Réforme des lycées
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horaires et programmes   ECJS  TPE

avertissement: certains horaires de disciplines évoqués dans cette page ont été revus lorsque Lang a remplacé Allègre se reporter à la page d'accueil pour avoir les horaires actuels

Le Conseil d'État a statué, le 6 avril 2001, sur le recours formé, au nom de Madame Geneviève Zehringer, présidente, représentant la Société des agrégés de l'Université, par Maître François-Henri Briard, avocat au Conseil d'État et à la Cour de Cassation, avocat de la Société, contre les arrêtés des 28 juillet et 4 août 1999, par lesquels Monsieur Claude Allègre, alors ministre de l'éducation nationale, avait modifié plusieurs des programmes des classes de seconde, de première et terminale des lycées, et fixé le programme du nouvel enseignement d'" éducation civique, juridique et sociale " instauré en classe de seconde à la rentrée de l'année scolaire 1999-2000.

ÉTAT DES PROGRAMMES APRÈS LA DÉCISION DU CONSEIL D'ÉTAT EN DATE DU 6 avril 2001 (ANNULATION DES TROIS ARRÊTÉS DU 28 juillet 1999 ET DE L'ARRÊTÉ DU 4 août 1999 FIXANT LES NOUVEAUX PROGRAMMES DES LYCÉES).

c'est la même que celle d'Allègre

Réforme des lycées Allègre :
réduction d'horaires et nouveaux programmes

Les professeurs du lycée Berthollet d'Annecy (74) ont rédigé et signé dans leur grande majorité (97 signatures) la lettre suivante aux parents d'élèves pour les avertir des méfaits des réformes Allègre sur la qualité de l'enseignement et obtenir un soutien dans leur opposition à ce saccage. Les lettres ont été diffusé dans les classes à chaque élève du lycée. Nous les avons aussi envoyées pour information au recteur, aux politiques locaux, à la presse...
Nous l'avons aussi fait parvenir à tous les lycées de l'académie et à un certain nombre de lycée en France pour qu'elle soit diffusée.

Lycée Berthollet ANNECY

la lettre:  Les professeurs du lycée Berthollet Aux parents d'élèves.
Objet : La réforme des Lycées.
Madame, Monsieur,

Cette année, les horaires des élèves de seconde ont été sérieusement amputés. A la rentrée 2000 la réforme des lycées va se mettre en place : des changements très importants vont affecter les horaires et les programmes. En voici quelques exemples :

En langues, la réforme Allègre c'est :
* 1 heure de moins pour tous les élèves dans toutes les sections, sauf en 1ère L , où 2 heures sont supprimées.
* Pas de réductions d'effectifs.
* Le flou total quant à l'organisation, le contenu des T.P.E. (travaux personnels encadrés), flou qui ne peut qu'aggraver la situation déjà préoccupante de l'enseignement des langues, et empêcher l'acquisition et la pratique, par tous les élèves, d'une langue authentique.

En Sciences Economiques et Sociales, la réforme Allègre c'est :
* Après une perte de 0,75 heure en 2nde (17% de l'horaire), la perte ,
en 1ère ES (filière ou les Sciences économiques et sociales sont la
matière dominante) de 1, 5 heure pour les élèves (25% de l'horaire).

En Mathématiques, la réforme Allègre c'est :
* D'importantes réductions d'horaires en 2nde puis en filière scientifique pour les 1ères et Terminales (0,75 heure en 2nde, 1 heure en 1ère S, 0,5 heure en T. S) ce qui compromet l'enseignement des mathématiques au lycée et ne sera pas sans conséquences sur la formation des techniciens et des ingénieurs.
* Un nouveau programme en 2nde qui n'est plus centré sur l'apprentissage
du raisonnement déductif mais sur l'utilisation irréfléchie de la calculatrice et sur les activités « gadgets » (100 ou 200 lancers d'une pièce) ; l'indigence des programmes ne permettra même plus aux mathématiques de jouer leur rôle d'outil pour les autres disciplines. Il est clair que l'on veut dénaturer l'enseignement des mathématiques en les réduisant à une technique et en supprimant leur rôle dans la formation à la logique et à la rigueur.            plus sur les maths?

En Histoire - Géographie, la réforme Allègre c'est :
* la perte d'une demi-heure en 1ère S.

En Français, la réforme Allègre c'est :
* Des diminutions d'horaire importantes : 20% de l'horaire en seconde cette année ; d'autres diminutions sont prévues pour les classes de 1ère. C'est pourquoi, malgré les ambitions affichées dans les déclarations officielles (Connaissance de la littérature française et étrangère, étude de l'image, maîtrise des techniques d'écriture en matière d'argumentation et de création, maîtrise de l'expression orale - et de l'expression corporelle ! ! !), les compétences demandées aux élèves vont devenir très modestes, comme le laissent prévoir :
* La disparition des devoirs supposant un apprentissage méthodique et précis du raisonnement et de la construction de l'argumentation (type dissertation).
* La révision à la baisse des exigences du baccalauréat, grâce à une modification des épreuves (exercices ressemblant à ceux que propose le Brevet des Collèges).

En Philosophie, la réforme Allègre c'est :
* Une perte d'une heure en L, d'une heure en S.
* La probable remise en cause de la dissertation qui est la meilleure éducation intellectuelle, puisqu'elle demande à chacun de faire le point sur les problèmes essentiels ; cela entraînerait la dénaturation de l'enseignement philosophique déjà compromis par le saccage des autres disciplines (cf. Français), saccage qui en interdira l'exercice. Pour rendre le baccalauréat plus facile, on substituera à la philosophie l'histoire de la philosophie, dont l'enseignement et l'évaluation pourraient se faire de façon plus « mécanique ».

démocratisation: l'exemple parlant de la philosophie:
"La boucle est bouclée, la stratégie de l’épidémie est mise en lumière : avec un changement en apparence mineur, celui du programme de philosophie en terminale, on trouve un levier formidable pour amorcer, en douceur, la réforme de l’université, du CAPES, du statut des professeurs. On voit aussi, clairement, que le calcul est budgétaire et politique, il s’agit de faire des économies, et de donner un rendement social à ce qu’on ne peut supprimer. "

Cependant, Monsieur Allègre vante les innovations de la réforme des Lycées, notamment l'introduction de l'aide individualisée, les TPE et l'ECJS.

