à lire sur LExpress.fr 17/02/2012 à 16h32

Gallimard attaque François Bon pour contrefaçon

Les éditions Gallimard réclament des dédommagements à François Bon pour avoir mis en ligne sur son site Pubie.net, le 9 février dernier, sa propre traduction du « Vieil Homme et la mer », d’Ernest Hemingway. Le romancier et éditeur résume la situation sur Twitter :

D’après le courrier que les Editions Gallimard ont fait parvenir à tous les diffuseurs de ce livre numérique, celles-ci « sont propriétaires des droits d’édition (y compris des droits d’édition au format numérique) pour cet ouvrage », et « la publication et la commercialisation » en « constituent un acte de contrefaçon ».

22 exemplaires de cette nouvelle traduction se sont déjà vendus. François justifie sa traduction du « Vieil homme et la mer » par le fait que 50 ans après son suicide, le 2 juillet 1961, l’oeuvre d’Ernest Hemingway était tombée dans le domaine public aux Etats-Unis.

Mais aux Etats-Unis comme en France, rappelle LExpress.fr, « les oeuvres sont protégées pendant 70 ans après la mort de l’auteur. Il n’y a qu’au Canada que l’oeuvre d’Hemingway est entrée dans le domaine public au début de l’année 2012, 50 ans révolus après sa mort ».

François Bon fait valoir « un projet ancien », en réponse à « la traduction lourdingue et approximative de Jean Dutourd du Vieil Homme et la Mer », diffusée par Gallimard depuis 50 ans, précise-t-il sur Twitter. Il déplore les événements sur son site Le Tiers Livre et dit envisager de fermer son site d’édition numérique. Sur Twitter, il se dit « dégoûté complètement ».

Sur Twitter, de nombreux auteurs et personnalités du monde de l’édition expriment leur soutien à François Bon, comme Claro, qui écrit sur son blog Le Clavier cannibal :

« Il faut quand même être très à cheval sur la loi et très obtus éthiquement pour considérer la démarche de François Bon sous l’angle du plus vil brigandage. Quel tort est fait à Gallimard, qui semble craindre qu’on mette en péril son lassant fantasme hégémonique ? »

Ailleurs, sur le blog Le Visionaute, on se demande « ce que veut Gallimard. Pas pour l’argent, mais pour le livre. Un tombeau doré ? Pléiadiser le monde ? Le web n’aime pas les formes fixes, fossilisées, et l’écriture elle-même ne l’a jamais été. »

Pour l’instant, François Bon exprime sa lassitude, à longueur de tweets :

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  • 39 réactions
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  • Fantomax
    Fantomax
    génie du mal
    • Posté à 16h56 le 17/02/2012
    • Internaute 157606
      génie du mal

    Dura lex sed lex.

    Si Gallimard laisse faire le sympathique François Bon, rien n’empêchera plus Amazon, Google et compagnie de faire pareil, avec des objectifs certainement moins désintéressés.

    • mr_megot
      mr_megot répond à Fantomax
      .
      • Posté à 17h28 le 17/02/2012
      • Internaute 53015
        .

      Ben oui alors. On se torche allégrement avec les droits d’auteur, et tout le monde trouve ca normal. Shocking !

      • Fantomax
        Fantomax répond à mr_megot
        génie du mal
        • Posté à 17h36 le 17/02/2012
        • Internaute 157606
          génie du mal

        Ach, je ne comprends plus ce monde dans lequel on vit, Monsieur Mégot.

         
        • mr_megot
          mr_megot répond à Fantomax
          .
          • Posté à 17h39 le 17/02/2012
          • Internaute 53015
            .

          C’est le monde du tout numérique, du tout gratuit, les gens pensent qu’on peut tout avoir, tout copier sans payer, ils trouvent ca normal. tout cela est bien triste, en effet...

