lundi 16 février 2015

La récupération « républicaine »

par Pierre ROMAIN



S’il est indéniable que les « marches » lancées et organisées par le gouvernement et les partis politiques ont rassemblé des centaines de milliers de personnes – 1 million ? 3 millions ? – il importe de distinguer quelques points essentiels.


L’émotion de la population, justifiée par le massacre de sang-froid de douze Français membres d’un journal satirique, sur leur lieu de travail par des djihadistes, a été, à l’évidence, chauffée au rouge par une médiatisation poussée à outrance. Immédiatement, en continu durant plus de deux jours, toutes les radios, toutes les télévisions, tous les réseaux se reprenant les uns les autres, ont fait une course à l’audience jugée un peu indécente et tout à fait indiscrète, voire coupable par certains responsables des forces de l’ordre. Cherchant à briller, les reporters donnaient des détails que les tueurs pouvaient entendre. Toutes les hypothèses concernant les auteurs et motivations, furent exposées, mais les explications officielles contournèrent les responsabilités.


Le chef de l’État parla de « terroristes fondamentalistes » et jamais il ne précisa qu’il s’agissait de terroristes islamistes voulant « punir » Charlie Hebdo de ce qu’ils considéraient comme des blasphèmes. Pire, il assura, quelques jours plus tard, que les auteurs de la tuerie n’avaient rien à voir avec l’islam. Le premier ministre alla dans le même sens. Le lendemain, apparurent des macarons « Nous sommes tous Charlie » ou « Je suis Charlie » : il fallait, fut-il expliqué, défendre de toutes ses forces la liberté d’expression que Charlie Hebdo – de tendance anarcho-trotskiste et d’une tolérance fort limitée – était censé avoir défendue.


Jusqu’au vendredi 9, le pays fut en partie plongé dans une sorte de sidération et de désarroi. Ce fut alors que le gouvernement délégua l’organisation d’une grande marche silencieuse pour le dimanche suivant, à des responsables du PS. Pris par l’émotion générale, le Premier ministre parla d’union nationale (autour du gouvernement !), ce qui rendit furieux les apparatchiks socialistes mais sonnait bien. Finalement, les partis « républicains » furent invités à s’y joindre. Le Front national qui compte parmi ses sympathisants des nationaux et des nationalistes, était rejeté de la marche d’ « union nationale » dirigée par le président de la République. On nous resservit jusqu’à plus soif, les « valeurs » républicaines, infrangibles, inaliénables, inoxydables, pour lesquelles il fallait se battre. Exutoire de l’immense émotion, la marche fut impressionnante.

Tout ce déploiement a rappelé aux anciens quelques souvenirs. Des foules, des slogans, un président en tête des manifestants dans la rue, on l’a déjà vu : à Carpentras, en 1990, ce fut pour désigner Jean-Marie Le Pen comme responsable d’une violation de tombeau. Dans toute la France, en 2002, rebelote, on fit défiler des milliers de personnes, dont des enfants, pour s’opposer à la présence – sortie des urnes – du même homme politique au second tour de la présidentielle : il fallait condamner moralement un parti n’ayant jamais participé aux décisions des gouvernements. Cette fois, en janvier, c’était en hommage aux victimes. Donc en  théorie plus digne, plus unitaire. Faute de le honnir publiquement une nouvelle fois, le Front national fut cependant écarté du cortège.


une liberté d’expression a gÉométrie variable


Si l’on comprend l’ivresse causée par le spectacle – inédit pour François Hollande – d’une foule mobilisée autour de lui sans le conspuer, on ne peut nier que la forte émotion populaire, sous l’aiguillon du déploiement médiatique, et d’« une communication parfaitement réglée » (dixit Le Monde) par les conseillers de l’Elysée, s’est transformée en « vertige de contemplation de soi » (Alexis Brézet). Certains réactionnaires ont même parlé en l’occurrence « d’exploitation des morts ». Néanmoins, pour la première fois depuis longtemps, on a observé une foule française unie contre le terrorisme le plus sauvage, rendant hommage aux forces de l’ordre et aux militaires… que les caricaturistes de Charlie Hebdo – paix à leurs âmes ! – prenaient régulièrement comme têtes de Turc.

