 4e compagnies somalies, sous les ordres du capitaine Depuy seront placées en tête de la vague d’assaut du régiment colonial du Maroc [22] », (les deux autres compa­gnies du bataillon somali font partie des éléments en réserve).

            Le 24 octobre 1916, à 5 heures du matin, la 4compagnie de marche est à l’emplacement fixé. Il est prévu que la colonne de droite à laquelle appartient la 4e compagnie somalie se dirige sur la corne sud-est du fort, la dépasse et s’établisse à 200 mètres en avant du bastion nord-est. L’heure H est fixée pour 11 heures 40. Au terme du mouve­ment, il est prévu que les tirailleurs somalis effectuent « une reconnaissance sur un abri d’artillerie lourde signalé à 500 mètres au nord du fort de Douaumont [23] » .

            A 11 heures 39, le capitaine Depuy donne le signal de l’assaut. Un violent tir de barrage est déclenché immédiate­ment ainsi que des feux nourris de mitrailleuses. Mais dans un élan irrésistible, toute la 4e compagnie somalie sort d’un bon de la parallèle de départ et, malgré des pertes sérieuses, « dépasse les vagues précédentes et participe à la reddition des groupes de résistance par le coupe-coupe [24] ». La compa­gnie fait de nombreux prisonniers remis aux mains des Euro­péens, la vague somalie continuant la poursuite. La marche sur le deuxième objectif est reprise, la 4e compagnie somalie en tête d’assaut à la gauche du 321e de ligne. Le terrain est par inter­mittence violemment bombardé. « Des abris sont nettoyés à la grenade par la 4e compagnie somalie à la corne sud-est de Douaumont. Le fort est dépassé et la compagnie s’établit à 300 mètres au nord du bastion nord-est du fort [25] ». Le terrain est battu par le feu des mitrailleuses allemandes du bastion nord-est, occupé par des éléments du régiment colo­nial du Maroc, mais non encore nettoyé. La compagnie, après s’être enterrée, établit la liaison à droite avec le 321e régiment d’infanterie, à gauche avec le régiment colonial, au moyen de patrouilles.

            Dans cette phase « les tirailleurs somalis ont montré un courage et une endurance exceptionnels, malgré le mar­mitage intensif de gros calibres et les feux de mitrailleuses. Ils ont bravement nettoyé à la grenade les abris désignés et ont organisé la nouvelle position malgré une fatigue extrême après une marche des plus pénibles dans les trous d’obus, par la pluie, la boue, le froid et le brouillard. Tous les tirailleurs arrivés au dernier objectif sont plus ou moins contusion­nés [26] ». Le rédacteur du Journal des marches et opérations de l’unité mentionne 19 actions d’éclat méritant d’être citées pour la 4e compagnie. Evoquons uniquement le cas du caporal clairon Siriki Koné, matricule TS 67, qui au cours de l’attaque, tombe dans un trou d’obus occupé par plusieurs Allemands ; il en désarme un, en tue deux et blesse les deux autres alors qu’il est lui-même atteint de neuf coups de baïon­nette. Cité à l’ordre de l’armée [27], il reçoit la médaille mili­taire.

            A la 2e compagnie du bataillon les combats menés et couronnés de succès ont été aussi durs. Le 24 octobre à 11 heures, la 2e compagnie « reçoit l’ordre de se porter en avant à la suite du 8e bataillon du RCM [28] ». Le colonel com­mandant le régiment lui a donné pour missions de « tenir la parallèle de départ française et la première ligne allemande quelles que soient les circonstances », de « les réunir par deux boyaux » et de « se tenir à la disposition du commande­ment pour le nettoyage du terrain en avant [29] ». Arrivée sur ses emplacements à 14 heures, la compagnie creuse les deux boyaux : « Tout l’après-midi est passé au travail, sous un violent bombardement et le tir de barrage [30] ».

            « A 22 heures, le commandant de la 2e compagnie reçoit du capitaine commandant le 4e bataillon du RCM, sous les ordres duquel il vient d’être placé, l’ordre d’aller nettoyer l’abri 320 où sont signalés de nombreux Allemands (200 envi­ron) [31] ». Grâce à leur ardeur et à leur courage, les Somalis remplissent parfaitement leur mission et font prisonniers dans l’abri 320, à 400 mètres au sud-est du fort de Douaumont : 4 officiers, 1 médecin-major, 146 soldats valides, 40 blessés ou malades allemands. Sept mitrailleuses intactes et un matériel important sont récupérés. Comme pour la 4e compagnie, le Journal des marches et opérations mentionne 22 faits d’arme individuels méritant d’être cités. Retenons le cas de l’adjudant Djaha Ben Malouid, qui, séparé de sa compagnie, se joint à une unité voisine en première ligne et contribue à faire de nombreux prisonniers. Il est cité à l’ordre de l’armée [32].

La reprise du fort de Douaumont a un retentissement considérable en France, mais aussi dans le monde entier. Cette brillante victoire sonne le glas de la prépondérance militaire allemande sur le front occidental et influence l’opinion des Etats neutres, en faveur des alliés.

            Le 6 novembre 1916, le président de la République, Raymond Poincaré, décore le drapeau du régiment d’infanterie coloniale du Maroc de la Croix de la Légion d’honneur. En effet, il est de tradition depuis le second Empire [33] de conférer la Légion d’honneur aux unités qui ont capturé un drapeau ennemi sur le champ de bataille. Or les plus hautes autorités ont estimé que « la prise du fort de Douaumont peut être interprétée comme équivalente à la prise de haute lutte d’un drapeau ennemi [34] ». L’attribution de la Légion d’honneur confère aussitôt au régiment une citation à l’ordre de l’armée [35] (croix de guerre 1914-1916 avec une palme), la troisième, depuis la création de l’unité en 1915 : « Le 24 octobre 1916, renforcé du 43e bataillon sénégalais et de deux compagnies de Somalis, a enlevé d’un admirable élan les premières tranchées allemandes ; a progressé ensuite sous l’énergique commandement du colonel Régnier, brisant suc­cessivement la résistance de l’ennemi sur une profondeur de deux kilomètres. A inscrit une page glorieuse à son histoire en s’emparant d’un élan irrésistible du fort de Douaumont, et conservant sa conquête malgré les contre-attaques répétées de l’ennemi [36] ». Le 43e bataillon de tirailleurs sénégalais ainsi que les 2e et 4e compagnies de Somalis, associées au RICM dans le texte de cette citation, reçoivent également la croix de guerre 1914-1916 avec une palme. 

