Israël est de plus en plus inquiet devant le laxisme des nations sur le dossier du nucléaire iranien. On s’attendait à ce que, lors de son discours à l’Assemblée générale de l’ONU à New York et sa rencontre avec le président américain Barack Obama, Binyamin Netanyahou exprime les craintes de l’Etat hébreu devant le réchauffement des relations entre l’Iran et les Etats-Unis. Alors que la lutte contre l’Etat islamique s’organise, de plus en plus d’indicateurs témoignent que les Etats-Unis et les puissances occidentales seraient prêts à assouplir leur position à l’égard du programme nucléaire des Mollahs. Une impression renforcée suite à des rapports faisant état que les frappes aériennes américaines contre l’Etat islamique en Irak et en Syrie seraient orchestrées en concertation avec l’Iran.

Jusqu’à présent, l’Iran a toujours rejeté, sous prétexte qu’elles n’étaient pas satisfaisantes, les propositions concernant son programme nucléaire. Et désormais, Jérusalem redoute que les prochaines offres faites en direction de Téhéran ne viennent démontrer que les puissances mondiales sont disposées à accepter la République islamique comme « puissance nucléaire du seuil », c’est-à-dire capable de se doter d’une bombe nucléaire dans un temps extrêmement court.
L’inquiétude d’Israël était palpable dès mercredi, alors que le ministre du Renseignement Youval Steinitz livrait des informations confidentielles, avec l’autorisation de la censure militaire habituellement plus encline à les communiquer au gouvernement qu’aux médias. Steinitz a ainsi révélé que l’Iran a utilisé sa base militaire de Parchin comme site d’essai pour tester secrètement ses capacités technologiques à maîtriser un détonateur dont le seul usage possible est de faire exploser une arme nucléaire.

Steinitz a communiqué cette information dans le but d’influencer les puissances mondiales dans leurs négociations sur le nucléaire iranien, et retarder ainsi la signature d’un accord avec la République islamique qui lui laisserait les mains libres pour enrichir l’uranium. Les négociations avec les grandes puissances – Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Allemagne et Chine – sont censées aboutir à un accord permanent dans environ deux mois.

Le tout pour le tout

La semaine dernière déjà, de hauts responsables de l’administration Obama laissaient transpirer quelles seraient les propositions à la base d’un accord possible avec l’Iran.

La première : les centrifugeuses iraniennes ne seraient pas démantelées, mais plutôt déconnectées du système qui les alimente et les relie ensemble. Autre proposition à l’étude : permettre à l’Iran de maintenir environ 5 000 centrifugeuses en fonctionnement, ce qui mettrait la République islamique en bonne position pour enrichir l’uranium à un niveau de qualité militaire, si elle venait à en prendre la décision à l’avenir. Ces offres, pourtant jugées insatisfaisantes par Téhéran, ont provoqué la colère de Jérusalem.

La position d’Israël n’a pas changé d’un iota. L’Etat hébreu attend que tout accord impose à la République islamique de démanteler toutes ses centrifugeuses ou de n’en garder que 1000, ce qui l’empêcherait d’enrichir suffisamment l’uranium.
Les derniers développements au Moyen-Orient ont durci les positions de l’Iran dans ses négociations sur le nucléaire. Le président iranien Hassan Rouhani et les modérés autour de lui veulent obtenir un accord permanent sur la question du nucléaire et la levée de toutes les sanctions coercitives contre l’économie de leur pays.

D’autre part, passé maître en négociations « de bazar », Téhéran sent qu’il a la main et peut obtenir un meilleur accord en restant ferme et en campant sur ses positions. Car l’Iran pense que l’Occident veut obtenir un soutien de facto à la coalition qu’il a formée pour combattre l’Etat islamique. Même les percées des chiites au Yémen, qui contrôlent actuellement une grande partie de Sanaa, la capitale, encouragent les Iraniens dans ce sens, souhaitant que les événements et nouveaux développements régionaux leur soient favorables.

Et puisque, pour le Premier ministre Netanyahou, les relations entre l’Iran et Israël sont au plus mal, toute avancée iranienne et toute concession occidentale à l’Iran seraient considérées comme un échec. Il est pourtant peu probable que Netanyahou renouvelle le tour de force de la ligne rouge lors de son précédent discours devant l’Assemblée générale de l’ONU. Même s’il a joué encore le tout pour le tout, le monde entier est désormais conscient que les menaces militaires qu’Israël faisait peser avec succès entre 2011 et 2013 ne sont plus crédibles.


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