jeudi 15 janvier 2015

David Cameron ou l'anti-Hollande

par Olivier DESTOUCHES

Lorsque Margaret Thatcher (photo) arrive au pouvoir en Grande-Bretagne en 1979 1, la situation économique et sociale est catastrophique. En quelques années, elle redresse l’économie britannique et entreprend des réformes radicales : privatisations, baisse des impôts directs, maîtrise de l’inflation et des déficits publics. Eurosceptique, elle défend partout la souveraineté britannique et l’Union Jack que ce soit à Bruxelles ou lors de le guerre des Malouines contre l’Argentine.
En 1984-1985, elle se heurte à des grèves dures des syndicats, en particulier des mineurs, emmenés par Arthur Scargill. Elle réussit à les faire céder, à l’issue d’un long bras de fer, et acquiert le surnom qui lui restera de « Dame de Fer ». La réduction du rôle de l’Etat et du pouvoir des syndicats (trade unions) ne seront pas remis en cause par les travaillistes, y compris par Tony Blair, le modèle de Valls, le sectarisme en moins. Le « thatchérisme » peut se caractériser par un conservatisme politique, un libéralisme économique et un traditionalisme social.
 
Vingt ans après très exactement 2, David Cameron (photo) reprend, sans complexe, les recettes éprouvées de « Maggie » au moins sur le plan économique et social. En matière morale, Cameron s’est malheureusement aligné sur les positions de la gauche et de la droite libérale que ce soit pour le mariage homosexuel, récemment adopté au Royaume-Uni ou sur l’avortement autorisé jusqu’à 24 semaines !

l’immigration

Le Royaume-Uni qui est l’un des pays les plus laxistes d’ Europe en matière d’aides sociales pour les immigrés, envisage de prendre des initiatives courageuses pour limiter les flux migratoires en n’accordant plus, comme c’est le cas actuellement, les aides sociales (aides au logement, allocations chômage) aux immigrés dès leur arrivée sur le sol britannique. C’est la raison pour laquelle des milliers de migrants du tiers-monde séjournent illégalement à Calais en espérant gagner clandestinement l’Angleterre. La récente décision de la Cour de justice de Luxembourg stipulant que les Etats membres de l’Union européenne n’étaient pas tenus d’octroyer des prestations sociales, dans des cas bien définis, à des citoyens issus d’autres Etats membres, ne peut que renforcer la détermination de David Cameron, soutenu par la majorité des Britanniques, inquiets des risques d’attentats terroristes liés aux djihadistes britanniques revenant de Syrie ou d’Irak 3.

Par ailleurs, il veut s’attaquer à la liberté de circulation des Européens, pour lutter contre le « tourisme social », ce qui en l’état actuel de la législation européenne est impossible comme le lui a rappelé Angela Merkel (photo). Il faudrait modifier la législation européenne, à la majorité qualifiée, en rappelant qu’il ne peut y avoir égalité de traitement entre nationaux et étrangers comme l’a théorisé le Front national avec la préférence nationale. Cameron envisage, enfin, pour tarir les « pompes aspirantes » et décourager l’immigration non qualifiée, de mettre en place une période probatoire de trois ans avant d’octroyer aux étrangers des aides sociales.

lundi 1 décembre 2014

La parité : une fausse bonne idée au service de la subversion

par Olivier DESTOUCHES



Tout ce qui peut contribuer à déstabiliser la société, à rompre l’harmonie du corps social, à supprimer des soi-disant privilèges, sous couvert de corriger de prétendues inégalités ou injustices, n’agit, en fait, qu’au service de la subversion, de la décadence et de la désagrégation de la société. Comment en serait-il autrement ? La parité n’échappe pas à la règle et nous allons voir que ce qui passe pour une idée juste, raisonnable, n’est que la porte ouverte à l’injustice, à la déraison et même à la stupidité la plus accomplie.

