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Faut-il bannir l'huile de palme de l'alimentation ?

2 546 lectures / 13 commentaires20 décembre 2012, 16 h 16

Bannir l'huile de palme de l'alimentation ? Pas si simple ! D'abord parce que les produits de substitution, prétendument meilleurs pour la santé, font défaut sur le marché ou n'offrent pas les mêmes qualités technologiques. Ensuite, parce que les conséquences sur l'environnement d'autres cultures pourraient être tout aussi néfastes. Et si la véritable solution se trouvait à la fois dans l'huile de palme « certifiée » - la CSPO, trop peu connue - et dans l'amélioration volontaire du contenu de nos assiettes ?

Depuis trois à quatre ans, ce n'est plus une simple volée de critiques, mais un véritable tir de barrage qui s'exerce à l'encontre de l'huile de palme. Le numéro 1 mondial de l'huile végétale (devant le soja et, surtout, le colza et le tournesol) est en effet accusé de tous les maux, tant environnementaux (déforestation, émissions de gaz à effet de serre) que liés à la santé (abondance d'acide gras saturés contribuant aux maladies cardiovasculaires), voire sociaux (déstabilisation de la petite paysannerie, surtout en Asie). Des critiques justifiées ? En grande partie, oui. Mais de là à résoudre les problèmes par le boycott pur et simple du produit, il y a un pas. Qu'un nombre croissant d'acteurs - y compris les organisations de consommateurs - ne sont plus forcément prêts à accomplir.

Y a-t-il des alternatives ? Avec son équipe, Marianne Sindic, responsable du Laboratoire Qualité et Sécurité des Produits Agro-alimentaires de Gembloux Agro-Bio Tech Université de Liège, s'est jetée au cœur de la polémique. "Dans le cadre du projet européen Interreg IV « Nutrisens », nous nous sommes attelés à une étude située au carrefour de plusieurs disciplines (technologie, nutrition, socio-économie, sécurité alimentaire, qualité sensorielle, etc.) Il s'agissait en fait de répondre aux interrogations des entreprises agro-alimentaires confrontées - souvent assez brutalement - aux exigences des distributeurs désireux de réduire sensiblement le recours à l'huile de palme, voire de s'en passer totalement. Ce glissement était-il bien réaliste sur le plan technique ? Le bénéfice environnemental était-il réel ? Qui, finalement, voulait quoi dans ce domaine ? Le consommateur était-il correctement informé ? Autant de questions auxquelles nous avons tenté de trouver une réponse."[1]

Attitudes plus nuancées

Les chercheurs du Laboratoire se sont intéressés aux alternatives proposées par les industriels, mais aussi aux représentations véhiculées par les distributeurs et les consommateurs. "Au plus fort de la tempête médiatique déclenchée autour du palme, c'est-à-dire vers 2009/2010, les exigences de la grande distribution envers leurs fournisseur étaient assez radicales, rappelle Sophie Delacharlerie, coordinatrice de l'étude : elles visaient la suppression totale de l'huile de palme. Mais, aujourd'hui, on voit apparaître des attitudes plus nuancées". Ce retournement s'explique assez aisément : les contraintes technologiques liées à la substitution de l'huile de palme sont énormes. On ne peut pas, en effet, remplacer cette graisse par d'autres matières grasses tout en assurant aux produits finis une qualité organoleptique - goût, odeur, texture, aspect, etc.- parfaitement identique aux produits actuels. Car si l'huile de palme s'est hissée à un tel niveau de succès depuis tant d'années (sa production a décuplé en trente ans), ce n'est pas par hasard ! Le palmier à huile, en effet, n'offre pas seulement un rendement dix fois supérieur à celui du colza (soit une moyenne de 4 tonnes à l'hectare et jusqu'à 6, voire 8 tonnes). Il permet aussi d'obtenir une huile quasiment idéale puisqu'en plus de présenter une bonne stabilité à l'oxydation (elle se conserve donc très bien) et une bonne plasticité, elle se prête à une grande polyvalence, servant à la fois d'huile de table ou d'huile de friture mais également d'ingrédient commode pour mille applications : boulangerie, pâtisserie, pâte à tartiner, plats préparés, etc.

