Mise à jour 18:28

Copé, la victoire au forceps

Jean-François Copé en campagne, le 16 novembre.

Jean-François Copé en campagne, le 16 novembre. Crédits photo : MIGUEL MEDINA/AFP

Le secrétaire général sortant n'était pas le favori des sondages. À 48 ans, sûr de ses chances, il a su séduire les militants UMP en ne se détournant jamais de sa ligne stratégique, «la droite décomplexée».

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La défaite, Jean-François Copé n'y a jamais songé. Certain de son fait, l'homme «sans langue de bois» ni «tabou» s'est même interdit de jouer le jeu et de s'imaginer un instant battu. «Je ne joue pas, expliquait-il encore la semaine dernière. Et ce n'est pas un jeu.» Jean-François Copé n'a pas joué mais il a quand même gagné. Il l'a annoncé dimanche à 23h30, l'a répété, pendu au téléphone jusque tard dans la nuit, l'a martelé toute la journée de lundi. Et la commission interne de l'UMP lui a finalement donné raison. «Sans surprise.» Copé voulait «faire mentir les sondages», renverser les «barons» qui se sont détournés de lui, rouler dans la farine les «commentateurs du microcosme parisien». Pour cela, il s'est appuyé sur une poignée d'«amis» et sur une campagne entièrement tournée vers les adhérents de l'UMP.

Durant les 84 jours de campagne, de sa déclaration de candidature le 26 août à Châteaurenard au scrutin dimanche, le secrétaire général candidat a tenu 106 meetings. «Nous n'avons refusé quasiment aucune demande d'interview et nous en avons sollicité au moins autant», s'amuse un proche qui décompte «une quarantaine d'interviews dans des médias nationaux» et au moins autant dans la presse locale.

Cernes profonds, traits tirés, cordes vocales usées… Copé porte les stigmates de cette campagne menée tambour battant. «Dès cet été, j'ai demandé que l'on me dégage le maximum de temps pour être sur le terrain. Je suis allé dans des villes et même des fédérations qui n'avaient pas vu un représentant national de l'UMP depuis cinq ans», se félicite-t-il. Avec toujours le même cérémonial. Une entrée «au plus près des militants», de l'humour avec les élus locaux fillonistes, des compliments pour ceux qui se sont ralliés à sa candidature, un discours rodé directement inspiré de son Manifeste pour une droite décomplexée. Et, après La Marseillaise, un maximum de temps avec les militants pour recevoir une doléance, prendre des photos, signer des dédicaces.

«Il a “créé” le job»

C'est l'un des nombreux paradoxes de cette campagne. Moins le candidat Copé rencontrait la faveur des électeurs de la droite selon les sondages, plus l'ambiance dans ses meetings semblait euphorique. «Peu importe sa popularité auprès des Français ou même auprès des fameux sympathisants, confiait son bras droit Jérôme Lavrilleux. Le cap qu'il s'est fixé est de répondre aux attentes des militants et à leurs inquiétudes depuis la défaite à la présidentielle.» Avec la certitude que l'ex-premier ministre se trompait d'élection en cherchant «le soutien des Français plutôt que la proximité avec les militants».

Cela n'allait pas de soi. Quand Copé a pris la direction de l'UMP fin 2010, l'homme était plus à l'aise sous les spotlights des plateaux de télévision que dans les réunions militantes. Son discours de campagne dans lequel il moque «les élites politico-médiatiques de Saint-Germain-des-Prés» et les «beaux esprits parisiens» en a fait rire plus d'un à l'UMP où l'on rappelle que le député maire de Meaux était en 2007 collaborateur du cabinet d'avocats d'affaires Gide Loyrette Nouel. «La vie politique est un chemin initiatique, confie un proche. Quand il a pris le groupe UMP, on disait qu'il n'était pas fait pour le job et qu'il ne tiendrait pas le quinquennat. Résultat, il a “créé” le job. Il a fait la même chose à l'UMP. Il a créé cette fonction au fur et à mesure, sans la résumer à un tremplin pour l'avenir.»

Un «job» qui passe par la définition d'une ligne politique pour l'UMP. Pour Jean-François Copé, elle se résume à une formule qu'il décline à loisir: «la droite décomplexée». Ses adversaires y ont vu la marque d'une «droitisation» de l'UMP. L'expression a le don de le hérisser: «Elle a été inventée par la gauche et l'extrême gauche contre Nicolas Sarkozy.» Sur le fond, qu'il s'agisse du refus catégorique d'un front républicain avec la gauche face au FN ou de son discours sur «le racisme anti-Blancs», il assume parfaitement ce «virage à droite». Et se défend d'avoir forcé le trait pour la campagne interne du parti. «Si je l'ai écrit dans un livre, c'est parce que je m'engage sur ces valeurs», confie-t-il. «Ce n'est pas un discours de circonstance. Ce sont mes convictions profondes. Et c'est la ligne que je défendrai devant les Français. Car nos convictions peuvent les rassembler dans leur écrasante majorité», avait assuré Copé au Cannet la semaine dernière.