Rappelons brièvement les quatre lois les plus récentes en matière de parité qui traduisent une revendication ancienne des féministes militantes et des progressistes de tous poils et un état d’esprit conformiste, bien dans l’air du temps.

La loi du 6 juin 2000 sur la parité précise que l’aide publique aux partis politiques sera fonction du respect de la parité pour la présentation des candidats aux élections. En clair, un parti politique qui présenterait plus d’hommes que de femmes devrait s’acquitter de pénalités financières, d’autant plus conséquentes que l’écart entre hommes et femmes, au détriment de ces dernières, est important. Il en serait de même si, par hasard, les femmes étaient plus nombreuses que les hommes à concourir pour un mandat électif.

La loi du 31 janvier 2007 tend à instaurer une obligation de parité pour les exécutifs régionaux (vice-présidents et membres de la commission permanente) et pour les communes de plus de 3500 habitants 1 (adjoints au maire) avec, en plus, un renforcement des pénalités financières pour les partis qui ne respectent pas les obligations de parité pour les candidats aux élections législatives. On prévoyait également l’institution de suppléants pour les conseillers généraux dans les départements. Le suppléant devait être d’un sexe différent du conseiller général. Je suggère au législateur de réfléchir au problème des transsexuels qui pourrait perturber le schéma actuel et en alourdir la complexité !

La loi du 23 juillet 2008 a modifié l’article 1er de la Constitution qui est ainsi rédigé : «  La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales ». Inscrivant ce principe dans la Constitution, le gouvernement Sarkozy/Fillon le rend constitutionnel, c’est-à-dire s’imposant à tous et donc non opposable.

Il est à noter que ces trois projets de loi sur la parité ont été adoptés sous des gouvernements de droite, Chirac (photo) siégeant à l’Elysée pour les deux premiers, Sarkozy pour le troisième. De nombreuses mesures ou projets néfastes pour la France ou contraires au droit et à la morale naturelle ont été lancés par des gouvernements dits de droite et, souvent, repris et aggravés par la gauche : ce fut le cas, par exemple, de la contraception, de l’avortement, de la théorie du genre…

La loi du 17 mai 2013 Hollande/Ayrault présentée par Madame Belkacem (photo). Dès les élections cantonales de mars 2015, la parité s’imposera dans les conseils généraux. Le nombre de cantons sera divisé plus ou moins par deux pour favoriser les cantons urbains plus peuplés et plus à gauche au détriment des cantons ruraux, moins peuplés et plus à droite. Première mondiale avec le scrutin binominal, chaque canton devra élire un homme et une femme (pardon, une femme et un homme!) ce qui fait que l’économie budgétaire attendue – moitié moins de cantons – sera à somme nulle puisque les conseillers généraux seront deux pour le prix d’un ! Cela tient plus de la partie de bonneteau que de la science politique. Le découpage électoral devient du charcutage électoral, n’en déplaise aux socialistes, toujours donneurs de leçons. Un exemple parmi cent : le département de la Vienne passe de 38 à 19 cantons et le nouveau canton de Loudun, rural et de droite, regroupera 50 communes et 4 anciens cantons.  Pour les conseillers régionaux, c’est déjà la même chose ainsi que pour les élections européennes mais ces élections étant à la proportionnelle (partielle pour les régionales et intégrale pour les européennes), il est plus facile de panacher homme/femme que pour des élections au scrutin majoritaire.

dimanche 2 novembre 2014

La Manif Pour Tous : histoire d’une « inversion »… (extrait)

par Pascal GANNAT
 

J'avais écrit dans notre n° 675-676 (juillet-août 2013), une analyse sur l’origine et la nature de quelques-unes des personnes apparues au grand jour  avec la Manif Pour Tous (MPT). J’exprimai un doute.

Ce doute fut renforcé par l’attitude des uns et des autres, presque tous de convictions incertaines, au comportement souvent ambigu, voire mensonger et falsificateur. Mais tous unis au moins sur un point : l’acceptation du terrorisme intellectuel faisant des « intégristes catholiques » et des « extrémistes de droite » un danger supérieur à la loi Taubira, puisqu'avant même de manifester il fallut diaboliser et trancher les têtes de ces deux hydres sans cesse renaissantes, incarnées par Civitas1 !