Autant dire que, malgré son défaut nutritionnel majeur (sa richesse en acides gras saturés augmente sensiblement le risque de maladies cardio-vasculaires), un tel produit miracle ne se remplace pas aisément. Voyons quelques-unes des principales alternatives. Avoir recours à d'autres huiles végétales ? Parfois, c'est possible mais, pour une majorité d'applications, la fraction solide de l'huile de palme est indispensable. En outre, malgré ses impacts négatifs en termes de déforestation, le palmier à huile exige souvent moins de pesticides et de fertilisants que d'autres cultures plus ou moins proches (colza, soja...). Avoir recours à des matières grasses animales (laitières)? Les qualités sensorielles du produit fini seraient modifiées, sans parler d'une conservation plus aléatoire. Sur le plan nutritionnel, l'inconvénient serait identique à la situation actuelle: les matières animales contiennent, elles aussi, des acides gras saturés[2]. Troisième voie possible: utiliser des matières grasses hydrogénées. Un tel scénario reviendrait à effectuer une volte-face radicale : riches en acides gras trans, hautement préjudiciables à la santé, ces graisses hydrogénées ont été en bonne partie bannies par les distributeurs sous la pression des consommateurs. De plus, les surfaces à cultiver dans ce cas (colza, soja, etc.) seraient sensiblement augmentées, au détriment des écosystèmes naturels.

Réduire toutes les matières grasses

La conclusion saute aux yeux : quelle que soit la manière d'aborder le problème, il faut réduire la consommation des matières grasses. De toutes les matières grasses. "Ce n'est pas seulement l'huile de palme qu'il faut réduire, mais l'ensemble des produits transformés, qui contiennent de grandes quantités de matières grasses, et notamment de graisses saturées, précise Sophie Delacharlerie. Le consommateur ne peut pas réclamer la fin de l'huile de palme au nom d'une série de principes généreux tout en continuant, parallèlement, à utiliser régulièrement des préparations alimentaires sophistiquées ou des pâtes à tartiner chocolatées. Un effort d'éducation et de sensibilisation s'avère primordial".

Or, c'est là que le bât blesse. En interrogeant en face à face 210 consommateurs choisis au hasard dans 7 grandes villes belges, les chercheurs du Laboratoire Qualité et Sécurité des Produits Agro-alimentaires ont fait la découverte suivante : si 32 % des personnes interrogées se sont montrées méfiantes envers les matières grasses saturées et hydrogénées pour des raisons de santé, pas loin de la moitié de celles-ci fondaient leur raisonnement sur des argumentations scientifiquement erronées. Le plus surprenant est que ce constat ne concerne pas uniquement le « grand public », mais aussi des cercles jugés a priori plus « avertis ». L'équipe de Marianne Sindic s'est en effet intéressée également aux connaissances de 35 personnes dotées d'un profil de chercheur ou d'étudiant dans les champs de la chimie, la biologie, l'agronomie, etc. Si, parmi ce groupe, l'enjeu environnemental de la culture du palmier est mieux appréhendé que par le public « tout venant », les aspects nutritionnels ne semblent pas mieux maîtrisés pour autant : le tiers des raisonnements invoqués en matière nutritionnelle par ce public plus « scientifique » s'est avéré erroné. "Il semble qu'au supermarché, scientifiques ou pas, nous sommes tous avant tout des consommateurs, explique Sophie Delacharlerie. A ce titre, nous sommes influencés par une somme d'informations publicitaires ou médiatiques orientées en tous sens. Au moment de l'achat, le prix et les qualités organoleptiques restent des facteurs déterminants".