Ravitaillements, nettoyages et assauts  

            A partir du 21 novembre 1916 et jusqu'à la fin de la guerre, le chef de bataillon Bouet assure le commandement du bataillon. En décembre 1916, le 1er bataillon de tirailleurs somalis devient une unité combattante à laquelle sont ratta­chés une compagnie de mitrailleuses et un peloton de canon de 37. Une compagnie de dépôt-réservoir basée à Fréjus reçoit les blessés récupérables et les inaptes, à leur sortie de l’hôpital. Le bataillon conserve alors l’organisation et la com­position des bataillons sénégalais [37]. Le bataillon somali passe l’hiver 1916-1917 dans le Midi de la France, à Fréjus et Saint-Raphaël.

            En mars 1917, à son retour au front, les effectifs du bataillon sont de 642 Somalis, 187 Arabes et 64 Comoriens. L’encadrement indigène comporte 5 adjudants, 33 sergents et 54 caporaux. En avril 1917, le bataillon somali est à nouveau rattaché au régiment d’infanterie coloniale du Maroc. Ses compagnies sont réparties dans les trois bataillons du régi­ment. Devant Hurtebise, les Somalis sont chargés de missions de ravitaillement (vivres et munitions) en premières lignes. Le 3 mai, le bataillon est rattaché momentanément à la 21division d’infanterie pour prendre part à l’attaque des 65et 93e RI au Chemin des Dames et exécuter, le 5 mai, une mission de nettoyage entre Cerny et Ailles. Il obtient sa pre­mière citation, à l’ordre de la division (croix de guerre 1914-1917 avec une étoile d’argent) : « Sous l’impulsion de son chef, le commandant Bouet, lors de l’offensive du 5 mai, a fait preuve d’un courage et d’un entrain remarquables, nettoyant des abris formidablement organisés sans se laisser arrêter par la vive résistance des Allemands et coopérant ainsi de la façon la plus efficace au succès de la division [38] ».

            Ayant rejoint le RICM, le bataillon participe à la bataille de l’Aisne. Les deux unités remportent la victoire de la Malmaison, le 23 octobre 1917. Marsouins du RICM et tirailleurs somalis [39] s’illustrent en combattant contre les régiments d’élite de la garde impériale allemande, les fameux « loups gris [40] ». Pour la première fois, le bataillon de tirailleurs somalis est cité à l’ordre de l’armée pour sa brillante attitude lors de la prise des carrières de Bohéry et du plateau de la Malmaison : « Sous le commandement du chef de bataillon Bouet a participé le 23 octobre 1917 aux attaques des bataillons du régiment d’infanterie coloniale du Maroc, entre lesquels il était réparti, a rivalisé d’ardeur avec eux et triomphé dans les mêmes luttes glorieuses [41] ».

            De décembre 1917 à avril 1918, le bataillon séjourne à Saint-Raphaël pour une nouvelle période de reformation et d’instruction. La plupart des Comoriens dispersés dans les bataillons malgaches sont regroupés au bataillon somali pour y former une compagnie homogène.

            Le 23 avril 1918, le bataillon de tirailleurs somalis rejoint à nouveau la zone des armées et le RICM. Sur les bords de l’Oise, le bataillon occupe les lignes et effectue des travaux. Du 30 mai au 4 juin, au cours de la troisième bataille de l’Aisne, le bataillon somali s’illustre au Mont-de-Choisy et au village de Caisnes, où il subit la poussée allemande mais conserve ses positions. Du 18 au 21 juillet, le bataillon somali participe à l’attaque de la 10e armée (général Mangin) et livre de victorieux combats à Longpont, Villers, Hélon, Parcy, et Tigny (deuxième bataille de la Marne).

            Après cette bataille, le RICM quitte la 38e division d’infanterie avec le bataillon de tirailleurs somalis. Ils passent à la 2e division marocaine (général Modelon), nouvellement formée. Au cours de l’offensive des 3e et 10e armées en direc­tion de Noyon, la 2e division marocaine entre en action le 18 août 1918 en direction de l’Ailette.

            Le bataillon somali emporte les positions de Bailly-le-Camp, Ourscamp et Sempigny. Evoquons le fait d’arme de l’adjudant Dagal Meck, matricule 121, qui, déjà titulaire d’une blessure et de trois citations antérieures, est cité à l’ordre de l’armée [42] et reçoit la médaille militaire pour s’être lancé à l’assaut d’un groupe de mitrailleuses ennemies. Jusqu’au 4 septembre, le bataillon somali combat à Jonquois et Salency pour dégager la région sud de Noyon.

            Par la suite, le bataillon est retiré du front de l’Oise et rejoint l’Alsace, où il occupe les secteurs de Bellersdorff et de Fullern jusqu'à la fin d’octobre. C’est à cette date que, pour la deuxième fois, le bataillon est cité à l’ordre de l’armée : « Bataillon indigène à l’esprit guerrier, sous l’énergique com­mandement du chef de bataillon Bouet, s’est fait remarquer dans maints combats, par son entrain, sa bravoure et son esprit de sacrifice. Du 30 au 4 juin, a lutté sans répit, au prix de pertes nombreuses, sur une position très difficile et a réussi à arrêter l’ennemi. Récemment a fait preuve de belles qualités manœuvrières et d’une ardeur extrême, dans la poursuite de l’ennemi [43] ».

            Cette citation est d’ailleurs intéressante, parce qu’elle récompense évidemment le sacrifice du bataillon du 30 mai au 4 juin 1918, lors du coup d’arrêt infligé aux Allemands au cours de la bataille de l’Aisne ; mais aussi parce que le com­mandement rend hommage aux « belles qualités manœuvriè­res » et à « l’ardeur extrême » dont a témoigné le bataillon « dans la poursuite de l’ennemi ». La preuve que le bataillon de tirailleurs somalis avait su devenir une unité comme les autres, et non plus seulement un détachement réparti en ren­forts dans chaque bataillon du RICM et chargé de nettoyer le terrain au coupe-coupe après chaque assaut du régiment, spé­cialité dans laquelle il avait d’ailleurs fait preuve de grandes qualités militaires. En fait, le bataillon somali, comme l’ensemble des bataillons de tirailleurs sénégalais, n’a obtenu d’opérer en unité constituée que tardivement et sous la pres­sion des événements [44].