1. L'aide individualisée qui est apparue dès cette année dans les classes de seconde en mathématiques et en français sera, nous dit-on, la potion magique qui mettra fin à la misère scolaire : elle justifie, aux yeux du ministre, les diminutions d'horaire pour l'ensemble de la classe, à qui l'on enlève une heure de cours pour la reporter sur une minorité dans le besoin. Cette redistribution se révèle en réalité peu efficace pour les bénéficiaires : en classe de seconde on ne peut plus faire des miracles devant des retards accumulés depuis des années. Pour l'ensemble de la classe, les heures enlevées sont perdues sans compensation.

2. L'ECJS est l'Education civique, juridique et sociale. Elle est déjà « pratiquée » cette année , à raison d'une heure par quinzaine en demi classe, heure prélevée à 50% sur le module d'Histoire et de Géographie.
Un tel horaire ne permet pas de répondre aux attentes des élèves, ni d'organiser un travail digne de ce nom.

3. Les TPE sont des Travaux personnels encadrés ; ils consistent à demander aux élèves de constituer des dossiers sur différents sujets en fonction des filières dans lesquelles ils se trouvent. Ces TPE recevront une note comptant pour le baccalauréat. Ils posent plusieurs problèmes :
* Ne mettons-nous pas la charrue avant les boeufs en demandant aux élèves d'effectuer un travail de recherche avant que leurs acquis culturels leur permettent de s'orienter dans le dédale des sources d'information (Centre de documentation, Internet etc.) ? Recueillir des informations, ce n'est pas acquérir des connaissances, ni des méthodes de travail.
* Peut-on noter pour le bac un « travail » qui risque d'être bien peu personnel, si l'élève bénéficie d'aides extérieures de toutes sortes (les sites Internet et les ouvrages parascolaires sur toutes espèces de sujets et de thèmes ne vont pas manquer de fleurir) ?
* Ce type d'exercice ne nous prépare-t-il pas à la suppression du baccalauréat national et anonyme, au profit d'un contrôle continu, ce qui finira par ôter toute crédibilité au diplôme ?
 (TPE extraits commentés d'un compte rendu d'expérimentation)
plus sur les TPE: sites sauvez les maths et sauvez les lettres
l'équivalent au collège: les itinéraires de découverte
cf aussi: utiliser les TICE  l'interdisciplinarité

Ainsi, le gouvernement, constatant son incapacité à donner à tous les élèves un enseignement de qualité, a choisi non pas une réelle démocratisation - comme il continue à le claironner - mais une triste massification, c'est-à-dire l'alignement général sur le plus bas niveau.
Nous sommes les premiers à penser que les allégements de programme sont nécessaires. Mais ce qu'on nous propose dévitalise très souvent le contenu de l'enseignement, et porte un grave préjudice à la rigueur de
la formation intellectuelle et à l'acquisition de la culture. Celles-ci, peu à peu, cède le pas devant des exigences d'efficacité purement pratique et souvent éphémère ; il est certes très utile de savoir rédiger une lettre, de manipuler une calculatrice, de disposer de quelques formules pour pouvoir demander son chemin à Londres, à Berlin, à Moscou ou à Madrid ; néanmoins est-ce encore le rôle d'un professeur de lycée, qui s'adresse à des jeunes gens ayant de 15 à 18 ans, d' «initier» ses élèves, selon l'expression et les directives officielles, à ces pratiques élémentaires ? On ne peut voir dans de pareilles mesures qu'une volonté d'aligner la formation - ne disons plus l'éducation - sur la loi du marché, en produisant une grande masse de subalternes régulables.

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Ainsi cette politique du SMIC culturel généralisé relève pour nous de l'imposture : dans de telles conditions, certains milieux et certaines institutions privées deviendront à coup sûr le seul foyer de production des élites. Est-ce cela la démocratisation ?
Il nous apparaît clairement que nous avons affaire à une atteinte délibérée à la qualité de l'enseignement français. Faut-il assister passivement à cette dégradation que le gouvernement veut faire passer pour une modernisation ?
Nous, professeurs, conscients de nos responsabilité, nous allons lutter contre la mise en place de cette réforme. Nous vous demandons de nous soutenir dans cette lutte en nous renvoyant, avec votre signature, la déclaration de soutien qui se trouve au bas de cette page.

Quelle est la nature de l’impérieuse nécessité de changer " les méthodes "
de l’institution scolaire française ? Les élèves " défavorisés " ne serviraient-ils
pas d’alibi pour rendre l’école moins sélective au regard des critères scolaires et,
de ce fait, plus favorable aux héritiers d’un certain vernis social ? "
Elizabeth Altschull, voyage au pays du pédagogisme

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L’E.C.J.S est née, l’école est finie !

Pourquoi le n’importe quoi pédagogique est  tellement plus économique

 

Délicatement décrétée en pleines vacances d’été au BOEN hors série, n°5, du 5 août 1999, l’ECJS (Education Civique Juridique et Sociale) s’est vue imposée en classe de seconde, dès cette rentrée 1999, à des enseignants désemparés face à cette politique du fait accompli dont est tellement coutumier le ministre Allègre avec lequel, pourtant, certains persistent encore à vouloir négocier. Cette néo-discipline qu’est véritablement l’ECJS (telle que le ministère cherche à nous la faire admettre, or on verra en quoi cela est un non-sens doublé d’une arnaque) sera ensuite étendue aux classes de première et de terminale dès la rentrée 2000. Elle affectera plus particulièrement l’Histoire-Géographie, la Philosophie, le Français, les Sciences Economiques et Sociales et, plus généralement en raison même de la nature gestionnaire de sa mise en œuvre, l’ensemble des collègues en postes fixes.

On doit parler au sujet de l’ECJS de néo-discipline sinon de super-discipline pour plusieurs raisons.

La première c’est la création ipso facto d’un GTD ECJS composé exclusivement d’universitaires tous curieusement localisés sur Montpellier (seul un d’entre eux, professeur de classes préparatoires à Montpellier, se trouve être détaché en classe de seconde pour expérimenter le dernier gadget ministériel).

