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actu-match | mercredi 22 août 2012

La véritable histoire d'"A perdre la raison"

La véritable histoire d'"A perdre la raison"

Le 19 décembre 2008, au palais de justice de Nivelles. Au premier plan, une photographie des enfants de l'accusée | Photo REUTERS

L’histoire de Geneviève Lhermitte, condamnée en 2008 pour le meurtre de ses cinq enfants en Belgique, a inspiré le réalisateur Joachim Lafosse. Retour sur un tragique fait divers.

Une maison de ville mitoyenne grise à Nivelles. D’un gris sombre. Une ombre macabre plane sur cette bâtisse depuis ce tragique 28 février 2007. Entre ces murs, Geneviève Lhermitte a tué ses cinq enfants. Son mari l’a mise en vente l’hiver dernier. Il craignait qu’elle ne serve de décor au film de Joachim Lafosse «A perdre la raison». Le cinéaste a réalisé une adaptation libre de ce quintuple infanticide qui a bouleversé la Belgique. «"A perdre la raison" est un naufrage familial et nous pensions à "Titanic" pour la structure du scénario», a-t-il confié à ParisMatch.com.

Avant la fiction s’écrit la réalité. Geneviève Lhermitte a rencontré Bouchaïb Moqadem sur les bancs de l'école en 1990. Ils se marient quelques mois plus tard, à l’automne. Le 13 août 1992 naît Yasmine. La famille s’agrandit avec l’arrivée de Nora, Myriam, Mina et Medhi. Cinq enfants brillants, parfaitement intégrés. Femme au foyer, Geneviève leur consacre sa vie. Le couple emménage au rez-de-chaussée d'un pavillon rue Berkendael, chez le Dr Michel Schaar, qui reste au deuxième étage. Ce dernier est le père adoptif de Bouchaïb Moqadem -son grand frère l'avait confié au médecin pour qu’il puisse faire des études.

Dépressive, la mère de famille confie sa souffrance à un psychiatre. Contrainte d’abandonner son métier d’enseignante, elle vit recluse depuis son mariage, voit ses proches en cachette. La veille du drame, elle témoigne de son mal-être à son amie Valérie, qui lui conseille de parler avec son mari, en voyage au Maroc depuis un mois. Une discussion qui soulage Geneviève. Mais au lendemain matin, cette douce quiétude a disparu.

«J’ai pris la décision de partir avec mes enfants pour toujours»

Ce mercredi-là sera le dernier. Après avoir préparé le déjeuner des enfants, elle rédige deux lettres. L’une contenant des bijoux, l’autre s’adressant à Valérie. Elle veut que son amie se partage ces biens avec ses deux sœurs. «Il n’y a pas de solution au problème. J’ai pris la décision de partir avec mes enfants, très loin et pour toujours. Michel Schaar est un salopard qui m’a pourri la vie, volé mon intimité avec mes enfants et mon mari. Je suis partie de chez mes parents, d’un enfer pour tomber dans un autres.»

Elle avait confié à son psychiatre nourrir une troublante passion pour les armes blanches. Le docteur Veldekens la suit depuis quatre ans. Après avoir déposé les lettres, elle achète deux couteaux de boucher au supermarché. «Avec les médicaments j’avais peur que si ça ne marche pas, ils restent handicapés, expliquera-t-elle. Avec le couteau, c’était radical». Les enfants sont réunis dans le salon. Ils regardent le troisième épisode de la saga «Spy Kids».

Après s’être regardée dans la glace, Geneviève bascule dans l’horreur. Elle piège Mina, la cadette âgée de 8 ans. Elle l’entraîne dans une chambre du premier étage, lui serre le cou. Elle lui susurre des mots doux à l’oreille avant de l’égorger. Puis la mère appelle Medhi. Assis sur le bord du lit, le petit garçon de 4 ans subit le même sort. Geneviève dit à Myriam qu’une surprise l’attend dans le bureau. Elle bande les yeux de la fillette de 9 ans, la fait assoir sur une chaise, et lui fracasse une plaque de marbre sur la tête.