L’arithmétique de la gloire  

            Avec la deuxième citation à l’ordre de l’armée qu’il a méritée, le 1er bataillon de tirailleurs somalis obtient le droit au port de la fourragère aux couleurs du ruban de la croix de guerre 1914-1918 [45]. Pour être complet en matière de récom­penses collectives, il faut mentionner que la 2e compagnie du bataillon somali obtient une citation à l’ordre du régiment d’infanterie coloniale du Maroc (croix de guerre avec une étoile de bronze) pour sa conduite lors des attaques devant Longpont en juillet 1918 : « Mise à la disposition du RICM, la 2compagnie du 1er bataillon de tirailleurs somalis, comman­dée par le lieutenant Baumgartner, a participé aux attaques des 18 et 19 juillet 1918, devant Longpont, et s’y est vaillam­ment comportée, subissant sans faiblir des pertes sévères [46] ».

            Le 1er bataillon de tirailleurs somalis a donc obtenu au cours du premier conflit mondial, trois citations, dont deux à l’ordre de l’armée (croix de guerre 1914-1918 avec deux pal­mes et une étoile d’argent), ainsi que la fourragère aux cou­leurs du ruban de la croix de guerre 1914-1918. Notons que - de manière non réglementaire - le fanion tricolore du bataillon portera sur sa croix de guerre une 3e palme, pour rappeler la part du succès qui revient au bataillon dans la reconquête du fort de Douaumont [47].

            De très nombreuses récompenses individuelles ont également été accordées par le haut commandement aux offi­ciers, sous-officiers, caporaux et tirailleurs du bataillon. Neuf Croix de la Légion d’honneur (dont une d’officier) aux offi­ciers du bataillon ; 35 médailles militaires (9 aux Européens et 26 aux Somalis) ; 1 180 citations à l’ordre [48], dont 31 à l’ordre de l’armée (17 aux Européens et 14 aux Somalis).

            Publié en 1924, le rapport du baron des Lyons de Feuchin précise qu’au cours de la guerre, 2 434 Somalis ont été mobilisés, 2 088 ont été dirigés sur la métropole, et 517 sont morts. Le chiffre des pertes et disparus n’est mentionné que globalement (6 393) pour l’ensemble des indigènes des colonies (AOF, AEF, Indochine, Madagascar, Côte des Somalis et Pacifique) [49]. En 1934, le commandant Bouet demande au commandant supérieur de la Côte française des Somalis d’établir « la liste des militaires indigènes de la CFS, tués, décédés ou disparus au cours de la guerre 1914-1918 ». Ce document [50] donne les chiffres suivants : 224 tués, dispa­rus ou présumés tués ; 69 disparus en mer ; 197 décédés des suites de leurs blessures ou de maladie ; 490 tirailleurs indigè­nes, auxquels il faut ajouter les 72 Européens tués ou disparus. Pertes totales : 562 combattants.

            Quant au nombre des blessés, les chiffres connus varient entre 1 035 et 1 200 blessés. Les Européens ont compté 150 blessés, pour 178 blessures répertoriées. Un sous-lieutenant, 1 caporal et 1 soldat européens du bataillon ont été blessés chacun 4 fois au cours de la guerre [51]. Il y aurait donc eu un peu plus de 1 000 tirailleurs blessés ou un peu plus de 1 000 blessures recensées pour les tirailleurs.

            Le 15 janvier 1919, au moment du départ du bataillon pour la corne de l’Afrique orientale, le général Bordeaux, commandant les camps, s’adresse en ces termes aux tirailleurs : « Le Président du Conseil, ministre de la Guerre, m’a chargé d’exprimer en son nom au bataillon somali, avant le départ de cette unité, sa vive satisfaction pour la belle atti­tude qu’il a déployée sur les champs de bataille et qui lui a fait attribuer la fourragère aux couleurs de la croix de guerre. Les contingents somalis n’ont cessé de faire montre, au cours de cette dure campagne qui s’achève, des plus belles qualités d’abnégation et de bravoure qui leur ont valu l’estime et l’admiration des chefs qui les avaient sous leurs ordres et des troupes auprès desquelles ils combattaient. J’adresse à cette troupe splendide mes félicitations émues pour les témoignages dont elle a su s’entourer ; j’y joins l’espoir qu’elle n’est pas destinée à disparaître et qu’elle sera maintenue dans la colo­nie, vivant exemple de l’attachement que celle-ci a su montrer à la France pendant ses épreuves et que la France reconnais­sante n’oubliera jamais ».  

La perpétuation du souvenir  

Des pierres...  

            Le 7 août 1932, le président de la République, Albert Lebrun, inaugure au fort de Douaumont un mémorial du RICM, sous la forme d’une plaque comportant le texte de la citation de 1916 - qui mentionne « les deux compagnies de Somalis » - avec la représentation du drapeau du RICM et de ses décorations [52].

            Le 9 juillet 1961, un monument « Aux Somalis morts pour la France » est inauguré près du cimetière militaire de Cuts, dans l’Oise [53]

...Un fanion tricolore  

            Avant de promettre aux tirailleurs somalis, au moment de leur départ de France, que leur unité ne serait pas dissoute, dès le 9 novembre 1918, le commandement avait manifesté le souci de voir perpétuer le souvenir des unités d’élite compo­sées de tirailleurs : le ministre de la Guerre décide « pour marquer dans l’avenir, d’une façon tangible, la coopération des contingents à la guerre actuelle, que les bataillons indigè­nes décorés de la fourragère ou ceux qui pourront l’être ulté­rieurement, ne seront en aucun cas supprimés ». Il est prévu qu’après la guerre, ces bataillons soient « incorporés dans les régiments stationnés aux colonies [54] ».

            Outre le 43e bataillon de tirailleurs sénégalais, qui obtient la fourragère aux couleurs de la médaille militaire pour ses 4 citations à l’ordre de l’armée [55], seuls 8 bataillons de tirailleurs sénégalais [56], 1 bataillon de tirailleurs malgaches [57] et le bataillon de tirailleurs somalis ont obtenu la fourragère aux couleurs de la croix de guerre 1914-1918 : 11 bataillons, sur un total de 121 bataillons constitués au cours de la Grande Guerre [58].

            En fait, après leur retour à Djibouti, deux seulement des compagnies du 1er bataillon de tirailleurs somalis sont conservées pour être envoyées à Madagascar, où elles dispa­raissent par extinction. En Côte française des Somalis, une milice et un peloton méharistes assurent la sécurité dans les années vingt.

            A partir de 1933, une compagnie de renfort est envoyée en Côte française des Somalis (et 3 avions). Les tirailleurs sénégalais de cette compagnie sont peu à peu rem­placés par des tirailleurs somalis [59]. On recrée alors la compa­gnie de tirailleurs de la Côte française des Somalis, puis en 1935, un régiment de tirailleurs sénégalais de la Côte française des Somalis, réduit à un bataillon en 1937. On reforme le régiment en 1939 [60]. Toutes ces unités ont donc conservé suc­cessivement à Djibouti le patrimoine de tradition du 1er bataillon de tirailleurs somalis, matérialisé en particulier par le fanion tricolore de la glorieuse unité.

            Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la Côte fran­çaise des Somalis rallie la France libre en décembre 1942 et fournit à nouveau une unité de tirailleurs somalis pour partici­per aux combats pour la libération de la France [61]. Bien entendu, cette unité revendique l’héritage du 1er bataillon de tirailleurs somalis de la Grande Guerre.

            C’est ainsi que, le 1er janvier 1943, le Détachement des Forces Françaises Libres de la Côte française des Somalis prend le nom de Bataillon somali de souveraineté. Le 16 mai 1944, le bataillon de souveraineté met sur pied un bataillon de marche somali [62]. Le 26 août 1944, au moment de quitter Djibouti, le bataillon de marche somali se voit confier solen­nellement, au cours d’une cérémonie qui se déroule sur le port, la garde du fanion tricolore du 1er bataillon de tirailleurs somalis de la Grande Guerre [63]. Le bataillon de marche somali est regroupé avec les bataillons de marche n° 14 et n° 15 pour former le régiment de marche de l’Afrique équatoriale fran­çaise et somalie [64]

... Et des drapeaux  

            Le 2 avril 1945, sur la place de la Concorde à Paris, le général de Gaulle remet les drapeaux et étendards aux régi­ments de l’armée française. En organisant cette cérémonie, le président du gouvernement provisoire de la République s’inspire directement de la manifestation du 14 juillet 1880, organisée sur l’hippodrome de Longchamp, au cours de laquelle le président de la République, Jules Grévy, avait pro­cédé à la distribution solennelle des drapeaux et étendards aux régiments, marquant ainsi « d’une manière saisissante la reconstitution de notre armée nationale quelques années à peine après l’Année Terrible [65] ». Par ce geste renouvelé, le

général de Gaulle témoigne de la renaissance de l’armée fran­çaise, refonde son unité et concrétise l’amalgame opéré entre unités issues de l’armée d’Afrique, de l’armée coloniale, des Forces Françaises Libres et de la Résistance.

            Ce jour-là, le général de Gaulle remet le drapeau du 57régiment d’infanterie coloniale au régiment de marche de l’Afrique équatoriale française et somalie, « sans autre justifi­cation que sa disponibilité du moment [66] » . En fait, ce choix du drapeau du 57e RIC s’explique précisément parce qu’il s’agit d’une unité créée et mobilisée à Bordeaux en 1915 [67]. Il est donc logique que son emblème soit confié, trente ans plus tard, à une unité coloniale qui appartient au Détachement d’Armée de l’Atlantique du général de Larminat.

            Quelques jours après cette cérémonie, le régiment de marche d’Afrique équatoriale française et somalie s’illustre dans les combats pour la libération de la Pointe de Grave [68]. Il obtient, ainsi que les bataillons qui le composent, une citation à l’ordre de la division : « A mené pendant 7 jours dans la pointe de Grave du 14 au 20 avril, un combat exceptionnelle­ment dur contre un ennemi enragé à se défendre, allant jusqu'à se faire sauter sur place plutôt que de se rendre, très fortement armé et appuyé sur des ouvrages cuirassés à toute épreuve, couvert par un terrain d’inondation dont les passes étroites étaient littéralement bourrées de mines. A tué 947 Allemands, pris 100 ouvrages bétonnés et 90 pièces de canon, fait 3 300 prisonniers. Fait d’armes qui mérite de prendre rang dans les annales de cette guerre [69] ». Le drapeau du régiment et les fanions des bataillons reçoivent la croix de guerre 1939-1945 avec 1 étoile d’argent le 14 juillet 1945.

            Un mois plus tard, le bataillon de marche somali obtient également une citation à l’ordre de l’armée (croix de guerre 1939-1945 avec 1 palme) pour avoir réussi le franchis­sement de vive force de la ligne d’eau du Gua au cours des combats de la Pointe de Grave : « Bataillon qui, sous le com­mandement calme et énergique du chef de bataillon Bentzmann a, par sa valeur, sa bravoure et son opiniâtreté, réussi le 15 avril 1945, le franchissement de vive force, sous le feu violent et ajusté de l’ennemi, de la ligne d’eau du Gua, large de plus de 400 mètres. Par son habile manœuvre a fait tomber les éléments de défense ennemis du Pont du Gua. Dans la journée du 18 avril a bousculé l’ennemi sur les fortes positions d’un fossé antichars et, d’un seul élan, a enlevé le village du Vieux Soulac, ainsi que l’ensemble très fortement bétonné et vigoureusement défendu des ouvrages constituant le poste de commandement de la forteresse ennemie de la Pointe de Grave. Au cours de ces deux journées de combat, a fait 300 prisonniers [70] ».

            A la dissolution du régiment d’Afrique équatoriale française et somalie, l’emblème du 57e RIC est confié au bataillon de marche somali, qui le dépose au Service histori­que de l’armée en décembre 1946 [71]. Les traditions du 1er bataillon de tirailleurs somalis et du bataillon de marche somali sont alors léguées à la compagnie dite « compagnie de traditions somalie », qui est envoyée à Madagascar en 1947.

            Compte tenu de ces faits et en souvenir des combats de 1945, le drapeau du 57e régiment d’infanterie coloniale est attribué, en 1948, aux troupes de la Côte française des Somalis [72], dans le cadre d’une répartition des emblèmes dis­ponibles. Il est considéré comme leur emblème jusqu’en 1965 [73] et représente donc pendant près de vingt ans, en Côte française des Somalis, la tradition de fait des anciennes unités somalies.

            Le 1er janvier 1965, le 57e régiment interarmes d’outre-mer (RIAOM) est officiellement créé en Côte française des Somalis. Il hérite du patrimoine de tradition du 57e régiment d’infanterie coloniale. En 1968, le chef de corps du 57e RIAOM demande au ministre des Armées que le régiment puisse également et « légitimement devenir l’héritier du bataillon somali [74] ». Cette demande est appuyée par le com­mandant supérieur des forces armées du Territoire français des Afars et des Issas, qui voit dans l’attribution du patrimoine de tradition du bataillon somali au 57e RIAOM un moyen de rétablir « un équilibre souhaitable entre le prestige des emblèmes des deux corps blindés-motorisés du territoire (13e demi-brigade de Légion étrangère et 57e RIAOM) [75] ». Il est vrai que la 13e DBLE est Compagnon de la Libération et tota­lise 4 citations à l’ordre de l’armée pour 1939-1945 et 4 pour les théâtres d’opérations extérieurs ; alors que le 57e RIAOM n’est titulaire que de 2 citations dont une seule à l’ordre de l’armée.