L’autre raison qui fait de l’ECJS une super-discipline c’est son objet ; aucun ! Plus précisément, comme n’a pas pu s’empêcher de l’indiquer le Recteur JM Monteil (http://perso.libertusurf.fr/pythacli/tzr/archives/monteil.htm) lors d’une réunion sur ce thème le 13.10.99, cette " nouvelle  discipline n’a pas de territorialité ".

Pourquoi un tel vide disciplinaire ? Il n’est pas interdit de supposer que, comme pour les parcours diversifiés en collège, L’ECJS doit permettre une supervision comptable grâce à la marginalisation des autres disciplines auxquelles des heures seront prises autoritairement pour ne pas alourdir les horaires des élèves.

L’ECJS prend d’une main à l’élève (de la philosophie, de l’histoire, du français…) ce qu’elle lui redonnera de l’autre sous un autre nom, ce tour de passe-passe ayant pour seule fonction en fait d’ouvrir la " dotation horaire globale " calculée habituellement par discipline et par établissement, à l’interchangeabilité des fonctions pour réduire ainsi la demande en moyens disciplinaires par la création d’un intérim interne, c‘est-à-dire d’un " pool " (comme on dit maintenant dans les rectorats) de salariés volants.

  1. L’ECJS : d’abord une mystification comptable

Le procédé en est simple pour qui veut se donner la peine (et il devient urgent de s’y efforcer). Pour un chef d’établissement, la transdisciplinarité aux soi-disant vertus pédagogiques, c’est avant tout l’opportunité de jongler avec les moyens. Lors de la prochaine " Dotation Horaire Globale ", les heures ECJS retirées sur les diverses disciplines seront affectées à la nouvelle case " ECJS ". Il y aura donc bien d’emblée une perte sèche d’heures pour ces disciplines avec pour conséquence la suppression des blocs de moyens provisoires, voire de demi-postes. La défense prévue par l’administration consistera à dire qu’il n’y a pas de perte d’horaire mais simplement transfert d’heures vers l’ECJS . En réalité, en jouant sur les sous services multipliés par les bouleversements occasionnés par la répartition sur les postes des heures ECJS, les disciplines concernées ne retrouveront pas obligatoirement les heures données à l’ECJS. De fait, on préférera les attribuer d’office aux professeurs mis, par ce procédé habile, en sous service et faire ainsi des économies de postes. En clair, les professeurs de philosophie verront peut-être l’heure de T.L. qu’ils ont donnée à l’ECJS, attribuée à un professeur d’Histoire-Géographie mis en sous-service, tandis qu’eux-mêmes constateront dans leur discipline la transformation d’un demi poste (9 heures) en poste de stagiaire IUFM (potentiel de 6 heures).

Cette " plage horaire " transdisciplinaire permettra ainsi la souplesse nécessaire à la gestion des moyens provisoires et budgétaires, au plus près des variations liées aux fermetures de classes préconisées pour les années à venir. Le même procédé a été utilisé en collège avec les fameux parcours diversifiés : on a bien vu ce qui s’est passé. Inutile de détailler la bagarre à laquelle vont se livrer entre eux les collègues pour récupérer ces fameuses heures, à la fois pour ne pas voir leur discipline disparaître (philosophie, sciences économiques et sociales) mais aussi pour rester dans leur établissement !

En outre, comme l’organisation séquentielle de l’ECJS dépendra essentiellement des établissements eux-mêmes (une heure par semaine pendant trois mois ou bien une heure et demie par semaine pendant deux mois, etc… voir BO, HS n°5), rien n’empêchera de confier ces heures aux T.Z.R sans suppléances. En effet, ceux-ci ne pourront plus avancer l’argument du non-respect de la qualification puisqu’ils seront à ce titre à égalité avec leurs autres collègues en postes fixes. Tous compétents car tous incompétents !

On comprend mieux maintenant pourquoi il est impératif que l’ECJS n’ait pas d’objet disciplinaire (sinon l’actualité et la citoyenneté en général, mais en fait peu importe). C’est tout simplement pour permettre la réalisation du principe comptable à moindre coût " pas de classes sans enseignants " pour la réalisation duquel il a fallu :

  1. casser le statut de l’enseignant en flexibilisant l’anti-statut des TZR
  2. par le biais de l’interdisciplinarité ECJS (puis des TPE), flexibiliser l’enseignement des titulaires de postes fixes en imposant la polyvalence sur horaires partagés à plusieurs collègues, c’est-à-dire l’instauration du " n’importe quoi pédagogique ", donc la marginalisation du recrutement de spécialistes sur lequel reposait le système précédant trop coûteux.

 

b) Désagrégation de la culture et du savoir dans le papotage médiatique

Par l’instauration de l’ECJS ce sont ni plus ni moins nos compétences disciplinaires qui sont menacées dans leur reconnaissance auxquelles on substitue progressivement des " savoir-faire " ou des " compétences " comme pour les élèves. L’essentiel de ce qui a donc fait notre métier et la raison même de notre recrutement en tant que spécialiste d’un domaine de la culture à transmettre impartialement aux générations à venir, se verra définitivement abandonné : le professeur se transforme petit en petit en éducateur spécialisé dans la maintenance de flux lycéens qui eux-mêmes, n’en demanderaient même pas autant, comme l’a très bien compris le démagogique ministre.

En effet la démagogie érigée en politique d’Etat, c’est là tout l’art de la rhétorique ministérielle destinée aux familles via les médias, les associations de parents et les syndicats à la botte : il faut marteler dans les esprits la faillite du système actuel, l’incurie de ses acteurs arc - boutés sur leurs privilèges, l’inadéquation entre les attentes des " usagers " et les exigences archaïques du milieu enseignant (instruire), bref tout ce qu’a pu mettre de populisme dans les esprits la consultation Lycéenne Merieu à laquelle tous les GTD ont participé. Ce faisant, Allègre a préparé les esprits à la médiocratie très économique que l’ECJS instituera dans cette méprisable " école du XXI° siècle " : enseigner moins, exiger moins puisque l’école ne répond plus aux " vraies questions " que se posent " les jeunes " sur la crise des valeurs que traverse la société. Moins de cours exigeants des connaissances et plus de débats d’actualité autrement dit légitimation de l’opinion et des discussions de comptoirs, plus d’interactivité et de communications transdisciplinaires (le recteur Monteil --http://perso.libertusurf.fr/pythacli/tzr/archives/monteil.htm--propose d’ailleurs pour les " occuper ", que les TZR fassent des " conférences " sur de grands thèmes d’actualité, par exemple sur les O.G.M.) prises sur les heures d’enseignements fondamentaux. Voici à titre d’exemple quelques thèmes proposés aux élèves en guise de Philosophie, d’Histoire, de Français, etc… par la note d’accompagnement de la mise en place de l’ECJS selon le GTD ECJS :