Dès le début on retrouvait dans la MPT les mêmes termes, les mêmes erreurs doctrinales, surtout la même soumission à l’esprit de la Libération gaullo-communiste que l’on avait déjà rencontré dans les grandes manifestations de 1984 pour l’enseignement libre, contre la loi Savary,  qui ont mené à l’échec. L’erreur est dans le « consensus » : vouloir à tout prix « reconnaître en son adversaire la part de vérité que nous partageons ensemble », promouvoir « l’humanisme comme valeur évangélique » qui forment le substrat du consensus républicain devenu la vulgate épiscopale en 1984, comme en 2014.

COMMENT MARCHER GAYMENT VERS CE QUE L'ON A REFUSÉ

Frigide Barjot comme Ludovine de la Rochère, le député Hervé Mariton, les évêques Vingt-Trois et Pontier, ou Christine Boutin, tous ont marché sans comprendre ou sans dire qu’ils allaient vers le renforcement de ce qu’ils prétendaient refuser. Partis en novembre 2012 faire la guerre au mariage homosexuel (version PS), en octobre 2014 les voilà tous « rendus » – comme on dit dans nos campagnes angevines – au CUC (Contrat d’Union Civile), version UMP de l’appariement républicain des paires de même acabit.

Ils se sont disputés en interne sur la manière de marcher : Frigide Barjot arborait sur sa fin le drapeau LGBT qui entraîna son élimination et celle de Béatrice Bourges (photo), pour faire équilibre, et Mme de la Rochère, un éternel manteau rouge de coupe (classique), surveillées de près par Hervé Mariton qui veillait au grain, avec en flanc-garde le coordonnateur général de la MPT, Albéric Dumont, l’hom­me qui murmure à l’oreille de la place Beauvau. C’est lui qui élimina Béatrice Bourges d’un rassemblement anti-Taubira avec quelques gros bras, joignant au geste ces paroles : « Dégage ! T’as pas à être là ! C’est moi qui suis en contact avec la Préfecture de police de Paris, c’est ma manif ! Tu dégages ! ». Beau comme du Beria 2.

Mais derrière l’anecdote se situe un déroulé logique.

LE CUC EN PERSPECTIVE

Dès les débuts, contrairement aux apparences que beaucoup persistent à nier encore, y compris sur les grands blogs catholiques, l’idée d’un « sous-mariage » homo, c’est-à-dire ne reconnaissant pas la possibilité de la filiation,  était le programme de la MPT.

Frigide Barjot (photo) ne s’en cachait pas. Le paradoxe ou une tactique fallacieuse voulut que la plupart des acteurs de la droite catholique, y compris traditionaliste, ne virent pas le compromis initial qui présidait à la constitution de la MPT. Ceux qui l’aperçurent, comme Jeanne Smits dans Présent, à la suite de la conférence de presse de Frigide Barjot, début novembre, se turent ensuite, alors qu’il eut fallu dénoncer et ne pas céder à cette illusion selon laquelle la mobilisation du plus grand nombre pourrait influer sur la majorité parlementaire, et particulièrement sur cette idée biaisée du CUC.

Il y eut une double constante : une MPT n’évoquant pas le CUC et changeant de présidente pour que cela ne soit plus maladroitement (ou honnêtement ?) proclamé par Frigide Barjot, et ensuite le taisant totalement jusqu’au 5 octobre 2014. A cette date Ludovine de la Rochère (photo) laisse passer le message caché jusqu’alors, à savoir « qu’en cas d’abrogation de la loi Taubira, il faudra trouver “un substitut”. », phrase prononcée sur la chaîne TV Libertés, le seul media qui ait fait émerger l’ensemble de la réalité de cette journée du 5 octobre.

