Pierre Lagaillarde, qui avait été l’un des fondateurs de l’organisation armée clandestine OAS en 1961 contre l’indépendance de l’Algérie, est décédé dimanche dans le Gers à l’âge de 83 ans, a-t-on appris jeudi auprès de la mairie d’Auch. Pierre Lagaillarde, né le 15 mai 1931 à Courbevoie (Seine), est mort le 17 août à Auch, a indiqué le service d’état-civil de la ville.

Fils d’avocats français établis à Blida (à 50 km au sud d’Alger), Pierre Lagaillarde était d’abord monté à l’assaut du gouvernement général à Alger lors du putsch du 13 mai 1958. Cela avait valu à cet ancien parachutiste et président de l’Association générale des étudiants d’Alger d’être élu, quelques mois plus tard, député d’Alger, mais sans étiquette, sur un programme «Algérie française».

Puis, avec le cafetier Joseph Ortiz et d’autres activistes partisans de l’Algérie française, il avait pris la tête d’une insurrection armée, dite «semaine des barricades», à partir du 24 janvier 1960, contre la politique d’autodétermination définie par le général de Gaulle.

Pendant huit jours, ils avaient transformé le quartier des facultés en camp retranché. L’insurrection avait compté un millier de personnes. Tandis qu’Ortiz était parvenu à s’échapper, Lagaillarde, acculé à une reddition spectaculaire, avait été transféré à Paris le 1er février 1960 et inculpé le lendemain d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat.

Incarcéré pendant neuf mois à la prison de la Santé puis remis en liberté provisoire, il avait réussi pendant le «procès des barricades» à s’enfuir en Espagne en décembre 1960. En 1961, il était condamné à 10 années de détention par contumace.

A Madrid, Pierre Lagaillarde avait créé en 1961 l’Organisation Armée Secrète (OAS) avec Jean-Jacques Susini et le général Raoul Salan, le militaire le plus décoré de France. L’OAS visait à empêcher par les armes l’inéluctable indépendance de l’Algérie, acquise finalement le 5 juillet 1962 au terme d’une guerre de près de huit ans qui fit au moins des dizaines de milliers de morts (1954-1962).

En octobre 1961, Lagaillarde était arrêté à Madrid par les autorités espagnoles et placé en résidence surveillée dans l’île de Palma (Canaries) jusqu’en juillet 1962. Il avait ensuite dirigé une usine de matériaux de construction à Madrid avant de s’occuper de l’Ecole française d’Alicante avec sa femme. En 1968, gracié, il rentrait en France et s’établissait à Auch (Gers) où il reprenait sa profession d’avocat. Il est ensuite devenu en 1975 premier bâtonnier de la ville.

AFP