          • Fantomax
            Fantomax répond à mr_megot
            génie du mal
            • Posté à 17h47 le 17/02/2012
            • Internaute 157606
              génie du mal

            Heureusement que notre glorieux Président lors de son second mandat va remettre la valeur travail au coeur de notre civilisation tant malmenée.

          • icarusa
            icarusa répond à mr_megot
            Futur médiateur scientifique
            • Posté à 17h58 le 17/02/2012
            • 179490
              Futur médiateur scientifique

            presque 1 siècle avant qu’une œuvre tombe dans le domaine public. c’est surtout ça le problème ...

            • mezneth
              mezneth répond à icarusa
              Onomatopée antropomorphe
              • Posté à 20h24 le 17/02/2012
              • Internaute 70709
                Onomatopée antropomorphe

              presque un siècle APRES LA MORT DE L’AUTEUR

              Parceque pour les oeuvres de jeunesse du type qui vit jusqu’à 70 ans, vous pouvez attendre bien plus d’un siècle... Pour peu qu’en plus il soit tombé à la guerre ou autres circonstances, vous pouvez même rajouter quelques décennies (allez savoir pourquoi...)

          • Epimethée
            Epimethée répond à mr_megot
            Pas loin
            • Posté à 18h41 le 17/02/2012
            • Internaute 122050
              Pas loin

            Idées reçues.. Regardez la réalité du marché !
            . Vous connaissez Quickstarter ? Je connais des projets qui parodient la version 3.5 des règles de donjon et dragon qui récupèrent près d’un million de dollar en un mois, cette année pour une oeuvre de niche si il en est et entièrement publiée sur le net et qui doit son succès à dix ans de travail discret et de talent... Tiens, les gens sont des voleurs qui refusent de payer : ici
            Parlons de Trent Reznor, qui s’énerve de voir ses albums vendus 35 dollars en Australie, quand Lavigne en coute 20. Selon les commerciaux, les vrais fans achètent les produits d’un artiste reconnu, ce sont les machins pop qu’il faut vendre en discount. C’est Reznor lui-même qui mit en ligne cet album, Year One, et conseilla à ses fans de le prendre sans rien payer pour faire comprendre aux voleurs. Ceux-ci firent de Ghost i-Iv, l’album suivant vendu directement en ligne, un des albums les plus rentables de l’année...
            Encore des voleurs...

            Et que dire des augmentations régulières de la durée de protection des oeuvres,, qui réduit sans cesse l’espace public ?

            Allons, prenons un autre exemple musical : il y a 50 ans, vous achetiez des single. La durée des disques obligeait à vendre chaque chanson quasiment à la pièce. White Christmas de Crosby a vendu plus de 50 millions de single. Quel single a fait des ventes comparables sur Thriller de Jackson ? Aucun.
            Pourquoi cet exemple en apparence insignifiant ? Dans les années 80, l’industrie vend des albums à 20 unités (£-$, on s’en fout) plutôt que de vendre des chansons, comme dans les années 40. Un single, ou une chanson, valant une ou deux unités si l’on prend en regard les cours actuels. Donc il faut vendre 20 chansons pour faire le même argent qu’un album.
            Et donc, on a préféré faire des albums qui rapportaient beaucoup sans trop d’effort et bourrés de trucs sans importance, sans application, sans qualité.
            En rachetant les chansons à la pièce, en fait, on redonne de la valeur à chaque chanson. N’en déplaise, une fois encore, aux véritables voleurs qui ne perdent que l’argent extorqué...
            Je pourrais multiplier les exemples. Je pourrais vous expliquer, comme l’industrialisation a changé la valeur des objets, que la révolution informatique change la valeur de l’information, je préfère vous proposer de réfléchir une fois encore à qui profite de qui.

            Et de vous rappeler que les droits d’auteur n’ont jamais été autant protégés qu’aujourd’hui...

          • Cyprien Luraghi
            Cyprien Luraghi répond à mr_megot
            ICYP.FR !
            • Posté à 00h09 le 18/02/2012
            • Internaute 101150
              ICYP.FR !

