C'est à Dresde, dont les sonorités minérales, la sombre clarté vont naturellement à l'orchestre du « Chant de la terre », que Sinopoli a gravé cette version presque aride. Sans empathie, objective, sa direction révèle toute la modernité de l'orchestre du dernier Mahler. Fascinant et presque dangereux.

Album fondateur de toute discothèque, virtuelle ou pas. Bruno Walter dirige l'oeuvre comme un requiem, avec une intensité émotionnelle mais aussi un sens du cérémonial qui rappellent l'origine chinoise des poèmes employés. Kathleen Ferrier et son vrai contralto émeuvent à coup sûr. Indispensable et inépuisable.

Le geste d'Otto Klemperer ne se veut pas narratif. Il reste hautain, glacial souvent, mais la sévérité de sa vision, l'intensité de sa direction très analytique, l'absence de pathos malgré une Christa Ludwig volontiers expressive ne voient que la partition mais toute la partition. En outre, cette version offre le meilleur ténor de la discographie.