L’ équipe d’Art Graphique & Patrimoine en action dans l’abri n°2.

Plusieurs missions ont permis de repérer et d’étudier la région pour établir un état des lieux des sites archéologiques à préserver dans les pays de la corne d’Afrique, ce travail étant déjà mené à Djibouti et en Éthiopie. Les lieux découverts recèlent des vestiges de la préhistoire de l’humanité, celle qui a vu apparaître une économie de la production, élevage et agriculture, entre le IVe et le Ier millénaire avant notre ère.

Le plus important patrimoine de la Corne de l’Afrique

À mi-chemin entre Hargeisa et Berbera, le site de Laas Geel, qui conserve une vingtaine d’abris sous roche ornés de peintures polychromes, est de loin le plus précieux. L’équipe archéologique française a permis la mise en valeur de ce patrimoine exceptionnel, le plus important de la Corne de l’Afrique, et sa reconnaissance mondiale. Il recèle plus de vingt abris rocheux ornés de peintures rupestres représentant principalement des vaches domestiques et des personnages aux bras tendus.

Depuis 2002, date de la première mission d’experts au Somaliland, plusieurs conventions de coopération ont été signées avec le ministère de la Culture et du Tourisme tandis que l’université Paul Valéry - Montpellier 3 et le ministère français des Affaires étrangères ont contribué à l’équipement technique du département de l’archéologie.

Le point d’orgue d’une coopération

Remise officielle de 400 exemplaires du guide de "Laas Geel" par X. Gutherz à son excellence Abdirazic Khalif Ahmed, ministre du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme au Somaliland.

La mission d’avril 2012 constitue le point d’orgue de cette collaboration. Le programme, défini par l’association « Archéologie de la Corne de l’Afrique » (ARCA), comprenait deux volets : d’une part l’édition d’un guide de trente-deux pages du site de Laas Geel qui sera proposé aux cinq à six cents visiteurs annuels. Cinq cents ouvrages ont été remis mardi 10 avril 2012 au ministre du Commerce, S.E. Abdirizac Khalif Ahmed, lors d’une cérémonie officielle dans les locaux du ministère à Hargeisa. L’événement a été diffusé à la télévision nationale et dans plusieurs journaux.

Le deuxième objectif de la mission était la réalisation d’un enregistrement photogrammétrique et une numérisation au scanner-laser des dix abris ornés du site de Laas Geel. Cette opération, nécessitant une haute technologie, a été confiée à la société française « Art Graphique et Patrimoine » spécialisée dans ce type d’activité et dans le secteur des monuments historiques en France et à l’étranger. Cette opération contribuera à l’étude scientifique du site, une monographie complète étant en préparation, mais permettra également de réaliser un corpus sur support numérique constituant la mémoire visuelle du site à des fins de sauvegarde patrimoniale.

Vue panoramique du rocher de Laas Geel.

Principal site touristique de la région

Cette technique, qui a présidé à la réalisation du fac-similé Lascaux II, permettra la sauvegarde de ce patrimoine d’exception. C’est la première fois qu’une telle opération, nécessitant le déploiement de technologies rares, est réalisée sur un site d’art rupestre dans la Corne de l’Afrique.

Le site de Laas Geel qui a bénéficié, sur les conseils de l’équipe française, de travaux d’aménagement et de la création d’une équipe de gardiens pour l’accueil des visiteurs, est devenu un emblème identitaire pour le pays et son principal point d’attrait touristique. L’adhésion totale des autorités somalilandaises au projet d’étude, de protection et de valorisation du patrimoine archéologique s’est traduite par la mise en place progressive d’un service de gestion et de protection des sites d’art rupestre préhistorique pour garantir leur sauvegarde. Cette volonté de l’État somalilandais est d’autant plus méritoire que le contexte géopolitique régional reste instable.