Ainsi il est étonnant que les grands blogs catholiques n’aient pas souhaité, début janvier, faire paraître une vidéo, publiée par Anne Sinclair (sur le site du Huffington Post) d’une réunion de la Commission des lois de l’Assemblée Nationale dans laquelle on voit Christiane Taubira défendre sa fameuse circulaire qui autorise l’attribution de la nationalité française aux enfants de “couples” français nés d’une GPA commise à l’étranger. Cette vidéo qui date du début janvier 2013 montre un Hervé Mariton (photo) totalement silencieux, de même qu’un certain nombre de députés UMP qui se firent quelques semaines plus tard les héros bruyants du mariage traditionnel, lorsque les débats étaient télévisés.

Plus significatif encore : le jour de l’ouverture du débat parlementaire sur la loi Taubira, M. Mariton, orateur du groupe UMP, fit un scandale à la tribune en accusant Mme Taubira d’avoir caché à la représentation nationale la circulaire en question, alors que quinze jours auparavant il s’était tu et abstenu de toute contestation en commission.

Bel exemple de la duplicité de l’UMP dont la divulgation à ce moment précis  par les blogs catholiques eut éclairé des  milliers de personnes sur la MPT et les eut rendues attentives à certains manquements. Cette unanimité facile a empêché un regard plus distant, parce qu’il ne fallait pas « désespérer » les catholiques conservateurs (comme Sartre  pour les ouvriers de  Billancourt concernant la réalité du communisme en Russie).

Le CUC était l’objectif caché qui a été tu par la MPT, et une forme d’autocensure des milieux d’information catholiques conservateurs et nationaux n’a pas permis de mettre cet objectif en évidence. Cette volonté de ne pas nuire à la “bonne cause” n’est-ce pas aussi l’attitude du journal Le Monde sur l’immigration ? « Alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » (Jean 8,32). Cacher cette vérité sous prétexte de ne pas amoindrir les enthousiasmes ne peut que conduire à une désillusion finale. C’est une première leçon pour nous tous : les blogs catholiques ont tu certains aspects fondamentalement trompeurs de la MPT et cette occultation des manquements  a favorisé une  impasse.

vendredi 3 octobre 2014

Najat Vallaud-Belkacem « tient le cap »

par Pierre ROMAIN

Najat Vallaud-Belkacem
Quand, en juin dernier, Benoît Hamon, alors ministre de l’Éducation nationale, annonça que les « ABCD de l’égalité » ne devraient pas être généralisés à la rentrée suivante, les media s’empressèrent d’y voir une « reculade » du gouvernement 1. C’est aller un peu vite. Les idéologues socialistes allaient-ils abandonner sans barguigner ce qu’ils considéraient comme l’ « outil-phare de lutte contre les inégalités entre filles et garçons » ? L’acharnement qu’ils avaient déployé pour l’imposer contre leurs opposants très déterminés à « ne rien lâcher » pendant des mois, était la preuve de leur détermination. Les ABCD, étaient issus de la « Convention interministérielle pour l’égalité » signée pour la période 2013-2018 par six ministres dont deux doctrinaires de choc : Vincent Peillon à l’Éducation et Najat Vallaud-Belkacem (NVB) aux Droits de la femme. Dans son annonce de juin, Hamon avait parlé de « renouveler les modalités, en misant sur la formation des enseignants, en respectant leur liberté pédagogique ». Bref, il ne voulait pas perdre la face tout en cédant aux opposants « anti-genre ». 

Gender : la controverse
Les ABCD ont été expérimentés depuis l’automne 2013 dans 275 écoles (sur 48 000) et Peillon avait, à l’origine, décidé leur généralisation pour cette rentrée 2014. Selon M. Hamon, il fallait donc inscrire l’égalité entre les sexes dans la formation des enseignants. Loin de céder aux « réacs », il entendait enfoncer le clou en imposant clairement la « thématique » dans le « socle commun » du CP à la 3e (ce que doit maîtriser théoriquement tout élève à 16 ans). Ce qui signifiait que le gouvernement se donnait une année supplémentaire pour sortir de la polémique lancée par les méchants tradis. Il cherchait à calmer ces derniers.