            Pourtant, cette démarche n’aboutit pas directement car, dans le même temps, on procède à une nouvelle numérotation des unités des troupes de marine. En effet, en 1969, le 57e régiment interarmes d’outre-mer, stationné dans le Territoire français des Afars et des Issas, devient 5e régiment interarmes d’outre-mer [76]. Ce régiment hérite alors des traditions du 5e régiment d’infanterie de marine et du 5e régiment d’infanterie coloniale (autres appellations données au régiment au cours de son histoire [77]), et, comme le 57e RIAOM précédemment, des traditions du bataillon de tirailleurs somalis [78].

            La reconnaissance de cette filiation est, cette fois, offi­cialisée puisque la décision de changement d’appellation du 57e RIAOM précise qu’il sera attribué au 5e RIAOM « un emblème où figureront outre les inscriptions du 5e RIC repro­duites sur le drapeau antérieur du 5e RIAOM, celles du bataillon somali ». En 1970, à l’occasion de la fabrication d’un nouveau drapeau pour le 5e RIAOM [79], on complète donc les inscriptions de bataille portées sur la soie de l’emblème. Aux neuf inscriptions méritées par le 5e RIC [80] sont ajoutées cinq inscriptions rappelant les faits d’armes du 1er bataillon de tirailleurs somalis pendant la Grande Guerre : Verdun-Douaumont 1916, La Malmaison 1917, L’Aisne 1917-1918, La Marne 1918 et Noyon 1918 [81].

            Il ne faudrait pas croire que cette décision et le choix du numéro 5 pour le régiment des troupes de marine stationné dans le Territoire français des Afars et des Issas, sont le fruit du hasard. A la fin du XIXe siècle, il se trouve que les mar­souins du Détachement d’Obock, un sergent et 25 hommes chargés de la garde du Territoire d’Obock [82], appartenaient déjà au 5e régiment d’infanterie de marine ! Or Obock est le premier port, peu accessible, qui sera bien vite remplacé par la grande rade de Djibouti pour donner naissance à la Côte fran­çaise des Somalis.

            Les démarches entreprises en 1968 par le chef de corps du 57e RIAOM aboutissent également dans un autre domaine, celui des décorations. En avril 1970, Michel Debré, ministre de la Défense, décide que « le drapeau du 5e régiment interar­mes d’outre-mer portera la fourragère qu’avait obtenue l’ex-5e régiment d’infanterie coloniale, c’est-à-dire la fourragère aux couleurs du ruban de la croix de guerre 1914-1918 [83] ». Il décide également qu’en vue de perpétuer les traditions du bataillon somali, « l’emblème du 5e RIAOM sera admis, de façon très exceptionnelle, à porter, accrochées à sa hampe, les deux croix de guerre 1914-1918 avec palmes obtenues res­pectivement par le 5e RIC et le bataillon somali ». La décision ministérielle précise enfin que les rubans des deux croix de guerre seront ornés chacun d’une barrette en métal blanc - comparable à la barrette des médailles commémoratives por­tant l’une l’inscription « 5e régiment d’infanterie coloniale », l’autre l’inscription « bataillon somali ».

            Le drapeau du 5e RIAOM porte donc aujourd’hui sur sa cravate, les décorations méritées par le 5e RIC [84] et les décorations du 1er bataillon de tirailleurs somalis de la Grande Guerre : fourragère aux couleurs de la croix de guerre 1914-1918 et croix de guerre 1914-1918 avec deux palmes et une étoile d’argent. En élargissant la portée de la décision d’avril 1970 - de façon non réglementaire, d’ailleurs ! -, l’habitude a été prise également d’accrocher à la cravate du drapeau du 5e RIAOM les décorations méritées par le bataillon de marche somali pendant la Deuxième Guerre mondiale : la croix de guerre 1939-1945 avec une palme, une étoile d’argent et une barrette « bataillon somali ». 

L’hommage aux troupes indigènes en 1996  

            Déjà, à l’occasion du cinquantième anniversaire du débarquement de Provence, et en hommage particulier aux troupes noires, un monument commémoratif est érigé à Fréjus. Ce monument aux héros de l’armée noire [85] est inau­guré par M. François Léotard, ministre de la Défense et maire de Fréjus, le 1er septembre 1994 [86]. Le choix de Fréjus est éminemment symbolique. Fréjus, c’est la garnison par excel­lence des troupes recrutées outre-mer. Au cours de la Grande Guerre, les troupes noires y sont venues en masse, beaucoup y ont été instruites ou soignées. Des milliers de soldats indigè­nes, morts pour la France, y sont enterrés.

            A la perpétuation du souvenir qui a été manifestée pendant plus de cinquante ans par la reconnaissance - offi­cieuse puis officielle - d’une filiation, ainsi que par la trans­mission d’un patrimoine de tradition glorieux et prestigieux, il faut enfin ajouter l’hommage solennel qui a été rendu à toutes les troupes indigènes en 1996.

            Au mois de mars, le général Monchal, chef d’état-major de l’armée de Terre, donne son accord « pour que le 4e régiment d’infanterie de marine, en garnison à Fréjus, soit le gardien des traditions des troupes indigènes [87] ». Pour concré­tiser cette décision, à l’été 1996, le drapeau d’un régiment de tirailleurs sénégalais (le 6e RTS [88]) est mis en dépôt auprès du 4e RIMA pour participer aux cérémonies commémoratives annuelles au cours desquelles le souvenir des troupes indigè­nes sera évoqué. En ces occasions, il est prévu que la garde au drapeau revête une tenue de tradition comportant la ceinture de laine rouge [89] et le bonnet de police [90] des troupes colonia­les. Quant aux personnels du 4e RIMA, ils portent en tenue de parade, un insigne métallique réalisé pour rappeler la mission dévolue désormais à ce régiment, « l’insigne des troupes indi­gènes [91] ». Cet insigne, conçu et réalisé au printemps 1996, est composé d’un bouclier de couleur rouge, à la bordure d’or portant l’inscription « troupes indigènes », et d’une ancre des troupes de marine. Toutes ces dispositions sont inaugurées à l’occasion de la commémoration de Bazeilles, la fête des troupes de marine, le 1er septembre 1996, à Fréjus.