Quoiqu’il en soit du débat sur le fond et sur la manière de remplir cette néo-discipline purement formelle car totalement comptable qu’est l’ECJS, on aura compris que le vrai débat ne se situe pas là pour le ministère qui abandonne volontiers cela aux différentes Inspections Pédagogiques Régionales et aux établissements. L’objectif réel est bien plutôt le gain calculé en termes de baisse de l’investissement budgétaire pour le recrutement de professeurs spécialistes, et ce grâce à l’interdisiciplinarité, euphémisme se parant de scientificité uniquement pour ne pas dire le gros mot qui énerve  : polyvalence.

L’ECJS installée c’est donc bien à la culture et à sa transmission démocratique par l’école que le ministère de l’éducation nationale s’en prend. Chaque famille fera désormais en fonction de son propre héritage culturel familial, l’école ne devant plus avoir qu’un rôle d’encadrement sociologique et non plus être une obligation d’Etat pour la formation intellectuelle de la jeunesse. D’où la suppression de la dissertation induite en Français et en Histoire (la philosophie a pu résister pour l’instant malgré les tentatives du GTD actuel) par sa mise en concurrence avec un autre type d’exercice moins exigeant et plus favorable à une notation complaisante pouvant illusionner les familles.

C’est donc en toute logique que le GTD ECJS présente dans sa note d’accompagnement cette néo-discipline comme " un des éléments majeurs de la réforme ". On décode bien mieux aussi l’obsession récurrente des deux derniers rapports ministériels dont l’ECJS est manifestement la clef de voûte.

Par exemple lorsque le rapport Bancel (sur les conditions de travail et de vie des enseignants
--http://perso.libertusurf.fr/pythacli/tzr/archives/bancel.htm--) en mai 99 gravite autour de l’idée " qu’il faut être capable de recomposer les savoirs autour du besoin des élèves par un travail en équipe collectif au sein des établissements ", n’a-t-on pas ce que trois mois plus tard L’ECJS imposera transversalement comme néo-discipline à l’ensemble des personnels ?

De même lorsque le rapport Monteil (réforme de l’IPR et de l’évaluation des enseignants) en Juin 99, destitue les IPR de leur fonction disciplinaire pour les conduire eux aussi à " s’engager plus avant dans leurs relations avec les établissements et dans des actions de nature interdisciplinaire voire pluridisciplinaire " n’est-ce pas à la virgule près ce qu’officialisera un mois plus tard le texte paru au BOEN sur l’ECJS ?

CQFD….

Une seule question se pose maintenant : en tant que professeurs attachés à l’école publique et laïque, exigeante dans ses contenus et généreuse dans la qualité de sa transmission du patrimoine culturel, voulons-nous oui ou non continuer à donner, malgré tout, des chances égales d’accès à une culture authentique qui sélectionnera toujours les différents bacheliers, ou bien, en galvaudant nos pratiques dans le n’importe quoi pédagogique, voulons-nous préparer notre propre fuite dans l’enseignement privé ?

http://perso.libertusurf.fr/pythacli/tzr/archives/bancel.htm

Fabrice Guillaumie, Delphine Guillaumie

Les professeurs du lycée Berthollet
( Nombre de signataires de cette lettre : 97 )

c'est la même que celle d'Allègre

Programmes de math : une évolution dangereuse

Depuis trente ans les programmes de mathématiques ont connu plusieurs changements, dans diverses directions ( illustration humoristique). Pour quels motifs ? Et les élèves ont-ils tiré profit, c'est-à-dire instruction, de ces changements ? Isabelle Voltaire, membre de l'association des professeurs de mathématique de l'enseignement public en France (APMEP), nous livre ici une analyse et un point de vue qui peuvent aisément s'appliquer aussi à la Belgique.

Au début des années 70, la réforme dite des maths modernes avait pour but déclaré de moderniser, avec l'espoir que l'enseignement des structures fondamentales permettrait un gain de temps d'apprentissage, par rapport à la géométrie d'Euclide, et une économie de pensée permettant de mieux synthétiser et transférer vers les autres connaissances scientifiques. Citons André Lichnerowicz, professeur au Collège de France :

 " La mathématique joue un rôle privilégié pour l'intelligence du réel, physique comme social. Elle secrète, par nature, l'économie de pensée et permet par là de classer, de dominer, de synthétiser ". (1)

 Des controverses se sont élevées dès le début de la réforme, des mises en garde contre les illusions sur la possible économie de temps (Bkouche, Thom). L'expérience leur a donné raison.

Mais les modifications qui ont suivi n'ont pas été, malgré l'apparence, un simple abandon de la théorie des ensembles et le retour aux programmes antérieurs, comme on pourrait le croire à la lecture superficielle des programmes. L'enseignement donné aux élèves est moins formateur qu'auparavant.

En contenu proprement dit, voici les modifications :