            Bouaif : c’est combien un à-valoir pour un bouquin lambda actuellement ? mille balles, et encore...

            Alors autant bosser gratos.

            • mr_megot
              mr_megot répond à Cyprien Luraghi
              .
              • Posté à 10h40 le 18/02/2012
              • Internaute 53015
                .

              Ouaip ben David Foenkinos il était bien content de toucher ses 300.000 euros de droits d’auteur après avoir recu ses mille balles pour son livre de merde...

              • Cyprien Luraghi
                Cyprien Luraghi répond à mr_megot
                ICYP.FR !
                • Posté à 14h26 le 18/02/2012
                • Internaute 101150
                  ICYP.FR !

                C’est qui celui-là ? un footballiste ?

                • mr_megot
                  mr_megot répond à Cyprien Luraghi
                  .
                  • Posté à 17h25 le 18/02/2012
                  • Internaute 53015
                    .

                  Un truc dans le genre. Voila bien un auteur qui se goinfre (et qui rapporte une fortune à Gallimard, toujours eux) sans aucune raison, et personne ne trouve ca choquant.

        9 autres commentaires
      • la choukette
        la choukette répond à mr_megot
        libre penseur si possible
        • Posté à 12h02 le 18/02/2012
        • Internaute 90914
          libre penseur si possible

        quel droit d’auteur ? Hemingway est mort depuis 50 ans

        Gallimard n’est l’auteur de rien, juste un droit à l’édition qui ne devrait pas être exclusif de surcroît (et ce d’autant plus quand il se satisfait d’une traduction unique et pas forcément folichonne).

        Gallimard s’offre juste un droit à la censure du patrimoine humain, rien de plus

         
        • mr_megot
          mr_megot répond à la choukette
          .
          • Posté à 17h24 le 18/02/2012
          • Internaute 53015
            .

          Ah ben pas de souci alors, du coup je vais traduire plein de trucs et les filer à l’oeil sur mon blog. Sauf les harry potter, je vais changer trois virgules à la traduction, m’en déclarer l’auteur (j’en aurais plus le droit que ces filous de Gallimard qui se sont contentés de les traduire et d’engranger des revenus colossaux) et puis les vendre un euro sur mon site.
          Et ca marche avec toutes les oeuvres, pratique, on attend un peu et on déclare que le droit d’auteur est rendu caduque par le temps qui passe.

          Comme ca Gallimard peut dépenser ses sous à traduire plein de bouquins qui ne marchent pas et qui ne sont pas du tout rentables, et quand y en a un qui marche on fait en sorte qu’il devienne gratos. Un modèle qui va surement fonctionner.

          • Fantomax
            Fantomax répond à mr_megot
            génie du mal
            • Posté à 09h12 le 20/02/2012
            • Internaute 157606
              génie du mal

            Ce que vous êtes caustique.

            • mr_megot
              mr_megot répond à Fantomax
              .
              • Posté à 09h33 le 20/02/2012
              • Internaute 53015
                .

              Tssss, c’est à cause de gens comme vous que l’industrie du film commence à souffrir, que l’industrie du disque est en train de disparaitre, et que l’édition ne va pas tarder à faire de même !

              • Fantomax
                Fantomax répond à mr_megot
                génie du mal
                • Posté à 12h16 le 20/02/2012
                • Internaute 157606
                  génie du mal

                Ah ça, sûr qu’on aimerait pas y travailler en ce moment !

          • egide
            egide répond à mr_megot
            Littéral
            • Posté à 21h57 le 20/02/2012
            • Internaute 45067
              Littéral

            Critiquer Gallimard, ok.
            pas n’importe comment.

            C’est un lecteur illustre de Gallimard qui a découvert l’intérêt
            du texte de Hemmingway, The old man and the sea, publié aux USA en 1952.
            Gallimard a acquis les droits de diffusion de la traduction en français pour tous les pays.
            Pas gratuit.
            Gallimard a payé Jean Dutourd pour produire une adaptation française de ce texte, publiée en 1954.