L’arrivée de NVB à l’Education nationale a immédiatement été comprise comme une provocation par beaucoup de familles françaises. Nullement du fait que c’était la première fois qu’une femme se voyait confier ce poste capital pour le pays, ni parce qu’elle était franco-marocaine, ni même parce qu’elle se reconnaît comme musulmane de « tradition » (non pratiquante). Mais principalement à cause de son prosélytisme idéologique. La « théorie qui n’existe pas » est son obsession depuis des années 2. Bonne élève de la hollandie, elle a déjà montré, ces dernières années, quelle part essentielle elle entend donner dans son action politique aux « sujets de société ». Et, quoi qu’elle en dise, elle a fait la propagande du genre et continue à vouloir l’imposer. Aujourd’hui, en tant que ministre de l’Education, elle entend la faire passer comme matière obligatoire. Évidemment, sans l’accord des parents et, souvent, contre leur volonté. Elle vous dira que c’est une partie du programme ! Lors de la rentrée, elle a bien expliqué que tous les personnels éducatifs seront « systématiquement formés » dans le cadre des ESPE (Ecoles supérieures du professorat et de l’éducation) qui disposeront de matériel adéquat pour « transmettre une culture de l’égalité, de la mixité et du respect entre filles et garçons » (Le Monde, 2/09/2014). Tout cela fait diversion et risque de repousser d’autres chantiers prévus : la réforme du collège, la énième refonte des programmes, le statut des enseignants, etc.

jeudi 4 septembre 2014

La Russie, espoir et salut de la France ? (extrait)



par Claude BEAULÉON

« […] Un autre défi important pour l’identité de la Russie est lié aux événements qui ont lieu dans le monde. Cela concerne les politiques étrangères et les valeurs morales. Nous pouvons voir comment beaucoup de pays euro-atlantiques sont en train de rejeter leurs racines, dont les valeurs chrétiennes qui constituent la base de la civilisation occidentale. Ils sont en train de renier les principes moraux et leur identité traditionnelle : nationale, culturelle, religieuse et même sexuelle. Ils mettent en place des politiques qui mettent à égalité des familles nombreuses avec des familles homoparentales. La foi en Dieu est égale en la foi en Satan. Cet excès de politiquement correct a conduit à ce que des personnes parlent sérieusement d’enregistrer des partis politiques dont l’objectif est de promouvoir la pédophilie. Dans beaucoup de pays européens les gens sont embarrassés de parler de leur religion. Les jours fériés sont abolis ou appelés différemment, leur essence est cachée, tout comme leur fondement moral. Et ces gens essaient agressivement d’exporter ce modèle à travers le monde. Je suis convaincu que cela ouvre un chemin direct à la dégradation et au primitivisme, aboutissant à une profonde crise démographique et morale. Quoi d’autre que la perte de la capacité à se reproduire pourrait être le meilleur témoignage de cette crise morale ? Aujourd’hui, presque toutes les nations développées ne sont plus capables de se reproduire par elles-mêmes, même avec l’aide des flux migratoires. Sans les valeurs présentes dans la Chrétienté et dans les autres religions du monde, sans les standards moraux qui se sont formés durant des millénaires, les gens perdront inévitablement leur dignité humaine. Nous considérons cela naturel et juste de défendre ces valeurs. On doit respecter le droit à chaque minorité à être différente, mais les droits de la majorité ne doivent pas être remis en question. Dans le même temps, nous voyons des tentatives pour relancer le modèle standardisé d’un monde unipolaire et pour brouiller les institutions de loi internationale et de souveraineté nationale. Un tel monde unipolaire, standardisé, n’a pas besoin d’états souverains : il a besoin de vassaux. Historiquement, cela représente un rejet de sa propre identité et de la diversité mondiale donnée par Dieu. La Russie est d’accord avec ceux qui croient que les décisions clés devraient être prises collectivement, plutôt que dans l’ombre pour servir les intérêts de certains pays ou groupes de pays […] ».

Vladimir Poutine, allocution au forum de Valdaï, 19 septembre 2013.


