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Du Grain à moudre | 07-08

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du lundi au jeudi de 18h20 à 19h

Les langues régionales doivent-elles s'inscrire dans la Constitution ?

23.06.2008 - 18:20

Le 22 mai, l'Assemblée nationale a introduit la reconnaissance des langues régionales dans le projet de réforme de la Constitution. Le 18 juin, le Sénat a supprimé cet article à une large majorité. Entre temps l'Académie française a fait savoir officiellement qu'elle estimait que les députés avaient voté un texte «dont les conséquences portaient atteinte à l'identité nationale». Et elle a demandé son retrait estimant que qu'il « n'avait pas sa place dans la Constitution». Pourtant l'ajout avait été bien prudent, et chaque mot pesé : le terme de «reconnaissance» des langues régionales, par exemple avait été soigneusement évité. Selon le président de la commission des lois à l'Assemblée, Jean-Luc Warsmann, qui a déposé l'amendement, ce dernier ne créait pas de droits nouveaux : il n'autoriserait pas les citoyens à «exiger la traduction des documents administratifs» ; les langues régionales restaient donc d'usage privé. Mais les académiciens et les sénateurs mènent en vérité un autre combat : derrière cet article, se cache la ratification de la Charte sur les langues régionales et minoritaires, ratification à laquelle s'était opposé le Conseil constitutionnel en 1999. Selon l'interprétation des Sages, son contenu portait atteinte à l'indivisibilité de la République et à l'égalité devant la loi, car il conférait des droits spécifiques à des groupes de locuteurs. Dans ce contexte, la modification de l'article 1 de notre Constitution est assimilée à un préalable qui augure d'une future ratification. Nous voilà revenu une dizaine d'années en arrière. A ce détail près que nos députés ont voté, cette fois, comme un seul homme pour l'inscription des langues régionales - ce qui est relativement surprenant : ne nous avait-on pas dit que seul le français était capable de dire la République et ses valeurs, et que lui seul méritait de figurer dans la Constitution ? Alors, quel sens donner à ce retournement ? Est-ce un appel du pied aux mouvements régionalistes ? une façon de mettre en sourdine notre jacobinisme mal vu de nos voisins quand la France va prendre la présidence de l'Union européenne ?

Invité(s) :
Françoise Morvan
Yvonne Bollmann
Didier Bérhault
Jean Haritschelhar

Thème(s) : Idées