Une huile de palme certifiée

Cette imprécision, voire cette méconnaissance, porte aussi sur une facette méconnue de la « question » huile de palme : le CSPO. Or cet aspect pourrait constituer une des principales voies de salut face aux difficultés évoquées. Le CSPO (« Certified Sustainable Palm Oil ») est l'huile de palme certifiée durable. Commercialisée depuis 2008, cette huile provient de palmiers cultivés dans le respect de 8 principes et 39 critères mis au point par tous les acteurs de la filière, mais aussi par des organismes financiers et des ONG (et non des moindres : WWF, Oxfam, etc.). Ces lignes directrices ne visent pas seulement à freiner voire empêcher la déforestation et les émissions de gaz à effet de serre. Elles ont également pour ambition d'assurer des revenus décents aux cultivateurs et de développer le respect de leurs droits sociaux.

A l'heure actuelle, seuls 4 à 5 % de l'huile de palme produite à l'échelle de la planète respectent les critères CSPO, mis au point par la RSPO (Roundtable for Sustainable Palm Oil, Table ronde sur l'huile de palme durable). C'est encore peu, notamment en raison de la jeunesse de l'initiative et du laps de temps nécessaire (quatre ans) avant que les premières plantations certifiées produisent leurs fruits. Sophie Delacharlerie et Marianne Sindic notent, cependant, que 5 des 6 grands distributeurs belges et français contactés par leurs soins considèrent aujourd'hui cette huile durable comme une alternative acceptable du point de vue environnemental.

Voilà qui est encourageant. Là aussi, néanmoins, il semble y avoir un déficit d'informations du côté du consommateur. Ainsi, si une personne sur trois consultées par les chercheuses dans le groupe « tout public » se montre favorable au principe d'une huile durable, seuls 7 répondants sur 210 connaissent réellement l'huile labellisée CSPO ! Quant au public « scientifique » interrogé, seuls 2 répondants sur 35 déclarent connaître le CSPO. Et... aucun n'a reconnu le logo, ce qui est d'autant plus criant que la plupart des sondés connaissent le label FSC (Forest Steward Council), apposé sur les produits dérivés du bois et philosophiquement assez proche.

"Bien plus qu'un boycott de l'huile de palme, la CSPO – ou un système équivalent – semble à l'heure actuelle la meilleure voie possible pour promouvoir la durabilité de la filière huile de palme, commente Marianne Sindic. Mais il manque une communication volontariste sur ce type d'alternative". Cet effort de promotion s'annonce délicat, car la filière CSPO est actuellement soumise à un paradoxe : alors qu'il n'y a évidemment pas assez d'huile certifiée sur le marché mondial pour répondre ne fût-ce qu'à la demande des producteurs agroalimentaires européens (dans l'hypothèse où ceux-ci y auraient recours pour l'intégralité de leurs produits), l'huile CSPO actuellement disponible ne trouve pas acquéreur. En 2010, par exemple, moins de la moitié de l'huile certifiée selon cette méthodologie a pu être écoulée. Si une certaine spéculation peut expliquer ce paradoxe, il est un autre facteur permettant de comprendre la lenteur du développement de l'huile certifiée : en proposant plusieurs niveaux de certification - donc de garanties - aux consommateurs, la RSPO pèche par manque de transparence et de lisibilité. Et cela, les ONG les plus critiques ne se privent pas de le dénoncer.

Ainsi, le niveau le moins exigeant proposé par la RSPO - le « Book and Claim », basé sur un système de certificats - permet à l'entreprise de mentionner sa participation au système d'huile durable certifiée, alors qu'en réalité une partie (parfois très importante) de ses produits contient de l'huile de palme classique ! A l'inverse, le niveau d'exigence le plus élevé  - dit « Segregated » - constitue vraiment, lui, une filière totalement indépendante, reposant sur la traçabilité intégrale et un contrôle sophistiqué. « Pour le consommateur, cette lecture à plusieurs niveaux de la filière CSPO est source de confusion voire de discrédit, fait remarquer Sophie Delacharlerie. Il y a un besoin évident de transparence sur les critères fixés, mais aussi sur les contrôles effectués et les résultats obtenus ». 