Oui, je le confesse volontiers, j’ai de l’admiration pour Vladimir Poutine, le personnage et son action. J’éprouve une vive sympathie pour le bonhomme, car enfin, voilà un homme qui pilote des hélicoptères, pêche le brochet et chasse le tigre en Sibérie, monte à cheval torse nu dans les steppes russes, pratique les arts martiaux (il est ceinture noire de judo), tire au pistolet, se baigne dans les eaux glacées des grands fleuves qui traversent la Taïga, etc. Incontestablement, le président de toutes les Russies veut donner l’image d’un homme fort et cette médiatisation, cette « érotisation » et mise en scène du corps présidentiel pourrait-on dire, vous a un petit côté mussolinien qui n’est pas pour me déplaire. Qui plus est, un homme qui fait l’objet d’une telle détestation universelle de la part des media occidentaux en général et français en particulier, ne peut pas être complètement mauvais, je dirais même que c’est un gage de qualité ! Alors, Vladimir Poutine plus fort que James Bond ? Avouez que cela a tout de même plus de « gueule » que notre minus habens élyséen et sa clique d’invertis et d’efféminés. Quant à l’action, les faits parlent d’eux-mêmes et nous allons y revenir. Une chose est sûre, la Russie est de retour, les événements des années 2013-2014 l’ont suffisamment montré, et Poutine est l’incarnation de cette renaissance. Quel rapport avec la France et son salut, me direz-vous ? C’est ce que je me propose de vous exposer dans les lignes qui suivent.

jeudi 10 juillet 2014

Taubira et la réforme pénale

par Michel LEBLANC
LE STATUT D'EXCEPTION DE MADAME TAUBIRA

Dans un essai enlevé, « Contre la justice laxiste » (Ed. L’Archipel), le magis­trat honoraire Philippe Bilger souligne les complaisances et les échecs de Christiane Taubira toujours en pla­ce à la Chancellerie, toujours arrogante et satisfaite d’elle-même. En dépit des critiques, y compris de ses amis politiques, elle a cependant réussi à faire passer Sa réforme pénale. Enfin, la réforme concoctée par ses conseillers du Syndicat de la magistrature. N’oublions pas que cette politicienne n’a aucune compétence en droit et qu’elle doit sa place à son « abattage » oratoire et son acharnement idéologique.

Il faut reconnaître à Mme Taubira une grande obstination dans ses manœuvres et ses convictions à rebours de la commune opinion. Elle considère ainsi qu’il y a bien assez de prisons pour trop de détenus. Devant l’augmentation du nombre de détenus, un projet avait fini d’être élaboré par le gouvernement de « droite ». Elle l’a annulé pour le remplacer par Sa réforme. Peu lui importe que déjà à peu près 100 000 sanctions (de prison) ne soient pas appliquées. Elle a préféré, comme le dit M. Bilger, la politique du pire. « Surpopulation. On vide… ». Ce qu’avait résumé Le Parisien Magazine, en titrant « La prison à la maison ».

L’ancien magistrat nous rappelle les étonnants silences dont a bénéficié le ministre de la part de la presse dite d’investigation qui n’a pas vérifié les étrangetés dont nous avons parlé ici (ses diplômes, cf. notre n° 685 et ses interventions). « En 2001, révèle Philippe Bilger, elle n’hésita pas à intervenir en faveur d’un de ses fils impliqué dans une procédure, auprès du Garde des sceaux de l’époque, Marylise Lebranchu, pour solliciter l’annulation (sic) d’une condamnation. En d’autres temps cela aurait suffi pour disqualifier définitivement tout candidat à la Chancellerie. Pis, elle a même été condamnée pour harcèlement moral… à l’encontre de son ancienne assistante parlementaire ».

Son cabinet est toujours en agitation et tension : elle a épuisé deux directeurs et a eu du mal à en trouver un troisième, « plus encore à désigner un directeur adjoint et n’a toujours pas de chef de cabinet, deux mois plus tard… » (Le Monde, 1-2/06/2014). Pour son cabinet où travaillent 17 collaborateurs, elle dispose de 22 chauffeurs. Mais elle est toujours là.