            Pour ne pas oublier le souvenir des tirailleurs somalis, en septembre 1996, le général Mercier, successeur du général Monchal, donne son accord pour le port, en tenue de défilé, d’une ceinture rouge pour les personnels du 5e régiment inter­armes d’outre-mer en République de Djibouti [92].

            Adoption de tenues dites de tradition, préservation des filiations et du patrimoine de tradition, transmission des déco­rations méritées par ceux qui nous ont précédés, inscriptions des noms de bataille sur les emblèmes, inauguration de monuments commémoratifs, autant d’éléments qui sont des « réveils de mémoire » et qui, depuis la Grande Guerre, mani­festent dans les troupes de Marine, la volonté de ne pas oublier les tirailleurs, Somalis, Sénégalais, Indochinois, Malgaches ou combattants du Pacifique, ces soldats des trou­pes indigènes « envers lesquels la nation a une dette d’honneur [93], prix du sang versé pour la défense de notre pays aux heures les plus sombres de son histoire [94] ».



* Capitaine, Enseignement militaire supérieur scientifique et technique, Service historique de l’armée de Terre.

[1]. Les Armées françaises d’outre-mer, Les contingents coloniaux, « Du soleil et de la gloire », Paris, 1931, p. 126.

[2]. Appelée Côte française des Somalis depuis 1892, la colonie devient Territoire français des Afars et des Issas en 1967, avant d’accéder, en 1977, à l’indépendance en tant que République de Djibouti.

[3]. P. Oberlé et P. Hugot, Histoire de Djibouti, Présence africaine, 1985, p. 100.

[4]. Il existe une photographie de cette brigade in Maurice Rives et Robert Dietrich, Mémorial des combattants d’Afrique noire et de Madagascar, Frères d’armes, 1993, p. 105. Voir également J. Trampont, Djibouti hier, de 1887 à 1939, Hatier, 1990 ; et chef de bataillon Bouet, Monographie du bataillon somalis, 10 janvier 1919 (paragraphe 3, annexes et rapports ; extraits du rapport annuel de la brigade indigène de Djibouti), Archives du Service historique de l’armée de Terre, 7N875.

[5]. C. Valensky, « Madagascar » in Mémoire d’outre-mer, les colonies et la Première Guerre mondiale, Péronne, 1996, p. 70.

[6]. La « Force Noire » est un mythe avant 1914 : voir Marc Michel, Relations internationales, 1974, n° 2, pp. 83-90.

[7]. Journal des marches et opérations du 6e bataillon de marche somali pendant la campagne entreprise en Europe du 11 mai 1916 au 23 janvier 1919, Archives du Service historique de l’armée de Terre, 7N875.

[8]. Chef de bataillon Bouet, art. cit., paragraphe B. Le rapport Lyons des Feuchins publié au Journal officiel en 1924, Annexe n° 335, p. 1 309, fait état de 1 560 Somalis recrutés en 1916, 408 en 1917 et 466 en 1918.

[9]. Il existe une photographie de la revue de départ du bataillon somali, le 19 juillet 1916 in Vieilles casernes et camps de la coloniale 1900-1958, musée des troupes de Marine, sd, p. 5.

[10]. Chef de bataillon Bouet, art. cit., (paragraphe 3).

[11]. « Le RICM s’enorgueillit de ne pas avoir de numéro. Il lui suffit d’avoir un nom, les quatre lettres qui le composent résument toutes les vertus guerrières : la Rage de vaincre, l’Intrépidité, le Courage, le Mordant ». H. Noullet, Les Chevaliers de la coloniale, le RICM, Presses de la Cité, 1991, p. 21.

[12]. Maurice Rives et Robert Dietrich, op. cit., p. 51.

[13]. Sur la reprise de Douaumont voir : capitaine Désiré, « Les troupes somalies pendant les deux guerres mondiales », Revue historique de l’armée, n° 4/1963 ; Les Armées françaises d’outre-mer, Les troupes coloniales pendant la guerre de 1914-1918, Paris, 1931 ; G. Gras, Douaumont, 24 octobre 1916, Les Editions Lorraines-Frémont, Verdun : curieusement l’auteur qui a vécu la reprise du fort au sein du RICM évoque les Sénégalais mais ne fait aucune allusion aux Somalis.

[14]. En seconde ligne, les 7e, 9e et 36e DI, et en réserve, les 22e et 37e DI.

[15]. Composée de la 4e brigade marocaine (RICM et 4e régiment mixte de zouaves et de tirailleurs algériens) et de la 76e brigade d’infanterie (4régiment de zouaves et 8e régiment de tirailleurs).

[16]. Blessé à la tête dès le début de l’assaut, il est remplacé par le capitaine adjudant-major Alexandre.

[17]. « Le nettoyage est certainement la mission la plus désagréable des troupes d’attaque : il est extrêmement difficile de retenir les nettoyeurs sur les positions, à l’arrière du front qui avance, des camarades qui progressent. La marche en avant exerce sur les hommes une telle séduction qu’ils ne peuvent comprendre qu’on les laisse sur place alors que d’autres poursuivent le succès ». Gaston Gras, op. cit., p. 62.

[18]. La numérotation des bataillons s’explique par la création du régiment mis sur pied, en août 1914, par la réunion de bataillons de marche coloniaux, unités de volontaires levées dans les troupes coloniales stationnées en métropole pour aller combattre au Maroc de 1911 à 1914. La date de création officielle du régiment d’infanterie coloniale du Maroc est le 9 juin 1915.

[19]. P.-C. Ettighoffer, Verdun, Opération jugement, France-Empire, 1964, p. 237.

[20]. La capture d’un Allemand isolé permet au commandant Nicolaï, trompé par sa boussole, de retrouver la bonne direction à suivre pour rejoindre Douaumont. Gaston Gras, op. cit., p. 68.

[21]. Colonel Pierre Rocolle, « Douaumont, un sujet de réflexion », Verdun 1916, Actes du colloque des 6-8 juin 1975, ANSBV et Université de Nancy II, 1976, p. 340.

[22]. JMO du bataillon de tirailleurs somalis, op. cit., p. 22.

[23]. Ibid.

[24]. Ibid., p. 25.

[25]. Ibid.

[26]. Ibid., p. 27.

[27]. « Gradé d’une extrême bravoure. Remplissant les fonctions de clairon, au cours de l’attaque du 24 octobre 1916 a accompagné son commandant de compagnie jusqu’au dernier objectif. Tombé dans un trou occupé par plusieurs Allemands, est parvenu à désarmer un de ses adversaires, en a tué deux et blessé deux autres. A été atteint lui-même de neuf coups de baïonnettes ».