  1. Disparition (depuis longtemps) de tout enseignement des ensembles et des structures ; diminution de l'algèbre, diminution sévère de la géométrie et sa quasi-disparition du bac, davantage de notions en analyse, développement des statistiques et des probabilités avec un point de vue statistique, mais sans théorie ; réapparition récente en terminale scientifique (17-18 ans) d'un peu d'arithmétique.
  2. Incitation à l'utilisation des calculatrices (2). Les instructions officielles disent bien qu'il faut aussi enseigner le calcul mental, mais les consignes orales incitent les enseignants à y être moins attentifs, et l'on cède à la solution de facilité Le résultat en est une difficulté accrue pour le calcul algébrique, et, paradoxalement peut-être, une plus grande difficulté à saisir intuitivement les notions fondamentales du calcul différentiel.
  3. Démonstrations facultatives. On sait depuis vingt-cinq siècles qu'il n'est pas de voie facile en mathématiques, que la recherche d'une démonstration demande du temps et des efforts, mais que l'on ne peut pas prétendre faire des mathématiques sans cet effort. Il était de coutume traditionnellement que le professeur démontre les théorèmes en cours, par honnêteté intellectuelle, et pour montrer la voie aux élèves. Or, maintenant, les commentaires de programmes laissent le professeur libre de faire les démonstrations ou pas, après avoir dirigé quelques activités préparatoires. Pourquoi ? On devine aisément que, selon la " réceptivité " de la classe, selon le temps qu'il aura fallu pour tenter de rattraper ce que les élèves n'ont pas appris (3), le professeur aura, ou non, la possibilité ­ le temps, le courage face à ce qui est quelquefois une hostilité déclarée - de les faire. Difficile, dans ce cas, d'exiger des élèves qu'ils s'astreignent à des démonstrations. C'est une perte irrémédiable pour la formation de l'esprit.
  4. Exercices moins exigeants. C'est là surtout que se marque la dégradation, dans le niveau des questions posées, et leur présentation, plus ou moins détaillée, ce qui suppose des élèves plus ou moins d'initiative, d'invention, de liberté. On fait facilement l'expérience de cette moindre exigence générale, quand on veut la contrarier en donnant des exercices de livres anciens destinés à des élèves de même âge, ayant suivi en principe le même programme : les élèves réagissent généralement en disant que leurs aînés étaient " beaucoup plus doués " (4). Or, comme nous refusons de croire que les élèves actuels auraient été victimes d'une fâcheuse mutation génétique les empêchant de réfléchir, c'est des consignes officielles qu'ils sont victimes.

 Effort mis sur l'analyse, en compensation de la perte de la géométrie, puis fléchissement.

Pendant la période des maths modernes, l'un des arguments pour l'abandon de la géométrie classique était sa moindre utilité et application dans les autres sciences, alors que l'analyse et l'algèbre linéaire sont des outils très puissants, de la physique à l'économie. D'où la nécessité d'en renforcer l'enseignement. Ce qui a été fait pour l'analyse, mais avec des reflux, plus de propriétés admises, ou sous-entendues.

Le type de problèmes donné ordinairement au bac, très détaillé, ne laissant pas d'initiative aux élèves, a entraîné un perfectionnement rapide des calculatrices (5), actuellement la presque totalité de l'épreuve de math au bac peut être traitée par la machine (sauf le problème de probabilités), en attestent beaucoup de témoignages d'élèves, qui considèrent la chose avec amusement et cynisme. Exemple extrait d'une discussion sur le forum fr.sci.maths :

" Je suis actuellement en Terminale S, et j'utilise à fond ma calculatrice. Les profs sont-ils dupes ? Je m'étonne que ma prof de maths me rende une interro sur les intégrales où j'ai obtenu 20/20 avec des félicitations.
> Tu veux dire que tu ne le méritais pas, en gros.
> Tu es donc un tricheur. Je ne devrais même pas perdre mon temps à te répondre.
Non, je ne le méritais pas. Qui plus est, je suis a priori avantagé par rapport à ceux qui n'ont pas les moyens de se payer une calculatrice de ce type.
Par contre je ne suis pas un tricheur. Les calculatrices de ce type sont autorisées. "

Ce n'est pas du tout le programme d'analyse qu'il faut accuser de cette perversion, car son étude est évidemment nécessaire, ce n'est même pas l'autorisation des calculatrices, c'est le type de problèmes donnés.

Ces programmes dont l'esprit général n'est plus, depuis longtemps, l'ambition de suivre (de loin !) le progrès de la science, cherchent l'adaptation aux difficultés des élèves, non pour les aider à progresser, non pour les instruire dans l'élaboration d'une pensée critique, mais dans le contentement d'une attitude presse-bouton, de consommateur soumis.

Isabelle Voltaire

Notes

1 Les mathématiques et leur enseignement, in Revue de l'enseignement supérieur, n° 46-47, 1969.

2 En France les calculatrices sont autorisées aux examens de l'enseignement secondaire, sans limitation de capacité de mémoire.

3 Conséquences de la massification qui n'est pas la démocratisation, c'est une tromperie.

4 Exemple d'exercices utilisant le théorème de Thalès : dans un triangle coupé par une parallèle à un côté, on connaît 3 longueurs, calculer la 4e longueur formant une proportion avec les 3 premières ; exercice facile. Démontrer que dans un trapèze le point d'intersection des diagonales, celui des côtés obliques, et les milieux des bases, sont alignés, cela demande un peu plus de travail.

5 Marché juteux !

plus de détails sur les nouveaux programmes?
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http://www.multimania.com/sauvezlesmaths/
http://www.sciencesetavenir.com/comprendre/pg75.html

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 TPE extraits commentés d'un compte rendu d'expérimentation

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Dans tous les cas de figure, se pose la question de la circulation des élèves dans l'établissement et de la responsabilité des enseignants. Cette question est récurrente et pose un réel problème aux enseignants.

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Pas de commentaire.

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Exemple de déclinaison par des élèves du thème générique " Temps, rythmes et périodes " en pistes de sujets : Rythme des Travaux Pratiques. Emploi du temps d'un élève.

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Euh, là non plus ; ah si : la recherche, c'est difficile, et le niveau monte.

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Les élèves ont trouvé les ressources documentaires sur Internet, au CDI, dans des encyclopédies et à la bibliothèque municipale, dans des documentations personnelles. Internet est de loin leur première source de recherche, devant le CDI, la bibliothèque municipale ayant été très peu utilisée ainsi que les ressources familiales assez modestes. La surexploitation d'Internet s'explique à la fois par le potentiel magique des ressources disponibles sur les sites, la facilité et la disponibilité de ce type de recherche, la nouveauté de l'outil pour tous les élèves et la non-disponibilité de ce service à domicile pour encore un grand nombre d'entre eux. Cet engouement doit être modulé. Internet est loin encore d'être la panacée. Beaucoup de déception au départ du fait des recherches trop vagues, d'une mauvaise utilisation des moteurs de recherche. Les élèves sont parfois déçus face à l'inadéquation entre les demandes très précises et les réponses partielles que leur proposent les sites. La documentation au CDI apparaît parfois insuffisante lors de demandes multiples, ce point devra être fortement amélioré. Les professeurs sont parfois obligés de mettre leur propre documentation à la disposition des élèves. La reproduction par photo copiage a été utilisée et représente une dérive du dispositif. Si l'utilisation de l'informatique n'a pas posé de problème dans le cadre de l'expérimentation, petit nombre d'élèves, l'inquiétude est grande dans le cadre de la généralisation à toutes les sections de première puis de terminale. Quatre points sont souvent évoqués : le stockage, la confidentialité et le rangement des données ; le nombre d'ordinateurs et de sites accessibles ; la maintenance des sites informatiques ; la fiabilité et la rapidité de l'accès au réseau Internet.

