Monde

L’opposition russe encaisse le coup

Plus de 250 personnes ont été interpellées dimanche au cours d’un rassemblement à Moscou contre le retour au Kremlin du président élu Vladimir Poutine.
Plus de 250 personnes ont été interpellées dimanche au cours d’un rassemblement à Moscou contre le retour au Kremlin du président élu Vladimir Poutine. (Denis Sinyakov. Reuters)

Reportage Les anti-Poutine ont relevé la tête hier avec une mobilisation massive à la veille de son investiture.

Par VERONIKA DORMAN correspondante à Moscou

Les troupes antiémeutes ont violemment dispersé une manifestation autorisée dans le centre de Moscou à la veille de l’intronisation du nouveau (et ancien) président Vladimir Poutine. Elles ont aussi interpellé ses têtes de file : le blogueur Alexei Navalny, le leader du Front de gauche Sergueï Oudaltsov, et l’ancien vice-Premier ministre Boris Nemtsov, coupables d’avoir improvisé un sit-in. Le meeting prévu n’a pas eu lieu. Mais la foule ne s’est pas dispersée sous les coups de matraque, malgré près de 250 arrestations (selon la police). Pour la première fois, les Moscovites ont tenu tête aux «hommes en casque». En ce dimanche de pont du 9 mai (fête de la victoire en 1945), l’opposition avait intitulé sa manifestation «la marche des millions», tout en demandant prudemment la permission de faire défiler 5 000 personnes pour protester contre le retour de Poutine pour un troisième mandat.

État de siège. Contre toute attente, alors que le mouvement de contestation semblait s’être essoufflé depuis l’élection présidentielle, plusieurs dizaines de milliers de manifestants (8 000 selon la police, 70 000 selon les organisateurs) ont défilé sur la rue Bolchaïa Iakimanka, en direction de la place Bolotnaïa, devenue un lieu emblématique de rassemblements contre le pouvoir et ses «usurpateurs». Les jeux sont faits, mais les slogans ont retenti avec une force renouvelée qui est peut-être celle du désespoir. «Poutine voleur», «La Russie sans Poutine», «Nous sommes le pouvoir», scandait la foule bariolée. En tête de colonne, les jeunes figures de l’opposition, Alexei Navalny, Sergueï Oudaltsov, Ilya Iachine, Evguenia Tchirikova. Dans le cortège, communistes et anarchistes, extrême gauche et droite ultra, écolos et libéraux, brandissant des étendards rouges, verts, noirs. Mais surtout des milliers de simples citoyens, munis de rubans blancs, parfois de pancartes. «Jamais je n’aurais pensé que tant de personnes sortiraient, avoue la politologue Maria Lipman, du centre Carnegie. Depuis l’élection de Poutine, les gens étaient déçus et perdus, les protestataires ne savaient plus quoi faire.» De fait, le pouvoir est resté parfaitement sourd aux revendications des manifestants, qui demandent la démission du chef de la commission électorale, de nouvelles législatives, la libération des prisonniers politiques, etc. L’opposition n’est pourtant pas parvenue à formuler une feuille de route pour poursuivre la résistance au régime. «Le rassemblement d’aujourd’hui prouve bien que les gens n’ont pas forcément besoin de résultats politiques concrets pour continuer le combat. Cela marque un véritable changement dans l’humeur sociale. Quoi qu’on en dise, et quoi qu’en pense le pouvoir, une partie de la société ne retombera plus jamais dans l’apathie d’avant. Le gouvernement va devoir commencer à rendre des comptes», analyse l’experte du Carnegie.

Le pouvoir a pris des mesures radicales pour sécuriser le centre de la capitale à la veille de la fête présidentielle et des célébrations du 9 mai. Depuis plusieurs jours, Moscou est en état de siège. Aux quatre coins du Kremlin, des grues percent le ciel pour permettre à six chaînes de télévision de diffuser, en direct et à 360 degrés, l’entrée de Poutine ce lundi dans le palais présidentiel. Qui plus est, en prévision du défilé du 9 mai, des chars sont garés tout autour de la place Rouge. «Le nombre de policiers et de soldats mobilisés pour contrôler notre manifestation prouve que le pouvoir sait bien qu’il usurpe sa place, et qu’il nous craint plus qu’il ne veut l’admettre», lançait Ilya Iachine, alors que commençaient les premiers affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants. Fumigènes, morceaux de bitume, bouteilles d’eau volaient en direction des cordons de sécurité. Les policiers n’hésitaient pas à fendre la foule, traînant les gens par terre en leur tordant les bras.

Timbre. Pendant ce temps, à quelques centaines de mètres de là, au Kremlin, on finalise les préparatifs pour l’intronisation de Poutine : 2 000 invités, toutes les salles d’apparat ouvertes, bénédiction par le patriarche Kirill… La Poste russe a même imprimé un timbre commémoratif. Vladimir Poutine revient au Kremlin dans un climat de mécontentement politique qu’il n’a jamais connu depuis son accession au pouvoir en 2000. Pourtant, depuis le début de la contestation, l’homme fort de Russie s’obstine à la minimiser, en soulignant l’inconsistance de l’opposition et l’absence de figures politique qui pourraient le défier. Dans les rangs des opposants, on ne doute pas que le régime se durcira avec le retour de celui qui n’a jamais réellement quitté le pouvoir. Sans jamais céder face à la critique et à la contestation démocratique, et n’envisageant pour l’heure aucune réforme dans ce sens, Poutine a annoncé pour son mandat (qui n’est peut-être pas le dernier) des mesures qui devraient lui conserver le soutien de la moitié de la population russe : hausses de salaires des enseignants et médecins, aides sociales, programme de réarmement de 590 milliards d’euros d’ici à 2020, augmentation considérable de la solde des militaires… Comme un pied de nez aux manifestants, le président sortant et nouveau Premier ministre, Dmitri Medvedev, a même décoré le chef de la commission électorale, Vladimir Tchourov, pour bons et loyaux services.

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lundi 7 mai 2012

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