DRH et salariés dans l’ère des « réseaux sociaux »

Les directions de ressources humaines (DRH) et les salariés ne semblent pas avancer au même rythme en matière d'utilisation des réseaux sociaux à des fins professionnelles, selon une enquête publiée le 5 avril.

Réalisée via Internet par l'institut Novamétrie pour l'Association nationale des DRH (ANDRH) du 2 février au 22 mars 2011 auprès de 122 DRH d'entreprises de toutes tailles et tous secteurs, et d'un échantillon représentatif de 1000 salariés, cette enquête révèle que 75% des salariés français sont présents sur les réseaux à vocation personnelle (Facebook, etc.) et 37% sur les réseaux à vocation professionnelle, 64% utilisant par ailleurs des réseaux internes à leur entreprise (intranet, blog...). Ils se connectent au moins une fois par jour pour 66% d'entre eux sur les premiers, pour 37% sur les seconds et pour 66% également sur les derniers. 54% jugent "important" ces usages dans le cadre de leur activité professionnelle. 72% des usagers des réseaux sociaux sont membres d'une communauté ; 39% y parlent de leur entreprise, de façon positive pour l'écrasante majorité d'entre eux (c'est du moins ce qu'ils affirment...). Mais 37% admettent avoir, sur les réseaux sociaux, "critiqué une entreprise ayant mal agi à mes yeux", 26% avoir émis des doutes sur une entreprise dans le cadre d'une recherche d'emploi, 25% avoir diffusé des informations sur leur "mise au placard" ou sur leur licenciement, 19% avoir "critiqué la DRH", et même 17% avoir "échanger avec des concurrents au sujet de projets en cours" ! 67% d'entre eux signalent d'ailleurs l'inexistence d'une "charte d'utilisation des réseaux sociaux" au sein de l'entreprise...

De l'autre côté de la barrière, cet usage massif ne semble en effet pas susciter un intérêt - ou une attention - de même niveau. 55% des DRH admettent que leur entreprise n'a pas engagé de réflexion sur l'usage professionnel des réseaux sociaux (un constat confirmé par 58% des salariés), 9% seulement qu'un programme en ce sens a été mis en oeuvre. Alors que 27% des salariés estiment que les réseaux sociaux peuvent représenter un apport marketing et commercial pour une entreprise, et même stratégique pour 17% d'entre eux, ces convictions ne sont partagées que par respectivement 14% et 5% des DRH. Ceux-ci admettent d'ailleurs n'avoir pas intégré les réseaux sociaux dans leur stratégie (69%), ni même dans leurs pratiques (61%). Et 69% d'entre eux n'ont pris aucune mesure pour gérer le "risque d'image" que peut représenter  pour l'entreprise l'usage des réseaux sociaux.

En revanche, les salariés estiment "assez" ou "tout à fait" que les réseaux sociaux constituent des outils pour chercher un emploi à l'extérieur (75%) ou en interne (65%) ou même pour accroître la fidélité à l'entreprise (68%). Alors que les DRH y voient d'abord un outil d'information (92%), de mise en relation (76%), d'attractivité pour "les jeunes" (77%), avant qu'ils ne soient des outils de construction d'espaces collaboratifs (69%) ou de communautés (64%), et qu'une minorité seulement partagent l'opinon qu'ils puissent "réinventer la relation à l'entreprise" (46%), "renforcer la solidarité d'équipe" (26%), "augmenter le niveau d'engagement des collaborateurs" (26%), "fidéliser les collaborateurs" (25%).

La question reste cependant de savoir si, en la matière, les DRH font preuve de plus conservatisme ou de plus de...clairvoyance que leurs salariés. Car il n'est pas certain que les réseaux sociaux puissent susciter comme par magie la transformation des entreprises en "communautés d'amis"...

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Un commentaire à DRH et salariés dans l’ère des « réseaux sociaux »

  1. Il est clair que le gap est énorme entre l’utilisation des salariés et celui de la direction et notamment de la DRH…

    Néanmoins, on ne peut que constater que les réseaux sociaux bouleversent les habitudes et répondent à un besoin de travail COLLABORATIF et à la nécessité de s’exprimer, ce qui interroge ensuite sur les leviers de motivations et sur les nouveaux modèles de leadership.

    Il pourrait être nécessaire d’identifier ces dynamiques informelles qui se mettent en place dans les échanges à l’intérieur des réseaux sociaux et d’en évaluer l’impact sur les performances individuelles et collectives…

    Autre question en suspens : la rétention des talents à l’ère de la visibilité numérique!

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