[28]. JMO du bataillon de tirailleurs somalis, op. cit., p. 31.

[29]. Ibid., p. 32.

[30]. Ibid.

[31]. Ibid., p. 33.

[32]. « Ayant été séparé de sa compagnie, s’est joint à une unité voisine et a fait preuve, les 24 et 25 octobre 1916, des plus belles qualités militaires. A contribué à faire de nombreux prisonniers ».

[33]. Campagne d’Italie de 1859.

[34]. Rapport de l’amiral Lacaze, ministre de la Guerre par intérim, au président de la République. Cité in P. Cart-Tanneur et P. Garrouste, Le régiment d’infanterie chars de marine, Editions du Fer à marquer, 1982.

[35]. Décret relatif à l’application de la loi du 8 avril 1915 instituant une croix de guerre du 25 avril 1915, art. 6, Bulletin officiel édition méthodique n° 307 (tome 1) p. 272.

[36]. Décret du 13 novembre 1916 (Journal officiel du 16 novembre 1916) avec attribution de la Légion d’honneur. Il s’agit de la troisième citation du régiment qui en obtient dix au cours de la guerre.

[37]. Fixées par DM 19924 1/8 du 24 décembre 1917 et DM 18156 1/8 du 25 novembre 1918.

[38]. Ordre général n° 176 du 8 mai 1917.

[39]. H. Noullet (op. cit. p. 49) a « croqué » les tirailleurs somalis à la veille de l’attaque : « Ils forment un groupe à part bien que, depuis Douaumont, ils aient accompagné le régiment sur ses chemins de gloire. Bergers, ils étaient hier encore dans leur désert calciné de sable et de pierrailles, au milieu de leurs troupeaux étiques, appuyés sur leurs bâtons à crosse. Aujourd’hui, résignés, ils grelottent dans le froid de l’automne et les pans de leurs capotes trop grandes battent leurs jambes d’échassiers ».

[40]. « Le combat que mènent les Somalis est plus silencieux malgré son acharnement. C’est au couteau, au coupe-coupe, à coups de crosse qu’ils règlent leur différend avec les Loups gris ». Ibid., p. 57.

[41]. Ordre général n° 529 du 15 novembre 1917.

[42]. « Sous-officier brave et dévoué exerçant un grand ascendant sur ses tirailleurs. Au cours du combat du 20 août 1918, voyant un groupe voisin arrêté par des mitrailleuses, s’est mis à sa tête, l’a vigoureusement porté en avant, mettant les servants ennemis hors de combat sur leurs pièces. Une blessure et trois citations antérieures ».

[43]. Ordre n° 11027 D du 28 octobre 1918.

[44]. Chef de bataillon Bouet, art. cit. (paragraphe C). Sur les hésitations du commandement dans l’emploi des unités de tirailleurs, voir Marc Michel, L’appel à l’Afrique. Contributions et réactions à l’effort de guerre en AOF, 1914-1919, Paris, Publications de la Sorbonne, 1982, chapitre 14 ; et Marc Michel, « Les troupes coloniales arrivent », L’Histoire, n° 69, p. 120.

[45]. Ordre n° 133 F du 28 octobre 1918, date identique à l’attribution de la deuxième citation à l’ordre de l’armée.

[46]. Ordre du régiment n° 11 du 21 janvier 1919.

[47]. Seules les 2e et 4e compagnies somalies sont citées à l’ordre de l’armée et non le bataillon somali ! Voir l’ordre du jour n° 1 du capitaine commandant le bataillon de marche somali, en date du 16 mai 1944, Archives du Service historique de l’armée de Terre, 12 P 268.

[48]. 51 citations à l’ordre du corps d’armée (41+10), 109 à l’ordre de la division (92+17), 206 à l’ordre de la brigade (132+74) et 783 à l’ordre du régiment (148+635). Bilan établi d’après chef de bataillon Bouet, op. cit. Rapport paragraphe A et Etat des Européens ayant fait l’objet d’une récompense.

[49]. Rapport Lyons des Feuchins, art. cit., p. 1 319. Maurice Rives et Robert Dietrich in op. cit., p. 108 donnent les chiffres suivants : perte de « 1 418 hommes, dont 212 tués, 1 035 blessés et 171 disparus, 2 000 Somalis ayant été dirigés sur la métropole durant le conflit ». Anthony Clayton in Histoire de l’armée française en Afrique, (Albin Michel, 1994), reprend les chiffres cités par le général Weygand in Histoire de l’armée française, (Flammarion, 1953), p. 343 : 400 tués et 1 200 blessés.

[50]. Archives du Service historique de l’armée de Terre, 7 N 875.

[51]. Chef de bataillon Bouet, art. cit., Etat des Européens ayant fait l’objet d’une récompense.

[52]. Légion d’honneur, médaille militaire, croix de guerre 1914-1918 avec 10 palmes et double fourragère aux couleurs de la Légion d’honneur et de la croix de guerre 1914-1918. Par la suite, deux autres associations d’Anciens, protestant contre l’existence de cet unique mémorial, obtiendront la mise en place de deux autres stèles commémoratives dans le fort de Douaumont, pour rappeler leur rôle dans la bataille et la reprise du fort.

[53]. Au carrefour de la RN 344 et de la RD 130, P. Oberlé et P. Hugot, op. cit., p. 102.

[54]. Décision n° 17515 1/8 du 9 novembre 1918.

[55]. Décision n° 150F du 21 mars 1919. A la dissolution du 43e BTS, le ministre de la Guerre confère la croix de guerre et la fourragère gagnées par cette unité au 1er régiment de tirailleurs sénégalais, ancêtre de tous les bataillons de Sénégalais. Le drapeau du 1er RTS, revenu en France, reçoit ces décorations, le 6 mars 1919, en présence de Blaise Diagne, député du Sénégal.

[56]. 61e, 64e, 27e, 36e, 69e, 53e, 62e et 68e BTS.

[57]. 12e BTM.

[58]. 94 bataillons combattants (89 Sénégalais, 2 Indochinois, 1 Malgache, 1 Somali, 1 Pacifique) et 27 bataillons de dépôt ou d’étapes (3 Sénégalais, 15 Indochinois, 9 Malgaches), Rapport Lyons des Feuchins, art. cit. p. 1 310.

[59]. Général Texier, Revue des troupes coloniales, n° 219, pp. 375-378.

[60]. Revue historique des armées, n° 2/1973, pp. XXI-XXII.

