Entre ville et mer, sur l’ancien môle portuaire J4, le bâtiment de 15 500 m2 comporte 3 600 m² d’espaces d’exposition, un espace dédié aux enfants, un auditorium de 335 places pour la présentation de conférences, de spectacles, de concerts, de cycles de cinéma, une librairie, un restaurant doté d’une terrasse panoramique et les « coulisses » indispensables à un équipement de ce type : ateliers, lieux de stockage, bureaux, etc.
Deux grands plateaux d’exposition
Le bâtiment du J4 accueillera les grandes expositions du MuCEM sur deux niveaux :
> Au niveau 1 : 1 600 m2 pour la Galerie de la Méditerranée.
Elle sera consacrée aux singularités du monde méditerranéen dans sa diversité et sa complexité. Cette galerie thématique sera modulable dans sa présentation et sera amenée à se transformer dans le moyen terme (tous les 3 à 5 ans).
> Au niveau 2 : 2 000 m2 d’espaces d’expositions temporaires
La flexibilité des espaces permet de donner à chaque exposition la surface qui lui convient, entre 300 m2 et 2 000 m2.
Le parti pris conceptuel du projet architectural
Vues, mer, soleil, minéralité sont instrumentés par un programme devenu fédératif et cognitif. Tout d’abord un carré parfait de 72 mètres de côté, il s’agit d’un plan classique, latin, sous le contrôle de Pythagore. Dans ce carré, un autre inscrit de 52 mètres de côté, comprenant les salles d’exposition et de conférences identifiées comme étant le coeur du musée.
Autour, dessous et dessus se trouvent les espaces servants. Mais entre le coeur et les espaces servants, des vides contournent entièrement le carré central et forment des espaces de liaison. Davantage intéressé par la vue vers le fort, vers la mer ou vers le port, le visiteur culturellement distrait choisira ce parcours. Le long de deux rampes entrelacées, il plongera alors dans l’imaginaire de la tour de Babel ou d’une ziggourat afin de gravir jusqu’au toit et jusqu’au fort Saint-Jean. Cette faille périphérique sera une respiration démuséifiante sous l’odeur de l’iode par la proximité des douves d’eau de mer afin de chasser les doutes que l’on pourrait avoir quant à l’usage de l’histoire de nos civilisations. Le MuCEM sera une casbah verticale.
Le choix tectonique d’un béton d’exception issu des dernières recherches de l’industrie française réduisant les dimensions jusqu’à n’être plus que la peau et les os, affirmera une écriture minérale sous les hauts remparts du fort Saint-Jean. Un seul matériau à la couleur de poussière mate écrasée par la lumière, hors la vue des brillances et consumérismes technologiques, fera l’éloge du dense et du fragile. Le MuCEM se reconnaîtra évanescent dans un paysage de pierre et orientaliste par ses ombres sur la figure. Au ciel franchissant la darse un tapis volant navigue vers le fort.
L’éclairage du bâtiment par Yann Kersalé
Pour Yann Kersalé le MuCEM doit être une caisse de résonnance culturelle de la Méditerranée, animée par la mer. Cet édifice de nuit, devient mémoire des Bleus : une transition entre toutes les cultures qu'il expose en son sein, et cette mer mythique à fort caractère. Une pulsation perpétuelle de lumière qui fait frissonner ses façades de dentelle. La mer est là, incrustée dans les murs pour affirmer son importance dans la conception des expositions intérieures.
La nuit, le MuCEM restitue la vibration méditerranéenne sous la forme d’une installation de lumière colorée. La mise en lumière imaginée par Yann Kersalé met en scène l’ensemble des façades du bâtiment, lui donnant ainsi une visibilité maritime et terrestre, agissant comme un signal dans la nuit.
Les façades Sud et Ouest sont la matrice du projet, la lumière y joue le rôle de multiples peaux présentes dans un camaïeu de bleu et de turquoise, donnant l’impression d’un frisson aquatique.
Ce projet artistique a bénéficié du 1% artistique.
Une oeuvre d’Antoni Muntadas pour accueillir le public
En 2012, des membres du personnel et des représentants du comité d’usagers du MuCEM se sont constitués en groupe de commanditaires et ont fait appel à l’action Nouveaux commanditaires de la Fondation de France pour porter une commande artistique sur le thème de la citoyenneté dans le hall d’accueil du bâtiment contemporain. Née en Méditerranée, la citoyenneté est une des spécificités les plus marquantes de cet ensemble civilisationnel, et fait écho non seulement à son histoire mais aussi aux mutations politiques, sociales et économiques qui sont en cours sur les deux rives du bassin méditerranéen. Avec leur initiative les commanditaires expriment le désir de faire du MuCEM une « place publique », un espace de débat et de circulation des idées. Accompagnés par le Bureau des compétences et désirs, médiateur pour l’action Nouveaux commanditaires, ils ont confié leur commande à l’artiste Antoni Muntadas.
La proposition de l’artiste, Aller-Retour, Citoyenneté et déplacements, est une oeuvre construite autour de trois composantes : l’image, le langage et l’artefact. Plus précisément, elle prend la forme d’une installation réalisée à partir de caisses de transport qui s’ouvrent sur des images de mer, issues d’un tournage réalisé spécialement pour ce projet en six ports méditerranéens. Ces images constituent le fond sur lequel défilent des phrases et des mots en plusieurs langues qui soulèvent les enjeux de la citoyenneté. L’oeuvre, installée dans le hall du MuCEM, accueillera les visiteurs dès leur arrivée.