            Je ne critiquerais pas la traduction de Jean Dutourd.
            De toute façon, elle est définitivement datée et ne correspond plus au goût des lecteurs d’aujourd’hui.
            Surtout des jeunes lecteurs.

        5 autres commentaires
  • philoxera
    philoxera
    Etre humain
    • Posté à 17h25 le 17/02/2012
    • Internaute 76607
      Etre humain

    Le plus incroyable c’est que les héritiers (et les héritiers des héritiers) touchent des droits après la mort de l’auteur.... pendant 70 ans ! ! !

    • Fantomax
      Fantomax répond à philoxera
      génie du mal
      • Posté à 17h43 le 17/02/2012
      • Internaute 157606
        génie du mal

      Vous êtes vache avec Margaux Hemingway, déjà qu’elle est pas mal suicidaire...

      D’ailleurs elle est morte, en fait.

      • lonesome
        lonesome répond à Fantomax
        un parmi tant d'autres
        • Posté à 18h04 le 17/02/2012
        • Internaute 165032
          un parmi tant d'autres

        Ouaih mais l’espadon est toujours vivant et réclame en vain son dû : sinon tient du gratuit sur le net pour vous faire rager.

    • megalodon-
      megalodon- répond à philoxera
      avatareux
      • Posté à 18h39 le 17/02/2012
      • 176877
        avatareux

      ouais les droits devraient être redistribués aux lecteurs

    • Yugow
      Yugow répond à philoxera
      Pas loin
      • Posté à 20h43 le 17/02/2012
      • Internaute 143334
        Pas loin

      Non, le plus incroyable, c’est que les éditeurs continuent à se sucrer allègrement. Et qui plus est avec une traduction foireuse.

  • megalodon-
    megalodon-
    avatareux
    • Posté à 18h36 le 17/02/2012
    • 176877
      avatareux

    La traduction c’est un peu comme le doublage au cinéma, ça peut parfois rendre une oeuvre moyenne assez importante d’un certain point de vue...un exemple :
    Lien

    • lonesome
      lonesome répond à megalodon-
      un parmi tant d'autres
      • Posté à 20h28 le 17/02/2012
      • Internaute 165032
        un parmi tant d'autres

      Ou ça : Lien en tout cas un site à visiter et revisiter sans modération

    • Captain Konstadt
      Captain Konstadt répond à megalodon-
      tribun courtois
      • Posté à 10h38 le 18/02/2012
      • 178678
        tribun courtois

      nan mais ce truc c’est pas possible !
       :))

  • Arthur Heine
    Arthur Heine
    Neo communiste
    • Posté à 20h33 le 17/02/2012
    • 179929
      Neo communiste

    Le droit d’auteur est une aberration.

    • Yugow
      Yugow répond à Arthur Heine
      Pas loin
      • Posté à 20h46 le 17/02/2012
      • Internaute 143334
        Pas loin

      Le monde de l’édition et la distribution (idem avec la musique) est une abération. Que les artistes aient de quoi bouffer ne me semble pas abérant...

  • unagi-
    unagi-
    卑語
    • Posté à 20h55 le 17/02/2012
    • Internaute 24252
      卑語

    les traductions sont considérées comme des « oeuvres dérivées » produites à partir d’une oeuvre préexistante, sur lesquelles le traducteur va disposer d’un nouveau droit d’auteur pendant toute la durée de sa vie plus 70 ans. C’est dire, par exemple, que la nouvelle traduction d’Ulysse de Joyce, parue en 2004 chez Gallimard, va rester protégée pendant des décennies, quand bien même le texte original aura rejoint le domaine public en 2012. Même la traduction la plus ancienne, celle de 1929, devrait rester protégée jusque vers les années 2040, au vu des dates de décès des différents traducteurs qui ont collaboré pour l’établir.