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Vous avez lu en entier ? Vous ne respecterez jamais les nouveaux programmes : autant de lignes d'une traite …

Internet n'est pas la panacée ? Etonnant, on a tant entendu affirmer le contraire … On parle également des documentations personnelles, c'est sans doute la fameuse "égalité des chances pour tous" du gros ignare.

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Deux professeurs ont toujours été présents à chaque intervention c'est à dire quatre heures par semaine, les rares absences exceptionnelles de l'un d'entre eux ayant montré que cette double présence était un gage d'efficacité.

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Pardon ? Quatre heures par semaine ? C'est sans doute la raison pour laquelle l'auteur du rapport nous expliquera qu'il faut généraliser avec deux heures …

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équilibre entre l'autonomie et la guidance des élèves

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Vous voyez bien que c'est de la recherche, on trouve même des mots un peu spéciaux ! Ce sont les jargonautes ?

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D'une façon générale, les élèves ont préféré bénéficier de l'aide des professeurs durant les heures de TPE, ils ont plus volontiers rédigé leur dossier sur ordinateur à d'autres horaires, d'où un accès aux ordinateurs des établissements qui n'a pas toujours été possible. Les élèves ayant un ordinateur personnel étant très avantagés, les autres prenant du retard.

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C'est sans doute encore la fameuse "égalité des chances pour tous" du gros ignare, j'espère que vous remarquerez que je me prépare de mon mieux aux TPE : je viens de faire un copier coller (donc j'ai déjà la moyenne).

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Dans la majorité des cas, les résultats sont meilleurs que les résultats habituels.

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Ca alors ! Qui l'aurait cru ? On se demande bien pourquoi "on" veut nous mettre ça au bac…

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Dans le travail présenté, il a été difficile de dépasser le stade de la recherche d'informations

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Si ce sont eux qui avouent qu'il n'y a guère eu que du copier coller…

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Il a été parfois difficile dans les conditions de l'expérimentation de distinguer réellement le travail personnel de l'élève de celui du groupe.

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Idem : ils avouent eux-mêmes… Ca tourne à la confession.

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Un groupe intitulé " réussite au lycée " composé d'une trentaine de professeurs et piloté par l'inspection pédagogique régionale en collaboration avec les IUFM travaille sur les principales questions méthodologiques et démarches associées qu'entraîne la mise en œuvre des TPE et des nouvelles pratiques qu'ils induisent. Certains professeurs participant à l'expérimentation nationale ont été intégrés et participent aussi à ce groupe. La vocation de ces enseignants sera dès l'an prochain d'être acteur dans le cadre des actions de formation des IUFM.

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Ca, c'est juste pour vous signaler que rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme : un loufiat devient au bout d'un an "modèle pédagogique" et "anime" (le mot est juste, avec l'IUFM) des "stages".

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Les principales difficultés rencontrées sont :

Difficultés d'organisation au niveau de la confection des emplois du temps et de la gestion des lieux d'enseignements,

Difficultés dans le domaine de la concertation nécessaire à tout travail en interdisciplinarité,

Difficultés d'ordre matériel dans le domaine de l'informatique ( disponibilité et quantité) et la nécessité de personnes ressources,

Difficultés d'accès au CDI du fait de son utilisation normale et parfois du manque de ressources bibliographiques.

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Bagatelle…

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Les TPE permettent de briser la vision traditionnelle du cours qui place les enseignants en situation d'acteur unique, celui qui sait, face à un élève passif qui enregistre des connaissances, celui qui ne sait pas. Les TPE sont ici un moyen, pour l'élève de s'approprier son propre savoir, par des recherches actives, l'enseignant se transformant en guide. En ce sens, ils ouvrent aussi un espace de liberté

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Ca nous manquerait, s'il n'y avait pas le jargon usuel habillant la démagogie habituelle … Et n'oubliez pas que si vous guidez un élève, vous êtes en situation de guidance, et il s'approprie son propre savoir ; j'ai comme un doute : a-t-on besoin de s'approprier son propre savoir ?

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Les TPE semblent surtout intéressants au niveau de l'apprentissage, en douceur, des techniques documentaires qui font souvent tant défaut aux étudiants de première année à l'Université. Par les TPE, tous les élèves vont devoir se familiariser avec les encyclopédies, les manuels, Internet. Il est frappant, à l'expérience, des lacunes de méthode des jeunes lycéens qui ne savent pas utiliser une table des matières, un lexique ou tout simplement le classement des ouvrages au CDI ou encore le repérage d'un article dans la presse. Il y a là un travail de fond à réaliser qui est vital pour eux plus tard.

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Bigre, quelle ambition…

c'est la même que celle d'Allègre

 

c'est la même que celle d'Allègre

La démocratisation de l’enseignement : L’exemple parlant de la philosophie.

  

Dans un entretien accordé à la revue "La Recherche" (décembre 1995, page 99), C. Allègre disait : " Il faut pratiquer la stratégie de l'épidémie, procéder à certains changements ponctuels, mais sur des points clefs, et voir comment les choses se passent ". Cette " stratégie de l’épidémie ", est aujourd’hui la stratégie préférée du ministère de l’éducation nationale. Celui-ci préfère disqualifier la résistance motivée des professeurs et des étudiants à ses réformes en lui collant l’étiquette d’inertie " corporative ", qu’il lui faut alors bien contourner en avançant masqué, et en usant donc de méthodes bien peu démocratiques ; dont la stratégie de l’épidémie est le fleuron.