Pas d'angélisme prématuré envers le CSPO, donc. Les chercheuses gembloutoises rappellent également que, même si cette voie semble le meilleur moyen pour établir la durabilité environnementale et sociale de l'huile de palme, elle ne résout aucun des problèmes nutritionnels. Et que sur le plan macroéconomique, l'Europe et les Etats-Unis représentent, à eux deux, à peine 25 % de la consommation mondiale d'huile de palme, le marché asiatique étant à ce stade peu sensible aux arguments « durables » (NDLR : à l'instar du bois tropical labellisé). Mais sans doute faut-il un début à tout… « Plus le label CSPO sera connu, plus la demande d'huile certifiée sera forte ; et plus la pression du marché s'exercera en faveur de plantations respectueuses de l'environnement et des paysans », commente Sophie Delacharlerie. 

Si une plus grande transparence est assurée, on peut raisonnablement espérer que le consommateur acceptera de payer son huile de palme un peu plus cher. Mais à lui, également, d'accepter que certains produits de son caddie subissent une légère évolution de goût ou d'aspect lorsque d'autres matières grasses ou d'autres combinaisons de celles-ci sont utilisées[3]. Après tout, ce serait tout bénéfice pour sa santé. Quant à l'industrie, estiment les chercheuses, elle devrait elle aussi mettre la main à la pâte et arrêter de se retrancher derrière l'argument « c'est le consommateur qui nous dicte ses choix ». « Elle a, elle aussi, une part de responsabilité sur les choix du plus grand nombre, par exemple lorsqu'elle met sur le marché des produits douteux sur le plan nutritionnel, sans réflexion à long terme sur les maladies de civilisation telles l'obésité ».

Notes

  1. Voir par exemple « Polémique autour de l'huile de palme: Instantanés d'un secteur en crise. » Disponible sur ORBI
  2. Certaines études livrent toutefois, aujourd'hui, des résultats plus indulgents à l'égard de certains profils d'acides gras. Ce qui a permis à leurs auteurs, par exemple, de réhabiliter le beurre.
  3. Actuellement, les producteurs ne sont pas tenus d'afficher sur leurs produits la nature exacte de la (les) matière(s) grasse(s) végétale(s) utilisée(s). Ils y seront obligés dès 2014 à la suite de l'entrée en vigueur d'un règlement européen. L'étiquetage nutritionnel portera également sur la teneur exacte en acides gras saturés.

Auteur

Université de Liège

Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de notre-planete.info

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13 commentaires

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avatar Jean Weber -

Le vrai scandale est la vente de bois de forêts vierges sans distinctions d'espèces sous la dénomination de « bankirai » « keruing » dans nos supermarchés (Casto, Leroy-Merlin, brico-dépôts…) alors que plus de 95 % de ces espèces sont en danger critique d'extinction.

Qu'une plantation d'huile de palme soit durable ou non, qu'elle existe ou non, qu'est ce que cela peut bien faire si la forêt vierge où elle a été établie a été complètement rasée et les espèces perdues pour toujours? Par quelle logique demandons-nous de l'huile RSPO (une nouvelle plantation depuis 2005 ne doit pas remplacer une forêt primaire) alors que nous vendons par ailleurs le bois des forêts vierges sans aucune distinction ? C'est à en rire ou à en pleurer ?

Un autre scandale est la plantation de palmier sur de la tourbe drainée. Le drainage de cette tourbe émet l'équivalent de 8% du CO2 mondial produit par la combustion des énergies fossiles.

Une même famille d'investisseurs ou même nos propres banques peuvent parfaitement financer plusieurs entreprises de plantations. L'une vend de l'huile certifiée de production durable en Europe et l'autre de l'huile produit à partir de palmiers plantés sur tourbière ou sur des réserves de forêts vierges rasées en Chine, en Inde ou sur le marché local. Le bois issus des forêts vierges étant vendu sans problèmes en France. L'histoire c'est de mettre le bon tampon sur le bon document. Pour le reste c'est « business as usual ».

avatar Strange -

Jean je suis complètement d'accord sur cet aspect du problème pour le reste il faut juste informé les consommateurs quand les produits contiennent de l'huile de palme, les consommateurs ont été suffisamment informés ils ont leur libre arbitre et surtout que l'on vienne pas dire que c'est une question de moyens car il existe une pâte à tartiner vendue en super marché qui ne contient pas d'huile de palme !