    • Profdepipo
      Profdepipo répond à unagi-
      Tous mes voisins se barrent, de (...)
      • Posté à 23h15 le 17/02/2012
      • 180037
        Tous mes voisins se barrent, de (...)

      Bon, mais dans ce cas, si c’est bien le traducteur qui est « propriétaire » de sa traduction, pourquoi Gallimard peut-il s’opposer à ce que quelqu’un publie sa propre traduction ?
      Est-ce que le fait d’être propriétaire d’une version traduite lui donne un droit sur toutes les autres ?

      • unagi-
        unagi- répond à Profdepipo
        卑語
        • Posté à 23h44 le 17/02/2012
        • Internaute 24252
          卑語

        Puisque la traduction n’est pas un exercice mécanique mais laisse place à des qualités créatives certaines, le droit d’auteur considère que le traducteur est un auteur, protégé à ce titre contre la contrefaçon et les atteintes aux droits moraux (art. L. 112-3 du CPI). Néanmoins, la liberté de création du traducteur se trouve réduite par le respect de l’oeuvre première, qui est par hypothèse originale et donc elle-même protégée par la propriété intellectuelle. Le traducteur doit alors recueillir l’autorisation expresse de l’auteur de l’oeuvre d’origine et respecter l’intégrité spirituelle de celle-ci. L’écrivain de l’oeuvre d’origine peut ainsi imposer ses conditions au traducteur en usant de ses droits patrimoniaux d’auteur, et s’opposer à la dénaturation de sa création en invoquant la violation de ses droits moraux.

         
        • Profdepipo
          Profdepipo répond à unagi-
          Tous mes voisins se barrent, de (...)
          • Posté à 00h06 le 18/02/2012
          • 180037
            Tous mes voisins se barrent, de (...)

          Merci.

        1 autres commentaires
  • unagi-
    unagi-
    卑語
    • Posté à 20h59 le 17/02/2012
    • Internaute 24252
      卑語

    L’oeuvre de Joyce, martyr du droit d’auteur…

    C’est tout d’abord une chose peu connue que les oeuvres de Joyce, déjà tombées dans le domaine public une première fois en 1992, en ont été arrachées comme beaucoup d’autres en 1996, du fait du passage de la durée des droits d’auteur de 50 à 70 ans sous l’effet d’une directive européenne. Outre le fait que je trouve en soi absolument scandaleux que la loi puisse ainsi retirer des oeuvres du domaine public et anéantir les libertés attachées à ce statut, pour l’oeuvre de Joyce, ce fut encore plus dramatique en raison de la rapacité de ses ayants droit.

    Stephen Joyce, le petit-fils de l’auteur irlandais, à travers la société Joyce Estate mise en place pour faire valoir ses intérêts, s’est illustré durant des années par des abus répétés dans la manière dont il a utilisé ses droits sur l’oeuvre de son ancêtre. Il fait d’ailleurs l’objet de tout un chapitre dans le « Familles, je vous hais » d’Emmanuel Pierrat, consacré aux pires frasques des héritiers d’auteurs célèbres.

    J’avais d’ailleurs écrit un billet en mars dernier à propos d’une plainte hallucinante par le biais de laquelle Joyce Estate avait attaqué pour contrefaçon le généticien Craig Venter pour avoir utilisé une phrase du roman Portrait de l’artiste en jeune homme afin de coder la séquence ADN d’une bactérie de synthèse ! En avril, on apprenait également que la chanteuse Kate Bush avait enfin obtenu la possibilité d’utiliser un des passages célèbres du roman Ulysse – le monologue de Molly Bloom – pour l’adapter en chanson. Mais il lui aura fallu pour cela attendre la bagatelle de 22 ans, avant que l’héritier ne se décide à lui donner l’autorisation ! Enregistré une première fois en 1989 sous le titre The Sensual World, en faisant simplement allusion au passage du roman de Joyce pour éviter les poursuites, le morceau a été modifié en 2011 pour inclure le texte du monologue et rebaptisé The Flower of the Mountain.