Elle n'a pas réussi à mourrir

Encore consciente, à terre, l’enfant supplie sa mère d’arrêter. Mais il est trop tard. La quadragénaire, «prise dans un étau», lui tranche la gorge. Le sang macule les murs, le plafond. Elle monte au deuxième étage et réclame Nora, 12 ans. Elle lui demande pardon et place le couteau sur son cou. Suivent de longues minutes de lutte. L’adolescente est morte. Avec son sang, Geneviève écrit sur la glace un message, des lettres incompréhensibles. Elle regagne le bureau. Prétextant une surprise de ses frères et sœurs, elle attaque Myriam. La jeune fille lutte plus de dix minutes, s’agrippe à la lame, les mains ensanglantées. De multiples coups de couteau seront retrouvés sur sa dépouille.

Bouchaib Moqadem, ex-époux de l'accusée, au premier jour du procès. Ce marocain d'origine s'est remarié avec un docteur en droit, Asmae Beldie, en février 2010, à Etterbeek. Ils sont parents d'une petite fille née au printemps dernier (Photo: Reuters)

Traînant les corps jusque dans leurs chambres. «J’ai mis les enfants sur leur lit pour qu’ils puissent partir, comme s’il étaient endormis», dira-t-elle. L’épouse de Bouchaïb Moqadem s’enfonce dans le cœur l’arme du crime. Mais le poignard n’a pas touché l’organe vital. Réveillée par la douleur après un long moment d’absence, elle réalise avoir commis l’irréparable. A 14h40, selon l’acte d’accusation, Geneviève Lhermitte appelle les secours: «J’ai fait quelque chose de très grave, j’ai tué mes enfants. J’ai voulu me suicider mais je n’y arrive pas. Je veux mourir.»

Le procès de la meurtrière s’est ouvert le 8 décembre 2008 devant la cour d'assises du Brabant wallon. «J'ai agi à l'opposé de ce que je pensais. C'est avec beaucoup de violences que j'ai fait cela, avec beaucoup de cruauté. Ils ont dû avoir mal. Ils ont dû se dire "qu'est-ce que maman fait?", a-t-elle dit en larmes. A ce moment, je ne voulais pas leur faire de mal.» Les enfants ont été enterrés à Agadir. «Tout mon bonheur de Belgique, il est enterré ici», a confié le père éploré dans un reportage pour RTBF. Geneviève a été condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité. Elle purge sa peine à la prison de Forest, section Berkendael. Du même nom que son ancienne rue.

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Vos commentaires

10 Réactions

  • Tristesse et ce foutu mari s'est remis au point d'etre capable d'avoir un autre enfant avec une autre. Il ne fait pas de cauchemard lui?

    jacy - dimanche 06 janvier 2013 à 19:06 Signalez un abus

  • Tristesse J'ai vu le film hier soir et depuis je n'arrive pas à oublier cette femme et tout ce qu'elle a subi comme humiliation morale de la part de son mari et du docteur chez qui elle résidait.Il est vrai que c'est ces deux personnes qu'elle aurait dû supprimer vu qu'ellles étaient la cause de ses maux mais on ne peut pas se mettre à sa place. Survivre à un tel drame est sans doute pire que tout.

    mamisol - vendredi 14 décembre 2012 à 12:36 Signalez un abus

  • Je ne m'y attendais pas ! J'ai regardé ce film hier soir : Choc ! C'est une lente et douloureuse descente aux enfers. Je ne m'attendais pas du tout à ça en fait, je pensais qu'il allait y avoir un accident de voiture où l'assassinat du Dr mais pas à ça !Bref, encore sous le choc, je me suis réveillé ce matin et suis tout de suite allé me renseigner sur les faits réels qui ont inspiré l'histoire ...

    Karasu - jeudi 06 décembre 2012 à 11:11 Signalez un abus

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