La réforme des programmes de philosophie en classe de terminale en est un bel exemple, qu’il convient de bien analyser pour mettre en lumière toute la cohérence de la politique ministérielle, dans son aspect stratégique comme dans ses visée à long termes, qui correspondent comme on le verra à une démolition programmée de l’accès démocratique à l’enseignement, en remplaçant subrepticement démocratie par démagogie.

 

La première étape est de créer de nouvelles instances, dans lesquelles on place des " hommes de confiance " : ce sont le Comité National des Programmes ainsi que les Groupes de Travail Disciplinaire. Dans le cas de la philosophie, le GTD est constitué d’un petit sérail de familiers organisés autour du maître de cérémonie, A. Renaut : belle pluralité. Le GTD remet son projet de programme à l’examen du CNP, qui comme par hasard est dirigé par L. Ferry, grand ami de A. Renaut, avec lequel il écrit dans le même temps un livre, sur… l’enseignement de la philosophie. Voilà qui commence déjà à ressembler à un coup de force, mais cela n’est encore rien au vu de la suite, inutile de préciser que ce projet est adopté par le CNP.

 

Puis le nouveau programme est publié au B.O., sans prévenir, pendant les vacances d’été (vieille ficelle politique), on organise ensuite une consultation des professeurs qui ne peut être que factice, le texte tenant déjà force de loi.

Mais il faut maintenant s’intéresser au programme lui-même. En amont, l’enseignement de la philosophie tel qu’il était en vigueur avait déjà subit une campagne de dénigrement, de la part de L. Ferry lui-même, basée sur des chiffres très contestables concernants les résultats des élèves au bac. Logiquement, le nouveau programme prétend donc remédier au problème que ces auteurs ont artificiellement mis en avant (quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage) : il s’agit de suffisamment déterminer ce programme, c’est à dire de resserrer et de limiter le champ de réflexion, pour que les élèves puissent obtenir de bonnes notes au bac. Cette finalité peut sembler tout à fait légitime, et elle tend bien sûr à rassurer les élèves comme leurs parents, ce qui est d’ailleurs l’un des buts évidents de la manœuvre. Mais si on réfléchit bien, la philosophie a été instaurée au lycée pour donner aux élèves, en fin de parcours secondaire, l’occasion de réfléchir par eux-mêmes sur l’ensemble de ce qu’ils ont appris. Or, si on regarde de près le nouveau programme, et malgré les dénégations purement rhétoriques du GTD, on s’aperçoit qu’il permet (enfin ! ! !) aux lycéens d’apprendre par cœur une leçon stéréotypée qu’ils pourront restituer telle quelle à l’examen : où est passée la réflexion ? La réponse est que peu importe qu’on fasse encore de la philosophie en terminale, l’important étant que l’on conserve le nom tout en supprimant la chose, jugée trop exigeante pour ces pauvres jeunes (mépris des élèves). Le glissement de la démocratie, qui reposait sur l’autonomie de la pensée, vers la démagogie, est déjà bien visible à ce stade, surtout si l’on considère qu’une bonne part du nouveau programme est constitué d’une sorte de catéchisme laïque dont le seul contenu est une opposition manichéenne entre les politiques antiques et modernes, qui veut persuader l’élève qu’il vit dans le meilleur des mondes. La fonction critique de la philosophie est bien galvaudée, et son rôle démocratique avec, mais qui s’en soucie ?

Et n’oublions pas, encore et toujours, que l’éducation doit être " le grand marché du 21ème siècle " : de là à penser que ce programme est, aussi, fait pour favoriser la vente de produits éducatifs, sur internet de préférence (on pourra vendre non seulement la philosophie étiquetée " 100 % GTD ", mais aussi les machines indispensables pour se connecter), il n’y a qu’un pas (bien sûr, le GTD n’entre sans doute pas dans cette optique, mais il a été mis en place, et orienté, par des politiques qui la revendique ouvertement).

 

Mais revenons à la " stratégie de l’épidémie " : il ne faut pas oublier que ce sont les programmes d’enseignement du secondaire qui déterminent le contenu des concours de recrutement des professeurs, et en particulier le CAPES. Si donc un programme est déterminé, c’est à dire devient suffisamment contraignant pour imposer un contenu précis aux épreuves, les universités devront suivre. Le résultat sera donc une philosophie officielle dispensée à l’identique partout en France, et qui sera la philosophie spontanée de tout les étudiants " formatés " par leurs études. On en doute ? Et bien que l’on se renseigne sur le programme mis en place par Monsieur Renaut dans le cursus de philosophie à Paris IV : ô surprise, mais c’est EXACTEMENT, mot pour mot, notre catéchisme laïque inscrit au programme de terminale ! Encore une fois, peu importe la philosophie et sa liberté de penser, cette discipline, comme bien d’autres, est inutile, donc coûteuse, et n’a pas de rendement social évident : on se souvient des déclarations du ministre Allègre sur l’inutilité de l’ethnologie et des autres disciplines de ce genre. Et tout cela mène donc LOGIQUEMENT à la réforme des universités ! ! !

Car il s’agit bien, dans le même temps que l’on rassure les lycéens et leurs parents en sacrifiant la philosophie sur l’autel de l’opinion, de préparer sa réforme au niveau de l’université. Le raisonnement est simple (voir le rapport Attali)   l'université est coûteuse, et la France n’a pas besoin de départements pointus pour chaque discipline dans toutes les facultés : c’est la doctrine des pôles d’excellence. Il faut donc ne garder que quelques facultés d’élites, spécialisées et en lien avec la recherche, et supprimer les autres facultés, non compétitives. On fera, sans doute, de ces dernières, des cursus amputés, qui ne vont que jusqu’à la licence, et où les étudiants défavorisés pourront ingurgiter le petit bréviaire qui fera d’eux des… professeurs du secondaire ! ! !

 

La boucle est bouclée, la stratégie de l’épidémie est mise en lumière : avec un changement en apparence mineur, celui du programme de philosophie en terminale, on trouve un levier formidable pour amorcer, en douceur, la réforme de l’université, du CAPES, du statut des professeurs. On voit aussi, clairement, que le calcul est budgétaire et politique, il s’agit de faire des économies, et de donner un rendement social à ce qu’on ne peut supprimer.