[61]. Deux autres bataillons de marche issus de la CFS participent à la libération de la France, au sein de la 4e brigade de la 1ère division française libre : le BM 21 et le BM 24, composés de tirailleurs sénégalais et de volontaires européens. Cf. Maurice Rives et Robert Dietrich, op. cit., pp. 210-211.

[62]. Sur le bataillon de marche somali voir Roger Lamy, Revue de la France libre n° 47, avril 1952, pp. 14-18.

[63]. Fanion détenu par le bataillon somali de souveraineté, Archives du Service historique de l’armée de Terre, 12 P 268, Journal des marches et opérations du bataillon de marche somali.

[64]. Créé à Antibes le 16 novembre 1944, dissous le 31 juillet 1945. Les BM 14 et 15 se composent principalement de tirailleurs originaires du Cameroun et du Tchad, d’où le nom du régiment.

[65]. Commandant Host, « Nos drapeaux », numéro spécial de la revue L’Armée française au combat, 1945, p. 5.

[66]. Note du Service historique n° 617/EMAT/SH/SYMB du 22 janvier 1969.

[67]. Par transformation du 7e régiment mixte colonial (formé de deux bataillons de tirailleurs sénégalais et d’un bataillon du 7e RIC), le 7 août 1915. Bordeaux est la garnison de tradition du 7e RIC depuis 1912. Sur les traditions et les filiations des unités troupes de marine, voir Les troupes de Marine, 1622-1984, Lavauzelle, 1986.

[68]. En Charente, la nécropole de Retaud, où sont ensevelis les Somalis et d’autres combattants morts pour libérer la Pointe de Grave et réduire la « Poche de Royan », peut aussi être considérée comme un mémorial pour le bataillon de marche somali de la Deuxième Guerre mondiale.

[69]. Ordre général n° 102 du 25 avril 1945.

[70]. Décision n° 1058 du 20 août 1945.

[71]. Le 16 décembre 1946. Note n° 2308/57e RIAOM du 8 novembre 1968.

[72]. Décision ministérielle n° 110 137-TC/SEJ du 16 novembre 1948.

[73]. Note du Service historique pour l’état-major de l’armée de Terre n° 617/EMAT/SH/SYMB du 22 avril 1969. Précisons qu’à l’arrivée de la 13e demi-brigade de Légion étrangère à Djibouti, en 1962, le drapeau du 57e RIC reste uniquement l’emblème des unités des troupes de Marine stationnées en Côte française des Somalis.

[74]. Note n° 2308/57e RIAOM du 8 novembre 1968.

[75]. Note du COMSUP n° 6532/TFAI/3 du 18 novembre 1968.

[76]. Décision n° 3269/DN/EMAT/1.0 du 20 octobre 1969.

[77]. A cette date, le drapeau du 5e RIAOM est détenu par le Centre mobilisateur n° 101 à Chartres. Créé en mars 1890 par dédoublement du 1er régiment d’infanterie de marine, le 5e RIMA devient 5e régiment d’infanterie coloniale en 1900. Reconstitué en 1945 à partir des éléments du Commando léger d’intervention (avec notamment le commando Ponchardier), il devient 5e régiment interarmes d’outre-mer en 1959. Il est dissous en 1962. Ses traditions sont alors confiées au CM 101 en 1963.

[78]. Décision ministérielle n° 32861 du 23 septembre 1969.

[79]. Le 4e drapeau détenu par le corps depuis 1914, remis à l’unité le 26 mars 1970.

[80]. Bomarsund 1854, Pei-Ho 1860, Puebla 1863, Sontay 1883, Lorraine 1914, Champagne 1915, La Somme 1916, Picardie 1918 et Indochine 1945-1946, 1953-1954.

[81]. Les premières inscriptions figurant sur le fanion tricolore du 1er bataillon de tirailleurs somalis sont : Douaumont, Mont de Choisy, Caisnes, Cerny, Ailles, Longpont, Parcy, Tigny, La Malmaison, Bailly et Noyon. Avant d’être reportées sur le drapeau du 5e RIAOM, elles ont été modifiées pour être identiques aux inscriptions acceptées par la commission des drapeaux (réunie après la Grande Guerre) pour les autres emblèmes.

[82]. Première appellation, entre 1884 et 1896, de l’établissement confié au gouverneur Léonce Lagarde.

[83]. Décision n° 12475 du 1er avril 1970.

[84]. Fourragère aux couleurs de la croix de guerre 1914-1918, croix de guerre 1914-1918 avec trois palmes et agrafe 5e RIC ; croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs avec une palme et agrafe « CLI-5e RIC ».

[85]. Un monument aux héros de l’armée noire a été inauguré en 1924 à Reims, et, la même année, à Bamako au Mali. Le monument de Reims a été détruit en 1940 par les Allemands, en même temps que les monuments érigés en l’honneur du général Mangin, « inventeur » de la « Force Noire », en particulier à Paris, Metz et Sarrebourg. Un nouveau monument à la mémoire du général Mangin a été inauguré à Paris, le 13 juin 1954, par le général de Larminat.

[86]. Voir L’Ancre d’or n° 282, septembre-octobre 1994, pp. 3-7 et 32-33.

[87]. Décision n° 2196/DEF/EMAT/CAB/16 du 12 mars 1996.

[88]. Le choix de ce drapeau s’explique parce qu’il était disponible (conservé au Service historique de l’armée de Terre) et en relativement bon état. Les emblèmes du 1er RTS (ceux de 1905 et de 1957) sont conservés au musée de l’Armée, à Paris ; et celui de 1950 au musée des troupes de Marine, à Fréjus.

[89]. A l’origine simple sous-vêtement utilisé par tous les soldats, portée de façon apparente dans l’infanterie d’Afrique, la ceinture était de diverses couleurs. Une répartition a été peu à peu adoptée puis réglementée. La ceinture bleue distinguait les corps à recrutement européen : zouaves, infanterie légère d’Afrique, Légion étrangère. La ceinture rouge était portée par les unités de tirailleurs à recrutement indigène.

[90]. Ou calot.

[91]. Homologue sous le numéro G 4293, le 17 juin 1996.

[92]. Décision n° 7347/DEF/EMAT/CAB/16 du 18 septembre 1996.

[93]. « Dettes de sang, dettes d’honneur, dettes d’argent », fil conducteur de l’exposition organisée par l’Historial de la Grande Guerre, à Péronne, en 1996 : Voir Mémoire d’outre-mer, les colonies et la Première Guerre mondiale, op. cit.

[94]. L’Ancre d’or, n° 294, septembre-octobre 1996, p. 9.

 

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