    L’héritier de Joyce s’est également illustré en entravant à plusieurs reprises le travail des chercheurs sur l’oeuvre de son aïeul , notamment en poursuivant en justice pendant 20 ans la chercheuse américaine Carol Schloss et en l’obligeant à purger ses travaux sur la soeur de James Joyce, avant que celle-ci ne parvienne à obtenir gain de cause devant les juges. Last but not least, Stephen Joyce empêchait également que se déroule dans de bonnes conditions en Irlande le Bloomsday, à savoir le jour de commémoration de la vie de James Joyce, organisé pour lui rendre hommage tous les 16 juin. A cette occasion, les habitants de Dublin, où se déroule l’action d’Ulysse, revêtent des habits évoquant le début du 20ème siècle et parcourent les rues en récitant des passages du roman. Mais Stephen Joyce ne l’entendait pas de cette oreille et il n’accordait par exemple que des autorisations très restrictives pour les lectures publiques, qui bridaient les initiatives. Cette année, avec l’entrée dans le domaine public de l’oeuvre, le Bloomsday 2012 va enfin pouvoir battre son plein avec une flash mob organisée à Dublin, de nombreuses adaptations théâtrales et musicales et même tout un programme d’animations sur Twitter !

    Traduttore, liberatore !

    Vous comprendrez à la lecture de ces abus dignes du pire du Copyright Madness qu’il m’ait paru important de proposer quelque chose de spécial avec l’oeuvre de Joyce, en se servant les libertés offertes par le domaine public.

    C’est là qu’un parallèle avec ce que fait le projet Musopen pour la musique classique pourrait constituer une piste intéressante. Les partitions des oeuvres de musique classique sont en effet souvent dans le domaine public, leurs auteurs étant morts depuis longtemps, mais ce n’est généralement pas le cas de leurs enregistrements, qui sont couverts par de nouveaux droits voisins des artistes-interprètes jouant les morceaux et des producteurs procédant à la fixation des sons sur un support. L’idée de Musopen consiste à produire de la musique classique libre en louant les services d’un orchestre symphonique et en demander aux musiciens de placer leur interprétation sous licence libre. Pour financer ce type d’opérations, le projet Musopen a eu recours au crowdfunding, en demandant aux internautes de verser une contribution par le biais de la plateforme Kickstater. Résultat : plus de 68 000 dollars récoltés et de nombreux morceaux de musique classique libérés !

    En s’inspirant de ce modèle, pourquoi ne pas imaginer un projet (Tradopen ?), qui aurait pour vocation de produire des traductions sous licence libre d’œuvres littéraires du domaine public, en commençant par exemple par les livres de James Joyce ?

    De l’excellent blog SiLex
    Lien
    Aka Lionel Maurel. Juriste & bibliothécaire

    Décrypte et analyse les transformations du droit à l’heure du numérique : #PropriétéIntellectuelle #Droitd’Auteur #Droitdel’Internet #Droitdel’Information, #DroitdelaCulture#CultureLibre #LicencesLibres #LibertésNumériques #EditionNumérique
    Traque et essaie de faire sauter (y compris chez lui) le DRM mental qui empêche de penser le droit autrement
    Engagé pour la défense et la promotion des biens communs, de la culture libre et du domaine public
    Veux rendre à l’intelligence collective tout ce qu’elle me donne, notamment ici : twitter.com/Calimaq /Lien
    Conservateur des bibliothèques, en poste à la Bibliothèque nationale de France.
    Tiens une chronique hebdomadaire sur le site d’information OWNI : Lien

  • scripta manent
    scripta manent
    anarchogaulliste social
    • Posté à 22h28 le 17/02/2012
    • 175612
      anarchogaulliste social

    si les auteurs commencent à jouer perso de cette manière en laissant tomber les éditeurs et les libraires ils y perdront plus que ces derniers à la longue.qu ils observent les jeunes artistes musicaux en galère devenus marathoniens des salles.