avatar Strange -

Jean un sujet vu hier soir sur Envoyé Spécial : une forêt grecque cédée pour un euro symbolique qui va être détruite par une entreprise privée canadienne pour l'exploitation des sols qui regorgent de cuivre. Le représentant de la société Eldorado Gold n'a aucun état d'âme il annonce que sa Sté va détruire la forêt comme s'ils allaient construire un pont ! D'ailleurs la Communauté européenne serait bien avisée de demander des comptes sur l'argent versé des millions d'euros pour entretenir le parc du Palais royal laissé à l'abandon l'argent a disparu dans le tonneau des danaïdes sans doute !

avatar Aurorin -

J'ignore si le label CSPO constitue une véritable barrière pour éviter la déforestation. La diminuer, la ralentir peut-être, mais de la à la stopper, je crains que Jean ait raison sur ce point, d'autant plus si la filière du bois n'est pas mieux contrôlée autant à sa source qu'au niveau de sa distribution.
Pour ma part, je cuisine à l'huile d'olive depuis trente ans et ce n'est pas prés de changer tant que je trouverai une huile de qualité correcte.

avatar Strange -

Aurorin l'huile de palme est surtout utilisée dans les préparations industrielles, la pâte à tartiner, les chocolats etc.
pour son côté soit disant onctueux (en fait c'est en raison de son faible coût) la cuisine de tous les jours je ne pense pas je n'ai pas vu encore quelqu'un qui avait une bouteille d'huile de palme dans son placard mais il y a un début à tout !

avatar Jean Weber -

Si moi ! J'habite en Asie du Sud Est (Malaisie et Indonésie) et il est difficile de trouver de l'huile qui n'est pas de l'huile de palme (excepté dans les supermarchés dans les grandes villes). J'ai ainsi une bouteille de 5L d'huile de palme dans ma cuisine comme tout le monde ici. Je sais que ces propos peuvent choquer. Ceci dit un usage alimentaire de l'huile me choque moins qu'un usage pour le biodiesel (je reste antropocentriste). En outre il reste une grande quantité de terrains déboisés pour y cultiver du palmier mais déforester est la pratique la plus courante car la vente de bois finance la mise en culture du terrain. Un de mes collègues pense que des forêts pourraient être épargnées s'il y avait davantage de liquidités à investir dans les plantations sur terrains dégradés (retour sur investissement en quelques années). L'arrêt du commerce de bois des forêts vierges et un contrôle des investissements sont des leviers au moins aussi important qu'un éventuel boycott.

avatar Aurorin -

Oui Strange je suis tout à fait d'accord sur cette remarque, mais comme le précise Jean, ce n'est valable que pour une partie du monde occidental. La grande majorité des consommateurs "individuels" utilisent l'huile de palme pour leurs usages quotidiens dans une large partie du monde.
Il appartient aux Nations concernées d'appliquer des mesures bien plus strictes pour limiter la casse et la perte de leurs forêts sur leur territoire. Aux Nations occidentales et en voie d'industrialisation de réglementer de manière plus sévère l'usage et la qualité de cette huile.
Quand à son utilisation pour les prétendus "biocarburants", chacun s'accorde à dire pour une large part qu'il s'agit d'une monumentale erreur qu'il convient de corriger au plus tôt.

avatar Hervé COVES - Chartrier Ferrière -

Quel paradoxe : on nous demande de communiquer positivement sur l'huile certifiée durable car son marché ne se développe pas et ainsi, il ne concurrence pas le marché "non durable". C'est simplement oublier :
1 qu'une grande partie de l'huile de palme sert à des utilisations industrielles qui se moquent de ce type de certification
2 qu'une grande partie de l'huile de palme est cachée sous l'appellation "matière grasse végétale" et qu'ainsi personne ne sait qu'il s'agit d'huile de palme.
Je pense que si les producteurs malaisiens et indonésiens d'huile de palme voulaient réellement favoriser le développement de cette filière certifiée, ils se précipiteraient pour défendre l'obligation de l'étiquetage "Huile de Palme" sur tous les produits qui en contiennent.