Quant à la réconciliation avec ceux qui ne l'ont pas soutenu, Copé assure qu'elle sera «facile et naturelle» et qu'il n'y aura pas de goudron ni de plumes pour les perdants. «Ce n'est pas ma façon d'agir, il faut savoir oublier en politique», assure-t-il. «Et puis, de toute façon, les fournisseurs de goudron et de plumes sont en rupture de stock. Nos amis ont déjà tout raflé en prévision de leur victoire», lâche-t-il en éclatant de rire.

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398 commentaires

  • N'a-t-il pas à craindre que sa candidature à la présidentielle de 2017 ne soit compromise par quelques scuds arguant de cette victoire bien mal acquise et de ses origines?

  • Moi je dis bravo Copé ; il était perdant d'avance , il a fait une campagne auprés des militants , pas des sympatisants , et il gagne élus par les militants . C'est comme ça il faut l'accepter

  • Nos politiciens annoncent toujours des mesures de façon à ratisser très large et qui séduisent un maximum d'électeurs de gauche comme de droite.
    Tout ceci pour récupérer un maximum de voix afin de se faire élire. Une fois élu, ces mesures sont bien vite oubliées.
    Les premiers responsables sont les électeurs qui votent depuis tant d'années pour le bi-partisme PS/UMP.
    Ces électeurs sont-ils conscients de l'état de la France qu'ils vont laisser à la future génération ?
    Ce parti retombera dans les travers de la politique du bi-partisme PS/UMP qu'ils pratiquent depuis tant d'années.

  • Les putsch de monsieur Copé:

    1) à la tête de l'ump (98 voix d'avance; mises en cause de l'adversaire sur la sincérité du scrutin qui se retournent contre lui, pré-annonce de sa victoire avant la commission, etc...)

    2) à l'assemblée nationale, remettant en cause l'élection présidentielle, sur des arguments creux et fallacieux, basés sur .... des sondages, et un esprit de revanche très très déplacé en démocratie...

    Le populisme, bien ancré au FN, s'ancre à l'ump, c'est bien de cela qu'il s'agit, monsieur Copé, et vous n'irez guère plus loin; les français vous sanctionneront.

  • c'est toujours plus facile, quand on est seul organisateur de l’élection, de la gagner.

    responsable de l'organisation ET candidat sa s'appel un conflit d’intérêt. mais c'est le sport favori de la droite on est habitué

  • Copé a été élu par 50% de 150 000 UMP!!!!Tout le reste des Français s'en fichent de l'UMP!!!!

  • Copé a l'assemblée cette aprés midi sourir narquois , regard vicieux et moqueur , les bras croisés , ce pauvre type a pris une claque par Ayrault , Ayrault a dit je voie que dans les rangs de la droite y compris de votrepropre famille les encourgements et aplaudissements ne sont pas majortairea pour votre éléction , sur TF1 au 20hOO la aussi peut convinquant sur le rassemblement la voila partie en croisade a faire des meetings a ne plus savoir quoi en faire et cette sufisance débordante a en vomir , Copé casse toi pov con !!!!! ça devrait lui rappeler des souveirs .

  • J'avais souhaité bonne chance à Monsieur Fillon. On ne peut que s'incliner devant un vote.
    Pour être sincère, pas fidèle spécialement de l'UMP ni de la droite, ni de la gauche, je m'intéresse par contre comme tout français à notre devenir.
    J'espère que Monsieur Copé avec la place qu'on vient de lui offrir n'attendra pas 2017 pour aider la France à sortir de l'absurde, d'une superficialité insolente et du quotidien irrationnel que certains vivent. Des commentaires prétendent que le FN pourrait tirer bénéfice de cette situation. Monsieur Copé pour l'instant, Le Pen formation légitime a été "montée en mayonnaise" et celle-ci a la particularité d'être fragile" mais sournoise. Vous avez donc une position très enviable.
    Donc Bonne chance aussi !

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    Victoire au forceps mais victoire quand même . Et d'autant plus surprenante qu'instituts de sondages (une fois de plus d'une fiabilité qui laisse rêveur !) et médias unanimes avaient depuis longtemps intronisé F. Fillon et relégué J.F. Copé au rang de faire-valoir . Pensez , il se réclamait de droite , chose impardonnable et , plus grave encore , d' une droite décomplexée . Il avait osé parler de " racisme anti-blanc" et de "petits pains au chocolat" toute chose aux antipodes du politiquement correct au beau pays de France . Donc son sort était scellé . Il serait battu . Mais Copé s'est confronté tous les jours aux adhérents de son parti , s'est battu comme un malade pour faire triompher ses idées et a fini par s'imposer . Par la plus petite des marges mais en démocratie cela suffit . Maintenant il reste à rassembler , à réunir . Et les premiers moments de déception passés dans le camp Fillon , nul doute que , l'apaisement venu , le regroupement se fera et les défections ne seront que marginales .