  • Eric Téhard
    Eric Téhard
    Buveur de cidre
    • Posté à 23h03 le 17/02/2012
    • 174714
      Buveur de cidre

    70 ans donc en Europe, sans compter les années que les guerres peuvent ajouter, et 50 ans au Canada. Résultat : les oeuvres de Camus et de Céline sont libres de droit là-bas et téléchargeables sur un site comme ebookslibresetgratuits. Il suffit de connaître quelqu’un là-bas et de se les faire envoyer. Absurde. Cela devrait faire réfléchir un peu sur la notion de droit d’auteur, en soi et dans un monde où le numérique s’installe. Qu’un auteur ait des droits sur son travail tant qu’il vit, soit, ça peut se justifier. Mais ses moutards et arrière-moutards après lui ! C’est absurde. Un texte n’est pas un bien qui se lègue. Si un fils veut jouir d’une oeuvre littéraire, qu’il en écrive à son tour. Sinon il devient un gardien du temple, ce qui cadre mal avec la liberté qu’est censée constituer la littérature. Un texte appartient en premier lieu à ses lecteurs. Qu’un éditeur puisse bloquer un texte pendant de nombreuses années après la mort de l’auteur est encore plus absurde. Combien de textes tombent dans l’oubli (ce n’est pas grave pour tous, certes), auxquels des passionnés aimeraient redonner vie en les numérisant !

  • scripta manent
    scripta manent
    anarchogaulliste social
    • Posté à 11h23 le 18/02/2012
    • 175612
      anarchogaulliste social

    gallimard a raison certains auteurs veulent le beurre et l argent du beurre,faut pas pousser . les libraires ne devraient plus vendre les bouquins de cet auteur puisqu il les trahit.

    • Hermite Critique
      Hermite Critique répond à scripta manent
      Blog - Critique littéraire
      • Posté à 15h09 le 18/02/2012
      • 178706
        Blog - Critique littéraire

      @scripta
      Ça vous est jamais arrivé de vous dire que les auteurs en avaient aussi marre de se voir payer 12% de droits et de toucher entre un euro et des bricoles et deux et quelques par livre ?

  • Stèles
    Stèles
    Vive les sanibroyeurs !
    • Posté à 16h18 le 20/02/2012
    • Internaute 168092
      Vive les sanibroyeurs !

    Si les auteurs et les lecteurs s’associaient en utilisant les nouveaux outils numériques, les auteurs seraient mieux payés et les livres seraient moins chers.

    Et pour libérer les traductions, on peut utiliser des sites comme Wikisource et Wikilivres.

  • egide
    egide
    Littéral
    • Posté à 18h13 le 20/02/2012
    • Internaute 45067
      Littéral

    Encore une fois, bien loin de se préoccuper de la littérature, on glose, à tort et à travers sur le droit d’auteur et le domaine public.

    Alors que le problème posé par l’insultante réaction de Gallimard à l’égard d’un auteur français renommé et excellent lecteur de surcroît, est un affaire de contrat d’édition. Ce qui n’est pas tout à fait la même chose.

    Si Gallimard affirme, avec raison, détenir les droits « premiers » sur le texte d’Ernest Hemmingway « The old man and the sea. »
    C’est à dire que l’éditeur a l’exclusivité de la traduction française pour tous les pays en édition imprimée.

    Il est moins certain que Gallimard détienne les droits « seconds » sur cette œuvre pour tout autre support que le papier, et en particulier le format numérique. malgré ce que prétend l’éditeur.

    Avoir publiquement déclaré que François Bon a fait de la contrefaçon en traduisant et en publiant sous format numérique seulement, une nouvelle lecture de « The old man and the sea. » c’est, au moins, de la diffamation.

    Après une accusation aussi grave, Gallimard doit faire la preuve qu’il détient les droits seconds de ce texte d’Hemmingway, « The old man and the sea. »
    C’est un minimum, non ?

    On sait maintenant que Gallimard n’a que faire de la littérature vivante.

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