avatar Jean Weber -

La RSPO est bien une table ronde de producteurs qui comptent augmenter les parts de marché par la création d'une certification de production durable. Ils ont effectivement tout à gagner car une production durable leur garantie la stabilité des marchés et des bénéfices sur le long terme. La durabilité dont il s'agit ici ne concerne pas directement la biodiversité naturelle mais la pérennité de la culture d'huile de palme dans le temps (aspects sociaux, protection des sols etc…). Les investisseurs (banques etc) par contre peuvent très bien mettre une part de leur capital dans une entreprise RSPO qui vise les marchés européens et une autre dans une entreprise non RSPO. La RSPO a le mérite d'exister et il est très important qu'elle existe mais il ne faut pas y voir, dans l'état actuel des choses, un rempart contre les problèmes de pertes des derniers sanctuaires de forêts vierges méga-diversifiées. Il faudrait que le label RSPO soit appliqué à la totalité de la production et imposé partout dans le monde pour bloquer les conversions de forêts vierges en plantations. On est hélas loin, très loin d'une telle situation.

Vu d'Asie et des pays producteurs la campagne actuelle contre l'huile de palme en Europe n'est pas perçue comme liée à des préoccupations concernant la perte de biodiversité (les bois tropicaux venants directement de forêts vierges et ne pouvant pas être cultivées s'y vendent massivement sans que personne ne s'en offusque) mais comme orchestrée par les producteurs d'huile des pays tempérés qui sont obligés de défendre leur marché par rapport à une huile moins chère. Quelques « clics » dans « Google Scholar » donne des dizaines d'articles vantant les bénéfices de l'huile de palme fraiche sur la santé. Je traduis ici la conclusion d'un papier pris au hasard ( http://link.springer.com/content/pdf/10.1023%2FA%3A1008089715153) : « L'huile de palme fraiche réduit les niveaux de cholestérol, triglycérides, LDL-cholestérol et autres lipides distribués dans l'organisme. Come les graisses insaturées l'huile de palme fraiche a pour bénéfice de réduire la pression artérielle et les risque de thrombose du à l'agrégation des plaquettes tout en ayant des propriétés anti-oxydatives protégeant le foie et d'autres organes. En outre l'huile de palme réduit les risques d'artériosclérose, augmente l'absorption des protéines au niveau de l'intestin, le métabolisme des acides aminés sulfurés et promeut les capacités reproductives. »

Pour résumer le contexte :
1) La « durabilité » dont tout le monde parle ne concerne pas la biodiversité mais la pérennité des cultures. C'est comme si on parlait de « blé durable ».
2) L'huile de palme va mécaniquement s'imposer sur les marchés mondiaux vu le rendement. Les investisseurs (banques) l'ont compris d'où l'explosion des plantations.
3) Il faut être spécialiste en médecine (ce que je ne suis pas) pour se faire une idée réelle des méfaits de l'huile de palme et démonter les études affichant des vérités partielles commanditées par les différentes industries des pays du nord et du sud (partenariats avec les universités).

En tant qu'Européen nous sommes
1) Consommateurs d'huile (l'obligation d'huile dans le biodiesel c'est nous),
2) Investisseurs (nos banques investissent dans l'industrie de transformation et de plantation de l'huile de palme via les banques, retour sur investissement jusqu'à 20 %)
3) Consommateur de bois d'espèces non identifiées de forêts vierges perdues à jamais (Keruing, Bankirai…)

Quelles leçons pouvons-nous donner? Sortir une image avec un orang outang serait hors sujet vu le contexte. Dire aux asiatiques (pour lesquels l'huile de palme est subventionnée par l'état comme produit de base) que leur huile est toxique ?

