Tour Bois-le-Prêtre
RENOUVELLEMENT URBAIN, PORTE POUCHET
LA TOUR BOIS-LE-PRÊTRE, LE TEMPS VENU DU DÉVELOPPEMENT
DURABLE
LA RESTRUCTURATION DE LA TOUR BOIS-LE-PRÊTRE, ILLUSTRATION
DE L'URBANISME "IMPÉRATIF" DE LA FIN DES ANNÉES CINQUANTE,
PRIVILÉGIE LE DÉVELOPPEMENT DURABLE. ELÉMENT STRUCTURANT DU GRAND
PROJET DE RENOUVELLEMENT URBAIN - GPRU - DE LA PORTE POUCHET, C'EST
AUSSI UNE MANIÈRE DE RÉCONCILIER, GRÂCE À LA CONCERTATION, LES
URBANISTES ET LES ARCHITECTES ET LES HABITANTS DE CE QUARTIER DU
17E.
Le Monde et Le Moniteur ont salué, ces derniers mois, le
caractère exemplaire de la rénovation de la tour Bois-le- Prêtre. "
L'opération est doublement positive, a estimé Le Monde. Par rapport
à une démolitionconstruction, l'OPAC a réalisé une économie en
rénovant la tour. Et ses habitants pourront rester dans les lieux."
Le Moniteur, lui, parle de véritable "transformation". Construite
entre 1959 et 1961, la tour Bois-le-Prêtre avait été conçue par
Raymond Lopez sur les bases du plan Lafay et des recommandations de
Pierre Sudreau, commissaire à la construction et à l'urbanisme du
département de la Seine. Le cahier des charges prévoyait un
ensemble moderne constitué de barres sur un secteur qui s'étendait
sur 2,3 km, de la Porte Pouchet à la Porte des Poissonniers.
Terminé en 1961, le "secteur à urbaniser" accueillait 1 104
logements qu'on destina aussitôt aux rapatriés d'Algérie. Prévu
initialement en tranchée, le tronçon du périphérique fut réalisé en
1966 en surplomb des constructions récentes. Le parti pris
moderniste, dans les années soixante-dix, ne tarda pas à montrer
ses limites.
Jardins d'hiver suspendus
Le projet de l'équipe lauréate, composée de
Frédéric Brunot, Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, repose sur
le postulat d'un véritable "embellissement" de la vie quotidienne. "
Le logement doit avoir comme objectif le plaisir d'habiter et non
plus sa mise en attente, trouver les correspondances simples avec
des besoins simples avec des besoins sociaux et familiaux
contemporains, être une facilité pour les habitants". Les
architectes ont proposé d'agrandir les appartements par la mise en
place de modules préfabriqués (7,50 m x 3 m). Empilés les uns sur
les autres et fixés aux façades est et ouest de la tour, ils
formeront une double enveloppe de trois mètres d'épaisseur.
Les appartements, dont les fenêtres et allèges existantes
seront remplacées par des baies vitrées tout en hauteur, ouvriront
sur ces larges balcons baptisés jardins d'hiver. Ils seront fermés
par des cloisons mobiles transparentes en polycarbonate installées
à environ deux mètres des baies vitrées - ce qui laissera un débord
de balcon extérieur. La zone tampon ainsi créée entre l'intérieur
et l'extérieur agira comme un régulateur thermique. En complément,
les fenêtres des séjours seront équipées de rideaux à face
extérieure en Mylar argenté renvoyant 95 % du rayonnement et les
cloisons mobiles, de rideaux d'ombrage. L'OPAC s'est engagée auprès
des locataires sur une baisse globale de 10 % des charges, les
seules charges de chauffage diminuant de 50 %. La superficie des
jardins d'hiver variera de 16 m2 pour un T2 (+ 6 m2 de balcon) à 33
m2 pour un T6 (+ 18 m2 de balcon). Des extensions par structure
acier sont aussi prévues sur les pignons nord et sud de la tour.
Cela se traduira, pour les appartements d'angle, par un
agrandissement de 18 m2. Les cuisines et les salles de bain seront
également remises à neuf. A l'issue du chantier, la tour
Bois-le-Prêtre offrira 105 logements, du studio aux sept pièces,
contre 96 aujourd'hui. "Nous nous sommes demandés comment nous
pouvions apporter durablement de meilleures conditions d'habitat
aux locataires, indique l'architecte Anne Lacaton de l'équipe
lauréate. Les questions d'amélioration des consommations
énergétiques et d'acoustique, incontournables, sont bien sûr prises
en compte mais à travers un plus donné à chaque logement."
Texte de Lucien Maillard