Quant à l’égalité devant l’école, quant au droit de recevoir un enseignement de philosophie de qualité, au lycée comme à l’université, si on est né au mauvais endroit et si on ne dispose pas des ressources pour y pallier, ils passent à la trappe. La démocratisation va de l’avant, n’en doutons pas…

 

Ne nous trompons pas, la philosophie n’est ici qu’une illustration, et on pourrait en trouver bien d’autres : la stratégie de l’épidémie, autoritaire et pourtant subreptice, est en marche. Et les étudiants peut-être d’abord séduits par un accès en apparence plus aisé à la fonction publique, ne doivent pas se leurrer : il accéderont à un statut brisé et dévalorisé, en passant par un formatage honteux tout au long d’une formation pédagogique décervelante, comme le laisse déjà prévoir le projet de réforme des capes.

 

Blaise Buscail

Professeur de Philosophie

c'est la même que celle d'Allègre

 

SOCIÉTÉ DES AGRÉGÉS

DE L'UNIVERSITÉ

25, rue Descartes 75005 PARIS

Téléphone 01.46,33-00.79

Télécopie 01.43.26.53.17

 

Paris, le 10 avril 2001

 

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

 

Le Conseil d'État a statué, le 6 avril 2001, sur le recours formé, au nom de Madame Geneviève Zehringer, présidente, représentant la Société des agrégés de l'Université, par Maître François-Henri Briard, avocat au Conseil d'État et à la Cour de Cassation, avocat de la Société, contre les arrêtés des 28 juillet et 4 août 1999, par lesquels Monsieur Claude Allègre, alors ministre de l'éducation nationale, avait modifié plusieurs des programmes des classes de seconde, de première et terminale des lycées, et fixé le programme du nouvel enseignement d'" éducation civique, juridique et sociale " instauré en classe de seconde à la rentrée de l'année scolaire 1999-2000.

Le Conseil d'État a considéré " qu'il est constant que, lorsque le Conseil supérieur de l'éducation s'est réuni le 12 juillet à 9 heures pour examiner les projets d'arrêtés contestés, 40 membres de ce conseil étaient présents sur un nombre total de 97 membres ; qu'ainsi le quorum, qui est de 49 membres, n'était pas atteint ; que le président a pris la décision d'adresser une nouvelle convocation aux membres du Conseil supérieur de l'éducation pour le même jour à 10 heures et, à partir de 10 heures, a fait délibérer les participants sur les projets de textes soumis au Conseil ; qu'il résulte cependant de ces circonstances que ces délibérations doivent être regardées comme ayant eu lieu, non au cours d'une deuxième réunion, dispensée de quorum en application des dispositions précitées de l'article 10 du décret du 7 juin 1990, mais lors de la poursuite, après une courte interruption, de la réunion initiale ; qu'à défaut de quorum le Conseil supérieur de l'éducation n'a donc pas valablement siégé et formulé ses avis : qu'ainsi la requérante est fondée à soutenir que les arrêtés attaqués ont été adoptés à la suite d'une procédure irrégulière et doivent en conséquence être annulés ".

Le Conseil d'État a par conséquent annulé dans toutes leurs dispositions les arrêtés ministériels en date des 28 juillet et 4 août 1999.

Le Conseil d'État, par cette importante décision, établit que les enseignements dispensés aux élèves au cours de l'année 1999-2000 étaient privés de tout fondement juridique, et notamment le nouvel enseignement d' " éducation civique, juridique et sociale " créé en classe de seconde à la rentrée de l'année scolaire 1999-2000.

La Société des agrégés souligne que certains des programmes annulés par le Conseil d'État sont toujours en vigueur, d'autres ayant été modifiés dès l'année suivante, ce qui confirme la désinvolture inacceptable avec laquelle a été traitée, au Ministère de l'éducation nationale, la question fondamentale des programmes, qui déterminent le contenu de l'enseignement.

 

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DE L'UNIVERSITÉ

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Télécopie 01.43.26.53.17

 

ÉTAT DES PROGRAMMES APRÈS LA DÉCISION DU CONSEIL D'ÉTAT EN DATE DU 6 avril 2001 (ANNULATION DES TROIS ARRÊTÉS DU 28 juillet 1999 ET DE L'ARRÊTÉ DU 4 août 1999 FIXANT LES NOUVEAUX PROGRAMMES DES LYCÉES).

 

 

CLASSE DE SECONDE GÉNÉRALE ET TECHNOLOGIQUE

 

Pour la classe de seconde générale et technologique, les instructions (données par l'arrêté du 4 août 1999) relatives aux points suivants :

 

 

étaient encore en vigueur lorsque le Conseil d'Etat a décidé leur annulation.

 

En revanche, le nouveau programme de français (arrêté du 4 août 1999) et le nouveau programme d'éducation physique et sportive (arrêté du 4 août 1999) ainsi que le nouveau programme du nouvel enseignement d' " ECJS " (arrêté du 28 juillet 1999) et le nouveau programme des Sciences économiques et sociales et le programme allégé d'histoire-géographie (arrêté du 28 juillet 1999) avaient déjà été réformés par des arrêtés du 31 juillet 2000 (au JO du 20 août et au BO hors-série n' 6 du 31 août 2000).

Etait également encore en vigueur, au moment de leur annulation par le Conseil d'État, le programme de la discipline " Arts : domaine danse " enseignement de détermination et option facultative ", ainsi que les allégements en sciences et techniques médico-sociales, les allégements en sciences et techniques biologiques et para-médicales ainsi que les allégements en techniques des sciences physiques.

 

 

CYCLE TERMINAL

 

Les allégements des programmes d'histoire-géographie pour le cycle terminal de la voie générale du lycée et de la voie technologique du lycée (deux arrêtés du 28 juillet 1999) étaient toujours en vigueur lorsque le Conseil d'Etat les a annulés.

 

Pour information, la Société des agrégés a également déféré à la censure du Conseil d'État l'ensemble des arrêtés publiés en août 2000 pour fixer les nouveaux programmes des lycées.

 

Cette initiative obéit à la même préoccupation : faire en sorte que soit vérifiée par le Conseil d'État la légalité des conditions de publication de ces derniers programmes. Ce recours n'a pas encore été examiné.

 

La Société des agrégés se tient bien entendu à la disposition des associations de professeurs spécialistes qui souhaiteraient se mettre en relation avec elle à propos de la décision du Conseil d'État.