Le dénigrement de l'huile de palme en Europe est cependant une bonne chose car il montre que le public est sensible mais pour continuer à avancer il faudrait :

1) ne plus vendre du bois des dernières réserves forestières tropicales sauvages. Boycotter de l'huile de palme et continuer à pousser la porte des marchands de Bankirai et autre Keruing n'a pas de sens.
2) arrêter de se servir d'agiter les photos d'orang outang et études médicinales pour uniquement défendre nos propres industries de graisses. Même si l'huile de palme était bonne pour la santé et sa culture durable, ce ne serait pas une raison pour financer sa plantation par la coupe des dernières forêts vierges.
3) appliquer les critères de RSPO non seulement à l'industrie mais aussi aux investisseurs, à la finance. Dans ce sens la RSPO est un excellent début mais pour l'instant inefficace car limité aux seuls industriels. Si des investisseurs leur prêtaient les liquidités nécessaires pour la mise en culture de terrains dégradés il ne serait pas nécessaire de raser les dernières forêts vierges pour financer l'extension des plantations. Les photos d'orang outang il faut les montrer à nos banques pour qu'ils appliquent une norme eco-responsable à nos comptes.

avatar Bruno Herblay -

L'huile de palme est mauvaise pour la santé mais on n'a pas de solution pour s'en passer donc surtout généralisons là.

Bravo dans le genre d'argument ridicule!!

1. D'une part si c'est mauvais pour le consommateur (et c'est le cas) on doit l'interdire (ou au moins la taxer fortement) pour des raisons de santé publique qu'on puisse la remplacer ou non. Dans le genre, pourquoi ne pas utiliser le cyanure qui donne un goût d'amande amer inimitable aux produits? Hummm! et en plus il nous emmene au paradis plus vite!!

2. D'autre part c'est faux. On s'est passé d'huile de palme pendant des années et les produits n'étaient pas moins bons. Je n'ai jamais entendu dire que le palmier à huile était indigène en europe et que son huile constituait la base de la cuisine française (et le goût des produits de notre cuisine me convient très bien).

La vraie raison c'est que c'est l'huile la moins chere. Ce qui lui donne 2 amis et protecteurs: les industriels pour l'appat du gain et les politiques pour la défense du pouvoir d'achât. Alors que les gens aient des infarctus on s'en f.... C'est bien fait pour eux ils n'ont qu'à manger moins d'huile (l'article le dit d'ailleurs en le tournant autrement!)

avatar Jean Weber -

Je ne défends aucunement l'huile de palme mais en tant qu'habitant en Asie du Sud Est je peux témoigner que le problème est perçu sous un angle différent par au moins un milliard de personnes.

L'huile de palme fait partie de quelques produits de base qui sont, avec le riz, subventionnées, par le gouvernement local.
En Asie on mange encore très peu de viande rouge, les laitages, beurre et fromages sont introuvables en dehors des supermarchés des grandes villes (importation). En campagne, les réfrigérateurs sont loin d'être généralisés et les propriétés anti-oxydantes de l'huile de palme permettent la conservation des aliments cuisinés pendant un ou deux jours en climat tropical (ce qui serait par exemple impensable pour du beurre ou un laitage). Les étals des innombrables restaurateurs de rue ne sont pas réfrigérés et les plats accompagnants le riz cuisinés le matin « tiennent » toute la journée au soleil notamment grâce à aux propriétés de l'huile. L'huile de palme a été introduite la fin du XIX ième siècle en Malaisie et a connu un développement industriel. Avant c'est l'huile de coco (davantage chargée en acides gras saturés) qui avait ce rôle de conservateur dans la cuisine locale des déférents pays tropicaux. Durant des millénaires (consommation d'huile de coco à plus de 85% d'acides gras saturés) et au moins un siècle (consommation d'huile de palme à 45% d'acides gras saturés) les maladies cardio-vasculaires étaient quasi inexistantes. Curieusement de toutes les huiles végétales, celle de palme est également celle dont l'équilibre entre les acides gras saturés, les acides gras mono-insaturés et les acides gras poly-insaturés est le plus proche de celui du lait maternel.

Par contre l'explosion présente des maladies cardio-vasculaires en Asie peut être corrélée avec l'industrialisation et l'urbanisation croissante, de nouvelles habitudes alimentaires et la sédentarisation. En outre dans les processus industriels les huiles sont hydrogénées artificiellement ce qui peut faire apparaitre des acides gras tans qui sont cancérigènes. Les réglementations françaises et européennes n'obligent pas les transformateurs à préciser si l'huile qu'ils utilisent est naturellement ou artificiellement hydrogénée et donc si elle contient des acides gras trans. Cette obligation est en revanche présente dans la réglementation américaine. http://blog.bebe-au-naturel.com/2010/06/pour-ou-contre-lhuile-de-palme/

Bref, l'augment que les problèmes de santé mondiaux viennent des 45% d'acides gras saturés de l'huile de palme n'est qu'une vérité partielle exploitée par les industriels des autres types d'huile. Faire de l'huile de palme le mouton noir pour cette raison c'est entrer dans le jeu d'une part des lobbyistes et passer à coté des vrais problèmes qui sont l'explosion du biodiesel et la difficulté des pays en voie de développement de se financer sur des investisseurs plutôt que sur des pilleurs. Les forêts vierges sont coupées et vendus dans nos magasins pour produire les liquidités pour développer des plantations.
Le problème est un manque d'investissement dans un développement durable.
Je me permets de copier-coller d'un extrait d'un excellent article qui résume le vrai problème :
« Sur les 21 millions d'hectares de forêt primaire qui ont disparu en Indonésie entre 1990 et 2005, seulement 3 millions correspondent à la création de palmeraies. Le reste est la conséquence du commerce du bois. Selon Alain Rival, spécialiste du palmier à huile au Cirad, il serait possible d'utiliser les zones déjà déboisées et laissées en friche par le commerce du bois pour les plantations de palmiers à huile. Cependant, cette solution n'est pas retenue par les planteurs car déboiser fournit l'apport financier nécessaire aux premiers investissements dans une plantation : semences, pépinières, infrastructures, préparation du sol… »
http://blog.bebe-au-naturel.com/2010/06/pour-ou-contre-lhuile-de-palme/

Je me répète ce sont nos comptes bancaires et marchands de bois qui doivent également être certifiés « RSPO ».

avatar Jean Weber -

Pour l'Asie du Sud-est le mal est quasiment fait car mis à part les forets sur tourbes il n'existe pratiquement plus de forêts de plaines dont l'exploitation pourrait financer l'investissement initial pour des plantations. Les forêts vierges de collines sont donc ratiboisées et l'argent (Bankirai, Keruing et cie…) va directement dans les poches des ratiboiseurs et intermédiaires sans être investi dans du développement durable.

En ce moment le business model d'Asie du Sud-est http://www.grain.org/fr/article/entries/647-les-connections-du-biodiesel-d-huile-de-palme

est en train de se déplacer vers l'Afrique où il reste davantage de forêts. Il est déjà presque trop tard car les sommes sont déjà engagées et les contrats signés. Ex

http://www.rue89.com/2010/12/07/socapalm-au-cameroun-lepine-du-groupe-bollore-179546

http://agritrade.cta.int/fr/Agriculture/Produits-de-base/Oleagineux/Le-Malaisien-Sime-Darby-investit-dans-l-huile-de-palme-au-Liberia


Il faut savoir qu'en Asie du Sud-est vous ne trouvez quasiment pas d'huile de palme vierge de couleur rouge qui est naturellement très riche en carotènes et meilleure pour la santé. Celle-ci ne se trouvait qu'en Afrique où les villageois avait leur propre presses au rendement certes moins élevés que ceux utilisés dans les procédés industriels.

Ce qui faudrait c'est une action en amont par des banques d'investissement durable associées à des études scientifiques (écologie, sociologie, économie) indépendantes et capables de couper l'herbe sous les pieds des investisseurs actuels en proposant des modèles sociaux et environnementaux moins catastrophiques

avatar Gentil Dauphin -

Quand il y a de l'huile de palme dans des produits bios (je pense à des gâteaux vendus en supermarchés), que cela signifie-t-il sur la culture de l'huile de palme ?

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